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- Date de réalisation : 22 Mars 2018
- Durée du programme : 56 min
- Classification Dewey : Histoire de la peinture (XIXe siècle), Histoire de la peinture espagnole (peintres espagnols)
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- Catégorie : Conférences
- Niveau : Tous publics / hors niveau, niveau Licence (LMD), niveau Master (LMD)
- Disciplines : Histoire de l'art
- Collections : Collection Recherche & Opéra
- ficheLom : Voir la fiche LOM
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- Auteur(s) : NAYROLLES Jean
- producteur : Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
- Réalisateur(s) : MICHAUD Nathalie
- Editeur : SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
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- Langue : Français
- Mots-clés : peinture espagnole (19e siècle), peinture espagnole (France), peinture espagnole (influence), Édouard Manet (1832-1883)
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Regards français sur la peinture espagnole à l'époque de Georges Bizet / Jean Nayrolles
Regards français sur la peinture espagnole à l'époque de Georges Bizet / Jean Nayrolles, in "Carmen. Construction(s) de la culture espagnole dans la France du XIXe siècle", journée d'étude organisée par l'Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues (IRPALL) de l'Université Toulouse Jean Jaurès dans le cadre d'un partenariat avec le Théâtre du Capitole, sous la responsabilité scientifique et la coordination de Michel Lehmann et Christine Calvet. Université Toulouse Jean Jaurès, Théâtre du Capitole, 22 mars 2018.
Monument de l’art lyrique, opus maximum, icône d’Espagne, la Carmen de Bizet est bien de son temps, mais en est-elle le témoin
juste ? ou du moins écoutons-nous la cigarière de Séville chanter les
enfants de Bohême comme elle l’entendait ? En plein Romantisme, l’Espagne alimente
un imaginaire qui fascine les artistes français notamment. Les musiciens se
laissent séduire par des airs et des danses populaires comme la jota, le
fandango et la toute récente habanera, venue vers 1830 de la lointaine île de
Cuba. A l’instar de Liszt, ils passaient outre les rigueurs méthodologiques de
l’ethnologie pour s’épanouir dans l’espace de la fantaisie qu’ils dynamisaient
à l’aide de l’énergique rhapsodie, une manière de concilier réalité, rêve et
tempérament.
Pour un pays pourtant si proche en distance de la France,
l’Espagne des artistes relève de l’exotisme au même titre que l’Orient, moins
comme un territoire géographique qu’un univers culturel, avec tout ce que cela comporte
de défiguration, de détournement et d’appropriation. Une trahison grotesque d’un
point de vue encyclopédique, une sublime offrande du point de vue de
l’expérience sensible et humaine. Qu’on pardonne cette caricature de Baudelaire :
l’exotisme invite à voyager, sans forcément quitter sa chambre. Les pays
inconnus viennent à nous, présentant des images-mirages de leur univers et des
reflets-miroirs de nos propres visions, pour le plaisir de notre
émerveillement. Mais qu’on soit musicien, écrivain ou peintre, Chabrier,
Mérimée ou Delacroix, qu’on ait entrepris un voyage d’étude ou de vacances, on
revient d’Espagne avec une impérieuse créativité qui ne se contente pas de la
carte postale.
Le 19e siècle étant traversé par des mouvements
identitaires qui, d’une prise de conscience culturelle vers une action
politique, reconfigurent les sociétés européennes, les constructions de ces
imaginaires artistiques soutiennent des causes plus larges. Il ne sert à rien
d’ironiser que ce soit un français qui ait écrit la musique considérée comme la
plus espagnole d’entre toutes. Après tout, cette habanera de Carmen est d’origine cubaine, elle
aurait pu s’envoler vers l’Argentine pour finir en tango, mais elle aura
préféré passer par la Catalogne pour échouer entre les mains de Bizet, insérée
dans un recueil d’airs populaires espagnols assemblés par un certain Iradier, patronyme
orthographié en Yradier sur les conseils de son éditeur parisien, parce que ces
origines basques flattaient mieux ainsi l’imaginaire de son lectorat.
Les chercheurs réunis à cette occasion par l’Institut IRPALL
en partenariat avec le Théâtre du Capitole ont à cœur de démêler l’écheveau
de ces constructions imaginaires, échafaudées à partir de ramifications
étendues mais saisies au bout du compte en une représentation forte et impérieuse
de l’Espagne d’un point de vue français.
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