Entretien
Notice
Langue :
Espagnol, castillan
Crédits
Jean JIMENEZ (Réalisation), Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM (Publication), Université Toulouse II-Le Mirail (Production), Pablo Fendrik (Intervention), Odile Bouchet (Intervention)
Conditions d'utilisation
Tous droits réservés à l'Université Toulouse II-Le Mirail et aux auteurs.
DOI : 10.60527/5b4j-8n85
Citer cette ressource :
Pablo Fendrik, Odile Bouchet. UT2J. (2009, 21 mars). Entretien avec Pablo Fendrik (Rencontres 2009) , in Espagnol. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/5b4j-8n85. (Consultée le 15 mai 2024)

Entretien avec Pablo Fendrik (Rencontres 2009)

Réalisation : 21 mars 2009 - Mise en ligne : 25 mars 2009
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Descriptif

Pablo Fendrik, cinéaste argentin, vient cette année avec deux films de fiction, "El asaltante" (l'Assaillant) et "La sangre brota" (Sang impur). Il fait un cinéma qui cherche à provoquer des réactions chez son public, un cinéma qui refuse la passivité et l’abêtissement des médias. Dans son pays, la place des œuvres nationales est très réduite, et ses films, qui ont eu grand succès à l’étranger, n’ont pas encore été vus chez lui. Entretien réalisé dans le cadre des 21ème Rencontres Cinémas d'Amérique latine de Toulouse.

Transcription et traduction de Nina Elisabeth et Brice Wittmann.

Intervention
Thème
Documentation

Odile Bouchet : Bonjour, Pablo Fendrik...

Pablo Fendrik : Bonjour, comment allez-vous ?

OB : ...cinéaste argentin. Très bien, merci, et vous ?

PF- Super bien.

OB- Vous revenez à Toulouse, ça fait combien d’années ?

PF- Combien d’années de quoi ?

OB- Quand vous êtes venu pour la première fois.

PF- Je suis venu pour la première fois en 98.

OB- Mmmh

PF- Et...

OB- Et votre premier film ?

PF- Non, non, mon premier voyage en Europe.

OB- En quelle année votre premier film ?

PF- En 2007.

OB- Pour « Cinéma en construction ».

PF- « Cinéma en construction ».

OB- L’assaillant.

PF- C’est ça, L’assaillant, et...

OB- Qui rôde encore dans le coin.

PF- Oui, c’est incroyable, il rôde encore.

OB- Combien d’écoles cet assaillant a-t-il assailli, dites-moi ?

PF- Hou... Jusqu’à aujourd’hui, déjà plus de 50, il me semble.

OB- C’est affreux.

PF- Oui, rien que la première année, en 2007, ce film est passé dans 50 festivals.

OB- Ça c’est super bien passé non ?

PF- Beaucoup mieux que je ne l’espérais.

OB- Quel était votre objectif initial ?

PF- Je voulais simplement terminer le film pour pouvoir dire que j’étais, que je suis réalisateur de cinéma.

OB- C’est quelque chose ça, non ?

PF- C’était déjà bien pour moi, alors vous pensez bien que tout le reste, c’est comme un « bonus » énorme.

OB- Oui, vraiment énorme.

PF- Oui, oui.

OB- Ça marche bien.

PF- Oui. Très fort, je vous le dis, c’est vraiment super.

OB- Et votre deuxième film que nous projetons cette année, vous pouvez nous en parler un peu ?

PF- Que voulez-vous que je vous raconte ?

OB- Je ne sais pas... tout ce sang...

PF- Ah, oui, tout ce sang, il fallait bien ça.

OB- Il fallait bien ça.

PF- Il fallait bien ça.

OB- Dites-moi.

PF- Mmh, il... il me semble que... la situation, l’histoire, le demandait, il y avait un fort besoin... d’exprimer toutes ces choses, et aussi... de ne pas faire un film... passif, dirons-nous. Et ne pas laisser le spectateur dans la passivité, défier un peu celui qui est assis devant l’écran et le motiver... pour qu’il s’investisse un peu plus comme spectateur. Car c’est un peu décevant de nos jours le nombre de spectateurs lobotomisés par la dégradation de la culture. On en est à un point très déprimant.

OB- Il y a beaucoup d’images, partout.

PF- Le premier problème n’est pas tant l’image que la qualité des images, ou plutôt, la qualité de la proposition que recèlent ces images. C’est comme le QI, n’est-ce pas ? Un coefficient intellectuel collectif dont on dirait qu’il baisse chaque année, en quelque sorte, pour ce qui est de la proposition générale de l’image.

OB- La proposition peut-être, mais je ne crois pas quand même que les gens soient si passifs.

PF- Si, je crois que si.

OB- Vous croyez ?

PF- Oui, de plus en plus.

OB- Ça se ressent en Argentine ?

