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Français
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Julien MONTEAUX (Réalisation), AleasTV (Production), Science Frontières Production (Production), Céline Knidler (Intervention)
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/y0x5-rc52
Citer cette ressource :
Céline Knidler. Canal-uved. (2010, 2 juillet). Le risque d'inondation en Ile de France. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/y0x5-rc52. (Consultée le 20 septembre 2024)

Le risque d'inondation en Ile de France

Réalisation : 2 juillet 2010 - Mise en ligne : 5 février 2013
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Descriptif

La possibilité d'une grande crue en Ile de France, on en parle parfois, on l'oublie souvent. Qu'en est-il vraiment? Quels sont les conditions d'une crue majeure? A quoi ressemblerait-elle? Un tel évènement est-il possible de nos jours et que se passerait-il alors? Découvrez cette édition spéciale qui, à l'occasion du centenaire de la crue de 1910, fait le point sur le risque d'inondation en Ile de France.

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Bonjour, bienvenue pour cette édition spéciale consacrée aux risques d'inondations en Ile-de-France. La possibilité d'une grande crue en Ile-de-France, on en parle parfois, on oublie souvent. Qu'en est-il vraiment ? Quelles sont les conditions d'une crue majeure ? A quoi ressemblerait-elle? Un tel événement est-il possible de nos jours et que se passerait-il alors ? Souvenons-nous, 1910 la grande crue, c'est la référence, Paris et sa banlieue sont sous les eaux, mais que s'est-il passé exactement ? On le découvre en images.

Janvier 1910 à Paris, l'eau de la Seine monte inexorablement. Le 20, la circulation fluviale est interrompue, le 22, le métro est submergé, le niveau de la crue atteint 8 mètres 62 le 28 janvier. Les égouts et les grands chantiers permettent à l'eau de se répandre et d'inonder des quartiers éloignés de la Seine. L'électricité, le gaz, les tramways, les métros, les chemins de fer sont gravement perturbés, les ordures ménagères ne peuvent plus être évacuées elles sont jetées directement à la Seine, les dégâts de cette crue majeure sont aujourd'hui estimés à près d'un milliard six cents millions d'euros. La remise en service de différentes activités prendra plusieurs mois après la fin de l'inondation. La crue de 1910 était une crue centenale. C'est à dire que ce niveau d'eau est atteint ou dépassé une fois par siècle en moyenne, mais toutes sortes de crues surviennent régulièrement, plusieurs crues centenales peuvent se répéter en moins de 100 ans et la hauteur d'eau d'une crue centenale peut être dépassée.

Les crues sont extrêmement diverses, par leur hauteur et leur gravité. Leur fréquence, leur répartition dans le temps varient selon les époques. La région Ile-de-France a connu une soixantaine de crues majeures depuis le 6ème siècle et elle en connaîtra d'autres. Plusieurs crues importantes se sont produites au 20ème siècle. Certes, il n'y a pas eu de crue d'ampleur exceptionnelle depuis 1955, mais cela ne doit pas faire oublier, que 3 crues supérieures à 7 mètres se sont produites en moins d'un demi-siècle : 1910, 1924 et 1955. Mais au fait, dans quelles circonstances se déclenchent les grandes crues ? Nous sommes allés le demander à Monsieur Hubert, Directeur Régional de l'Environnement en Ile-de-France.

Pour qu'il y ait une grande crue dans la Seine, il faut la conjonction de plusieurs facteurs, tout d'abord plusieurs jours de pluies, des pluies assez intenses, sur un sol qui va se gorger d'eau et également des nappes souterraines saturées. Donc une période de pluie assez longue. Ensuite, il faut également que ces pluies arrivent sur l'ensemble du Bassin. Vous voyez, le  Bassin de la Seine c'est comme un entonnoir qui se concentre en région parisienne, ici, les pluies tombent sur le Morvan, mettent 4 à 5 jours pour arriver sur la région parisienne, celles qui tombent sur le Plateau de Langres ou aux sources de la Marne, mettent une dizaine de jours.

Si les premières pluies qui arrivent arrivent à l'est du Bassin avant de s'abattre sur le Morvan, il y a conjonction des 2 flux qui se concentrent au même moment sur la région parisienne. Donc ça c'est le 2ème critère. Et puis un critère qui peut être liée à la perméabilisation du sol, periode de gel et le dégel et lorsque le sol est gelé l'eau ruisselle. Si le dégel intervient, toute la couverture neigeuse du Morvan peut fondre. Donc, ces 3 facteurs consécutifs à une période de pluviométrie importante font qu'on a tous les ingrédients, pour avoir une crue exceptionnelle en région parisienne.

