Entretien
Chapitres
Notice
Langue :
Portugais
Crédits
Jean JIMENEZ (Réalisation), Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM (Publication), Université Toulouse II-Le Mirail (Production), Teresa Cristina Duarte-Simões (Intervention), Jorge Da Silva (Intervention)
Conditions d'utilisation
Tous droits réservés à l'Université Toulouse II-Le Mirail et aux auteurs.
DOI : 10.60527/0z9k-hy76
Citer cette ressource :
Teresa Cristina Duarte-Simões, Jorge Da Silva. UT2J. (2007, 17 mars). Entretien avec Zózimo Bulbul (Rencontres 2007) , in Portugais. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/0z9k-hy76. (Consultée le 2 juin 2024)

Entretien avec Zózimo Bulbul (Rencontres 2007)

Réalisation : 17 mars 2007 - Mise en ligne : 10 octobre 2007
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Descriptif

Un entretien avec l'acteur et metteur en scène brésilien Zózimo Bulbul qui nous parle du Cinéma Novo, de son parcours et de son expérience professionnelle. Il parle également de l'abolition de l'esclavage à travers l'évocation de son film "Abolição" et de la condition des Noirs et de leur représentation dans le cinéma brésilien.

Intervention
Thème
Documentation

Cinéma Novo
Cristina DUARTE : Zózimo Bulbul, vous êtes Brésilien et vous avez une expérience très variée en tant qu'acteur et metteur en scène. Vous avez tourné avec les grands réalisateurs du Cinéma Novo: dans le film Terre en Transe de Glauber Rocha et dans Ganga Zumba de Carlos Diegues. Quel est votre sentiment au sujet de ces expériences et, plus particulièrement, de votre expérience avec le Cinéma Novo ? Zózimo BULBUL : J’ai choisi le cinéma par hasard. J’étais à l’Ecole des Beaux Arts, à Rio de Janeiro, dans les années 60, période de mutation dans le monde entier. J’étais à ce moment-là membre de l’Union Nationale des Etudiants – l'UNE - où j'ai commencé à participer à des débats sur le cinéma, le théâtre, tous les arts; c’était un moment d’effervescence et j’y ai participé par hasard. Au sein de l’Union Nationale des Etudiants, il y avait le Centre Populaire de la Culture, où l’on débattait la question du Cinéma Novo et j’y ai participé. C’était une époque très riche; j’ai assisté à la naissance de tout. D’ailleurs, chose curieuse, le Cinéma Novo est né à Rio, grâce à la Nouvelle Vague qui a eu une grande importance pour nous à ce moment-là. Nous regardions les films français; il y avait aussi les Cahiers du Cinéma, et beaucoup de discussions. Tout a été très important: le cinéma français, italien, japonais, tout ce moment de rébellion des étudiants, c'était beau! Il y a donc eu des changements, l'émergence du Cinéma Novo, évidemment, mais aussi des transformations dans les arts plastiques, dans le théâtre… D'ailleurs, le Théâtre Opinião est né à ce moment-là. Je m’y trouvais, j’y ai participé et c'est ainsi que j'ai démarré ma carrière…

Le nom
Cristina Duarte : Je vous ai cherché dans le générique de Ganga Zumba et j’ai trouvé un certain Jorge Zózimo. C’est vous ? Zózimo Bulbul : Oui. En fait, mon nom de baptême est Jorge da Silva, avec le « da Silva » portugais comme beaucoup de Brésiliens. Zózimo était le prénom que mon père voulait me donner, mais il ne l’a pas fait. J’avais un cousin qui avait ce prénom et qui jouait à la Seleção. Donc, j'ai décidé d'emprunter son prénom et de devenir Zózimo. Cristina Duarte: Et Bulbul, d’où ça vient ? Zózimo Bulbul : C’est un nom africain, souahéli. À l'origine il y a un ambassadeur africain du Kenya que j’ai connu au Brésil, à Rio. En fait, il était ambassadeur du Kenya à Washington et, en 1960, Rio de Janeiro était encore la capitale du Brésil. Nous sommes devenus très amis; il m’a fait un poème et lorsqu’il a commencé à le traduire, j’ai vu le mot « bulbul » dans le texte. Je lui ai demandé la signification et il m’a dit « rossignol », l'oiseau. J’ai donc pris le nom de « Bulbul » pour pouvoir enlever le « da Silva » portugais. J’ai aussi enlevé « Jorge », j’ai mis « Bulbul » et c’est ainsi que je m'appelle encore aujourd’hui !

