Documentaire
Notice
Langue :
Français
Crédits
Hervé LIEVRE (Réalisation), SFRS-CERIMES (Production), Henry de Lumley (Intervention), Brigitte Delluc (Intervention), Marie Perpère (Intervention)
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/s0qx-sc79
Citer cette ressource :
Henry de Lumley, Brigitte Delluc, Marie Perpère. CERIMES. (1990, 1 janvier). L'Abri Pataud - 15 000 ans sous la falaise des Eyzies. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/s0qx-sc79. (Consultée le 14 mai 2024)

L'Abri Pataud - 15 000 ans sous la falaise des Eyzies

Réalisation : 1 janvier 1990 - Mise en ligne : 18 novembre 2011
  • document 1 document 2 document 3
  • niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif

Les fouilles entreprises à l'abri Pataud et dans les sites environnants à la fin des années 50 par le professeur américain Hallam Movius permettent de retracer l'évolution humaine au cours des 15 000 ans de son occupation, entre 35 000 et 18 000 ans avant notre ère. Cette implantation humaine constante, allant des hommes de Néanderthal aux Magdaléniens, permet de suivre les progrès effectués dans l'industrie lithique et osseuse et la naissance d'une expression artistique qui va trouver son épanouissement au Magdalénien. Vues réelles du site, d'outils, de figures, reconstitution par animations et dessins des habitats et paysages.

Intervention
Thème
Documentation

Vesrion anglaise

,

Au pied de la falaise calcaire des Eyzies de Tayac, en Dordogne, un abri naturel, l’Abri Pataud est venu vers la fin des années 50 enrichir le patrimoine préhistorique d’une région déjà célèbre pour la splendeur de ses sites, véritable berceau des hommes du paléolithique supérieur.

La falaise surplombe la Vézère qui a creusé sa vallée pendant tout le quaternaire.

Les hommes de Néanderthal, les moustériens, s’étaient installés il y a environ quarante mille ans au bord de la rivière. On a retrouvé leurs traces tout près d’ici, dans l’abri Vignaud : des éclats à bords rectifiés en retouches continues, des pièces encochées ou denticulées pour travailler le bois…
des racloirs en silex pour préparer les peaux.

Sur les terrasses de l’Abri Pataud – du nom du propriétaire des lieux – le professeur Hallam Movius, interpellé par la découverte de vestiges préhistoriques entreprend de 1958 à 1964 des fouilles méthodiques. Il met à jour 9m de couches archéologiques, fantastique maillon de la chaîne reliant les hommes de Néanderthal aux Magdaléniens.

Quatorze couches archéologiques ont permis de remonter 15 000 ans d’occupation humaine et de parvenir jusqu’au premier plancher rocheux recouvert d’une couche de sédiments correspondant au Moustérien.

Au dessus de ces dépôts s’installent, il y a 35 000 ans, les premiers occupants de l’abri : les hommes de Cro-Magnon. Très proches de nous - explorateurs du cosmos – ils sont les premiers hommes modernes.
A cette époque le climat connaît un fort refroidissement, et les glaciers descendent jusqu’à 600 m d’altitude. Les hivers sont rigoureux, les printemps pluvieux, les étés frais.

Les premiers occupants de Pataud découvrent au pied de la falaise une vaste plate-forme de 90 mètres de long sur quelques mètres de large. Elle est orientée sud/sud-ouest, très ensoleillée, idéale pour se protéger du froid, et des dangers environnants.

La première civilisation des Cro-Magnon, les Aurignaciens, s’est développée pendant environ 30 000 ans.
Au milieu de restes de nourriture, les chercheurs ont retrouvé des outils robustes aménagés sur des éclats grossiers, mais aussi des lames retouchées, des grattoirs, des burins, technique nouvelle caractéristique du Paléolithique supérieur.

Des pointes en os servaient à armer les sagaies pour la chasse.
L’abondance des restes culinaires de renne montrent que cet animal était pour les chasseurs Aurignaciens, un gibier de choix.
L’examen des débris osseux, des mandibules, des bois de massacre prouve que les hommes rapportaient les corps entiers et les débitaient sur place. La pyramide des âges des bêtes abattues est celle d’une population naturelle.

Bien que le renne ait été le plus chassé, d’autres espèces, comme le cheval étaient également présentes.
Les chasseurs se postaient sur les points de passages du gibier, les abreuvoirs , les gués ou les rivières.
La répartition des objets sur les sols d’habitats a permis à Hallam Movius de reconstituer les campements de ces chasseurs. Ainsi, la couche 7 a révélé une structure très intéressante. Trois foyers successifs, suggérant un séjour de courte durée ont brûlé à l’intérieur d’une grande dépression ovale située en avant de la paroi de l’abri. Les foyers étaient remplis de galets de rivière détériorés par la chaleur. Peut-être étaient-ils chauffés pour servir de radiateurs. Sur la bordure sud de la dépression étaient dressés de grandes dalles de calcaire, structure dont le rôle nous échappe.

Cet ensemble a permis la reconstitution d’une cabane. Elle était probablement recouverte de peaux de rennes, peaux qui étaient également utilisées pour la confection des vêtements. Cet habitat témoigne d’une vie sociale organisée. L’abri servait il de halte pour une ou plusieurs familles ? Il est impossible de le dire, mais force est de constater qu’autour de Pataud existe une concentration d’habitats datant tous de la même époque, l’Abri du Poisson, la Ferrassie, Oreille d’Enfer, les abris Blanchard, Castanet, la Souquette….
Dans certains sites ont été découverts des sculptures phalliques et des gravures de vulves, images sexuelles témoins de l’apparition de l’art préhistorique.

Les gravures de vulves sont les plus nombreuses. Les plus anciennes représentations des Aurignaciens sont en deux dimensions. Les gestes de ces créateurs d’images impriment pour la première fois sur ces blocs, sur ces éclats, le désir d’appropriation, d’imitation, et de possession, marques des préoccupations du monde de l’esprit.

Ces figures sont souvent accompagnées de gravures très rudimentaires d’animaux.
Les siècles se succèdent, les climats fluctuent, le gel délite le toit et la paroi de l’abri, les blocs effondrés et les sédiments éoliens s’accumulent. Le niveau du sol s’élève.

Suit une période de près de 7 000 ans, le Périgordien, dont seul Pataud détient tous les enchaînements.  Elle est inaugurée par les nouveaux arrivants : les Gravettiens.

Remarquables artisans, ils utilisent de lourds pics pour sculpter la pierre, et des burins de silex pour tailler le bois ou l’os de renne.

Les sagaies, et, d’une manière générale, tous les outils réalisés par les Gravettiens, sont plus légers, plus élancés, que ceux que façonnaient leurs prédécesseurs.

Avec les mêmes intervenants et intervenantes

Sur le même thème