PF- Ça se ressent dans le monde.

OB- Dans le monde.

PF- Du moins, dans le monde que je parcours. Je ne connais pas le monde entier, mais la partie que je sillonne, à la vérité, est un peu triste. Bien évidemment, il y a des exceptions, des lieux, des petites initiatives, des instants, il ne faut pas exagérer. En réalité, il faut être un peu plus agressif dans la façon de mobiliser le spectateur, mais c’est que la partie adverse étant, comme je vous le dis, cette crétinisation de la culture, laquelle est, elle aussi, très agressive en permanence. C’est une sorte d’attaque systématique contre l’évolution des personnes, on pourrait dire. L’évolution culturelle est donc une espèce de guerre, alors voilà, nous autres, qui pouvons incarner un certain esprit de résistance à ce phénomène, nous devons devenir plus féroces.

OB- C’est vrai, et en parlant plus directement de vos films, j’aimerais que vous parliez de votre relation avec vos personnages. Pour ma part, j’ai remarqué des personnages masculins et des personnages féminins dans le deuxième film Sang impur, les femmes sont horribles.

PF- Les hommes aussi.

OB- Les hommes aussi, mais pas aussi horribles que les femmes à mon sens.

PF- Je crois que ceci parle plus de vous comme spectatrice que de moi comme cinéaste.

OB- C’est très possible.

PF- Mais c’est ça l’idée, c’est ce qui me plaît le plus, l’échange, et quand je parle d’être actif avec les films et d’échange avec les gens, c’est de ça que je parle. De comment va être le retour de l’opinion des gens, leur propre vision du monde, leur propre interprétation des choses et leur propre bagage culturel, plus que le mien en réalité.

OB- D’accord, mais le vôtre y est aussi, non ?

PF- Bien sûr. C’est lui qui provoque, c’est le catalyseur, mais il n’est pas question de « ah, moi, je montre, observez-moi, regardez ce que je vais faire, je suis celui qui s’exprime », ou que simplement ils regardent ce que j’ai à leur raconter. Non. C’est... Je propose ce jeu, et vous devez jouer avec moi ou avec le film, et c’est de cette manière que nous protégerons la vie des choses, vous voyez ? C’est plutôt cela.

OB- Oui. Vous nous donnez aussi l’image d’une famille. D’un type de famille.

PF- Oui. D’une en particulier.

OB- Oui, c’en est une en particulier, mais c’est aussi la petite bourgeoisie argentine, une classe sociale nombreuse à Buenos Aires.

PF- Oui, on peut le voir comme ça. Ce n’est pas... Encore une fois. Ici en France, c’est comme ça, dans le sud évidemment, c’est ce qui se remarque le plus, ce que les gens voient en premier ici, c’est ça, c’est « un portrait de la petite bourgeoisie argentine », blablabla, et par exemple sous d’autres latitudes, ce n’est pas la caractéristique principale du film. On parlera plus de l’isolement émotionnel, on parlera ailleurs de la violence à l’intérieur du foyer, on parlera de l’absence de communication entre parents et enfants, on parlera d’une foule de choses. Partout où le film est projeté, l’interprétation ou la perception, en fait la première chose qui se remarque, est différente. Et cela parle plus de vous que du film, et ça, une fois encore, ça me plaît beaucoup, c’est comme une expérience intéressante pour moi. Si vous voulez que je réponde à la première question que vous m’avez posée : pour moi, non... Pour moi, la représentation de la famille n’est pas le plus important, parce que je ne crois en aucune représentation symbolique, en tout cas quand je fais des films. Pour moi, les femmes du film sont ces femmes-là, ce sont ces personnages particuliers, et pas la femme argentine, ni l’adolescence argentine, en d’autres termes je ne travaille pas avec des symboles. Si les gens veulent allégoriser les personnages et construire là-dessus leurs propres métaphores, parfait, c’est votre travail de spectateur, mais ce n’est pas nécessairement mon intention.

OB- Très bien. Et dans votre relation avec les acteurs, je sais que Nahuel était ici l’an dernier. Il a beaucoup parlé de son travail avec les différents réalisateurs avec qui il tourne, et dit qu’il aimait particulièrement travailler avec vous.

PF- C’est que ça a été excellent pour moi aussi, ça a été extraordinaire je dois dire. En tant qu’expérience avec des acteurs, c’est sans doute avec Nahuel que ça a été le plus satisfaisant, mais avant tout parce qu’il voyait le film de la même manière que moi. C’est un acteur incroyablement talentueux, intuitif, très très discipliné dans son travail, et c’est rare de trouver la combinaison de ces trois facteurs dans une seule personne. C’est ce qui fait de lui un grand acteur, à la différence des bons acteurs ou des très bons acteurs, avec du métier, il y en a partout, mais les très bons acteurs, il y en a très peu et Nahuel est l’un d’entre eux.