Réalisateur de cinéma
Cristina Duarte: Et votre expérience en tant que réalisateur ? Zózimo Bulbul : Donc…Ganga Zumba de Carlos Diegues dans les années 60, tout au début, puis Terre en Transe de Glauber Rocha en 67. Ensuite, dans les années 70, j’ai fait un film qui s’appelait Compasso de Espera avec Antunes Filho, metteur en scène de théâtre très connu au Brésil. Nous avons réalisé ce film ensemble, mais il a été longtemps interdit par la censure militaire et encore aujourd’hui ce film pose problème au Brésil. En fait, il parle ouvertement de la discrimination raciale. C’est un film en noir et blanc qui montre une famille traditionnelle de São Paulo qui, tout à coup, apprend que l'un de ses membres est Noir et qui n’accepte pas du tout cet état de choses. De nos jours encore, ce film ne passe pas au Brésil. Je me suis dit que jamais, dans le cinéma brésilien, un metteur en scène ne montrerait un personnage noir comme moi j'aimerais le faire. Jamais! J'ai donc décidé de m'asseoir et d'écrire. Et j’ai commencé à mettre sur le papier les films que je voulais faire. Alma no olho est donc né, c’était mon premier court-métrage ; j’en étais l’auteur, le réalisateur et le producteur et j’ai aimé ça. Je m'en suis bien sorti et à partir de là, j’ai réalisé mes propres films.

L’abolition de l’esclavage
Cristina Duarte : Vous avez tourné Abolição en 1988, au moment des commémorations du centenaire de l’abolition de l’esclavage au Brésil. Quel a été votre fil conducteur ? Zózimo Bulbul : Mon fil conducteur… J’avais la certitude que tout ne serait qu'une commémoration et qu’il n’était pas possible de commémorer les cent ans de l’Abolition, car il n’y a pas eu d’abolition. Le Brésil a été le dernier pays au monde à abolir l’esclavage et quel a été le résultat ? L’esclavage se termine par une loi, le 13 mai 1888. La princesse Isabel, fille de l'empereur Pedro II et régente, a signé cette loi. Mais, et après? Ce contingent, ces esclaves n’ont plus eu aucune participation à la vie brésilienne. Jusqu’à aujourd’hui, nous sommes totalement marginalisés. Et mon film parle de ça. Cent ans après, on savait que rien n’allait se passer, qu’aucun débat n’allait avoir lieu … Reprenons. Ce contingent est venu d’Afrique et est arrivé au Brésil. Ces gens ont travaillé, oui, ils ont travaillé au Brésil et maintenant ils sont là, dans les bidonvilles ! Marginalisés, totalement marginalisés. Je me suis donc dit que j’allais faire un film sur ce sujet et jusqu’à aujourd’hui, aucun débat n’a eu lieu autour de mon film. Il est présenté ici à Toulouse, mais il ne passe pas au Brésil. Cristina Duarte: Peut-être avez-vous réalisé ce film pour montrer qu’au moment de la Loi Dorée, le 13 mai 1888, on a pensé à la fête, mais pas du tout au lendemain ? Zózimo Bulbul : C’est exactement ça ! Et la fête a eu lieu, j’en parle dans mon film. Il y a un vieux monsieur qui a vécu à cette époque — j’ai réalisé mon film en 1987 — et il avait alors cent dix-neuf ans, et il disait : « j’ai vécu le 13 mai ». Il était populaire et il était là le 13 mai. Il n’y a pas de documents, il n’y a pas d’Histoire au Brésil. Tout a été brûlé, l'abolitionniste Ruy Barbosa a tout brûlé! Je n’ai rien trouvé sur tout ça ! Alors, j’ai mis dans mon film ce vieux monsieur de cent dix-neuf ans et c’est lui qui commence à raconter l’histoire. Et comme cette histoire est orale, il commence le film en disant : « j’étais esclave le 13 mai et le 14, je n’étais plus rien ! Rien ! Jusqu’à aujourd’hui ! ». Pour moi, le véritable sujet du débat à propos de l’Abolition c’est celui-ci.

