Conférence
Notice
Lieu de réalisation
Iméra, Marseille
Langue :
Français
Crédits
Pierre-Yves Wauthier (Organisation de l'évènement), Florence Weber (Organisation de l'évènement), Julian Quinones Vargas (Réalisation), Sofiane Bouhdiba (Intervention)
Détenteur des droits
Centre Norbert Elias UMR8562 (CNRS/EHESS/Avignon Université/AMU)
Citer cette ressource :
Sofiane Bouhdiba. Centre Norbert Elias. (2023, 5 juin). Les familles rurales de Jendouba face au Code forestier : un Léviathan , in Familles et parenté face aux bouleversements environnementaux [Journée d’étude] . [Vidéo]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/143698. (Consultée le 2 juin 2024)

Les familles rurales de Jendouba face au Code forestier : un Léviathan

Réalisation : 5 juin 2023 - Mise en ligne : 21 juin 2023
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Descriptif

Le Code forestier tunisien de 2017 est aujourd’hui considéré comme un « Léviathan », au sens où il prive les familles forestières de Jendouba. Les articles 18, 26 et 36 sont notamment considérés comme rendant particulièrement difficile l’accès des paysans aux ressources forestières, comme les branches d’arbre, le bois des arbres, le liège... Il est vrai que le Code forestier vise d’abord, dans son principe, à protéger l’écosystème forestier.

Toutefois, nos entretiens dans la région sylvestre de Jendouba, au Nord-ouest de la Tunisie, nous ont permis de poser l’hypothèse que, en empêchant les villageois d’exploiter les ressources de la forêt, le législateur les prive de revenus, car dans certaines régions il n’existe aucune forme d’activité alternative honnête. Or, priver les paysans d’exercer une activité rémunérée revient à les pousser à émigrer et à gonfler les rangs de l’exode rural, sans perspectives réelles d’avenir, avec en plus les risques de surpopulation dans les nouveaux quartiers périphériques des communes.

Nos entretiens nous ont également amené à poser l’hypothèse que, en brisant le lien quasi naturel du paysan jendoubien avec « sa forêt », on risque de le désintéresser, et en tous les cas de le rendre moins vigilant aux risques de destruction de l’écosystème. Cela pourrait expliquer en partie l’intensité des incendies forestiers qui frappent la région depuis le début du mois d’août 2021. Notons d’ailleurs que ces incendies, en réduisant les ressources forestières, pourraient provoquer à leur tour de nouvelles vagues d’exode rural à Jendouba. Par exemple, l’article 18 du Code forestier énonce que « L’aliénation des produits quelle qu’en soit la nature et provenant des forêts de l'Etat, ne pourra être effectuée que par voie d’adjudication publique, annoncée au moins quinze jours à l’avance par voie de presse. Des affiches relatives à l’adjudication seront également apposées dans les bureaux du ministère chargé des forêt ainsi que dans les sièges du gouvernorat et de la délégation où se trouvent ces produits... » (République tunisienne, Code forestier, Imprimerie Officielle de la République Tunisienne, Tunis, 2017, article 18).

Ma réflexion se fera en trois grandes étapes. Je commencerai par rappeler brièvement le Code forestier tunisien, et dans quelle mesure il protège la forêt de Jendouba. J’essaierai ensuite de montrer comment réagissent les familles de forestier face à ce code, et comment ils le perçoivent. Enfin, la dernière partie de l’article s’attachera à montrer comment une réforme du code forestier pourrait amener les familles vivant dans la forêt à mieux vivre en symbiose avec leur environnement.

Intervention

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