Entretien
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Notice
Langue :
Espagnol, castillan
Crédits
Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM (Publication), Université Toulouse II-Le Mirail (Production), Samir BOUHARAOUA (Réalisation), L'Université Numérique des Humanités (Production), Marcelo Galvez (Intervention), Odile Bouchet (Intervention)
Conditions d'utilisation
Tous droits réservés à l'Université Toulouse II-Le Mirail et aux auteurs.
DOI : 10.60527/em5a-8h78
Citer cette ressource :
Marcelo Galvez, Odile Bouchet. UT2J. (2007, 19 mars). Entretien avec Marcelo Gálvez (Rencontres 2007) , in Espagnol. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/em5a-8h78. (Consultée le 15 mai 2024)

Entretien avec Marcelo Gálvez (Rencontres 2007)

Réalisation : 19 mars 2007 - Mise en ligne : 10 octobre 2007
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Descriptif

Marcelo Gálvez, cineaste documentariste argentin qui travaille sur diverses communautés indigènes depuis plusieurs années, réalisateur de "Maestros de dos mundos" en 2006, nous parle ici des Wichis, peuple de cueilleurs-chasseurs du nord ouest argentin, dont la civilisation est remise en question par les déboisements massifs dûs à l'agriculture industrielle du soja transgénique.

Transcription /traduction : Lydie BIZON, Marion LETRENNE, Audrey PICHARDIE Production et moyens techniques : CAM/ université de Toulouse-Le Mirail.

Intervention
Thème
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Odile Bouchet. : Marcelo Galvez, tu t’es rendu dans plusieurs communautés indigènes d’Argentine et ton dernier travail porte sur les Wichís. Pourrais-tu nous parler du commentaire de José dans le film selon lequel ils ne savent pas s’ils sont argentins ? Ils se sentent natifs mais de là à dire Argentins… M.G. : Je crois que ça vient d’un processus historique logique au cours duquel l’État argentin a montré une indifférence absolue vis-à-vis de la problématique indigène. Et ce, dès le XIXe siècle directement par le biais d’une politique d’état nommée « Conquête du désert » qui fut l’extermination de milliers d’Indigènes, aussi bien dans le Nord que dans le Sud de l’Argentine. Au Nord, ils ont été directement exterminés car les Mapuches et les Tehuelches se battaient contre les Blancs, et au Nord, la population indigène a été parquée dans des réductions pour effectuer la récolte du coton et autres. En effet, il n’y avait pas de place pour les Indigènes dans le projet de développement de l’Argentine vouée à une agriculture d’exportation. C’est donc normal qu’ils se sentent exclus. O.B. : Oui. Par contre, quand tu parles d’« indifférence », il ne s’agit pas vraiment d’« indifférence » car au moment de les tuer, ils ne se sont pas montrés indifférents. M.G. : Tout à fait. Et paradoxalement, aujourd’hui, l’État prône le multiculturalisme dans son discours qui propose l’intégration des Indigènes mais ça reste au stade des paroles car dans la pratique, les revendications se font toujours entendre. Mais l’essentiel est que l’intégration choisie n’existe pas. Les peuples indigènes sont forcés de s’intégrer à la société en oubliant leurs racines et leur culture, chose impossible. O.B. : En réalité, ce n’est pas à l’Argentine d’intégrer les peuples mais à eux de s’intégrer à un système, n’est-ce pas ? M.G. : Oui, absolument. O.B.: Et le cinéma sur les Indigènes en Argentine… quel public attire-t-il ? Quel est son impact ? M.G.: Il est difficile de faire du cinéma sur les Indigènes pour un vaste public car ça éveille peu d’intérêt… C’est une minorité ethnique et en règle générale, en prenant mon cas, les lieux de projection sont spécifiques : ce sont les universités, les écoles, les conférences avec débats et autres où on tente de discuter à propos de l’actualité indigène en Argentine. Ces dernières années, les médias ont pas mal diffusé d’informations sur les Indigènes. Mais ce n’est pas de l’information réelle, elle est factice. Prenons un exemple : la politique de l’État sur la cession des terres aux Indigènes ne respecte pas les exigences des communautés. Par exemple, il y a une zone à cheval sur la Bolivie, le Paraguay et l’Argentine qui regroupe trente-deux communautés indigènes formant l’association « Lahka Honhat ». Elle est composée de Wichís qui réclament un grand territoire pour toutes les communautés afin de maintenir un lien entre elles et de garder la forêt telle quelle. L’État divise et donne de petites parties à des communautés réduites et ceci est perçu par les médias comme un bienfait, ce qui apaise la conscience de la masse des spectateurs ; et de ce fait, il est difficile d’aborder les véritables problématiques des Indigènes. O.B.: Oui, mais le fait d’octroyer aux Wichís une petite parcelle représente un obstacle supplémentaire à leur vie traditionnelle. M.G.: Exactement. O.B.: Ils vivent de la forêt, n’est-ce pas ? M.G.: Oui, oui. Les Wichís ont toujours été chasseurs-cueilleurs, leur lien avec la végétation est vital à leur culture et à leur développement et ils ne peuvent pas développer leurs coutumes sur une parcelle. C’est ce qui se passe… O.B.: La situation actuelle de la Bolivie change-t-elle le point de vue argentin sur les Indigènes ou n’a-t-elle aucune incidence ? M.G.: L’Argentine et la Bolivie sont deux pays limitrophes mais très différents… Comme on l’a dit à propos de l’Argentine, l’État a toujours cherché à…eh bien, en fait, à justifier que nous sommes dans un pays de Blancs et que l’Indigène n’existait pas. En Bolivie, la réalité est très différente. La société… l’Indigène s’est intégré à la société et occupe une place importante. C’est ce qui a permis à Evo Morales d’accéder au pouvoir. Je ne pense pas que cela puisse avoir une influence directe. Par contre, ce qui a été vraiment marquant pour la région, c’est l’accès d’un Indigène à la présidence, une première historique. O.B.: Mais l’Argentine entretient une relation particulière avec le peuple bolivien. M.G.: Eh bien, en Argentine, les Indigènes ne sont pas les seuls à être discriminés. Les immigrants des pays limitrophes sont souvent méprisés : les Boliviens, les Péruviens, les Paraguayens. On affuble les Boliviens du surnom péjoratif de « Bolita », ce qui est…eh bien, voilà, c’est bien dommage. O.B.: Oui, oui, bien. Et, de nos jours, les perspectives d’avenir… parce que tu viens de parler des mesures de l’État ; elles sont mauvaises mais bon, elles sont bien là. Existe-t-il une possibilité d’amélioration, à l’instar des Araucans qui ont reconquis les terres de Benetton et tout cela… M.G.: Eh bien, l’organisation politique des communautés indigènes s’est renforcée et cela leur a permis de rechercher des solutions et bon, c’est le cas de…comme tu l’as dit, la reconquête d’un territoire en tant que partie des communautés mapuches dans le Sud de l’Argentine, de terres qui avaient été vendues à une multinationale comme beaucoup des territoires indigènes du Sud de l’Argentine et du Chili, et bon… Dans le reste des communautés, une bataille juridique est menée. Pour le cas « Lahka Honhat », cet ensemble de communautés qui habite dans la zone limitrophe avec la Bolivie et le Paraguay, il y a un procès se tenant devant un tribunal américain qui a plus ou moins forcé l’État argentin à résoudre le problème. Il y a plusieurs fronts d’attaque juridiques mais les procès sont lents. Et tant que durent les procédures juridiques, la soumission indigène a toujours cours et l’intégration à la société se fait toujours par la porte de service. L’État semble vouloir un pauvre de plus au lieu d’un Indigène, ce que beaucoup de communautés ne sont pas prêtes à accepter, n’est-ce pas ? O.B.: Ça me paraît bien, oui. Eh bien, Marcelo, je te remercie beaucoup d’avoir répondu à toutes ces questions. Un mot pour conclure ? M.G.: Eh bien, merci de m’avoir offert l’opportunité de diffuser ces propos, car je me suis engagé envers ces gens et bon, dès que j’en ai l’occasion, j’essaye de faire connaître leur culture et leur problématique. Ce serait mieux qu’ils puissent le faire eux-mêmes mais c’est hélas impossible. Peut-être qu’avec le temps, ils obtiendront des armes pour se défendre eux-mêmes. O.B.: Bon, c’est tout. M.G.: C’est bon, merci.