OB- Oui, c’est un très bon acteur.

PF- Et Nahuel est très très bon. Et c’était vraiment comme avoir une espèce d’appendice de mon cerveau. À certains moments, j’avais presque l’impression que nous co-dirigions certaines scènes parce qu’il savait exactement ce que je voulais et que s’il bougeait d’un millimètre avant de terminer la prise, il savait déjà que c’était à refaire et au moment de reprendre la scène, j’avais juste besoin de le regarder une seconde, et lui savait ce qu’il devait faire. Ce type de relation entre un réalisateur et un acteur est quasi miraculeux, magique. Je crois que c’est très très peu courant. Avec les autres acteurs j’ai bien sûr aussi eu de très bonnes expériences avec presque tous, mais c’est pour ça que Nahuel est spécial. Avec lui, eh bien, le niveau de... concordance, nous sommes toujours sur la même fréquence, et c’est vraiment spécial, c’est très rare.

OB- Dans votre premier film, vous vous concentrez sur un personnage, ce monsieur, qui reste très très très longtemps à l’écran. Dans le second, il y a... Il y a plus de distance avec chaque personne. Il y a plus de personnages donc et cette combinaison, comment... comment la gérez-vous ?

PF- Non, à différents projets, différents besoins. Chaque projet, quand chaque idée de projet vous vient en tête, ou comme elles me viennent en tête, c’est comme un « pack » complet avec l’histoire, le visage du personnage et je sais aussi comment je vais le filmer. Non. Et ensuite ce que... dans le processus de développement, ce que je fais, c’est essayer de respecter ça, de rester fidèle à cette idée première le plus possible. Mais parce qu’il y a quelque chose qui… une chose qui pour moi est précieuse dans l’apparition de l’idée : il est bon de la soumettre à une analyse rigoureuse pour ne pas être, comment dire ? Auto-indulgent. Mais c’est aussi une bonne chose, d’essayer de respecter la part originelle instinctive de l’apparition d’une idée, parce qu’il y a une chose là dont, dans la majorité des cas, très souvent, je crois qu’elle se perd, qu’elle se dégrade, qu’elle se corrompt, alors que c’est peut-être la seule partie de valeur de tout le processus. En fait c’est le moment où on exprime quelque chose sincèrement. Ensuite le reste du processus est en général très long : selon la façon dont on s’y prend, soit c’est la dégradation de cette idée originelle, soit une évolution bénéfique. Et là, il y a une prise de décision, puis le travail de toute une équipe de personnes pour aboutir d’une manière ou d’une autre.

OB- D’accord, bien, cette année pendant le festival nous rendons hommage à la génération de ce qu’on a appelé le nouveau cinéma argentin. Vous êtes un peu plus jeune, quelle relation entretenez-vous avec ceux qui vous précèdent de peu...

PF- Bonne, en ce qui concerne la majorité des réalisateurs argentins de ce qu’on a appelé le nouveau cinéma argentin de ces dix dernières années, pour moi ils font un cinéma de valeur. Ce n’est pas un cinéma que je ne regarde pas, c’est un cinéma que je regarde et que je suis, ce serait très hypocrite de ma part de vous dire que je n’observe pas ce que font mes pairs... Et je fais partie des nouveaux venus dans tous ces gens, je suis le nouveau du quartier... Je ne sais pas trop quoi vous dire d’autre à part ça. Sinon que ce sont des réalisateurs et des films qui... en tous cas ceux qui sont présentés ici, que j’ai vus dans votre catalogue, c’est un cinéma que je respecte assez et qui recoupe le mien dans certains cas. Voilà, en gros, ma relation avec eux. Avec ça, il est vrai que... une des raisons pour lesquelles j’observe aussi le cinéma argentin c’est pour... voir ce que je peux faire de différent, plus que ce que je peux faire de semblable. Lequel est... Lequel pourrait dans le meilleur des cas être ma contribution, s’il est possible de faire une contribution, mais on dira ça comme ça.

OB- Oui, de toute manière, c’est une contribution, mais... en dehors de ça, à un niveau un peu plus continental, je sais qu’une des difficultés rencontrées par les cinéastes qui viennent ici le font justement pour voir, car si on le voit dans les festivals, on ne le voit jamais dans les salles, le cinéma des autres pays d’Amérique latine. C’est toujours pareil à Buenos Aires?

PF- C’est de pire en pire.

OB- De pire en pire.

PF- Oui, de pire en pire.

OB- Oui, mais il y a plus de place pour le cinéma argentin.

PF- En Argentine ?

OB- En Argentine.

PF- Non, non, non, en fait, si vous regardez les statistiques, c’est de pire en pire, il y a de moins en moins d’espace.

OB- Et les lois pour le cinéma et tout ce qui s’ensuit ?

