PINCEVENT, FRANCE

Collection dédiée aux acteur.ices ayant oeuvré sur le site archéologique de Pincevent (Seine-et-Marne, France)

Coordination de la recherche, réalisation et montage : Gwendoline Torterat

Vidéos CC BY-NC-ND 4.0 Deed - Attribution-NonCommercial-NoDerivs 4.0 International

- Attribution - You must give appropriate credit , provide a link to the license, and indicate if changes were made . You may do so in any reasonable manner, but not in any way that suggests the licensor endorses you or your use.
- NonCommercial - You may not use the material for commercial purposes .
- NoDerivatives - If you remix, transform, or build upon the material, you may not distribute the modified material.

Spécialisée en anthropologie des sciences et en sciences du patrimoine, Gwendoline Torterat travaille sur des questions épistémologiques et historiques concernant la naissance et l’essor d’une Préhistoire à la française héritée de Leroi-Gourhan. De novembre 2019 jusqu’en janvier 2021, elle a enquêté auprès des acteurs (fouilleurs, archéologues et amateurs) ayant travaillé dans les grottes d’Arcy-sur-Cure entre 1946 et 1963 afin de constituer un ensemble de documents administratifs alimentant le volet proprement archéologique que les recherches sur le site ont permis de construire jusque-là (cf. Collection Arcy-sur-Cure).

C’est dans la continuité chronologique de cette recherche que cette nouvelle s’inscrit avec le site archéologique de Pincevent. Celui-ci fut découvert en 1964 ce qui justifia l’arrêt des fouilles à Arcy-sur-Cure par André Leroi-Gourhan. Il y passa tout le restant de sa carrière, jusqu’en 1986. Au cours de ces décennies ainsi que celles qui ont suivi, les relations sociales entre plus d’un millier d’acteurs mobilisés dans le travail de terrain et la publication des résultats n’ont cessé de se transformer. Chaque personne ayant participé de près ou de plus loin à cette longue et vaste entreprise scientifique a dû se réinventer avec le temps, s’adapter aux découvertes scientifiques, aux difficultés nouvelles rencontrées sur le terrain, à son évolution de carrière, à la transmission de nouvelles techniques, mais également à cette compréhension sans cesse renouvelée des sociétés magdaléniennes qui émergeaient du sol. A chaque niveau archéologique découvert, la société du passé révélait tout autant de nouveaux mécanismes qu’elle en apprenait sur le chercheur en personne. Le travail effectué au fur et à mesure des campagnes de fouille n’a donc eu de cesse d’impacter les trajectoires de vie et la singularité de chacun tout en façonnant une communauté propre à cette école de Préhistoire française portée par celui qui se faisait appeler le Patron, André Leroi-Gourhan.

Dans ce cadre, il parait essentiel d’étayer la figure complexe du scientifique et son évolution au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Les préhistoriens qui font déjà partis de l’histoire ne sont pas si nombreux et André Leroi-Gourhan occupe une place de choix. Il laisse derrière lui des traces que nous pouvons encore suivre à travers les recherches actuelles. Nous devons aussi analyser avec distance les rôles qu’il a joués ou que l’histoire lui a fait jouer. Le terme de « patron » ne traduit pas toute la complexité des relations nouées avec ses équipes de travail, sur le terrain et en dehors. Il faut pour cela partir à la recherche de récits de famille, d’anecdotes et de situations informelles, autant d’éléments qui épaissiront notre connaissance du chercheur, ce que guète bien souvent avec amertume les historiens des sciences à qui il ne reste plus de témoignages vivants. Ces récits nourrissent également notre lecture du collectif et de ces personnalités importantes directement associées à la figure centrale du patron et qui auront pourtant des carrières qui s’en éloigneront, tel que Michel Brézillon ou Arlette Leroi-Gourhan. La compréhension de leur rôle est décisive, tout comme leur place aux côtés du préhistorien. Il s’agit également de faire toute la lumière sur des acteur.ices qui auraient pu être oubliées avec le temps, indistinctement placées au centre d’un collectif de travailleurs, bénévoles d’une saison qui trouveront leur place ailleurs.

Financement : Equipe Ethnologie Préhistorique (UMR 7041) (2019-2020) - LabEx Les Passés dans le Présent (2020-2023) Projet Pincevent-MANA (resp. Bignon-Lau)