Quels territoires seraient touchés si la crue de 1910 se reproduisait ? Voyons cela sur une carte de la région parisienne. En Ile-de-France, une crue de type 1910, affecterait plus de 5% de la région, soit cinq cent soixante mille hectares. Une telle inondation, toucherait 508 communes. Trente-et-une d'entre elles seraient inondées, sur plus de la moitié de leur superficie. Des submersions d'eau pourraient atteindre plus de 2 mètres dans les secteurs les plus exposés et l'inondation durerait de 6 à 8 semaines. Une crue de type 1910 dans une zone concentrant autant de biens de personnes et de services aurait bien sûr d'immenses répercussions.

Huit cent cinquante mille personnes seraient directement exposées au risque d'inondation et la plus grande partie d'entre elles évacuées. Près de deux millions de personnes subiraient des coupures d'électricité, deux millions sept cent mille des coupures d'eau. Au total de 4 à 5 millions de personnes en seraient affectées par les effets résultant d'une crue majeure, notamment du fait des perturbations des transports et des réseaux : électricité, télécommunications, assainissement. Quel serait le coût d'une crue majeure en Ile-de-France? Comparons le coût de quelques inondations récentes en France avec des simulations des crues majeures en Ile-de-France?

Les inondations de l'Aude en 1999 ont coûté cinq cent trente millions d'euros, celle de la Somme en 2001 trois cents millions d'euros, celle du Gard en 2002 un milliard deux cents millions d'euros, celle du Rhône en 2003 un milliard cinq cents millions d'euros. En Ile-de-France une crue équivalente à celle de 1955, occasionnerait quatre milliards cinq cents millions d'euros de dégât et une crue équivalant à celle de 1910 dix-sept milliards d'euros, sans tenir compte des dommages aux réseaux.

Alors, puisqu'une grande crue surviendra tôt ou tard, qu'a-t-on fait depuis 1910 pour lutter contre ce risque ? Eh bien, d'abord limiter les dégâts en contenant la montée de l'eau. Les digues et les murets ont été érigés pour protéger les riverains. Il existe des moyens de protection moderne adaptés au contexte urbain, par exemple ces barrières amovibles installées dans la ville de Cologne sont actionnées uniquement en cas de crue et restent invisibles hors période d'utilisation. La Ville de Paris ainsi que la R.A.T.P. se sont récemment dotées de ce type de protection. Par ailleurs, de Grands Lacs Réservoirs ont été construits pour retenir une partie du débit des cours d'eau en crue. C'est l'une des missions des Grands Lacs de Seine que nous présente son Président Monsieur Populain.

Les Grands Lacs de Seine sont un établissement public interdépartemental qui regroupe Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne et qui ont une double mission. La première c'est le soutien des tirages, c'est à dire faire en sorte qu'il y ait suffisamment d'eau dans les rivières et dans le fleuve, en particulier au niveau de l'agglomération parisienne l'été. Et la 2ème mission c'est de lutter contre les crues, pour protéger Paris et tout ce qui est en amont de Paris de ces phénomènes naturels. Pour lutter contre les crues, Les Grands Lacs de Seine gèrent et exploitent 4 ouvrages, qui se situent en direction de l'Aube, de L'yonne de la Marne et de la Seine et qui permettent de retenir huit cent trente millions de mètres cube d'eau, c'est à dire l'équivalent de la superficie de Paris sur trois étages. Les quatre ouvrages gérés par Les Grands Lacs de Seine permettent, on estime sur une crue de type 1910, d'abaisser la ligne d'eau à Paris d'environ 70 centimètres.

Alors, c'est à la fois considérable et en même temps, ça ne protège pas de tout. Huit mètres 62 en 1910, alors on se dit 70 centimètres par rapport à 8 mètres 62 ? Faut d'abord savoir que c'est à partir de 6 mètres que les vrais ennuis commencent, il faut savoir également que plus l'eau monte plus les dégâts sont exponentiels. Donc, 70 centimètres d'abaissement de la ligne d'eau, c'est à la fois considérable et en même temps ça ne protège pas totalement, parcequ'il n'est jamais possible de protéger totalement des phénomènes naturels.

Des ouvrages de protection permettent seulement de diminuer la hauteur de la crue, il ne peuvent empêcher qu'une inondation ait lieu, il faut donc anticiper et gérer la crise. Pour cela il faut d'abord alerter les résidents de l'imminence de l'inondation afin qu'ils puissent s'organiser. Un dispositif d'alerte existe, géré par le service de prévision des crues de la D.I.R.E.N. Ile-de-France. Explications.

