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université de Caen Normandie

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François Neveux (Intervention)
Citer cette ressource :
François Neveux. CEMU. (1987, 1 janvier). Initiation à l'histoire du moyen-âge | 87-88 | 02A | M Neveux | Le baptême de Clovis. [Podcast]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/135240. (Consultée le 2 juin 2024)

Initiation à l'histoire du moyen-âge | 87-88 | 02A | M Neveux | Le baptême de Clovis

Réalisation : 1 janvier 1987 - Mise en ligne : 30 novembre 2022
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LE BAPTEME DE CLOVIS


La reine ne cessait de prêcher pour qu’il (Clovis) connaisse le vrai Dieu et abandonne les idoles ; mais elle ne put en aucune manière l’entraîner dans cette croyance jusqu’au jour enfin où la guerre fut déclenchée contre les Alamans, guerre au cours de laquelle il fut poussé par la nécessité à confesser ce qu’il avait auparavant refusé de faire volontairement. Il arriva, en effet, que le conflit des deux armées dégénéra en un violent massacre et que l’armée de Clovis fut sur le point d’être complètement exterminée. Ce que voyant, il éleva les yeux au ciel, et, le coeur plein de componction, ému jusqu’aux larmes, il dit : « O Jésus Christ, que Clotilde proclame fils de Dieu Vivant, si tu m’accordes la victoire sur ces ennemis et si j’expérimente la vertu miraculeuse que le peuple voué à ton nom déclare avoir prouvé qu’elle venait de toi, je croirai en toi et je me ferai baptiser en ton nom. J’ai, en effet, invoqué mes dieux, mais, comme j’en ai fait l’expérience, il se sont abstenus de m’aider ; je crois donc qu’ils ne sont doués d’aucune puissance, eux qui ne viennent pas au secours de leurs serviteurs. C’est toi que j’invoque maintenant, c’est en toi que je désire croire, pourvu que je sois arraché à mes adversaires ». Comme il disait ces mots, les Alamans tournant le dos commencèrent à prendre la fuite. Lorsqu’ils virent leur roi tué, ils firent leur soumission à Clovis en disant : « Ne laisse pas, de grâce périr davantage le peuple, nous sommes à toi désormais ». Et lui, ayant ainsi arrêté la guerre et harangé son peuple, la paix faite, rentra et raconta à la reine comment, en invoquant le nom du Christ, il avait mérité la victoire. Ceci s’accomplit la quinzième année de son règne.
Alors la reine fait venir en cachette saint Rémi, évêque de la ville de Reims, et le priant de faire croître chez le roi « la parole du salut » (Actes, 13,26). Le pontife l’ayant fait venir en secret, commence par faire naître en lui qu’il devrait croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre et abandonner les idoles, qui ne peuvent lui être utiles, ni à lui, ni aux autres. Mais ce dernier dit : « Je t’ai écouté volontiers, très saint Père, toutefois, il reste une chose ; c’est que le peuple qui me suit ne veut pas délaisser ses dieux ; mais je m’en vais l’entretenir conformément à ta parole ». Il se rendit donc au milieu des siens, et, avant même qu’il eût pris la parole, la puissance de Dieu l’ayant devancé, tout le peuple s’écria en même temps : « Les dieux mortels, nous les rejetons, pieux roi, et c’est le Dieu immortel que prêche Rémi que nous sommes prêts à suivre ». Ces nouvelles sont portées au prélat qui, rempli d’une grande joie, fit préparer la piscine... Ce fut le roi, qui, le premier, demanda à être baptisé par le pontife. Il s’avance, nouveau Constantin, vers la piscine, pour effacer la maladie d’une vieille lèpre et pour effacer avec une eau fraîche les sordides taches anciennement acquises. Lorsqu’il y fut entré pour le baptême, le saint de Dieu l’interpella d’une voix éloquente en ces termes : « Dépose humblement tes colliers, O Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré »...
Ainsi donc, le roi ayant confessé le Dieu tout puissant dans sa Trinité, fut baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit et oint du saint chrême avec le signe de la croix du Christ. Plus de trois mille hommes de son armée furent également baptisés.


Grégoire de Tours, Historia Francorum. Livre II, 30 et 31.