PF- Les lois du cinéma ne peuvent rien contre la loi du marché, qui est beaucoup plus forte en ce moment. On essaie, ils essaient maintenant, mais la vérité c’est que les résultats sont maigres, rares et peu efficaces.

OB- Autrement dit, que le plus grand succès que vous pouvez espérer serait à l’étranger plus qu’en Argentine.

PF- Eh bien le fait… la preuve en est que mes deux films ont été projetés en France avant d’être projetés en Argentine.

OB- C’est vrai.

PF- Il me semble que c’est une preuve assez frappante mais ce n’est pas faute d’essayer. L’Institut du cinéma argentin et les différentes associations de réalisateurs et de producteurs essaient, ils travaillent dur pour y parvenir. Le problème, selon moi, c’est qu’ils sont confrontés à un monstre gigantesque et qu’ils ont, en principe, tout pour perdre. Nous avons tous tout pour perdre. La création d’une alternative implique un degré de… une combinaison presque parfaite, je dirais, entre la bonne volonté, un travail rigoureux et l’investissement de capitaux. Ce sont trois facteurs qui doivent travailler comme trois bateaux allant au même endroit, mais on n’y parvient pas encore, il me semble qu’on n’en est pas encore là.

OB- C’est mieux qu’il y a une quinzaine d’années, par exemple.

PF- Comment ça ?

OB- Eh bien, à une époque, il était quasiment impossible de faire du cinéma en Amérique latine.

PF- Bien sûr, mais maintenant que nous le faisons, enfin, si nous avons l’énorme privilège de pouvoir produire de la façon dont nous produisons, évidemment, l’évolution naturelle serait de pouvoir diffuser toute cette production. Nous tournons une quantité de films incroyable, plus de cent par an... Mais ils ne peuvent pas être projetés. Une minorité, une petite fraction de ces films sort en salle, car il n’y a pas de circuits de distribution, on ne peut les montrer nulle part. Et il n’y a toujours pas de politique d’incentive, d’incitation, mon espagnol se dégrade de jour en jour, justement du désir pour le cinéma argentin. Si vous faites une enquête dans la rue, en Argentine et demandez aux gens : « est-ce que vous aimez le cinéma argentin ? » ou quelque chose comme ça : « Non. » « Est-ce que vous allez voir le cinéma argentin? » « Non, c’est de la merde, c’est ennuyeux, c’est mauvais, blablabla. » Et : « si vous allez voir un film argentin, lequel ? ». Ils vous répondent : « ceux de Darín ». Ils ne citent même pas un réalisateur, mais l’acteur le plus connu qu’il y ait et ça, c’est la cruelle réalité, les amis. Sur cent pour cent des entrées réalisées en Argentine sur un an, huit pour cent, voire moins, sont des films argentins. Pour un pays qui produit plus de cent films, c’est assez peu.

OB- Oui, c’est peu, et il y a peu…

PF- Si on considère que sur cette centaine de films réalisés, disons, cinquante sont projetés, je crois que c’est peu, même s’il y a plus de films argentins projetés. Ce qui se passe c’est que la plupart d’entre eux sont des petites productions et des documentaires projetés pour des raisons qui ne valent pas la peine d’être citées ici, mais ce que je dis, c’est que si vous calculez le nombre d’entrées pour chaque film argentin, c’est très triste. Les gens ne vont pas voir les films, alors c’est comme… il faut faire un énorme travail qui va demander beaucoup de temps, de, comme je vous l’ai dit, d’incitation-nement, de l’argent et la création d’un circuit alternatif, toute une politique et...

OB- Et aussi éduquer le public.

PF- Exactement, motiver ce public et lui offrir du choix parce qu’en vérité, le public argentin pense que le cinéma argentin est, qu’ils sont…

OB- C’est une idée déjà très ancienne.

PF- Non, non, c’est une idée très actuelle. Elle est ancienne dans le temps mais elle perdure...

OB- Cela a duré longtemps, oui.

PF- Oui.

OB- Cela dure depuis…

PF- Bon, mais nous devons aussi nous occuper de… en plus de motiver les gens, il faut leur donner quelque chose qui leur donne envie de voir, aussi. Je ne parle pas de faire du cinéma complètement stupide genre coca –pop corn, mais voilà, leur donner, faire un… pas juste des films pour nous, les festivals et le reste du monde, mais quelque chose qui pourra intéresser d’une manière intelligente aussi. Je ne parle pas de produire des stupidités mais un cinéma intelligent et actif, ce serait pas mal, aussi. Je ne dis pas que cela ne se fait pas, et beaucoup veulent le faire.

OB- Oui.

PF- En fait, beaucoup de réalisateurs croient sûrement qu’ils font cela et ensuite, quand ils voient la recette, ils disent : « mais c’est pour les gens que j’ai fait ce film, que s’est-il passé ? ». Peut-être qu’on n’y a pas encore suffisamment travaillé, je ne sais pas.

