Conférence
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Français
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/gk12-6a43
Citer cette ressource :
Pour un partage des savoirs. (2016, 28 janvier). Forum Nîmois - Charles GIDE - FILIU - 28 janvier 2016. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/gk12-6a43. (Consultée le 19 mars 2024)

Forum Nîmois - Charles GIDE - FILIU - 28 janvier 2016

Réalisation : 28 janvier 2016 - Mise en ligne : 14 février 2016
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Descriptif

L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'assosiation et professeur des universités recoit, le 29 janvier, au lycée Alphonse Daudet de N îmes, Jean Pierre Filiu.

Il porté de nombreusescasquettes, ce qui explique, sans doute, la richesse de sa pensée.

Diplômé de Sciences Po Paris en 1981, auteur d’une thèsed’histoire sous la direction de Jean Noël Jeanneney, qui nous rendra visite àl’automne, il est aussi diplômé de l’Institut national des langues orientales,arabisant, mais capable aussi de prononcer des conférences en anglais etespagnols. Il a été le délégué de la fédération internationale des Droits del’homme au Liban en pleine guerre civile.

Il a ensuite été conseiller des Affaires étrangères et à cetitre, a été en poste en Syrie et Tunisie, et conseiller diplomatique dans lescabinets de Pierre Joxe à l’intérieur comme à la Défense, puis du Premierministre Lionel Jospin.

Depuis 2006, il est professeur à Sciences Po Paris,évidemment  sur le monde arabo musulmanet le Proche orient, mais il continue à conférencer aussi bien aux Etats-Unis,à Boston, que dans des tas d‘autres pays.

Sa bibliographie est abondante : treize livres, sur leProche-Orient et les arabes, plus la participation à l’ouvrage collectif«  Qui est Daesch » avec Edgar Morin, Régis Debray, Gilles Kepel,Michel Onfray. Mais aussi, preuve d’un étonnant éclectisme intellectuel, unlivre, en fait sa thèse, sur Mai 68 à l’ORTF, en 2008, un autre, la même annéesur « Jimmy Hendrix, le gaucher magnifique », et un dernier, en 2010,aux Mille et une nuit, sur Cameron et la révolution du flamenco.

J’ai lu son excellent dernier livre : « Les arabesleur destin et le nôtre », qui, avec quelques autres de ses ouvrages vousest proposé ici ce soir, au nom du libraire « Les lettres de monmoulin » de nos amis retenus par la préparation du salon de la biographie,par deux membres de notre Conseil d’administration, Annie Julien et FrancineCabanes.

Ce livre est un formidable panorama chronologique del’histoire des arabes aussi bien dans le Machrek, à l’est de Suez, que dans laMaghreb.

J’ai toujours un problème avec le mot « arabe » etc’est une forme de première question à Jean Pierre. En tant qu’ethnie, lesarabes proprement dits, proviennent de la Péninsule arabique et ont commencéune colonisation culturelle et religieuse de l’ensemble des deux zones Machrek,ou Levant (Irak, Syrie, Jordanie, Palestine, Liban), et Maghreb ou Couchant,comportant la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, dont le nom arabe est d’ailleursAl Maghrib, avec un doute de position sur l’Egypte et le Soudan. Mais dans cespays pré-existaient évidement des ethnies très différentes. Des berbères etkabyles à l’ouest, avec une rémanence des Vandales européens. De nombreusesethnies levantines, dont les descendants des Phéniciens, des Assyriens, desEgyptiens, et des palestiniens, Pelestè, peuple de la Mer selon Herodote,Philistins de la Bible, dont l’historien Schlomo Sand dit qu’ils furent lesauteurs, avec des intellectuels assyriens, des fondements du judaïsme.

Ethniquement, tous ces peuples, n’ont rien d’arabes. Commec’est dit fort bien dans  « wikipedia » ils sontanthropologiquement différents mais s’identifient par les liens linguistiqueset culturels. Ils sont arabophones, et, pour un grand nombre d’entre eux,musulmans. Car si, à partir de 1492, l’Eglise catholique a imposé par la forcede son sabre, le goupillon aux Amérindiens, ce dont les papes se sont excusés,les envahisseurs arabes, eux, sept siècles auparavant, avaient su aussi imposerle croissant par le sabre, sans possibilité de retour. Et, eux, sans aucunregret !

Malheureusement, la conquête islamique continue depuis unetrentaine d’année par le vide, c’est-à-dire par les départs de juifs, retranchésen Israêl, et, depuis trente ans, par la fuite des chrétiens, devant lesexactions et menaces, redevenus sanguinaires avec Daesch. Les chrétiensd’Orient qui représentaient, au début du XXème siècle, 12 à15% de la population,ne constituent plus aujourd’hui que 5% des 300 millions d’arabes au Machrek, et,leur nombre absolu, plutôt stable en raison de leur fécondité, jusqu’aux années2000, décline aussi fortement ces dernières années. Pour un juif, comme pour unchrétien, voir la terre d’origine du judaïsme et du christianisme vidée, plusou moins par la force, des fidèles de ses religions a quelque chose, j’ose ledire, de scandaleux.

Pour Jean Pierre Filiu, l’histoire commune des européens, etsurtout des français et anglais avec le monde dit arabe, est faited’expéditions militaires et de colonisations brutales, je le cite :« de promesses trahies et demanœuvres diplomatiques, puis, après les décolonisations, de dictatures féroces et de régimesobscurantismes ».

Si j’ai bien compris, il y avait eu la première Nahda,c’est-à-dire la renaissance arabe, lors des premières cohabitations du XIXièmesiècles (je n’oublie pas Charlemagne et Haroun Al Rachid, ni François Premieret Soliman le Magnifique, mais ce n’étaient vraiment que des contacts). LesLumières arabes, souhaitaient s’allumer comme celle d’Europe deux siècles plustôt, Mais elles ont été étouffées par le pétrole qui a transformé lacohabitation en colonisation, ayant entraîné ces dictatures sanglantes et lespillages conséquents.

Vous considérez, Jean Pierre,   que les évènements qui se sont dérouléesdepuis février 2011, sont une sorte  relance de la Nahda ? Pensez-vous, commeAlexandre Adler, et, en un sens, comme récemment, dans Le Monde, MarcelGauchet, que la chevauchée sanglante de Daesch et son califat du sang, ne sontque les dernières cartouches d’un intégrisme musulman salafisto-wahabite. Cedernier cédera-t-il la place à un nouveau monde arabe, occidentalo-compatible,encore que je me pose, avec Régis Debray, la question de la nature de ce quenous appelons l’Occident. Ce qui suppose, réciproquement, que nos culturesoccidentales deviennent, arabo – ou islamo compatibles, ce dont des décisionshongroises, polonaises, danoises, récentes, laissent un peu douter.

Expliquez nous, Jean Pierre. Vous avez la parole pourcinquante minutes

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