Notice
Amour et politique dans La Chartreuse de Parme (par Philippe BERTHIER)
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Descriptif
Après un début triomphal où la libération politique ne se distingue pas de la libération du désir, le roman de Stendhal prend acte de la désertion de tout idéal civique consécutive à la chute de Napoléon, et analyse à travers ses protagonistes la manière dont chacun s'accommode du nouvel état de choses dans sa poursuite personnelle du bonheur. Le comte Mosca incarne le politique à l'état pur, incapable de s'ouvrir à une dimension supérieure, mais qui essaie de limiter autant que possible les abus et absurdités d'un système complètement perverti. La duchesse Sanseverina goûte le plaisir de régner par l'esprit sur une cour et ses intrigues, tout en poursuivant la chimère d'un amour impossible avec son neveu. Fabrice, jusqu'alors jouisseur et frivole, et Clélia, jeune fille soumise qui n'a jamais rien remis en question, en recevant dans la prison la révélation d'une passion essentielle et réciproque, découvrent en eux des ressources d'énergie spirituelle qu'ils ne soupçonnaient pas, réinventent l'amour et accèdent à un ordre de valeurs transcendantes aux misérables intérêts politiciens. Mais la vie comme elle va se venge et le roman se termine par l'échec de l'utopie amoureuse, pourtant seule à porter du sens, dans un monde où la politique n'a plus rien d'autre à proposer que de s'enrichir et de digérer.
Philippe Berthier
Philippe Berthier a consacré une partie de ses recherches à Stendhal : Stendhal et ses peintres italiens (Droz, 1977) ; Stendhal et la Sainte-Famille (Droz, 1983) ; Stendhal et Chateaubriand, essai sur les ambiguïtés d’une antipathie (Droz, 1987) ; Lamiel ou la boîte de Pandore (PUF, 1994) ; Philippe Berthier commente La Chartreuse de Parme (Gallimard, 1995) ; Espaces stendhaliens (PUF, 1997) ; Philippe Berthier commente La vie de Henry Brulard (Gallimard, 2000) ; Stendhal en miroir. Histoire du stendhalisme en France (1842-2004), (Champion, 2007).