Conférence
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Langue :
Français
Crédits
Cécile Pichon-Bonin (Intervention)
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CC BY NC ND Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
DOI : 10.60527/xsc8-f838
Citer cette ressource :
Cécile Pichon-Bonin. LIR3S UMR 7366 CNRS-uBFC. (2018, 5 avril). La culture enfantine en URSS, 1917-1941 : objets, lieux et pratiques - Ouverture du colloque. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/xsc8-f838. (Consultée le 2 juin 2024)

La culture enfantine en URSS, 1917-1941 : objets, lieux et pratiques - Ouverture du colloque

Réalisation : 5 avril 2018 - Mise en ligne : 17 mai 2018
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Descriptif

Au début du xxe siècle, l’enfant devient un important sujet d’étude scientifique et la question de son éducation devient centrale pour les organismes publics aussi bien en Europe qu’aux États-Unis. La Russie ne fait pas exception à ce mouvement. Et dès leur arrivée au pouvoir, les Bolcheviks se donnent pour mission de prendre en charge une population enfantine toujours plus large et diversifiée : des enfants délinquants et abandonnés qui constituent l’un des grands problèmes de l’État-providence dans les années 1920 aux enfants de paysans à éduquer dans les campagnes difficilement accessibles et qui arrivent en masse dans les zones urbaines à la suite de la collectivisation, en passant par les enfants non-Russes vivant dans en Russie et dans les Républiques. Les Bolcheviks ambitionnent de créer une culture spécifiquement soviétique à destination des enfants. Cette volonté s’exprime notamment dans l’abondant discours qui se développe autour de la littérature enfantine. Mais, outre la culture littéraire et textuelle, sont aussi concernées les cultures musicale, matérielle (avec les jouets notamment), visuelle (illustration, affiches, imagerie murale fixe et mobile) et spectaculaire (cinéma, théâtre d’ombres et de marionnettes).

Notre projet entend se concentrer sur l’étude de ces objets culturels et les analyser dans leurs conditions de création, de diffusion, de réception et d’appropriation. Il s’agit de comprendre ces objets créés par les adultes pour les enfants, dans leurs dimensions pratiques et réflexives. Plus largement, nous considérons l’enfant comme un lecteur, spectateur, auditeur et aussi comme un acteur qui non seulement s’approprie les objets mis à sa portée mais crée aussi ses propres objets. Nous souhaitons ainsi analyser la façon dont les enfants s’approprient les biens culturels mis à leur disposition, les créations des enfants eux-mêmes et la façon dont les adultes, à leur tour, considèrent ces appropriations et ces créations.

Nous définirons et confronterons ainsi les projets (politique, éducatif et artistique), les formes des objets, leurs modes de médiation, les méthodes et les pratiques pédagogiques.

Nous serons amenés à préciser les spécificités d’une culture enfantine soviétique, ainsi que les représentations, implicites ou théorisées, de l’enfant que se forge une société en termes d’âges, de catégories sociales, de genre, d’origines ethniques. Enfin, nous interrogerons les fonctions de ces objets et les manières dont ils accomplissent leur travail idéologique et façonnent leur destinataire sur les plans cognitif et éducatif.

La réflexion collective se développera autour de plusieurs questions, parmi lesquelles : Comment interviennent différents acteurs et différentes professions dans l’élaboration de ces objets ? Quels sont les principaux débats autour de leur conception et comment ces réflexions s’articulent-elles avec la création de ces objets ? Quelle est la part des transferts culturels dans la forme même de ces objets ? Dans quels lieux et quels contextes ces objets sont-ils diffusés (école, bibliothèque, organisations parascolaires, cadre familial, etc.) ? Comment sont-ils utilisés et par qui ? Que nous apprennent les formes de ces objets sur leurs auteurs et leurs destinataires ?

L’étude des objets culturels se situant à la croisée de l’histoire politique, sociale, culturelle, de l’histoire des arts, des sciences et de l’éducation mais aussi de l’anthropologie, ce projet a vocation à réunir des spécialistes de différentes disciplines dans l’optique d’un travail à la fois pluridisciplinaire et interdisciplinaire. Nous porterons une attention particulière à l’histoire transnationale et aux circulations des personnes, objets et concepts, afin de comprendre la situation russe et soviétique dans ses connexions avec d’autres formes de régime et d’autres mouvements historiques comme par exemple l’avènement des sociétés de loisirs et de consommation. Enfin, ce projet vise à interroger de façon nuancée les ruptures et continuités traditionnellement élaborées par l’historiographie entre le passé impérial et le régime soviétique d’une part et, d’autre part, entre les années 1920 et le début de la période stalinienne, comme en témoigne le choix de ses bornes chronologiques.

At the beginning of the XXth century, the child became an important subject for scientific study and the question of his/her education became central for public organizations in both Europe and the United States. Russia was no exception to this movement. After they came to power, the Bolsheviks set out to take charge of an ever larger and diverse child population including delinquent and abandoned children, as well as non-Russian children living in Russia and the Republics, and children of peasants. The Bolsheviks aimed to create a specific Soviet culture for children. This ambition was expressed in the discourse on children's literature. In addition to literary and textual culture, this project also pertained to musical, visual and material (e.g. toys) cultures, which are now less well-known fields.

Our project aims to focus on the study of these cultural objects and to analyze them in their conditions of creation, diffusion, reception and appropriation. We want to understand these objects, created by adults for children, in their practical and reflexive aspects. More broadly, we consider the child as a reader, spectator, listener, but also as an actor that was both a user and a creator of these objects. In this way, we want to analyze how children engaged with the cultural products made available to them and the creations of the children themselves. In turn, we will analyze how adults viewed these objects and choices.

We will define and compare the political, educational and artistic projects, the forms of objects, their modes of mediation, pedagogical methods and practices.

We will thus identify the specificities of a Soviet child's culture, as well as the implicit or theorized representations of the child that a society shapes with regard to age, class, gender, ethnic origins. Finally, we will examine the functions of these objects and the ways in which they carry out their ideological work and shape their recipients on the cognitive and educational levels.

This collective project will tackle several questions: How did different actors and professions interact to create these objects? What were the main debates on their conception and how did these theoretical considerations fit with the creation of these objects? What was the place of cultural transfers in shaping these objects? In what places and contexts were these objects disseminated (school, library, youth organizations, family environment, etc.)? How were they used and by whom? What do the forms of these objects tell us about their authors and their recipients?

The study of cultural objects is at the crossroads of political, social, cultural, art, science and education histories but also of anthropology. This project seeks to bring together specialists from different disciplines and encourage a multidisciplinary and interdisciplinary approach. We will also pay particular attention to the trans-national history and the circulation of people, objects and concepts. This context brings insights to the Russian and Soviet situation in its connection with other regimes and historical changes, such as the advent of leisure and consumer societies. Finally, this project will examine, in a nuanced way, the ruptures and continuities traditionally elaborated by historiography between the Imperial past and the Soviet regime on the one hand, and the 1920s and the beginning of Stalinism on the other, as shown by the choice of its chronological boundaries.

Intervention

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