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Langue :
Français
Crédits
Denis VICTOT (Réalisation), Patrick Bisson (Intervention), Frédérique Tamagne (Intervention), Pascale Lajous-Causse (Intervention), André Chabanne (Intervention), Olivier Husson (Intervention), Philippe Causse (Intervention)
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Licence Creative Commons : Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les mêmes conditions
DOI : 10.60527/p9dg-na12
Citer cette ressource :
Patrick Bisson, Frédérique Tamagne, Pascale Lajous-Causse, André Chabanne, Olivier Husson, Philippe Causse. Canal-uved. (2013, 30 septembre). L’agriculture de conservation pour l'intensification écologique : Principes et contraintes à l'adoption dans les pays du Sud. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/p9dg-na12. (Consultée le 19 mars 2024)

L’agriculture de conservation pour l'intensification écologique : Principes et contraintes à l'adoption dans les pays du Sud

Réalisation : 30 septembre 2013 - Mise en ligne : 14 mars 2014
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Descriptif

L’intensification écologique constitue un axe prioritaire des diverses institutions de recherche agronomique engagées dans la promotion de l’agriculture durable. Cependant, la conception de systèmes de production et leur mise en œuvre nécessitent des modifications profondes de l’organisation et des connaissances théoriques et techniques encore difficilement accessibles pour l’ensemble des acteurs de la recherche et du développement. Les cursus et supports pédagogiques sur le thème sont encore trop rares ou fragmentaires.

Parmi les innovations proposées, les techniques en agriculture de conservation reposant sur les systèmes de culture en semis direct avec couverture végétale (SCV) occupent une place particulière.

Construit à partir de 3 études de cas reposant essentiellement sur les conditions et les contraintes à l’adoption de ce type d'agriculture, ce documentaire présente les différentes stratégies qui peuvent être mises en œuvre pour assurer son appropriation et sa diffusion. Trois expériences complémentaires réalisées dans le cadre de partenariats scientifiques dans les pays du Sud illustrent les conditions biophysiques et socio-économiques contrastées rencontrées à Madagascar, au Cameroun et au Cambodge.

Ce documentaire est enrichi de documents multimédia. De nombreux liens permettent d’accéder à des ressources pédagogiques favorisant l’acquisition des connaissances en agriculture de conservation, la découverte, le questionnement, l’analyse critique et à l’auto-évaluation.

Intervention
Thème
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Retranscription textuelle

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Eléments bibliographiques

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SOMMAIRE


1. Les défis alimentaires et environnementaux

Pour faire face, d’une part, aux facteurs de changement des dynamiques agraires et aux profondes transformations des pratiques agricoles, et, d’autre part, au double défi du nécessaire accroissement de la production agricole et de réduction des impacts environnementaux, il est urgent de concevoir et de promouvoir de nouveaux systèmes de culture (SdC) durables. Ceux-ci doivent s’intégrer dans des exploitations agricoles diversifiées dont la structure, les modes de fonctionnement, les objectifs et les trajectoires évoluent rapidement. Ils doivent aussi s’inscrire dans des territoires en pleine mutation quant à leurs liens avec les marchés et leur mode d’organisation spatiale et de gestion collective des ressources naturelles.


2. Les systèmes en semis directs et couvertures végétales (SCV) pour une agriculture de conservation dans les pays du Sud

Le domaine de l’agriculture de conservation (AC) repose sur le semis direct, l’intégration d’espèces multifonctionnelles et la diversification des cultures en rotation et/ou association (SCV). L’AC est basée sur une gestion durable des ressources naturelles et sur la mobilisation de processus biologiques pour la gestion intégrée des sols et des cultures. Cette agriculture écologiquement intensive favorise la restauration de milieux dégradés et offre la possibilité de mise en valeur durable de réserves foncières. Grâce à une meilleure efficience de la production agricole, elle se concrétise par l’amélioration des revenus et des conditions de vie des populations défavorisées. De plus, elle contribue à répondre aux grands défis planétaires d’accroissement de la production alimentaire, de gestion intégrée des ressources naturelles, de lutte contre la pauvreté, de préservation d’une biodiversité utile, d’adaptation au changement climatique et de réduction des émissions des gaz à effet de serre. Plusieurs pays du Sud se sont engagés dans cette voie et disposent de résultats de recherche se traduisant par la mise au point de systèmes de culture SCV innovants, accessibles aux petites agricultures familiales, et permettant une meilleure résilience des communautés par rapport aux brusques changements bio-physiques et socio-économiques auxquels ces communautés sont de plus en plus souvent confrontées.


3. Étude de cas 1 : L’agriculture de conservation à Madagascar : les contraintes foncières

Si les SCV offrent des alternatives intéressantes en matière de restauration de la fertilité des sols et de gestion des bioagresseurs, leur mise en oeuvre nécessite une vision à moyen terme du développement agricole. Dans un contexte général où les statuts fonciers sont mal définis, et où les agriculteurs ne disposent que de très faibles ressources, l’investissement dans le capital sol est impossible.