Discrimination raciale
Cristina Duarte : Donc, aujourd’hui encore, au Brésil, c’est difficile pour un Noir… Doit-il lutter plus que les autres ? Zózimo Bulbul : Beaucoup plus, beaucoup plus! Et j'irais jusqu'à dire que ça fait plus de dix ans que nous organisons nous mêmes des débats concernant notre autonomie, notre auto-estime, car à l’université et à l’école, nous n'apprenons rien sur ce sujet! Le Noir brésilien ne sait pas d’où il vient. L’école primaire ne lui raconte rien, l’université non plus. Nous ne savons pas qui nous sommes. Donc, dans quelle direction je vais aller, si je ne sais pas d’où je viens ? Ce film, en fait, est le résultat de quatre ans d’exil. J'ai quitté le Brésil en 74, banni par la censure militaire. Je suis resté en France, à Paris, jusqu’en 78, année de mon retour. Dans cette ville, j’ai beaucoup lu, à la librairie « Présence Africaine »; je vivais pratiquement dans cette librairie. Je lisais tout ce que je trouvais, et lorsque je suis retourné au Brésil, j'étais très informé. Il faut dire que celui qui est resté au Brésil n’a pas eu les mêmes informations. Et Abolição est né de la découverte de qui j'étais, découverte faite à Paris: j’étais un Africain. Que suis-je allé faire au Brésil, et pourquoi ? Et maintenant ? Ou tu es un Noir américain, boxer ou un Noir brésilien, joueur de football ou chanteur. Il n’y a pas d’autres choix. Je ne voulais pas écrire un livre, je voulais faire un film ! Au moment où je quittais la France, je me suis dit : « je vais faire un film sur cette « abolition » qui, pour moi, dans ma tête, n’a pas eu lieu ». Et j'appréhendais les festivités : les organisateurs vont faire une fête, mais ne vont pas débattre des causes historiques. Et voilà donc Abolição.

Représentation du Noir dans le cinéma brésilien
Cristina Duarte : Zózimo, pensez-vous que les films réalisés au Brésil représentent bien le Noir brésilien ? Zózimo Bulbul : Não. Je pense que non, parce que l’actrice ou l’acteur noir brésilien n’a pas connaissance de son Histoire. Le Blanc écrit l'histoire des Noirs à partir de sa propre idée, de sa propre imagination. Dans les feuilletons de télévision, c’est toujours l’auteur, blanc, qui imagine les choses. J’insiste: dans le film que nous avons fait, Compasso de Espera, il y a un Noir qui est directeur d’une agence de publicité à São Paulo,. Il porte un costume et une cravate. Aujourd’hui encore, c’est très élitiste. Vous êtes d'accord? Ce film n'est toujours pas diffusé au Brésil. Mais, s’il s’agissait d’un Noir dans le quartier des esclaves, en train de travailler, alors, le film passerait sans problème. Aujourd’hui encore je crains les auteurs blancs, les intellectuels brésiliens qui écrivent des feuilletons, des films, des pièces de théâtre, et qui pensent que je suis encore esclave. Ils veulent vraiment que je n’oublie pas, que la population noire brésilienne n’oublie pas son passé : es-cla-ve ! C'est comme s'ils vous disaient: vous avez toujours été des esclaves ! C'est ainsi que j’analyse la situation. Je vois ici l'affiche du film La Cité de Dieu et pour moi, il s’agit d’un débat terrible: on cesse d’être esclave pour devenir bandit; on ne peut qu’être bandit, marginal; voilà ce que nous sommes! Quand j’ai vu ce film, j’étais terrifié ! Regarde ce que pense le Blanc de nous: on est esclave, ou bandit ! Et encore, bandit armé! Mais pour voler quoi ? Ce qu’on a pas, ce à quoi on n'a pas accès : la nourriture, le logement… La représentation que le cinéma brésilien propose du Noir, c'est un sujet qu'il faut discuter sérieusement. Et je suis à Toulouse en train de vous parler de tout ça, avec sincérité, car vous m’avez donné cette opportunité. L’année prochaine, en 2008, ce seront les 120 ans de l’Abolition de l’esclavage et je crains, une fois de plus, qu’il ne se passe rien ! Mon film Abolição, ça fait vingt ans qu’il n'est pas distribué. En 1988, il était en compétition et a obtenu un prix au festival de Brasilia. Les Cubains l’ont vu, ils m’ont fait venir en 89 et j’ai eu un prix à Cuba. Les Américains ont vu le film en 90; je suis allé à New York et j’ai également obtenu des prix là-bas : meilleur documentaire, mention d’honneur. Je suis retourné au Brésil et là… rien ! Cristina Duarte : Cela veut dire que, pour le Brésilien, la place du Noir est encore dans le quartier des esclaves? Zózimo Bulbul : Oui, dans la senzala.