OB- Oui.

PF- Et je le dis parce que je me trouve aussi dans cette position où j’essaie de voir comment faire un cinéma que j’aime, que je trouve intelligent, qui propose quelque chose et que les gens veuillent voir, n’est-ce pas ? Je ne dis pas que les deux films que j’ai faits sont ainsi, mais j’y réfléchis. J’y travaille.

OB- Ça ne c’est pas trop mal passé pour vous jusqu’à présent.

PF- Ça dépend de la façon dont on le voit. Ça c’est bien passé pour moi dans le monde des festivals, les films, à l’étranger. L’Argentine est toujours un mystère, on le sait. Ce sont des films argentins, un réalisateur argentin…

OB- Ils ont été projetés là-bas, non ?

PF- Pas encore.

OB- Ah bon.

PF- Ils sortiront le mois prochain. Là nous verrons.

OB- Vous êtes face au défi maintenant.

PF- C’est vrai.

OB- Très bien, alors bonne chance.

PF- Merci beaucoup, je vais en avoir besoin.

OB- Merci beaucoup, Pablo.

PF- Merci à vous. Au revoir.

Transcription de Nina ELISABETH et Brice WITTMANN

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Odile Bouchet : Buenos días, Pablo Fendrik…

Pablo Fendrik : Buenos días, ¿cómo estás?

OB : ...cineasta argentino. Muy bien, gracias, ¿y tú?

PF : Increíble.

OB : De volver a Toulouse, a ver ¿cuantos años?

PF : ¿Cuantos años qué?

OB : De cuando viniste la primera vez.

PF : La primera vez vine en el 98.

OB : Mmmh.

PF : Y...

OB : ¿Y de tu primera película?

PF : No, no, de mi primer paseo por Europa.

OB : ¿Y cuando tu primera película?

PF : Y, en 2007.

OB : En “Cine en construcción”.

PF : “Cine en construcción”.

OB : El asaltante.

PF : Correcto, El asaltante, y...

OB : Que sigue dando la vuelta por acá.

PF: Increíblemente sigue dando vueltas, sí.

OB : ¿Cuántas escuelas asaltó ya ese asaltante a ver?

PF : Uf... Más de 50 ya a estas alturas me parece.

OB : Es horrible.

PF : Sí. Sólo el primer año, estuvo en 50 festivales esa película, sólo en el 2007.

OB : Te ha ido súper bien, ¿no?

PF- Mucho mejor de lo que yo esperaba.

OB : Sí a ver ¿cuál era la perspectiva tuya, inicial?

PF : No. Simplemente terminarla y tener una película para poder decir que era, que soy director de cine.

OB : Bueno que ya es algo ¿no?

PF : Que ya estaba bien para mí, así que imagínate que todo lo demás es como una especie de... “bonus track”, gigante.

OB : Sí, realmente grande.

PF : Sí, sí.

OB : Funciona bien.

PF- Sí. Mucho, ya te digo, está buenísimo.

OB : Y tu segunda película que mostramos este año, ¿puedes hablar un poco de ella?

PF : ¿Qué te parece que te cuente?

OB : No sé... tanta sangre...

PF : Ah, sí, tanta sangre, bueno, hacía falta.

OB : Hacía falta.

PF : Hacía falta.

OB : A ver.

PF : Mmh, me... me parece que lo... lo pedía la situación, la historia, había como una necesidad... grande de… expresar todas estas cosas, y además de... no hacer una película... pasiva, digamos. Y no, no dejar al espectador tampoco en un lugar pasivo, desafíar un poco al que está sentado en la pantalla y incentivarlo a que... a que se comprometa un poco más como espectador, digamos. Es un poco decepcionante hoy en día, la cantidad de espectadores lobotomizados por la degradación de la cultura. Y ya es como muy deprimente.

OB : Hay mucha imagen ¿no? En todos lados.

PF : El primer problema no es tanta imagen, el problema es la calidad de las imágenes, o mejor dicho la calidad de la propuesta que encierran esas imágenes. Es como que el IQ ¿no? El coeficiente intelectual colectivo, pareciera que cada año es más bajo, de alguna manera, en cuanto a la propuesta general de la imagen, digamos.

OB : Tal vez la propuesta, pero yo no creo que la gente sea tan pasiva tampoco.

PF : Sí. Yo creo que sí.

OB : ¿Tú crees que sí?

PF : Sí. Cada vez más.

OB : ¿Se siente así en Argentina?

PF : Se siente así en el mundo.

OB : En el mundo.