4. Étude de cas 2 : L’agriculture de conservation au Cameroun : la gestion concertée des territoires

Même intégrés dans une filière coton très dynamique, les agriculteurs du Nord-Cameroun éprouvent des difficultés à adopter les SCV. En effet, dans un milieu fortement contraint en matière de production de biomasse (climat sec et faible fertilité des sols), on assiste à une forte concurrence sur les ressources végétales entre des agriculteurs qui souhaitent conserver sur le sol les biomasses produites et les éleveurs qui souhaitent en exploiter leur valeur fourragère. Une gestion territoriale des ressources et des espaces s’avère indispensable. Pour ce faire, l’implication des autorités locales est nécessaire.


5. Étude de cas 3 :L’agriculture de conservation au Cambodge : l’implication des décideurs et bailleurs de fonds

En Asie du Sud-Est, des marchés agricoles très dynamiques et orientés vers des monocultures fortement rémunératrices à court terme, ont des impacts environnementaux préjudiciables sur les ressources naturelles. Ces conditions ne permettent pas d’assoir le développement rural sur des bases durables. La sensibilisation et l’implication de l’ensemble des acteurs de ce développement est indispensable.


6. Conclusion : Une approche multi-acteurs

D’une façon générale, on assiste à une faible appropriation des résultats par les acteurs du développement. Ceci s’explique par le fait que l’innovation technique ne porte pas sur l’amélioration d’une ou de quelques composantes (nouvelle variété, nouvelle matière active pesticide, nouvelle formulation d’engrais minéraux…) de systèmes de cultures conventionnels. Mais elle repose sur une véritable rupture non seulement technique mais aussi culturelle avec les systèmes de culture conventionnels (absence de travail du sol, semis directs, couverture végétale, association entre espèces, services écosystémiques…). C’est pourquoi, les SdC innovants nécessitent de revisiter les processus d’innovation, et notamment les processus habituels de conception et de diffusion de ces innovations. Il convient de favoriser les initiatives qui visent à développer les capacités des divers acteurs à absorber, adapter et utiliser ces innovations tout en renforçant leurs capacités à générer des connaissances utiles à l’appropriation et à la maîtrise de l’innovation. Reposant sur une approche systémique intégrant les démarches participatives et multi scalaires (de la parcelle au territoire), la promotion des innovations scientifiques nécessitent d’impliquer dès la conception l’ensemble des acteurs non seulement techniques (producteurs, vulgarisateurs, fournisseurs d’intrants…), mais aussi ceux qui peuvent en favoriser l’appropriation. Il s’agira donc d’impliquer aussi les secteurs:

- Organisationnels : groupements d’agriculteurs, projets de développement, ONG…,

- Décisionnels : autorités locales et décideurs politiques,

- Financiers : secteur bancaire, bailleurs de fonds…,

- De la Recherche pour l’amélioration continue de l’offre technique co-construite et l’acquisition continue des connaissances en termes de compréhension des processus, d’amélioration des critères d’évaluation et d’appui au pilotage des SdC,

- Et de la formation et de l’apprentissage : formation académique, et formation professionnelle.

La conception et la proposition au développement de systèmes SCV écologiquement intensifs et contribuant au développement durable dans ses diverses composantes, biologiques, techniques et organisationnelles s’avèrent ainsi indispensables. Cependant, la mise en oeuvre de tels systèmes nécessite des modifications profondes de l’organisation des connaissances théoriques et techniques encore difficilement accessibles pour l’ensemble des acteurs du développement. Promouvoir l’agriculture de conservation dans ces conditions ne peut se faire que grâce à un partenariat de long terme entre recherche et développement.
La diffusion de tels systèmes repose sur les mêmes leviers que toute autre innovation agricole : formation des paysans, intégration de leurs savoirs, formation agronomique et méthodologique des techniciens, organisation des acteurs locaux, sécurisation technique et économique des agriculteurs. Les besoins d’accompagnement sont donc très importants, surtout les premières années, et ils sont amplifiés par la relative complexité des systèmes et les ruptures qu’ils engendrent par rapport aux pratiques classiques des petits producteurs.
Par conséquent, des politiques publiques volontaristes et des financements suffisants sont indispensables à la diffusion de ces innovations à grande échelle, impliquant un large cercle d’autres acteurs locaux ou nationaux. De plus, pour diffuser l’AC plus largement et plus rapidement au sein des petites agricultures familiales des pays du Sud, il est indispensable de travailler davantage sur les articulations entre la parcelle, l’exploitation et le territoire de la communauté rurale. Seule une intégration entre ces trois niveaux permettra de jouer sur les conditions d’adoption et de mise en ouvre des innovations. Ce sont là de nouveaux enjeux qui nécessitent un engagement sur la durée, de la flexibilité et donc un accompagnement soutenu de la recherche, des bailleurs et des décideurs politiques.


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