La discrimination raciale… encore !
Cristina Duarte : Vous avez été un pionnier au Brésil : le premier acteur noir à jouer dans un feuilleton à la télévision. Quels souvenirs, quelles marques gardez-vous de cette expérience ? Zózimo Bulbul : Et bien, j’ai payé pour ça un prix énorme! Ce feuilleton s’appelait Vidas em Conflito. L’auteur l’a écrit à São Paulo, dans les années 70, au moment de gloire de la chaîne Excelsior. Il a fait appel à moi pour jouer le rôle d’un professeur. J’étais un enseignant qui tombait amoureux d’une étudiante, jouée par Leila Diniz . Il faut quand même expliquer que Leila Diniz était une actrice blanche révolutionnaire. Oui, lorsqu’elle est apparue au cinéma et à la télévision, elle était révolutionnaire ! Et elle et moi, ensemble, c’était la révolution ! Les familles de la droite catholique et apostolique ont trouvé que c’était un outrage de présenter à leurs enfants l'image d'un couple tel que nous. Elles ont donc fait une pétition demandant le retrait du feuilleton. C’était une chose terrible, une expérience très dure. Et le plus terrible de tout, c’est que la famille de Leila Diniz - qui était mon élève dans l’histoire - était italienne, du quartier du Brás, et ma famille, une famille d'ouvriers noirs de São Paulo: ma mère était employée de maison, mon père, joué par Zé Kéti, travaillait à la gare de la Luz, en tant que conducteur de train. Ce feuilleton a rencontré toutes ces difficultés et était sur le point de s’arrêter. J’ai alors pris conscience que Leila et moi allions perdre notre travail. Et le plus intéressant dans tout ça, c’est que la chaîne Globo m’a appelé immédiatement pour jouer dans La case de l’oncle Tom. Qu'est-ce que La case de l’oncle Tom ? Un feuilleton sur l’esclavage! Conclusion: j'ai commencé en costume cravate, en professeur, et j'ai fini comme esclave ! Cristina Duarte : Cela veut dire qu’ils vous ont mis exactement à l’endroit où ils estimaient que vous deviez être ? Zózimo Bulbul : Oui, je ne pouvais pas être présenté comme professeur… Il y a d'ailleurs sur ce sujet un film exceptionnel, Devine qui vient dîner ce soir, avec Sidney Poitier et Spencer Tracy, et aussi Dans la chaleur de la nuit, tout de suite après. Le feuilleton était bâti un peu sur tout ça. Jouer un professeur noir, non ! Va, finis cette histoire et retourne vite à ta réalité !

