Notice
Le théâtre de Wajdi Mouawad, du diasporique à l’universel
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Descriptif
L’établissement d’une francophonie arabe envisagée comme un espace transnational et plurilingue instaure d’emblée un paradigme qui se déploie autour de notions d’échanges, d’emprunts, de traces et d’influences. Ainsi, le parcours de l’écrivain migrant ou exilé se dessine comme un imaginaire mobile, oscillant entre l’assimilation et l’internalisation de sa culture d’origine et les influences de la culture d’accueil. Cette réflexion appliquée au théâtre, en tant que genre littéraire particulier, suscite une première interrogation sur la manière dont celui-ci est redevable à cette mobilité des imaginaires. En effet, des pièces naissent dans un contexte francophone pour être ensuite adaptées, réinterprétées ou transplantées dans d’autres contextes culturels, véhiculant ainsi les préoccupations et les angoisses héritées de la culture d’origine. Parallèlement, des dramaturges, initialement immergés dans un environnement arabophone, se trouvent amenés à écrire en français et à revisiter un répertoire occidental, allant de Sophocle à Pirandello en passant par Shakespeare et Tchekhov.
Dans cette perspective, notre étude se concentre sur la figure éminente du dramaturge Wajdi Mouawad, dont le parcours témoigne d’un bilinguisme forcé, ayant vécu son enfance au Liban, son adolescence en France et ses années de jeune adulte au Québec. Cette dualité linguistique est étroitement liée à un multiculturalisme qui imprègne profondément sa dramaturgie, abordant des thématiques aussi sensibles qu’actuelles telles que la tolérance, la dénonciation de la violence et les conflits fratricides, notamment entre juifs et arabes. Mouawad, dont l’œuvre a été distinguée par de nombreuses récompenses, notamment le prix littéraire du Gouverneur général du Canada en 2000 et le grand prix du théâtre de l’Académie française en 2009, mérite une analyse approfondie.
Notre démarche consiste donc, dans un premier temps, à analyser les aspects classiques, brechtiens, modernes voire postmodernes présents dans sa dramaturgie, pour ensuite examiner son apport en tant que dramaturge et metteur en scène, émanant d’une culture diasporique, au sein du théâtre francophone. À cet égard, notre étude se concentre principalement sur sa quadrilogie intitulée « Le Sang des promesses », présentée en 2009 lorsqu’il fut désigné artiste associé au Festival d’Avignon.