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Français
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/wr2g-ft03
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2019, 28 mars). 15 ans d’archéologie de la Grande Guerre en Champagne. Archéologie de la mort quotidienne au Front. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/wr2g-ft03. (Consultée le 2 juin 2024)

15 ans d’archéologie de la Grande Guerre en Champagne. Archéologie de la mort quotidienne au Front

Réalisation : 28 mars 2019 - Mise en ligne : 9 avril 2019
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Descriptif

Cette communication a été filmée lors du colloque international intitulé De Verdun à Caen - L’archéologie des conflits contemporains : méthodes, apports, enjeux qui s’est déroulé au Mémorial de Caen les 27 et 28 mars 2019, organisé par la DRAC Normandie, la DRAC Grand-Est, l’Inrap et l’Université de Caen (MRSH-HisTeMé) avec le partenariat de  la Région Normandie, du Département du Calvados, de la Ville de Caen  et du Groupe de recherches archéologiques du Cotentin.

Depuis plus d’une décennie, l’archéologie contemporaine s’est approprié ce nouvel objet d’étude que sont les conflits de l’ère contemporaine. Ce champ de recherche encore jeune, dont la pertinence est de moins en moins disputée à mesure que se succèdent les découvertes, a vu l’émergence de questions spécifiques auxquelles les archéologues n’avaient que peu ou pas été confrontés jusqu’alors...

Yves Desfossés est conservateur général du patrimoine, chargé de mission Archéologie des conflits contemporains pour les régions Hauts-de-France et Grand-Est au Ministère de la Culture. Précédemment amené à réaliser des chantiers de fouille en Nord-Pas de Calais et Champagne-Ardenne, il a été confronté dès le début des années 1990 à la redécouverte de vestiges de la Grande Guerre. Avec quelques collègues, il a alors développé les problématiques de recherche archéologique très spécifiques attachées à cette période et initié le développement de cette discipline nouvelle. D’une pratique somme toute marginale il y a encore peu de temps, l’archéologie de la Grande Guerre s’est ainsi dotée en quelques années de tous les attributs d’un domaine de la recherche archéologique à part entière. Archéologie préventive mais aussi programmée s’emparent de plus en plus des problématiques de fouilles associées aux vestiges de cet épisode majeur de l’histoire de l’Europe. Des premiers balbutiements de la recherche dans les années 1990 à la définition de problématiques scientifiques qui lui sont spécifiques au début du XXIème siècle, l’archéologie de la Grande Guerre a peu à peu acquis ses lettres de noblesse et une légitimité certaine. Au cours de ces dix dernières années, les recherches sur ce thème se sont multipliées sur l’ensemble des régions où passe la ligne de front.

Sur les 700 km de la ligne de front ouest, plus de 600 000 les corps de combattants sont restés sur le terrain. Il n’est donc pas rare qu’à l’occasion de travaux de construction, découvertes fortuites, mais aussi diagnostics archéologiques, les secteurs touchés par les combats des « sépultures » de soldats soient mis au jour. Notre premier questionnement a été de déterminer si la fouille de ces corps, qui présentent des conditions "d’inhumation" très diverses (dépôt intentionnel ou fortuit, sépultures simples ou multiples, traitement différent entre le corps de l’ennemi ou celui du compagnon de combat), relève du travail de l’archéologue ou bien d’autres intervenants. De toute évidence, le traitement du corps par des personnels rompus aux techniques de l’anthropologie de terrain ne peut être que positivement perçu dans le cadre d’un devoir de mémoire de plus en plus partagé, mais cet exercice peut-il déboucher sur d’indéniables apports à l’étude de ce conflit ? Depuis une dizaine d’années, la mise en place d’une collaboration entre services en charge des sépultures militaires et archéologues dans le département de la Marne a permis de relever et d’étudier un peu plus de 70 corps. Au-delà de la découverte de pratiques « funéraires » et « sociétales », souvent induites et contraintes par la violence des événements puis totalement occultées, car non décrites dans les archives, la communication aborde la question de l’étude des stigmates et traumatismes portés aux corps des combattants. Car, comme l’ont fait remarquer plusieurs historiens de la période, on ne sait pas précisément de quoi sont morts dans leur immense majorité les tués de la Grande Guerre, mais seulement comment ont été blessés ceux qui ont pu bénéficier de soins, les statistiques médicales ayant fait abstraction de ces informations.

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