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Langue :
Français
Crédits
Jean JIMENEZ (Réalisation), Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM (Publication), Université Toulouse II-Le Mirail (Production), Nicolas Kiès (Intervention)
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Tous droits réservés à l'Université Toulouse 2-Le Mirail et aux auteurs.
DOI : 10.60527/fjnm-hj49
Citer cette ressource :
Nicolas Kiès. UT2J. (2012, 2 février). "Cum grano salis" : le problème de l'apophtegme humoristique dans la seconde moitié du XVIe siècle / Nicolas Kiès , in Usages et enjeux de l'apophtegme dans les littératures européennes (XVIe-XVIIe siècles). [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/fjnm-hj49. (Consultée le 19 mars 2024)

"Cum grano salis" : le problème de l'apophtegme humoristique dans la seconde moitié du XVIe siècle / Nicolas Kiès

Réalisation : 2 février 2012 - Mise en ligne : 30 décembre 2012
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Descriptif

"Cum grano salis" : le problème de l'apophtegme humoristique dans la seconde moitié du XVIe siècle / Nicolas Kiès. In colloque "Usages et enjeux de l'apophtegme dans les littératures européennes des XVIe et XVIIe siècles", organisé par l'équipe « Littérature et Herméneutique » du laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire (ELH-PLH) à Université de Toulouse-Le Mirail, les 2 et 3 février 2012.

A la suite de Barbara C.Bowen, qui affirmait « qu’à partir de la publication desApophthegmata d’Erasme on ne peut plus distinguer entresententia et facetia », nous proposonsd’interroger le rapprochement entre trait facétieux et ditmémorable au XVIe siècle, à la lumière de nos travauxsur la bigarrure et en particulier sur les « contes et discoursbigarrez » de la fin du XVIe siècle. L’hypothèsede la rencontre entre facétie et apophtegme soulève des enjeuxd’ordre lexical et, plus profondément, des problèmesd’identification générique : 
1) A côté du trèspolysémique facecie, le mot apophthegme devient aucours du siècle une sorte d’hyperonyme du dit bref, proche dusubstantif rencontre. Il désigne volontiers des railleriestriviales (Des Périers), voire des gaffes (Tabourot). 
2) Apophtegmes et bonsmots « facecieux » voisinent en outre dans les mêmescompilations de « dits mémorables ». Le phénomène estancien : la veine humoristique est principalement représentée,chez Plutarque ou Diogène Laërce, par les apophtegmes cyniques,dont se fait largement écho Erasme. Cependant, à en croire laplupart des compilateurs, la recherche de l’édification prime surla visée humoristique : significativement, si le locuteur peutprononcer tel apophtegme plaisant en riant, comme pour manifester sasupériorité intellectuelle ou morale, il ne provoque que rarementle rire de l’auditoire. 
Les « contes etdiscours bigarrez » des années 1580 (en particulier les Seréesde G. Bouchet et les Contes et discours d’Eutrapel de N. DuFail) vont plus loin. A la faveur de devis à bâtons rompus, ilsorchestrent des rencontres inattendues entre des matériauxfondamentalement hétérogènes, et se présentent ouvertement commefacétieux : à la différence des Essais de Montaigne,le rire l’emporte sans conteste sur le sourire. La frontière entreapophtegme et facétie, ou entre apophtegme sérieux et apophtegmeplaisant, devient éminemment poreuse. Les diverses rencontres nesont plus séparées par des blancs textuels comme dans lescompilations d’Erasme ou de Lycosthène : elles sont aucontraire emportées dans le mouvement des devis, qui ne cessent demêler les tons, les formes et les sujets. Reprenant un mot d’HenriEstienne, Bouchet se plaît à considérer les apophtegmes comme des« apostumes » (I, 94). 
Ces auteursréinterprètent ainsi la forme de l’apophtegme, mêlée au seindes « rencontres » : 
- critère énonciatif :le mot n’est plus seulement prononcé par des Grands, mais aussipar des anonymes, y compris le petit peuple des « métiers ».Les intentions des locuteurs peuvent également changer : unmême apophtegme, en devenant involontaire (Tabourot), gagne une viscomica insoupçonnée. 
- critère thématique :plusieurs « dits memorables » perdent tout contenuphilosophique, ou sont interprétés à plus bas sens
- critère « formel » :les apophtegmes ne sont plus systématiquement séparés par desblancs. Le bref côtoie le long.
- critère de l’usage :le « memorable » ne se limite plus au didactique.L’apophtegme fait souvent rire le cercle des entreparleurs, et viseà enrichir des conversations ultérieures.

 

Intervention
Thème
Documentation

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> Voir aussi la bibliographie générale du colloque, à télécharger, dans l'onglet "Documents" de la séquence d'introduction.

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