Famille, genre et changements environnementaux au Burkina Faso

Une analyse des dynamiques familiales rurales ouest-africaines éclaire les contraintes environnementales qui pèsent sur les individus mais aussi la diversification des activités économiques des ruraux (agriculture, élevage, orpaillage, migration saisonnière ou durable, commerce...) comme les réciprocités intra et extra-familiales.

Marquée par les grandes sècheresses des années 1970 et 1980, la région soudano-sahélienne connait aujourd’hui un reverdissement et une densification du régime des pluies (Sultan et al. 2015) sans pourtant endiguer un appauvrissement profond des sols. Sur le plateau central mossi par exemple, aux environs de la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, deux fois plus de surfaces agricoles sont nécessaires aujourd’hui pour atteindre un rendement comparable à celui des années 2000. La croissance de la population est une réalité, sans pour autant qu’on puisse réifier une causalité anthropique locale aux changements environnementaux à l’œuvre. La dégradation environnementale n’est pas au cœur des inquiétudes des populations soudano-sahéliennes ni des politiques nationales, la précarité économique et, aujourd’hui, la question sécuritaire occupent les esprits et façonnent les modalités d’action.

Aujourd’hui, près de deux millions de burkinabè (1967 000 en décembre 2022) ont dû fuir leur village, 6200 écoles sont fermées (UNHCR, 2022), parallèlement, les dynamiques des rapports sociaux de sexe, d’âge et de génération analysées sur trois générations témoignent sur un temps long de mutations profondes des rapports entre les générations (Attané, 2003, 2007) comme des relations au sein d’une même fratrie. De telles mutations modifient l’organisation des systèmes agricoles. Les constellations familiales (Attané, 2014b,2017, 2022) dressées dans ces zones rurales donnent à voir les parentés pratiques, la revivification des échanges intra-familiaux permises par des programmes efficients de régénération naturelle assistée.

Un important travail de recherche mené au Burkina Faso dans le cadre du programme ANR Influences, se propose de rendre compte parallèlement des dynamiques familles sur cinquante années grâce à la méthodologie des constellations familiales en l’articulant à la dynamique du couvert végétal grâce à la recherche géographique (télédétection, inventaires écologiques, reconstitution paysagères à dires d’acteurs..). Ainsi, mutations écologiques et anthropologiques sont analysées en regard.