
Marguerite Burnat-Provins (1872-1952), une femme libre
Autour de la vidéo tournée lors de l'exposition Burnat-Provins au musée Jenisch à Vevey.
À travers le parcours de l’artiste (peintre, décoratrice) et femme de lettres franco-suisse Marguerite Burnat-Provins (1872-1952) – mais elle fut aussi conférencière, journaliste –, l’intervenant explore les rapports entre art pictural et littérature.
Marguerite Provins est originaire d’Arras, et se marie en 1896 avec un architecte de Vevey (Suisse), Adolphe Burnat (1872-1946). Elle participe à de nombreux projets d’art décoratif, comme l’affiche de la fameuse Fête des Vignerons de Vevey en 1905 ; elle s'inscrit en ce sens, à cette époque-là, dans la tendance Arts & Crafts.
Elle publie en 1903 un livre (aujourd’hui très recherché en bibliophilie), Petits Tableaux Valaisans, composé de gravures de ses tableaux.
Toujours dans sa période de Vevey, elle publie en 1905 un article remarqué dans la Gazette de Lausanne, où elle déplore l’avilissement des sites et paysages suisses par l’urbanisation, la publicité ou la modernisation des bourgs. Ceci amène à la fondation en juillet 1905 de la Ligue pour la Beauté, aujourd'hui Patrimoine suisse (organisation suisse de protection du paysage naturel et construit), toujours existant.




Une passion
Elle vit une passion avec le jeune ingénieur valaisan (Sion) Paul de Kalbermatten (1878-1967), qu’elle épouse en 1910, après avoir quitté son premier mari en 1908. « Femme libre », elle lui écrit deux odes amoureuses, assez osées pour l’époque, qu’elle publie en 1907 (Le Livre pour toi) et en 1910 (Cantique d’été).
En 1912, elle suit son mari, ingénieur ferroviaire, en France à Bayonne, puis s’installe à Paris en 1915 quand lui est mobilisé en Suisse. Elle se lance dans une série de dessins étranges (d’oiseaux notamment), forts différents de ceux d'avant-guerre, nés d’hallucinations et de visions qui la hantent (ainsi l’intervenant la qualifie-t-il de visionnaire, au sens propre). Cette collection de 3000 dessins, intitulée Ma Ville est à rattacher à l’Art Brut (collection à Lausanne).




Burnat-Provins continue à écrire et à peindre en France – ses liens avec son mari se distendent. Sa vie est alors peut-être plus en demi-teinte. En quête d'une liberté absolue, elle conservait une vision traditionnelle de la passion amoureuse. Elle s’installe dans une belle maison de Grasse (Alpes-Maritimes), où elle s’éteindra en 1952, à 80 ans.

Nous remercions le musée Jenisch à Vevey (Suisse), ses équipes de leur accueil, et notamment sa directrice Nathalie Chaix. Crédits photos Musée Jenisch, sauf ceux spécifiés Collection d'Art Brut, Lausanne.
Réalisation de la vidéo : Luca Rechsteiner (videoprod.ch)
********************************************************
Liens :
- Biographie sur Wikipédia ou plus détaillée, sur le site de l’association des amis de MBP.
- Page du Centre des littératures en Suisse romande (CLSR), UNIL.
- Réédition Le Livre pour toi, Cantique d’été (préface S. Pétermann), Infolio/Microméga, 2020 (Les Libraires)