LE BAPTEME DE CLOVIS
Lettre de saint Avit, évêque de Vienne, à Clovis

Avit évêque au roi Clovis.
C’est en vain que les sectateurs de l’hérésie arienne ont essayé de masquer à votre
pénétrante finesse l’éclat de la vérité du nom de chrétien par la multitude de leurs opinions
contradictoires. (...)
La divine providence a trouvé un arbitre pour notre temps. Votre choix personnel
est une décision pour tous. Votre foi est notre victoire. Beaucoup d’autres dans une situation
semblable, lorsqu’ils sont sollicités d’adhérer à la vraie doctrine, soit par l’exhortation des
pontifes, soit par la suggestion de leur entourage, ont coutume de mettre en avant les traditions
de leur peuple ou le respect envers les rites de leurs ancêtres ; de telle sorte qu’ils préfèrent, de
manière coupable, rester réservés devant le salut, tout en conservant un respect futile envers
leurs parents dont ils gardent l’incrédulité ; ils avouent, en quelque sorte, ignorer ce qu’ils
choisissent. Qu’une pudeur nuisible abandonne des excuses de ce genre après un tel
événement miraculeux. Mais vous, de toute votre généalogie d’antique origine, vous n’avez
retenu que la seule noblesse et vous avez voulu pour votre descendance faire surgir à partir de
vous toutes les gloires qui ornent une haute naissance. (...)
La Grèce également peut se réjouir d’avoir choisi un empereur qui soit des nôtres :
mais désormais, elle ne sera plus la seule à être digne d’une telle faveur. Sa clarté illumine
aussi ton empire et dans l’Occident une lumière à l’éclat renouvelé a resplendi sur un de ses
rois. C’est bien à propos que la Nativité de notre Rédempteur a inauguré cette gloire. (...)
Que dire maintenant de la très glorieuse solennité de votre régénération ? Si je n’ai
pu y assister de corps parmi les ministres, du moins n’ai-je pas manqué d’y être de coeur tout
à vos joies ; car, grâces en soient rendues à la divine piété, nos pays en eurent leur part,
puisque, avant notre baptême, un messager de votre Très haute humilité nous apprit que vous
aviez déclaré être catéchumène. Dès lors après cette attente, la nuit sacrée nous trouva sûr de
vous. Nous discutions en nous-mêmes et nous méditions à quel moment vous en étiez, lorsque
devant les nombreux évêques rassemblés, une main animée du zèle pour un service sacré
réchauffa vos membres royaux par les eaux de la Vie, lorsque votre tête redoutable aux
peuples s’est inclinée devant les serviteurs de Dieu, lorsque votre chevelure habituée au
casque de fer s’est couverte du casque salutaire de l’onction sainte, lorsque vos membres sans
tache débarrassés de la cuirasse protectrice ont brillé de la même blancheur que votre robe de
baptisé.


M. G. H. AA., t. VI, Berlin, éd. par R. Peiper,
1883, Epistula XLVI (41), p. 75

LE BAPTEME DE CLOVIS
Lettre de Nicetius, évêque de Trèves, à Clodoswinde, reine des Lombards

A la maîtresse très clémente fille dans le Christ, la reine Clodoswinde, Nicetius pécheur.
(...) Tu as appris de quelle manière ta grand’mère, la maîtresse de bonne mémoire Clotilde était venue en France et comment elle amena le seigneur Clovis à la loi catholique ; tu as appris que, lorsqu’il eut compris que ce que j’ai dit plus haut était vrai, il tomba humblement à genoux sur le seuil du seigneur Martin et promit de se faire baptiser sans délai, et, une fois baptisé, combien de hauts faits il a accomplis contre les rois hérétiques Alaric et Gondebaud ; vous n’ignorez pas quels grands dons lui-même et ses fils ont reçus en ce monde.
Pourquoi un homme tel que le roi Alboin que l’on dit être si riche, pourquoi celui dont la renommée est telle que le monde le place au-dessus des autres ne se convertit pas et paraît si lent à rechercher la voie du salut ? Dieu bon, toi qui es la gloire des saints et le salut de tous, envoie ton Esprit en lui. Et toi, maîtresse Clodoswinde, puisque tu peux lui parler, accorde-lui cette consolation afin que tous nous nous réjouissons d’une telle étoile, d’une telle pierre précieuse que nous puissions plaire à Dieu. Je te salue autant que je le puis ; je te supplie de n’être point oisive : clame sans cesse, chante sans cesse. Tu as appris qu’il a été dit : « Le mari incroyant sera sauvé par l’épouse croyante ». Car tu le sais ; le premier salut, le premier pardon est pour celui qui fait se détourner le pécheur de son erreur. Veille, veille, puisque tu as l’aide de Dieu ; je demande que tu fasses en sorte que tu rendes le peuple des Lombards courageux face à ses ennemis et que tu nous permettes de nous réjouir de ton salut et de celui de ton époux. Fin.


Epistulae Austrasicae, 8.
M.G.H., t. III, Hanovre, 1892, pp. 119 sqq.

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