Projets
Cristina Duarte : Si vous aviez l’occasion de tourner, ici en France, quels sujets aimeriez-vous traiter ? Zózimo Bulbul : Je ne sais pas… En tant qu’acteur… en tant que réalisateur… Je suis très curieux, j’aime apprendre. Si je pouvais, je resterais tout le temps dans une bibliothèque! Ici, à Toulouse, c’est fascinant, je reste là, à regarder les rues. C’est la première fois que je viens ici. Il y a tout ce passé, le XVIe siècle… J’ai été à Milan, il y a tous ces vestiges… En Angleterre, en France, le passé est plus accessible, plus historique. Ici, je rentre dans les cathédrales du XIIIe siècle… J’aimerais beaucoup connaître davantage tout ça, voir comment est ce passé européen et aussi la rencontre entre l’Europe et l’Afrique. Je suis très curieux. Si j’avais à faire un film, j’aimerais justement mettre en scène cette rencontre, comme dans 2001, l'Odyssée de l'Espace de Stanley Kubrick… Prendre un Européen d’une certaine époque, d'un siècle donné — il faudrait faire une recherche plus approfondie sur ça — et le placer en Afrique. Puis amener ici en Europe un Africain pour pouvoir observer cette dichotomie, leur différence de pensée. Si je pouvais, j’aimerais faire cette recherche-là… Et aussi sur Darwin, sur le fait que l’homme soit né en Afrique. Est-ce que l’Européen descend de l’Africain ? J’aimerais mettre tout ça au clair, si possible… Cristina Duarte : Zózimo Bulbul, merci beaucoup. Et bon séjour à Toulouse, aux « Rencontres Cinéma d’Amérique Latine ». Zózimo Bulbul : Merci à vous. Je me retrouve ici dans cette ville, en train de respirer, ce qui ne m’arrive jamais au Brésil…

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Cinema Novo
Cristina DUARTE : Zózimo Bulbul, você é brasileiro, você tem uma experiência variada, foi ator de cinema, você é diretor de cinema, trabalhou com os grandes diretores do Cinema Novo, interpretou um papel em Terra em Transe de Glauber Rocha e trabalhou também em Ganga Zumba de Carlos Diegues. O que é que você poderia dizer para a gente sobre essa sua experiência de ator e mais particularmente essa experiência com o Cinema Novo ? Zózimo BULBUL : Eu escolhi o cinema por acaso. Eu estava na Escola de Belas Artes no Rio de Janeiro nos anos 60, foi um ano assim de mudança no mundo inteiro, e eu estava naquele momento na Escola de Belas Artes, e a UNE – União Nacional dos Estudantes – estava também começando a discutir cinema, teatro, todas as artes, era um momento assim de efervescência e por acaso, eu bati. Era o Centro Popular de Cultura dentro da União Nacional dos Estudantes, e num momento em que estava se discutindo o Cinema Novo e eu participei. Foi um momento ótimo, eu vi tudo nascer, todo aquele movimento do Cinema Novo e aliás, eu quero acrescentar uma coisa fantástica, o Cinema Novo nasce na verdade lá no Rio por causa da Nouvelle Vague, que teve muita importância para a gente naquele momento. Nós víamos os filmes franceses, tinha o Cahiers du Cinéma e discutíamos e foi muito importante. O cinema francês, o cinema italiano, o cinema japonês, todo aquele momento nosso de rebeldia dos estudantes, e foi bonito, o Cinema Novo e também as artes plásticas, teve toda uma modificação, o teatro, o Teatro Opinião nasceu ali naquele momento e eu estava ali e participei e fui embora…

O nome
Cristina DUARTE : Eu procurei você nos créditos de Ganga Zumba e encontrei um Jorge Zózimo. É você também ? Zózimo BULBUL : É. Na verdade, o meu nome de batismo é Jorge da Silva, como todo brasileiro, tem o « da Silva » português. O Zózimo era um nome que o meu pai queria me dar, mas não deu. Mas eu tinha um primo que jogou na Seleção Brasileira chamado Zózimo e esse foi o primeiro Zózimo famoso e eu me inspirei nele. E de repente, quando eu pude mudar, passei para Zózimo, que era desse meu primo que foi jogador da Seleção Brasileira. Passei a ser Zózimo, tirei o Jorge. Cristina DUARTE : E o Bulbul, de onde vem ? Zózimo BULBUL : É um nome africano, suaíle. Foi um embaixador africano do Quênia que estava passando no Brasil naquele momento, que eu conheci. Na verdade, ele era embaixador do Quênia em Washington e o Rio de Janeiro naquele momento era a capital, em 1960. Fiquei muito amigo dele e ele fez uma poesia para mim e dentro da poesia, de repente, ele traduziu para mim e eu vi a palavra « bulbul ». Perguntei para ele o que era e ele me disse que era « rouxinol », um pássaro. Aí eu peguei o Bulbul para mim para tirar o « da Silva » português. Tirei também o Jorge, tirei o "da Silva" e botei o Bulbul e até hoje sou !