PF : Bueno, en el mundo que yo voy recorriendo por lo menos. Pero no conozco todo el mundo, pero el mundo que voy recorriendo, la verdad es que es un poco triste, sí. O por supuesto hay excepciones y hay lugares, y hay pequeñas iniciativas y momentos, siempre por supuesto en el absolutismo tampoco... tampoco está bien, pero... la realidad es que... uno se tiene que poner un poco más, tal vez un poco más agresivo, en cuanto a su, a la forma de... movilizar al espectador, pero porque también la parte contraria que es esta, ya te digo, esta estupidización de la cultura también es muy agresiva y es constante. Y es como un como un ataque sistemático a la evolución de las personas, digamos, de alguna manera ¿no? La evolución cultural de la gente, entonces, es como una especie de guerra, y entonces nada, los que de alguna manera podemos encarnar un cierto espíritu de resistencia a eso tenemos que ponernos más bravos.

OB : Ya, y hablando más directamente de tus películas, quisiera saber tu, un poco que hables de tu relación con tus personajes. O sea yo veo personajes masculinos y personajes femeninos en la segunda película, en La sangre brota, las mujeres son horribles.

PF : Los hombres también.

OB : Los hombres también, pero no tan horribles como las mujeres para mí.

PF : Yo creo que eso habla más de vos como espectadora que de mí como cineasta.

OB : Eso es muy posible.

PF : Pero esa es la idea de, esa es lo que a mí más me gusta de, del intercambio, y de cuando hablo de ser activo con las películas y con el intercambio con la gente, me refiero a eso. A que, a como se va a reflejar la opinión de la gente, su propia visión del mundo y su propia interpretación de las cosas y su propio bagaje cultural, más que el mío, en realidad.

OB : Ya, pero el tuyo también está, ¿no?

PF : Por supuesto. Y es el que provoca, es el catalizador, pero no es una cuestión de “ah, yo muestro, obsérvenme, miren lo que voy a hacer, soy el que se expresa”, o que simplemente se miren, lo que tengo para decirles. No. Es... Yo propongo este juego, ¿sí? Y ustedes tienen que jugar conmigo o con la película ¿sí? y de esta manera mantenemos viva la cosa, ¿sí? Es más bien eso.

OB : Sí. También das una imagen de la familia. De una especie de familia.

PF : Sí. De una en particular.

OB : Sí, es una en particular, pero también, es en la pequeña burguesía argentina de una clase social que es abundante en Buenos Aires.

PF : Sí, se puede ver así. No es que... De nuevo. Aquí en Francia es como que lo que, en el sur evidentemente lo que más se destaca, lo que la gente primero ve aquí, es eso, es un retrato de la pequeña burguesía argentina, blablabla, y en otras latitudes por ejemplo, eso no es la característica principal de la película. Se habla más del aislamiento emocional, se habla por ahí de la violencia de la casa, se habla de la incomunicación entre padres y hijos, se habla de un montón de temas. En cada lugar donde se muestra la película, la interpretación o la percepción principal digamos, lo que primero se destaca, es distinto. Y eso habla más de ustedes que de la película y eso siempre a mí me gusta mucho, es como una experiencia interesante para mí. Si queréis que te responda a lo primero que me, digamos, a lo primero que me preguntaste: para mí, no... para mí tampoco es lo más importante la representación de la familia. Pero porque yo no creo en la representación simbólica de nada, a la hora de hacer películas quiero decir. Eh, para mí, las mujeres de las películas son esas mujeres, son esos personajes y no es la mujer argentina, ni la adolescencia argentina, digamos yo no trabajo con símbolos, si la gente quiere simbolizar los personajes y en base a eso hacer su propia construcción metafórica, perfecto, tu trabajo como espectador, pero no es necesariamente mi intención.

OB : De acuerdo. Y tu relación con los actores, yo sé que Nahuel estuvo aquí el año pasado. Habló mucho de, bueno del trabajo que hacía con los diversos realizadores con que trabaja, ¿no? Y que le hacía mucha ilusión ese trabajo contigo.

PF- Pues que estuvo muy bueno para mí también, fue increíble, digo. Como experiencia de trabajo con actores probablemente Nahuel ha sido mi experiencia más satisfactoria, pero primero porque hay, él había entendido la película de la misma manera que la entendía yo. Es un actor increíblemente talentoso, intuitivo, muy muy disciplinado con su trabajo, lo cual es una combinación de tres factores que rara vez se dan en la misma persona. Esto le convierte en un gran actor a la diferencia de actores buenos y muy buenos y con oficio, que existen en el mundo, pero muy buenos actores como ah, hay muy pocos y Nahuel es uno de ellos.

OB : Sí, es muy bueno.

