London my love : L’artiste palestinien Amir Nizar Zuabi, du va-et-vient passionnel à la relation officielle avec la ville-monde

La trajectoire de l’auteur et metteur en scène Amir Nizar Zuabi présente dès son origine des ambivalences : de père palestinien et de mère israélienne, il a la nationalité israélienne. Formé au théâtre en Israël, il parle mieux l’hébreu que l’arabe, mais choisit à l’aube de sa carrière de travailler exclusivement pour le théâtre palestinien. Poussé à l’écriture par le directeur du Young Vic de Londres, David Lan, il choisit l’anglais comme langue de création et s’échappe ainsi de son dilemme linguistique et politique. Sa collaboration avec David Lan est fondatrice : par son intermédiaire Zuabi parvient à assurer la publication de ses textes, la production de ses pièces tant en Palestine qu’à Londres et acquiert une certaine reconnaissance à l’international. En 2018, il affirmait en entretien ne jamais avoir souhaité quitter la Palestine en dépit des possibilités artistiques que lui offrait la ville anglaise. Cette décision tenait de son engagement pour la Palestine et son champ théâtral. C’est donc sous forme d’allers-retours répétés que Zuabi entretenait un rapport au centre culturel londonien. Aux prémices de 2022, il quitte la Palestine pour emménager avec sa famille à Londres. Plusieurs évènements expliquent ce revirement d’engagement : le premier est dû à l’évolution du champ théâtral palestinien et la position qui l’y occupe. Le second tient de l’évolution des collaborations internationales qu’il mène avec David Lan. Le troisième est artistique : Zuabi signe en 2021 une oeuvre qui forme un mobile à son départ. À partir d’un travail de terrain mené entre Israël, la Palestine et Londres, cette communication investigue la trajectoire complexe de cet artiste incontournable du Moyen-Orient. Dans cet objectif, il faut interroger de pair la position de Zuabi dans le champ théâtral palestinien et ses collaborations internationales, et ensuite sa grande oeuvre, The Walk (2021). Avec ce projet, Zuabi devient le directeur artistique du plus grand festival international d’arts de la rue. Par le biais d’une marionnette de 3,5 mètres nommée Amal qui suit les grandes routes migratoires depuis Gaziantep à Manchester, Zuabi (se) force les portes de Londres.