Conférence
Notice
Langue :
Français
Crédits
Jean MOUETTE (Réalisation), Thierry Montmerle (Intervention)
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/s0jg-s884
Citer cette ressource :
Thierry Montmerle. IAP. (2020, 7 juillet). LA LUNE : DES ASTRONOMES DIPLOMATES AU CŒUR DE LA GUERRE FROIDE. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/s0jg-s884. (Consultée le 11 juin 2024)

LA LUNE : DES ASTRONOMES DIPLOMATES AU CŒUR DE LA GUERRE FROIDE

Réalisation : 7 juillet 2020 - Mise en ligne : 27 juillet 2020
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Descriptif

L'Institut d'astrophysique de Paris se met au direct ! La 6e conférence « à distance » aura lieu mardi 7 juillet à 18h30, et sera donnée par Thierry Montmerle (Sorbonne Université, Ancien Secrétaire Général de l'Union Astronomique Internationale).

Bien qu'alliés pendant la deuxième guerre mondiale, les deux grands vainqueurs, États-Unis et URSS, ont très tôt manifesté des signes d'hostilité indirects : blocus de Berlin, guerre de Corée, etc., et surtout « course aux armements » - pouvoir porter le feu nucléaire chez l'adversaire. C'est ce qu'on appela la « guerre froide ». Malgré ce climat très tendu, l'Union Astronomique Internationale (UAI), qui rassemble les astronomes du monde entier (600 à l'époque, plus de 13 000 aujourd'hui), recommença à fonctionner dès 1948, en prenant soin de toujours comprendre des membres soviétiques au sein de ses instances dirigeantes (Comité Exécutif, commissions scientifiques).

Le 4 octobre 1957, le monde apprend avec stupéfaction le lancement, par l'URSS, du premier satellite artificiel, « Spoutnik 1 ». Puis les Soviétiques enchaînent les succès, avec très tôt la Lune pour objectif : coup sur coup, dès 1959, survol (« Luna 1 »), écrasement (« Luna 2 »), puis envoi des premières photos de sa face cachée (« Luna 3 »), exactement deux ans après le lancement de Spoutnik 1. Sur leur lancée, les Soviétiques sont également les premiers à envoyer un homme (en 1961, puis une femme en 1963) en orbite autour de la Terre. Ces succès démontraient clairement une grande maîtrise technologique de l'URSS, potentiellement dangereuse, dans le domaine des fusées intercontinentales et de l'utilisation de l'espace.

À peine entré en fonction (21 janvier 1961), et en réponse à cette menace, J.-F. Kennedy proposa au Congrès américain un défi pacifique mais follement risqué : envoyer des hommes sur la Lune avant la fin de la décennie. Ce fut le coup d'envoi du programme « Apollo », et l'accélération de la « course à la Lune », de fait déclenchée par les Soviétiques avec leur programme Luna.

Mais au-delà de certains aspects scientifiques du programme Luna, un autre enjeu, « territorial » celui-là, apparut très vite : la « nomenclature » de la topographie de la face cachée de la Lune (cratères, mers, failles, etc.). Qui « nomme », « possède » - voir la conquête de l'Amérique ! Et c'est sur cette question, anodine en apparence mais très symbolique, que l'UAI joua un rôle modérateur et diplomatique essentiel, non dénué de crises internes, pratiquement en continu au fur et à mesure que la surface de la Lune était connue avec une précision grandissante.

Si la période des missions Apollo sur la Lune fut marquée par un réchauffement des relations USA-URSS (1971), l'UAI n'en avait pas fini de jouer son rôle « diplomatique » : cette fois ce fut avec les Nations-Unies, qui revendiquèrent alors le droit de « nommer les objets extraterrestres », en conflit ouvert avec la doctrine séculaire des astronomes d'être les seuls qualifiés pour avoir cette compétence. Cet épisode, jusqu'ici inconnu, aura duré dix ans - pour se conclure par la reconnaissance officielle et juridique du rôle de l'UAI en cette matière.

DÉBUT DE LA CONFÉRENCE à 5 min 10s

Intervention