Notice
Martin Aurell, Poésie et politique : la croisade de Richard Cœur de Lion (1190-1194)
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Descriptif
Au XIIe siècle, le sirventes est une chanson courte à finalité politique, fondée presque toujours sur le contrafactum ou pastiche d’une composition de nature amoureuse. Il est l’une des formes les plus efficaces pour faire de la propagande. Dans les années 1190-1194, ce genre est bien représenté dans le monde anglo-normand autour de la figure de Richard Cœur de Lion. Des chansons encouragent alors le départ en croisade et la reconquête de Jérusalem. Plusieurs témoignages prouvent la culture du roi, capable d’improviser des vers, comme dans son débat contre le duc de Bourgogne au siège de Jaffa. Dans son voyage de retour, Richard devient le captif de l’empereur Henri VI. Composée en langue d’oïl, sa chanson Ja nus homs pris réclame sa libération, en encourageant les siens à récolter sa rançon. En son absence d’Angleterre, l’autorité de son chancelier Guillaume de Longchamps est fortement contestée ; ses ennemis l’accusent de dépenser des sommes énormes pour diffuser des chansons en sa faveur. Enfin, revenu en Normandie, Richard reprend à son frère Jean Sans Terre et à Philippe Auguste les territoires qu’ils lui ont ôtés. Il échange des vers en oc avec le dauphin d’Auvergne, qu’il trouve bien tiède dans ces combats. Exceptionnellement riche pour un si bref laps de temps, le dossier soulève la question de la diffusion par la chanson de messages politiques dans une société où la culture est surtout orale. Au Moyen Âge, la poésie devient souvent discours performatif et illocutoire.
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