Alors cette prévision comment se fait-elle ? Nous avons un réseau de stations de mesure du débit ou de la hauteur d'un certain nombre de cours d'eau, sur l'ensemble du Bassin. C'est une cinquantaine de stations sur lesquelles nous mesurons de façon continue la hauteur des cours d'eau. A partir de cette information brute, nous la compilons à l'échelle du Bassin, nous la traitons, nous l'interprétons à partir de modèles ou à partir de l'observation ou de l'histoire que l'on connaît, pour la traduire en terme de prévision de hauteur d'eau, voire de débit en aval du Bassin, et notamment en région parisienne où les enjeux sont les plus importants.

Pour bien comprendre, des dispositifs détectent les signes annonciateurs d'une crue, l'information est transmise par les services de prévision des crues aux préfectures, les préfectures alertent les communes et les services de secours, les communes avertissent les résidents de l'imminence d'une grande crue. Ce système de prévision laisse aux personnes menacées, un délai de 1 à 3 jours, pour prendre les mesures requises. Lorsque l'inondation arrive, la crise se déclenche, il faut la gérer. En Ile-de- France, c'est le rôle de la Préfecture de Police de Paris et des communes, dans le cadre de leurs plans communaux de sauvegarde. Explications.

Alors, en cas de crue majeure type 1910, les pouvoirs publics se mobilisent, sous l'autorité des préfets de départements du Préfet de Police de Paris. Il s'agit à la fois de se prémunir, par exemple à Paris, fermer les entrées de métros, arrêter un certain nombre d'activités très vulnérables, évacuer les installations des hôpitaux, des établissements qui seraient enclavés par l'inondation, et veiller donc à la sécurité du public, mais également, à la préservation des intérêts économiques. Ca c'est  avant la crue. Pendant la crue, il faut assurer le fonctionnement d'une économie et d'un territoire qui seront profondément perturbés par la présence de l'eau et par les effets indirects liés aux effets sur l'absence d'électricité, les réseaux affectés etc. Et ensuite après la crue, il peut y avoir plusieurs mois, pour remettre en route et retrouver un fonctionnement normal surtout si des éléments vitaux ont pu être atteints.

Le Préfet de Police de Paris qui est également Préfet de la Zone de Défense, assure la coordination des secours en cas d'événement majeur touchant plusieurs départements. Les missions de la Zone de Défense de Paris sont de collecter et diffuser des informations sur la crue, faciliter les actions des acteurs, anticiper les conséquences de la crue, préparer les actions permettant d'y faire face,  répartir les moyens de secours et faciliter la remise en état des services publics. Aujourd'hui de nouvelles mesures sont prises pour lutter contre les effets d'une inondation. L'urbanisme doit intégrer le risque, les entreprises publiques ou privées doivent anticiper, et s'organiser. La réduction de la vulnérabilité est l'une des actions prioritaires à mettre en oeuvre.

Donc, si une crue type 1910 intervenait aujourd'hui, les effets seraient bien plus considérables. En 1910, c'étaient deux cent mille personnes qui ont été affectées par la crue et des dégâts économiques évalués à un milliard et demi d'euros. Aujourd'hui, la même crue, ce serait au minimum un million de personnes, voire deux millions affectés par la crue et des dégâts estimés à 15 à vingt milliards d'euros, non compris l'ensemble des réseaux, l'impact sur les réseaux. Donc, la vulnérabilité de notre société aujourd'hui est bien plus forte qu'elle ne le fut en 1910. Pour assurer la maîtrise de la vulnérabilité et de la réduction de la vulnérabilité, il y a un outil juridique, qui est le Plan de Prévention du Risque d'Inondation, qui est une prescription, qui est annexée au document d'urbanisme et qui se traduit par un zonage plus ou moins prescriptif, en fonction de l'exposition aux risques. Voyez ici en fonction des couleurs, des prescriptions qui seront plus ou moins sévères.

La réduction de la vulnérabilité, c'est réfléchir à tous les moyens qui peuvent être mises en oeuvre pour se protéger quand l'eau monte. Donc on va regarder par exemple où on a placé son compteur électrique où est le système informatique dans une entreprise, quelles sont les personnes qui vont pouvoir venir travailler ou pas travailler. Bref, la réduction de la vulnérabilité, c'est pas seulement l'affaire des institutions, c'est l'affaire de tous c'est l'affaire des pouvoirs publics et c'est l'affaire des entreprises, c'est l'affaire des particuliers. La réduction de la vulnérabilité, va surtout permettre de pouvoir redémarrer rapidement après le passage de la crue. Imaginer par exemple que le métro soit inondé, eh bien, si on n'a pas pris soin à l'avance d'enlever tous les équipements électroniques on mettra des mois à faire repartir le métro tandis que si on a anticipé, eh bien, une fois que l'eau sera reparti on réinstallera le matériel et on pourra repartir tout de suite.