PF- Y Nahuel es muy muy bueno. Y era como realmente como tener una especie de apéndice de mi cerebro. Había momentos en los que sentía casi como si estuviéramos co-dirigiendo algunas escenas porque él sabía exactamente lo que yo quería y si él se corría de ahí un milímetro antes de terminar la toma, él sabía que corrido y a la hora de repetirla, yo sólo tenía que mirarle un segundo y él sabía lo que tenía que hacer. Y ese tipo de relación es casi milagrosa, mágica entre un director y un actor. Es, creo que es muy, muy poco frecuente. Con el resto de los actores por supuesto también tuve con casi todos muy buenas experiencias, pero lo de Nahuel es especial por esto. Por el, digamos, el nivel de... de concordancia, ¿no? Estamos todo el tiempo en la misma frecuencia y eso realmente es especial, muy raro.

OB : En tu primera película digamos que te centras en un personaje, este señor, que pasa mucho mucho mucho tiempo en pantalla. En la segunda es…Hay más alejamiento de cada persona, o sea. Hay más personajes, bueno, y entonces, bueno, y esa combinación, cómo la… ¿cómo la manejas tú?

PF : No, diferentes proyectos, diferentes necesidades. Cada proyecto, cuando cada idea de proyecto, cuando te viene a la mente o a mí como me vienen a la mente, es como un paquete entero dónde se me ocurre por ahí la historia, la cara del personaje y sé exactamente como lo voy a filmar también. No… y después lo que… en el proceso de desarrollo, lo que hago es tratar de respetar eso y mantenerme como fiel a esa idea primigenia todo lo posible. Pero porque hay algo como, hay algo para mi valioso en la aparición de una idea que está bueno someterla rigurosamente a análisis y para que digamos no ser… ¿Cómo se dice? Auto indulgente. Pero también está bueno, digamos, tratar a respetar la parte primigenia instintiva de la aparición de una idea porque hay algo ahí que en la mayoría de los casos, en muchos casos que creo que se pierde, se degrada, se contamina y tal vez, ahí haya la única parte valiosa de todo el proceso, digamos que es cuando uno expresa algo genuinamente y luego el resto del proceso por lo general es como un largo proceso de que puede ser según cómo te lo tomes de degradación de esa idea primigenia o de evolución favorable. Y eso, hay una toma de decisión ahí y un trabajo conjunto de todo un equipo de gente para que eso sea de una manera o de otra.

OB : De acuerdo, y bueno, este año tenemos en el festival, un homenaje a la generación, digamos de lo que se llamó el nuevo cine argentino. Tú eres un poco más joven, ¿cómo te relacionas tú con estos justo anteriores tuyos…?

PF- Bien, a mí la mayoría de los digamos directores argentinos de lo que se llamó el nuevo cine argentino de los últimos diez años para mí es un cine muy valioso. No es un cine que yo, yo no mire, digo un cine que si yo miro y que sigo, sería muy hipócrita de mi parte decirte que no observo que están haciendo mis pares, digamos… y yo debo ser de los más nuevos de toda esa gente, soy el nuevo del barrio… No sé muy bien que más decirte aparte de eso. Sí, eso, que son directores y películas que… por lo menos las que están acá, las que vi en el catálogo que trajeron ustedes, es un cine que yo respeto bastante, en algunos casos cruza el mío. Así que esa más que nada es mi relación con ellos, también la verdad que trat… unas de las cosas por las cuales observo el cine argentino también es para… a ver que puedo hacer yo de distinto... más que puedo hacer yo de parecido. Cuál es… cuál podría en lo mejor de los casos ser mi aporte, si es que se puede hacer un aporte, pero bueno, digámoslo así.

OB : Sí de todas formas es un aporte, pero… Y aparte de eso, a nivel ya un poco continental, yo sé que una de las dificultades que tienen los cineastas que vienen aquí es justamente poder ver, o sea, lo ven en los festivales pero nunca en salas, el cine de los demás países de Latinoamérica. ¿Sigue siendo igual, no, en Buenos Aires?

PF- Cada vez peor.

OB : Cada vez peor.

PF : Sí, cada vez peor.

OB : Pero hay más lugar para el cine argentino.

PF : ¿En Argentina?

OB : En Argentina.

PF : No, no, no, de hecho si observás las estadísticas, es cada vez peor, cada vez hay menos lugar.

OB- ¿Y las leyes del cine y todo eso?

PF- Pero la leyes del cine no pueden hacer nada contra la ley del mercado que es mucho más fuerte, en este momento. Se intenta, lo están intentando, pero la verdad es que los resultados son magros, escasos y poco efectivos.

OB- O sea que el mayor éxito que tú puedas esperar es en el extranjero más que en tu tierra.

PF- Bueno, el hecho... la prueba de eso es que mis dos películas se estrenaron antes en Francia que en Argentina.

OB- Es así.