Diretor de cinema
Cristina DUARTE : E a sua experiência enquanto diretor de cinema ? Zózimo BULBUL : Pois é… Ganga Zumba de Carlos Diegues nos anos 60, logo no início, e o Glauber em 67 com o Terra em Transe. Depois, nos anos 70, eu fiz um filme chamado Compasso de Espera com Antunes Filho, diretor de teatro importante, conhecido no Brasil. Fizemos um filme junto e esse filme ficou preso na censura militar e até hoje esse filme tem um problema muito sério no Brasil. É que ele fala realmente do problema racial. É um filme preto e branco sobre uma família de São Paulo, quatrocentona, que de repente não aceita um negro que é da família. E esse filme, até hoje está lá, andando pelo Brasil. Foi aí então que de repente eu disse : « não vai ter nunca um personagem negro no cinema como eu gostaria de fazer. Não vai ter, então eu vou sentar e eu vou escrever. » E comecei a escrever os filmes que eu gostaria de fazer. E daí nasceu o Alma no olho, que foi o primeiro curta-metragem que fiz. Eu sou autor, diretor, produtor e fiz um curta-metragem ; a partir daí, gostei. Fui aprovado até com honra e daí prá frente, estou fazendo meus filmes.

A Abolição da escravatura
Cristina DUARTE : E você fez esse filme em 1988, Abolição, no momento em que se comemorava o centenário da Abolição da escravatura no Brasil. E qual foi o seu fil condutor para fazer esse filme ? Zózimo BULBUL : O meu fil condutor… Eu tinha certeza que ia cair na comemoração e que não podia se comemorar os cem anos da Abolição porque não houve abolição. O Brasil foi o último país a abolir a escravidão no mundo e deu o quê ? Acabou por lei, em 13 de maio de 1888, a princesa assinou uma lei que acabou a escravidão no Braisl, mas o que que aconteceu com esse contingente? Esses escravos não tiveram nenhuma participação mais no Brasil até hoje, nós somos completamente marginalizados. E o filme é justamente isso. Cem anos depois, a gente sabia que não ia acontecer nada, e ninguém ia discutir, como até hoje ninguém discute no Brasil. O que aconteceu ? Esse contingente que veio da África foi para o Brasil, trabalhou, sim, trabalhou no Brasil e está lá, na favela ! Marginalizado, completamente marginalizado. E eu disse « eu vou fazer um filme para discutir isso » e esse filme, até hoje, não foi discutido. Está aqui em Toulouse, mas não passa no Brasil. Cristina DUARTE : Quer dizer que no fundo, esse filme você fez assim um pouco para provar que na lei Áurea, no dia 13 de maio, pensou-se na festa e não se pensou no dia seguinte ? Zózimo BULBUL : É exatamente isso ! E houve essa festa. No meu filme eu falo isso. Tem um velho, ele começa falando, é um velho que na época que eu fiz o meu filme, em 1987, ele tinha cento e dezenove anos e ele disse : « eu fui, eu estava no dia 13 ». Ele era popular, ele estava presente no dia 13 de maio. Não tem papel, não tem história no Brasil, não tem livro sobre isso. Queimaram, o Ruy Barbosa queimou, tem toda essa história, eu não achei nada ! Então achei um velho de cento e dezenove anos e é ele que começa contando, ele começa a contar a história. Então, como a história é oral, eu tenho um velho de cento e dezenove anos que começa o filme dizendo : « eu fui escravo no dia 13 e no dia 14 não fui mais nada ! Nada ! E nada sou até hoje ! » E a discussão da Abolição é essa.

