Notice
Apprentissage de la couture
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Descriptif
Au début du semestre, je me suis mise en groupe de travail avec RIMBERT Samy et DON Alicia. Nous avions déjà commencé à filmer quelques plans ensemble au mois d’avril, cependant la personne sur qui nous faisions le film n’était disponible qu’au mois de mai pour la suite du tournage (interview), ce qui ne correspondait pas à mes disponibilités… Étant donné que je travaille depuis le mois de mai dans une autre ville que Tours, je ne pouvais me déplacer pour assister au tournage, ni aux cours de montage. J’ai donc décidé de réaliser ce court-métrage seule, afin de pouvoir tout de même rendre ce travail en y contribuant réellement.
Pour ce projet, j’ai choisi le thème de la couture puisque cette pratique m’est familière. En effet, il s’agit d’une passion transmise dans ma famille, du côté de mes deux parents, par mes grands-mères, mes arrières-grand-mères etc et le fait que mon frère ait commencé à coudre m’a donné l’envie de le mettre en lumière L’idée m’est venue en regardant ma mère (Anne-Claire) coudre avec mon frère (Nathan) qui la regardait à côté. J’ai aimé la curiosité qu’éprouvait mon frère ainsi que la relation que cela créait avec ma mère autour de la machine à coudre, qui de plus, appartenait à mon arrière-grand-mère paternelle. Je précise qu’il ne s’agit pas de la profession de ma mère mais d’une passion qu’elle exerce désormais plutôt dans le but de réparer des vêtements plutôt que pour en créer, ce que mon frère lui préfère faire.
En ce qui concerne l’insertion filmique, elle n’a pas été d’une grande difficulté puisqu’il s’agit de membres de ma famille, ils ont directement accepté le fait d’être filmés. Cependant, ils n’étaient pas forcément très à l’aise au début devant l’objectif. En effet, j’ai dû répéter à plusieurs reprises le fait qu’il s’agit d’un film anthropologique, et donc qu’ils devaient rester naturels et agir comme si je ne les filmais pas. Il a fallu un temps et plusieurs prises avant de réellement pouvoir rendre compte au mieux de la situation de la manière la plus transparente possible et avec une distance entre nous (filmeur/filmés).
Pour le cadrage du sujet, j’ai décidé d’exposer un maximum de points de vue différents afin d’avoir un oeil assez large sur la scène qui se déroule et de pouvoir visualiser au mieux les différents angles. J’ai voulu valoriser la complicité entre eux deux afin de mettre en avant la transmission de savoir. J’ai également mis l’accent sur la technique de couture en elle-même avec les différents outils, comme les petits ciseaux par exemple afin de montrer l’aspect minutieux du travail. Pour cela, j’ai opté pour des plans très rapprochés. J’ai choisi de filmer mon frère et ma mère car cela permettait d’allier deux sujets en un, c’est-à-dire la couture mais aussi la transmission de savoir dé génération en génération avec un caractère familial. De plus, il ne s’agit pas d’une couture “classique” mais plutôt “moderne” puisque le vêtement que ma mère coud s’apparente à de l'upcycling, c’est-à-dire un assemblement de plusieurs pièces déjà usagées (ici un jogging et un pull sans manche) afin de créer une nouvelle pièce : un pull. Cela permet de donner une nouvelle vie aux vêtements, et de leur donner, ici en l'occurrence, un aspect rétro/vintage. La thématique de la mode est également abordée puisque le vêtement en cours de création découle d’un certain style ; il ne peut s’acheter en magasin de prêt à porter, ce qui le rend unique et authentique. J’ai réellement voulu montrer cet aspect “recyclage” qui créait un certain décalage avec la machine à coudre classique des années 50. L’idée que la machine à coudre change de fonction à travers le temps et s’adapte aux différentes modes me plaisait. Je n’avais pas d’idées de plans précises au préalable, seulement le fait que je voulais interviewer mon frère afin d’avoir sa voix comme fil conducteur du fil pour permettre de comprendre la situation avec son point de vue.
