Conférence
Notice
Langue :
Français
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/a314-2h43
Citer cette ressource :
ClermontMsh. (2012, 14 février). Les turqueries au XVIIe siècle. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/a314-2h43. (Consultée le 18 mai 2025)

Les turqueries au XVIIe siècle

Réalisation : 14 février 2012 - Mise en ligne : 26 septembre 2018
  • document 1 document 2 document 3
  • niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif

La conférence sur le site de corpus du CRLV.

Entre les années 1621 et 1656 une dizaine de pièces proposent au public un transfert de l’action au cœur du sérail ottoman. Il s’agit essentiellement de tragédies, mais aussi de quelques tragi-comédies, qui ont toutes pour point commun de situer leur lieu en Orient et de décliner les intrigues politico-amoureuses du clan de Soliman II, dit le Magnifique, tout en proposant un nouveau type bien particulier de scène, la « scène de sérail ». Ce sont ces pièces que je qualifierai de « turqueries », en tentant de préciser ici la définition de cette notion souvent comprise de façon très large. Il s’agirait d’essayer de cerner du point de vue génétique, générique, dramaturgique, symbolique et politique les caractéristiques définitionnelles et les fonctions d’un mode d’écriture théâtral transposant l’action en Orient. Tandis que certaines tragi-comédies et tragédies proposent au public un transfert de l’action au cœur du sérail ottoman préparant les « images de puissances » raciniennes à l’œuvre dans Bajazet, le motif farcesque du retour des Indes Orientales au début du siècle prépare l’ouverture des Fourberies de Scapin et la ridiculisation du Mamamouchi de Molière. Les turqueries, souvent d’origines romanesques et/ou viatiques, correspondent à une mode limitée dans le temps, interrogent le statut d’auteur mineur et traversent les genres tout en les croisant. Ni vraiment « genre », ni exactement « sous-genre », la turquerie soulève un problème de définition et pose la question d’œuvres à la fois jugées « exotiques » et « mineures » et du lien qui peut exister entre ces deux notions. Au-delà de ces tentatives de définitions, la « turquerie », qu’une identité générique problématique a sans nul doute contribué à marginaliser, ne se limite ni à la tragédie, ni à la comédie, ni à la tragi-comédie, ni au ballet, ni même au théâtre, puisque certaines « turqueries » romanesques sont à l’origine de pièces, ni même à la littérature, lorsque le goût pour l’Orient devient phénomène de société. C’est précisément par ce dépassement des genres, en constituant davantage une « relation d’architextualité » (Genette) –ou même en se définissant comme un « archigenre »–, que la « turquerie » ouvre l’esprit de l’auteur et du spectateur-lecteur à la modernité.