Preconceito racial
Cristina DUARTE : Quer dizer que isso continua… Mesmo atualmente, no Brasil, para um negro é difícil, o negro tem que lutar mais do que os outros ? Zózimo BULBUL : Muito, muito. E até vou dizer uma coisa : há dez anos a gente está discutindo a auto-suficiência, auto-estima, na verdade é isso, mas nós não temos espaçado. Na universidade, na escola, nós não sabemos, o preto brasileiro não sabe de onde ele veio. A escola primária não diz isso. E a universidade, então… Nós não sabemos quem nós somos. Então, para onde eu vou se eu não sei de onde eu vim ? E esse filme, na verdade, é o resultado de quatro anos de exílio. Eu saí do Brasil em 74, exilado pela censura militar, fiquei na França, em Paris, até 78, quando voltei. Em Paris eu li na « Présence africaine », a livraria, porque eu vivia dentro da livraria « Présence africaine », lendo tudo, e quando eu voltei para o Brasil, voltei com uma carga muito boa de informações porque quem estava lá no Brasil não teve essa informação. E o Abolição só nasceu por causa dessa descoberta em Paris de quem eu era. Eu era um africano, eu fui para o Brasil para fazer o quê e por quê ? E hoje ? Ou você é preto americano, músico, boxer, ou preto brasileiro, jogador de futebol, cantor. Não tem outra saída. E de repente, o cinema para mim foi uma forma de explicar isso. Eu não queria escrever um livro, eu queria fazer um filme disso ! Saí da França para voltar e disse : « eu vou fazer um filme sobre essa « abolição » que para mim, na minha cabeça, não aconteceu ». E eu estava com medo das festividades : eles vão fazer uma festa e não vão discutir o primórdio da história. E o Abolição é isso.

Representação do negro no cinema brasileiro
Cristina DUARTE : Zózimo, você acha que os filmes brasileiros representam bem o negro brasileiro ? Zózimo BULBUL : Pois é, eu acho que não porque o próprio ator ou atriz negro brasileiro não tem um conhecimento da história dele. Então o branco escreve a história a partir da cabeça dele, do que ele imagina. Na própria novela, na televisão, é sempre o autor, ele imagina como é que era. Vou voltar, o Compasso de Espera, como era um filme que eu e o Antunes fizemos, que é um preto, em São Paulo, que é gerente de uma agência de publicidade. Ele trabalha de paletó e gravata, ele é gerente. Até hoje é uma coisa muito elitista, não é ? Esse filme não passa até hoje. Agora, se fosse o preto na senzala trabalhando, isso passaria. Eu tenho medo, hoje ainda, dos autores brancos, intelectuais brasileiros, que estão escrevendo novela, filme, peça teatral, que pensam que ainda sou escravo. Eles querem realmente que eu não esqueça, que a população negra brasileira não pode esquecer o passado dela : é escravo ! Vocês sempre foram escravos ! Eu leio assim, eu estou aqui com esse filme (cartaz de Cidade de Deus), esse filme aqui para mim é uma discussão terrível, é o Cidade de Deus. Você sai do escravo para ser bandido, só pode ser bandido, marginal mesmo, só isso que eu sou. Quando eu fui ver esse filme, fiquei apavorado ! Olha como o branco está achando : ou você é escravo, ou então você é bandido ! E é bandido com a arma na mão ; com a arma na mão para roubar o quê ? O que ele não tem, o que ele não tem acesso. O negro brasileiro não tem acesso à comida, à morar… É uma coisa que ainda tem que ser muito bem discutida, profundamente. E eu estou aqui em Toulouse falando isso a vocês aqui, do fundo do coração, vocês estão me dando essa oportunidade. O ano que vem, 2008, são 120 anos da abolição da escravatura e eu estou com medo que não vá acontecer nada ! Esse meu filme vai fazer vinte anos que não passa, O Abolição, no Brasil, vai fazer vinte anos que está pronto e não passa ! Ganhou um prêmio em Brasília, em 1988, entrou em competição e ganhou um prêmio. Os cubanos viram o filme, me chamaram em 89, eu ganhei um prêmio em Cuba. Os americanos viram o filme em 90, eu fui para Nova Iórque, ganhei um prêmio em Nova Iórque : melhor documentário, menção honrosa,. Voltei para o Brasil e… nada ! Cristina DUARTE : Quer dizer que para o brasileiro, o lugar do negro ainda é na senzala ? Zózimo BULBUL : É, na senzala !