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Odile Bouchet: Marcelo Galvez, tú has estado en varias comunidades indígenas en Argentina y tú último trabajo es sobre los Wichís y quisiera que comentes un poco un comentario de José en la película, sobre el que ellos no saben si son Argentinos. Están seguros de ser nativos pero Argentinos…

Marcelo Galvez: Yo creo que eso es debido a un proceso histórico lógico ¿no? donde el Estado argentino se ha despreocupado totalmente de la problemática indígena. Ya desde lo que es el siglo diecinueve ¿no? donde directamente a través de una política del Estado que se llamó Campaña del Desierto, es un poco el exterminio de cientos y de miles de Indígenas, tanto en el Norte como en el Sur de Argentina. En el Norte, se los exterminó directamente porque eran Mapuches, Tehuelches que, digamos, peleaban con el Blanco, y en el Norte se produjo lo que fue la reducción de los pueblos indígenas, para utilizarlos en las cosechas de algodón y demás. O sea, en el proyecto de desarrollo del país agrícola exportador argentino, el Indígena nunca entró. Entonces es lógico que se sientan fuera.

O.B.: Sí. Aparte de todo, cuando tú dices “despreocupado”, no es exactamente “despreocupado” porque de matarlos, sí que se preocuparon.

M.G.: Claro. Y, paradójicamente ahora se da un discurso desde el Estado hacia el multiculturalismo, donde se propone, este, la integración del Indígena, pero es sólo en términos discursivos porque en la práctica, los reclamos continúan existiendo, y lo esencial, que es la integración pero con determinación, no se produce. Los pueblos indígenas se ven obligados a integrarse a la sociedad olvidando sus raíces, olvidando su cultura, lo cual es imposible.