PF- Me parece que es una prueba bastante contundente pero no es que no se esté intentando. El Instituto de Cine argentino y las diferentes asociaciones de directores y productores están intentándolo, están trabajando duro para conseguirlo. El tema para mí es que están, son, están enfrentados a un monstruo gigantesco y tienen las de perder en principio. Todos nosotros tenemos las de perder. La forma de generar una alternativa implica un grado de... una combinación casi te diría perfecta, debería ser, entre buena intención, trabajo riguroso e inversión de capitales. Son tres factores que los tres tienen que estar trabajando como tres barcos yéndose al mismo lugar y todavía no se consigue eso, me parece, todavía no se está consiguiendo esto.

OB : Está mejor que hace unos quince años por ejemplo.

PF : ¿En qué sentido?

OB : Bueno, hubo una época en que era casi imposible hacer cine en Latinoamérica.

PF : Claro, pero ahora que ya lo estamos haciendo, digamos, si tenemos el enorme privilegio de poder producir de la manera que producimos, por supuesto, la evolución natural sería poder estrenar toda esa producción. Estamos filmando una cantidad de películas increíble, como más de cien películas por año… Pero no se pueden estrenar. Se estrena una minoría, une pequeña porción de estas películas, como que no hay bocas de expendio, no hay dónde mostrarlo. Y tampoco hay una, todavía, como una política de incentivamiento... de incentivación, mi español se degrada día a día, justamente de avidez por el cine argentino. Si vos hacés una encuesta en la calle en Argentina, y le preguntas a la gente: ”¿Te gusta el cine argentino?” algo así : “No”. “¿Vas al cine argentino?” “No, ¿por qué? si es una mierda, si es aburrido, suena mal, blablabla”, y que “si vas a ver una película argentina ¿cuál vas a ver?” “Las de Darín” te dicen. Ni siquiera mencionan un director, mencionan al actor más conocido que hay y eso es la cruel realidad, amigos. Si sea del cien por cien de entradas que se ven en Argentina por año, el ocho por ciento, o menos del ocho por ciento, es para películas argentinas. Para un país que produce más de cien películas, es bastante poco.

OB : Sí, sí, sí, es poco, y hay poca…

PF- Si quiere decir que de esas ciento y pico que se hacen, se estrenan, pónele, cincuenta, creo que es poco igual se estrenan más películas argentinas. Lo que pasa es que muchas son pequeñas producciones y documentales que se estrenan por razones que ahora no vale la pena mencionar pero lo que digo es: si vos hacés una división de cuántas entradas van para cada película argentina, es muy triste. La gente no está yendo a las películas, entonces es como... hay que hacer un enorme trabajo que va a llevar mucho tiempo de, cómo te dije, incentivación-miento, dinero y creación de un circuito alternativo y toda una política y…

OB : Y también educar al público.

PF : Exacto, incentivar ese público y darle opciones porque la verdad es que el público en Argentina tiene una idea de que el cine argentino es, que son…

OB : Es una idea muy vieja ya.

PF : No, no no, es una idea muy actual, de que, es vieja en tiempo, pero que ha perdurado.

OB : Ha durado mucho, sí.

PF : Sí.

OB : Dura hace mucho...

PF- Bueno, pero también tenemos que hacernos cargo de que… A parte de incentivar a la gente, hay que darles algo que, que les dé ganas de ver también. No digo hacer un cine completamente imbécil y pochoclero pero sí, pero darle, hacer un… no solamente… películas para nosotros y para los festivales y para el resto del mundo sino algo que les pueda interesar de una manera inteligente también. No digo producir estupideces, pero, un cine inteligente, y activo, no estaría mal, también. No digo que no se esté haciendo, y mucha gente tiene esa intención.

OB : Sí.

PF- De hecho, hay muchos directores que seguramente creen que hacen eso y luego cuando ven la taquilla, dicen: “pero si yo hice una película para la gente, ¿qué pasó?”Tal vez, no lo, todavía no lo, no lo estudiaron lo suficiente, no sé.

OB : Sí.

PF : Y lo digo porque yo me encuentro también en esa posición de tratar de ver cómo hago un cine que me guste a mí, que sea para mí inteligente, que proponga algo y que la gente quiera ver ¿sí? No digo que las dos pelis que yo he hecho sean eso, pero estoy pensándolo. Estoy trabajando en eso.

OB : No te ha ido tan mal hasta el momento.

PF : Depende de cómo lo veamos, me ha ido bien en el mundo de los festivales, y a las películas y afuera. Argentina es un misterio todavía, lo sabemos. Digo si son películas argentinas, un director argentino…

OB : ¿Se han mostrado no? ¿Allá?

PF- Todavía no se estrenaron.

OB : Ah no.

PF : Se estrenan ahora el mes que viene. Ahí vamos a ver.

OB - Estás frente al desafío ahora.

PF- Justo.

OB - Muy bien, pues que te vaya muy bien.

PF : Muchas gracias, lo voy a necesitar.

OB : Pues muchas gracias, Pablo.

PF : A vos. Hasta luego.

Transcription de Nina ELISABETH et Brice WITTMANN

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