L'action que nous menons en matière de réduction de vulnérabilité, s'inscrit désormais dans le cadre d'une directive européenne qui a été transposée par la France et qui nous impose de travailler par rapport a deux références. Une crue, qualifiée par la directive de moyenne, c'est en fait la crue centenale type 1910, et une crue qualifiée d'exceptionnelle, donc plus grave et plus rare. Ces directives nous imposent à la fois, de faire l'inventaire des territoires exposés au risque d' inondation, mais que nous connaissons, mais également de bâtir un plan de gestion du risque d' inondation à l'échelle de l'ensemble du Bassin.

Il faut également construire de nouveaux ouvrages pour diminuer la hauteur des crues, par exemple l'aménagement de la Bassée.

Au delà des 4 ouvrages que les Grands Lacs de Seine exploitent aujourd'hui, nous réfléchissons également avec les pouvoirs publics, sur d'autres aménagements sur le Bassin de la Seine. Le projet de la Bassée, ça consiste à pouvoir retenir à la confluence de la Seine et de l'Yonne une crue de Seine pour laisser passer la crue de l'Yonne. Par ce que les grandes crues sur le Bassin de la Seine c'est la concomitance de toutes les rivières qui se mettent en crue en même temps et qui doivent finir par passer par le goulet d'étranglement que représente Paris. Et donc, si on est capable de retenir la Seine déjà remplie des flots de l'Aube, pour laisser passer la crue de l'Yonne, eh bien, on diminue le risque qu'une grande crue se produise sur l'agglomération parisienne. Concrètement les bénéfices qu'on pourrait tirer d'un aménagement comme la Bassée sont de deux  ordres. Premièrement ça abaisserait de nouveau la ligne d'eau à Paris de 30 à 40 centimètres supplémentaires par rapport à ce qui existe déjà aujourd'hui. Et deuxièmement à partir du moment où on empêche la concomitance de se faire entre une crue de Seine une crue de l'Yonne, eh bien, on diminue la probabilité d'une grande crue sur l'agglomération parisienne.

Le projet de la Bassée consisterait à construire des casiers permettant de retenir l'eau de la Seine, lorsque la crue de l'Yonne est à son maximum. L'eau prélevée est retenue dans ces casiers, le temps nécessaire au passage de la crue de l'Yonne, puis relâchée lentement pendant 7 à 9 jours.

L'Etat à un rôle important à jouer, mais il ne fera pas tout. Lutter contre les inondations c'est l'affaire de tous, particuliers, entreprises, collectivités territoriales. C'est ce que nous explique Monsieur Canépa, Préfet de la région Ile-de-France, Préfet de Paris.

Une crue de la Seine, une crue majeure, ça n'est pas une hypothèse c'est une certitude. Une première action à mener pour prévenir un tel risque, c'est d'abord d'avoir des aménagements considérables au niveau des barrages, au niveau des retenues d'eau en amont. La probabilité de cette crue nécessite une mobilisation de tous les acteurs, je dis bien de tous les acteurs. Il n'y a pas d'exception, il n'y a pas un responsable et d'autres qui attendent, tous doivent être mobilisés. Alors mobilisés comment ? Mobilisés au niveau de l'urbanisme, ne pas construire en zone inondable. D'autres mesures sont nécessaires, je pense notamment à des mesures de préparation à la crue. Et puis ensuite évidemment, des mesures d'accompagnement en terme de gestion de crise, de façon à ce que les bons réflexes se déclenchent immédiatement. Alors, je me garderai bien de dire que l'Etat est seul en cause et seul en responsabilité. Nous sommes tous en responsabilité à cet égard. Communes, élus, population, les grands opérateurs : R.A.T.P., S.N.C.F., bref tout le monde est en responsabilité. 

L'homme doit d'abord admettre, qu'il ne maîtrise pas totalement la nature, que le risque zéro n'existe pas. Quand on sait ça, après on peut se préparer sereinement. Alors on se prépare avec l'action des Pouvoirs publics, avec l'action des entreprises, avec l'action des particuliers. On se prépare avec des ouvrages, on se prépare avec des protections, on se prépare avec la réduction de la vulnérabilité. Et sur tous ces sujets, Les Grands Lacs de Seine font en sorte d'accompagner ou d'apporter les réponses qui sont possibles dans la connaissance que nous avons aujourd'hui de ces phénomènes.

Cette édition spéciale touche à sa fin, pour plus d'informations, vous pouvez vous reporter au site qui s'affiche au bas de votre écran, merci de nous avoir suivi.

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