Nucléaire et politique, une histoire particulière

En France, le débat sur « l'énergie nucléaire » occulte le rôle de l'histoire politique et militaire. Or l'histoire du nucléaire confirme que c'est la politique - stratégique, économique, financière - qui a imposé les choix techniques. Elle montre en quoi nucléaire militaire et civil sont inséparables. On découvre aussi comment, à partir du nucléaire, c'est la science toute entière qui a été progressivement transformée dans ses objectifs, son organisation, sa manière de penser.

Acteurs, sujets et parfois victimes, les scientifiques, même réticents, n'ont jamais pu être étrangers à une histoire qui est la leur. Aujourd'hui pris entre « le monde qui se meurt et celui qui tarde à naître », leur rôle dans l'analyse des bouleversements planétaires est inséparable d'une traduction sociale. Comment rendre fécond le trouble qui en résulte dans la pensée et l'activité scientifique ?

Harry Bernas est physicien (nanosciences, matériaux sous irradiation). Chercheur CNRS (250 articles dans des revues internationales), il a été directeur du Centre des Sciences Nucléaires et des Sciences de la Matière (CSNSM) à l'université Paris-Saclay (Orsay), et a occupé diverses responsabilités au CNRS et à l'UE. Il a contribué à deux ouvrages universitaires sur les implications civiles et militaire du nucléaire et publié des articles dans American Historical Review, Am. Journal. of Phys., Raison Présente, etc. Cet exposé est basé sur un livre paru en septembre 2022 : « L'Île au bonheur : hommes, atomes et cécité volontaire », trad. N. Huston, éd. Le Pommier.

Conférence proposée par l'Union Rationaliste dans le cadre du cycle des conférences publiques de l'IAP « Carte blanche à... ».