Conférence
Notice
Langue :
Français
Crédits
Ingrid Junillon (Intervention), Nicolas Appelt (Intervention)
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/7033-aw33
Citer cette ressource :
Ingrid Junillon, Nicolas Appelt. ENSASE. (2018, 8 novembre). 03 - Évocations de la ville industrielle (2) - Nicolas Appelt et Ingrid Junillon. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/7033-aw33. (Consultée le 10 juin 2024)

03 - Évocations de la ville industrielle (2) - Nicolas Appelt et Ingrid Junillon

Réalisation : 8 novembre 2018 - Mise en ligne : 24 avril 2020
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Descriptif

Nicolas Appelt - The Taste of Cement ou Beyrouth comme reflet du conflit syrien

La ville de Beyrouth constitue le personnageprincipal du documentaire The Taste of Cement (2017) du jeune réalisateursyrien Ziad Kalthoum. Elle incarne par ses gratte-ciels en construction unecertaine forme d’opulence à laquelle sont confrontés les ouvriers syriens dubâtiment qui les érigent.

Sur le chantier, se déploie leur savoir-faireappartenant à la société industrielle pour rebâtir cette ville, tandis que, del’autre côté de la frontière, les habitations de leurs compatriotes sontréduites en ruines par des armes, des engins de guerre, eux-aussi, issus decette société industrielle.

Considérée  généralement comme une citémarchande, Beyrouth apparaît dans ce film à travers divers éléments qui en fontressortir la dimension industrielle, en vue de mettre en perspective le cycleconstruction-destruction auquel appartient la capitale libanaise.

Cetteprésentation se propose d’analyser la façon dont le documentaire The Taste ofCement, basé un dispositif en miroir, permet de saisir la façon dont le conflitest saisi à travers sa dimension urbaine dans une perspective spatio-temporelle.Dans cette perspective, il apparaît que la composante industrielle estessentielle, dans la mesure où elle impose ses contraintes aussi bien auxouvriers à Beyrouth qu’aux civils en Syrie, Alep ou la banlieue de Damas.

Au-delà de la frontière, la ville de Beyrouth où les marteaux-piqueurs, lesgrues, dans la verticalité des immeubles en chantier, participent à saconstruction, constitue l’une des deux faces du conflit qui déchire la Syrie,champ de ruines à la merci des destructions à l’échelle industrielle.

Ingrid Junillon - La ville minière de Kiruna dans le film de Sofia Norlin, Ömheten (Broken Hill Blues), 2013

Située à 145 km au-delà du cercle Arctique, la petite ville suédoise deKiruna abrite la plus grande mine souterraine au monde. Indissociablement liéeà cette industrie, la ville connait depuis les années 2000 un dilemmeexistentiel. L’extraction intensive constitue à la fois une manne financière etun danger majeur, créant des zones de déformation qui menacent la villed’affaissement. Un chantier prométhéen est en cours, qui doit aboutir au« projet de transformation urbain le plus démocratique au monde »pour faire de la ville un modèle de développement durable et social.

Sorti en 2013, le film de Sofia Norlin, Ömheten (litt.« Tendresse », mais sorti à l’international sous le titre de  Broken Hill Blues), donne une vision sombre de cette situation. Il relate les interrogations d’une poignée d’adolescents, dont deux enparticulier désespèrent d’échapper à un destin tracé dans cette ville carcéraleet culturellement pauvre malgré l’opulence financière récente. Quelle viepeut-on espérer à 18 ans à Kiruna, entre désert blanc et tunnelsouterrain ?  Le film de Sofia Norlin, d’un esthétisme pour autantaffranchi de tout romantisme, axe sa représentation sur des dualités : dualitécoloriste entre noir et blanc (clarté excessive de la ville enneigée, desjours sans fin l’été / obscurité inhumaine de la mine, de la ville l’hiver … ),dualité spatiale entre confinement et infinitude (confinement de la mine,sentiment d’étouffement dans une petite ville pourtant située dans unenvironnement naturel à perte de vue), dualité temporelle entre un passé lourdde fautes et de souffrances et un futur en danger imminent. A contrario desmessages politiques volontaristes, le film de Sofia Norlin, sombre et délicat,est un hymne « à la colline brisée » de Kiruna, qui porte encore lesstigmates de son passé et éprouve la peur de perdre son identité.

Intervention