Notice
Olivier Artus - "Approche exégétique des récits des origines "
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Descriptif
Les quatre premiers chapitres de la Gn sont difficiles à dissocier. Olivier Artus veut chercher à mettre à jour la thèse qui émane de ces chapitres. Quelle est la fonction de ces récits des origines ?
En trois tableaux successifs, les textes de la Gn mettent en relief la douceur et la bonté du projet divin de la Création à l’égard de l’homme, la solitude de l’homme qui rejette le projet divin et s’en tient à l’écart et l’irruption de la violence dans l’humanité qui demeure éloignée de Dieu. Ces récits auraient pour fonction de définir un certain nombre de rapports entre le personnage divin, entre le monde, les êtres vivants, l’humanité dans le monde qu’il habite. Ces rapports sont d’abord caractérisés par la gratuité et la confiance, puisque le personnage divin est donateur du monde, de la vie et par les règles qu’Il donne, Il cherche à éviter toute logique d’appropriation du don et de domination violente. Des lois accompagnent les récits de don (proposition d’une alimentation végétalienne) et fixant des limites à la consommation humaine. Le rapport au monde est un rapport d’usage responsable, fixant des limites au désir de domination.
Les récits des origines de Gn 1 à 2 travaillent donc à définir des frontières, à circonscrire le désir d’appropriation des humains. La vie apparaît comme un donné, un don, l’être humain étant invité à intégrer une dimension de vulnérabilité. Les biens qui sont mis en place ne peuvent être considérés comme des propriétés, mais comme des dons et une distance est instaurée entre l’humanité et ces biens.
Deux anthropologies sont mises en place derrière Gn 1-2, d’une part, et Gn 3-4, d’autre part. Une anthropologie du don selon laquelle le monde et la vie sont reçus et sont indépendants de sa volonté. Puis une anthropologie de l’autonomie absolue de l’être humain, de son auto-idolâtrie, celui-ci agissant désormais en propriétaire absolu du jardin, usant sans limite de ses fruits et étendant sa domination sur la vie elle-même.
Quelle réponse le texte propose-t-il à une logique de l’autonomie absolue de l’homme ?
La première lecture de Gn 4, entre un meurtre et un projet de vengeance, nous laisse un peu pessimiste, mais néanmoins, il y a des lieux de résistance à cette vision noire de la condition humaine : ce sont les lieux législatifs, il y a des lois comme outils de résistance à la violence, aux désirs d’appropriation ; les codes législatifs dans la Torah sont caractérisés par une résistance assez forte, une stratégie de lutte contre la violence sociale. Le personnage divin se substitut à la figure du roi, en tant que législateur.