Au niveau des choix scénographiques, je dirai qu’il s’agit d’un mélange entre film d’observation et film d’exposition. Tout d’abord, il peut s’apparenter à un film d’observation dans la mesure où les prises étaient relativement faites naturellement, je filmais de différents angles en essayant au maximum de me faire discrète et sans interagir avec le réel et de manière plutôt improvisée. C’est ainsi que j’ai filmé tous les plans de couture, les différentes techniques etc. En effet, je filmais de plus ou moins proche selon ce que je souhaitais mettre en avant. Par exemple, j’ai tourné quelques plans en plongée lorsqu’ils s'entraident afin de percevoir leurs 4 mains. Cependant, il peut également être perçu comme étant un film d’exposition puisque je questionne Nathan, et que j’avais anticipé le fait d’utiliser son discours sur les plans pour donner un certain rythme au film. Pour autant, il n’y avait pas de mise en scène du tout, j’ai réellement souhaité rester au plus proche du réel. Je n’ai ni imposé le lieu, ni la disposition des objets ou des personnes. Le but était de rendre compte de comment se passe l’atelier lorsque mon frère apprend à coudre, ce qui a lieu presque tous les mercredis après-midi. J’ai laissé quelques plans plutôt large afin que l’on perçoive la maison et de créer une certaine proximité entre la personne qui regarde le film et les personnes filmés. Le fait qu’il s’agisse d’un lieu clos et privé permet réellement d’immiscer le spectateur dans le film. Au niveau de l’improvisation, je dirai qu’elle représente la bonne majorité du film, et cela a été aidé par la proximité que j’entretiens avec les personnes filmées du fait qu’elles font partie de ma famille, ce qui ne les a alors pas empêché d’agir “naturellement” ou du moins le moins possible. Et au niveau des plans scénarisés, il y a les interviews où nous avons dû recommencer car Nathan souhaitait s’exprimer autrement ou bien bégayait sur des mots et donc voulait reprendre. Il y a également le premier plan du film, dans lequel ma mère ouvre la boîte dans laquelle elle range toutes ses aiguilles et son matériel de couture. Etant donné que je filmais du dessus, elle a “joué” le fait d’ouvrir la boîte de cette manière, avec ses deux mains. Cependant, les scénarisations restent tout de même relativement naturels, et les interviews n’étaient absolument pas rédigées ou pensées à l’avance. J’ai posé les questions sur le moment, sans le prévenir à l’avance de ce que je dirai afin qu’il réponde le plus instinctivement possible. Ma présence se fait sentir à quelques reprises, lorsque je pose des questions, je me suis d’ailleurs demandé si je laissais ma voix ou bien si je la coupais au montage mais je trouvais ça intéressant de la faire apparaître à quelques reprises afin de montrer la spontanéité de l’échange. Ma présence se laisse transparaître dans les plans où Nathan parle et me regarde, le regard caméra permet de faire comprendre que nous échangeons ensemble. J’ai fais en sorte qu’on perçoive toujours Nathan et Anne-Claire dans les plans dans le but d’insister sur le travail en duo, bien qu’il n’y ai que Anne-Claire qui coud, cela permet de montrer l’intérêt que Nathan porte pour ce qu’elle fait. J’ai également choisi de le filmer seul en train d’observer ma mère, par le biais d’un plan rapproché, pour montrer qu’il est présent en tant qu’observateur/apprenti. J’ai apprécié le fait que ma mère parle à mon frère que ce soit pour lui expliquer des techniques, lui décrire ce qu’elle fait et dans quel but etc car cela nous laisse voir qu’elle prend le temps de faire avec lui, et qu’elle est soucieuse de lui apprendre ce savoir-faire. Je dirai que ce travail était en co-construction avec les personnes filmées puisqu’ils étaient investis dans le projet et ont été collaboratifs.