O.B.: O sea, no se trata de que Argentina integre a los pueblos que están sino que los pueblos se integren a un sistema, ¿no?

M.G.: Sí, sí. Exactamente.

O.B.: Y hacer cine sobre Indígenas, en Argentina ¿qué público tiene, qué impacto tiene?

M.G.: Es difícil hacer cine para Indígenas, para un público masivo porque es difícil que interese… Es una minoría étnica y entonces, generalmente, probablemente por hablar de mi caso, los circuitos de exhibición que se encuentran son a partir de lugares específicos, como universidades, escuelas y organizaciones de debates, y demás, donde se intenta instalar algunos discursos sobre lo que es la actualidad indígena argentina. En los últimos años los medios de comunicación han desarrollado bastante la información sobre Indígenas. Pero no es información real, es ficticia. Para darte un ejemplo: la política del Estado de cesión de tierras indígenas no se hace acuerdo a las pretensiones de las comunidades. Por ejemplo: hay una zona donde limita Bolivia, Paraguay y Argentina, una asociación de treinta y dos comunidades indígenas, que se llama Lahka Honhat, son Wichís que reclaman un territorio extenso para todas las comunidades, para poder mantener la interconexión entre ellos y que el monte se mantenga como estaba. El Estado, lo que hace, es dividir y entrega parcialmente a pequeñas comunidades y eso es tomado por los medios de comunicación como un logro, lo cual tranquiliza la conciencia del espectador masivo, y entonces de esta manera es muy difícil introducir las problemáticas reales de los Indígenas.

O.B.: Sí, porque además impide en la vida tradicional del Wichí, darle una parcela chica.

M.G.: Exacto.

O.B.: Su vida es selvática, ¿no?

M.G.: Sí, sí. El Wichí siempre fue cazador recolector, su relación con el monte es vital para su cultura y para su desarrollo y en una parcela no pueden desarrollar su costumbre. Eso, bueno, es lo que ocurre…

O.B.: ¿La situación boliviana en este momento cambia la perspectiva argentina sobre los Indígenas o no tiene ninguna incidencia?

M.G.: Argentina y Bolivia son dos países limítrofes pero muy diferentes en… como lo hemos comentado en Argentina, el Estado siempre se preocupó por… de una manera… este, justificar que estamos en un país de Blancos y que el Indígena no existía. En Bolivia, la realidad es muy diferente. La sociedad… el Indígena se ha integrado a la sociedad y ocupa un lugar importante. Eso es lo que ha permitido que Evo Morales llegue al poder. Yo no creo que puede influenciar directamente. Lo que sí es que ha sido llamativo para la región que un… por primera vez en la historia un presidente indígena pueda estar gobernando un país.

O.B.: Pero Argentina tiene una relación especial con el pueblo boliviano.

M.G.: Bueno, en Argentina no sólo se discrimina a los Indígenas, es muy común que se menosprecie a los inmigrantes suramericanos de países limítrofes: Bolivianos, Peruanos, Paraguayos. Al Boliviano se lo apoda “Bolita” despectivamente, lo cual, este,…bueno, es así ¿no? Lamentablemente.

O.B.: Sí, sí, bueno. Y las perspectivas entonces de porvenir en este momento… porque ya nos dices que hay medidas estatales, malas, pero las hay, a ver si hay alguna perspectiva de mejoría, las noticias de los Araucanos que reconquistaron tierras de Benetton y todo eso…

M.G.: Bueno, ahí se ha fortalecido la organización política de las comunidades indígenas y eso le ha permitido la búsqueda de soluciones y bueno sí, está el caso de… como lo nombrabas, la recuperación de un territorio como parte de las comunidades mapuches en el Sur argentino, tierras que habían sido vendidas a una multinacional como muchos de los territorios indígenas actualmente en el Sur de Argentina y Chile, y bueno… en el resto de las comunidades se está dando una batalla legal. En el caso Lahka Honhat, esta serie de comunidades que habitan en la zona limítrofe con Bolivia y Paraguay, hay una presentación, este, ante una corte, bueno, americana que, de alguna manera, ha obligado el Estado argentino a solucionar el problema. Y bueno, se está dando batalla en distintos frentes legales pero los procesos son largos. Mientras tanto, mientras transcurran los procesos legales, el sometimiento indígena continúa ocurriendo y la integración a la sociedad se da siempre por la puerta de atrás. El Estado parecerá que quiere en lugar de un Indígena, un pobre más. Lo cual muchas comunidades no están dispuestas a aceptar, ¿no?

O.B.: Me parece bien, sí. Bueno, Marcelo, te agradezco mucho haber respondido a todas las preguntas. Si puedes decir algo para concluir.

M.G.: Bueno, decirle, agradecerle la posibilidad de difundir esto porque de alguna manera he tomado un compromiso con esta gente y bueno, desde mi lugar, pues, trato de difundir su cultura y su problemática. Sería mejor por ahí que pudieran estar ellos, pero lamentablemente es imposible ¿no? Quizá el tiempo le de las herramientas para poder defenderse ellos mismos.

O.B.: Bueno. Ya está.

M.G.: Listo, gracias.

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