Conférence
Notice
Langue :
Anglais
Crédits
École Normale Supérieure de Lyon (Production), Institut Français de l'Éducation (Production), Ray Subhadeepta (Intervention), Susanne Bauer (Intervention)
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/955s-8849
Citer cette ressource :
Ray Subhadeepta, Susanne Bauer. ENS de Lyon. (2013, 13 septembre). Usages politiques et sociaux du registre biomédical , in Produire du savoir - Gouverner des populations. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/955s-8849. (Consultée le 15 mai 2024)

Usages politiques et sociaux du registre biomédical

Réalisation : 13 septembre 2013 - Mise en ligne : 28 mai 2014
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Descriptif

Bauer Susanne

Modeling population health. Reflections on the performativity of epidemiological techniques in the age of genomics 

Like accounting in the world of business, practices of quantification at the population level are ubiquitous in the health sciences. Risk reasoning has become the common sense mode of knowledge production in the health sciences. Risk assessment techniques of modern epidemiology also co-shape the ways genomic data are translated into population health. The products of these computational practices – risk figures – fold into the very configurations of health matters, co-shaping the body politic in biomedical science, clinical practice and everyday life. In preventive medicine, clinical decision-support software and web-based self-tests loop and make present the results of epidemiological studies into everyday life. Drawing from observations at various European research sites, I analyze how epidemiological techniques mediate and enact the linkages between genomics and public health. The proposed paper will examine the ways in which the epidemiological apparatus works as a generative machine that is socially performative. It explores the on-going transformations in the body politic and the governmentality of population health, as genomics-based data infrastructures reshape the "imperative of health". In the Euro-American assemblage of risk reasoning and related profiling techniques, the individual and the population are no longer separate but closely entangled, a feature characteristic of societies of control. 

Modéliser la santé des populations. Réflexions sur la performativité des techniques épidémiologiques à l’âge de la génomique.

Comme la comptabilité dans le monde des affaires, les pratiques de quantification au niveau des populations sont omniprésentes dans les sciences de la santé. Le raisonnement en terme de risque est devenu le mode de bon sens de production des connaissances en sciences de la santé. Les techniques d’évaluation des risques de l’épidémiologie moderne co-forment également la façon dont les données génomiques sont traduites dans la santé des populations. Les produits de ces pratiques informatiques s’incorporent dans les mêmes configurations que les questions de santé, co-formant le corps politique dans les sciences biomédicales, les pratiques cliniques et la vie quotidienne. Partant d’observations réalisées dans divers sites de recherche européens, j’analyse comment les techniques épidémiologiques négocient et ordonnent les liens entre la génomique et la santé publique. La communication proposée examinera comment l’appareil épidémiologique fonctionne comme une machine générative socialement performative. Il explore les transformations en cours dans le corps politique et le gouvernement de la santé des populations, alors que les infrastructures fondées sur la génomique façonnent l’ « impératif de santé ». Dans l’assemblage américano-européen de raisonnement du risque et des techniques qui y sont liées, l’individu et la population ne sont plus séparés mais intimement enchevêtrés, une caractéristique des sociétés de contrôle.

Subhadeepta RayCast(e)ing the Genome: A Sociological Study of Caste in Research Practices of Human GeneticsIn the wake of the success of the American, Human Genome Project, Indian scientists have been preoccupied in conducting similar research on the ‘People of India’. The two research laboratories, namely the Centre for Cellular and Molecular Biology (CCMB), Hyderabad and the Institute of Genomics and Inegrative Biology (IGIB), Delhi have distinguished themselves in researching on human DNA mapping of haplotypes and haplogroups. The former has investigated the evolutionary history of migration of various social groups of India. The latter has been focussing on a genome mapping survey trying to associate genes and diseases prevalent in various Indian communities. Based on ethnography conducted at the two laboratories and archival study of scientific papers I argue that both ancient migration and disease association studies of the ‘People of India’ are two ends of the same ‘experimental system’ (Joas-Rheinberger, 1997), constituting a recursive feedback loop, which feed into each other. Understandings of the tribes and castes of India are crucial to these studies and hold answers to a range of social and biomedical questions: Can the possible origins of the caste system be resolved using molecular genomic technology? Who were the earliest Indians? Are certain sections of the Indian population predisposed to certain diseases? The ‘People of India’ constitute an apt ‘bio-resource’ for conducting genomic studies because of India’s unique genetic diversity, characterised by its various tribes and castes, stratified by language, religion and geographical location. Moreover the genetic diversity is maintained through the feature of endogamy, an assumption which the scientists subscribe to. Unlike the west where intermarriage and migration, has led to the loss of genetic integrity, the practice of endogamy enshrined in the caste system of India has ensured the survival of pure gene pools. Indian scientists leverage this crucial ‘bio-resource’ in positioning India on the cutting edge of genomic research. I locate my study in the interstices of the disciplines of Sociology of India, Sociology of Science and Medical Anthropology. In this paper I argue that the distinction between science and society which Science and Technology Studies (STS) have demonstrated as untenable is apparently maintained by the Indian scientists through a key strategy of defining caste as  taxonomy or a ‘biological species’ maintained through the notion of endogamy. Caste as an oppressive, stratifying practice is the concern of social scientists or identity politics. I attempt to demonstrate that the distinction of caste as ‘scientific’ analytical unit and a ‘political’ strategy of mobilisation of identity are untenable especially when the caste identity forms the basis of sample collection. There is a complex feedback mechanism between the two realms. The two notions of caste are simultaneously co-produced, whereby the scientists pronouncements on caste has implications on identity politics just as scientists are equally informed about caste from lay and social science literature. La Caste du génome: une étude sociologique de la caste dans les pratiques de recherche de Génétique Humaine 