Preconceito racial… de novo !
Cristina DUARTE : E você que desempenhou um papel assim de pioneiro, você foi o primeiro ator negro a trabalhar numa novela, por exemplo. Que lembranças, que marcas você traz dessa experiência de pioneiro ? Zózimo BULBUL : É, eu paguei um preço terrível! E essa novela chamava-se Vidas em Conflito. O autor escreveu em São Paulo essa novela, no auge da Excelsior – que era um canal de televisão dos anos 70 — e me chamou para fazer um professor na novela. Eu faria um professor de um curso e me apaixonei por uma aluna do curso que era a Leila Diniz. Deixa eu explicar, a Leila Diniz era uma atriz branca brasileira revolucionária. Quando ela apareceu no cinema, no teatro, era uma atriz revolucionária ! E colocaram eu e ela na televisão… e foi uma revolução mesmo ! As famílias de direita, católica, apostólica, acharam que era um afronto botar o casal, eu e a Leila Diniz na frente dos filhos. Fizeram abaixo-assinado para tirar a novela do ar . Foi uma coisa muito terrível, foi uma experiência marcante. E o mais terrível de tudo ainda, era que eu era um professor do curso, junto com a Leila Diniz, minha aluna ; a família dela era italiana do Brás, e minha família, uma família de negros de São Paulo, operários; minha mãe era doméstica, meu pai era da estação de trem, da Luz, condutor de trem, era o Zé Kéti. Essa novela teve esse problema todo e de repente ia acabar. Eu disse : « eu e a Leila vamos ficar desempregados ». Mas o mais interessante foi que a Globo me chamou imediatamente, para fazer A cabana do pai Tomás. E o que é A cabana do pai Tomás ? Uma novela de escravo. Eu saí de paletó e gravata, professor, para ser escravo ! Cristina DUARTE : Quer dizer que eles te colocaram no lugar que eles achavam que você devia estar ? Zózimo BULBUL : Eu não podia dar aquele exemplo de professor… Lembra Adivinha quem vem para o jantar, aquele filme do Sidney Poitier com o Spencer Tracy ? Um filme que foi fantástico, e também No calor da noite, que vem logo depois. Então a novela era um pouco em cima disso. Como um professor negro, não ! Termina essa novela e vamos agora para a tua realidade !

Projetos
Cristina DUARTE : Se você tivesse a oportunidade de filmar aqui na França, quais seriam os assuntos que você gostaria de tratar ? Zózimo BULBUL : Olha, não sei… Como ator primeiro, depois como cineasta… Eu sou muito curioso, muito pesquisador. Eu gosto muito de pesquisa, se deixar eu fico dentro da biblioteca, qualquer uma. É fascinante, aqui em Toulouse, eu fico olhando na rua, é a primeira vez que estou aqui, essa coisa do passado, século XVI… Estive em Milão, tem todo o resquício… Na França, na Inglaterra, esse passado assim que é palpável, é mais histórico. Eu chego aqui e eu entro nas catedrais do século XIII, eu gostaria muito de fazer uma pesquisa sobre isso ; como é esse passado da Europa e esse encontro da Europa com a África. Eu tenho curiosidade disso. Se eu tivesse que fazer um filme, eu queria fazer esse encontro. O 2001 do Kubrick… pegar um europeu da época, de um século, - teria que fazer uma pesquisa mais profunda sobre isso – e botar ele na África. E pegar um africano e trazer para cá. Para ver essa dicotomia, o pensamento. Se deixarem, eu gostaria de fazer uma pesquisa sobre isso. O Darwin, aquela coisa, o homem nasce na África… E o europeu é descendente de africanos ? Fazer uma descoberta dessa aí, se fosse possível… Cristina DUARTE : Zózimo Bulbul, muito obrigada e tenha uma boa estadia em Toulouse e nos « Encontros de Cinema da América Latina". Zózimo BULBUL : Muito obrigado a vocês por essa oportunidade; eu estou aqui nessa cidade, respirando, coisa que não acontece no Brasil…

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- Noel Dos Santos Carvalho, A consciência da diáspora no cinema brasileiro: o cinema negro de Zózimo Bulbul, Cinémas d'Amérique latine n°15, 2007.

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