Le succès de « l'American Human Genome Project » a encouragé les chercheurs indiens à mener des recherches similaires sur les «personnes et les collectivités de l'Inde». En Inde, deux laboratoires de recherche, le Centre for Cellular and Molecular Biology (CCMB), Hyderabad, et l'Institut de génomique et biologie Inegrative (IGIB), Delhi, se sont récemment distingués dans la recherche sur la cartographie de l'ADN humain des haplotypes et des haplogroupes. Le premier a étudié l'histoire évolutionnaire de la migration des différents groupes sociaux de l'Inde. L'autre a fait l’étude de la cartographie du génome en tentant d'associer les gènes et les maladies répandues dans les diverses communautés indiennes. Mon travail de recherche repose sur l'ethnographie menée dans les deux laboratoires et l'étude des archives d'articles scientifiques. Je soutiens que l’étude des anciennes migrations et les études d'association de maladies des "peuples de l'Inde» sont deux extrémités du même «système expérimental» (Joas-Rheinberger, 1997), ces deux arguments constituant une formation discursive se renforçant mutuellement. Les perceptions des tribus et des castes de l'Inde sont cruciales pour ces études et détiennent des réponses à une certaine gamme de questions sociales et biomédicales: Est-il possible que les complexités sociales du système des castes puissent être simplifiées par l’usage de la technologie de génomique moléculaire? Qui étaient les premiers Indiens? Certaines sections de la population indienne sont-elles prédisposées à certaines maladies? Les «peuples de l'Inde» constituent une bio-ressource adaptée pour la réalisation d'études génomiques uniques en raison de la diversité génétique de l'Inde, caractérisé par ses différentes tribus et castes, stratifiée par la langue, la religion et l'emplacement géographique.En outre, la diversité génétique est maintenue grâce à la fonctionnalité de l'endogamie. Les scientifiques sont d'accord sur cette hypothèse. Contrairement à l'Occident où les mariages et les migrations ont conduit à la perte de l'intégrité génétique, la pratique de l'endogamie inscrite dans le système des castes de l'Inde a assuré la survie de pools génétiques pures. Des scientifiques indiens exploitent cette «bio-ressource» cruciale dans le positionnement de l'Inde à la fine pointe de la recherche en génomique. Je situe mon étude dans les interstices des disciplines de la sociologie de l'Inde, de la sociologie des sciences et de l'anthropologie médicale. Dans cet article, je soutiens que la distinction entre science et société que les STS ont démontré comme étant intenable est apparemment maintenue par les scientifiques indiens grâce à une stratégie clé consistant à définir la caste comme une taxonomie ou une « espèce biologique» entretenue par la notion d'endogamie. Le système des castes conçu comme pratique oppressive et stratifiante est du ressort des sciences sociales ou des politiques identitaires. Dans cette communication je vais essayer de démontrer que la distinction entre la caste comme unité d'analyse «scientifique» et comme stratégie «politique» de mobilisation de l'identité est insoutenable, en particulier lorsque « l’identité de caste » constitue la base de la collecte des échantillons. Il existe un mécanisme complexe de rétroaction entre ces deux royaumes. Les deux notions de caste sont simultanément co-produites, de sorte que les déclarations des scientifiques sur les castes ont des implications sur la politique identitaire tout comme les scientifiques sont également informés sur les castes par la littérature profane et la littérature en sciences sociales.

Intervention

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