00:00:00:01 - 00:00:38:20
Pierre-Yves Beaudouin
Bonjour à toutes et à tous, bienvenue au Wiki café de mars. Les Wiki café ont été mis en place dans le cadre du partenariat entre Wikimédia France et le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, qui se concrétise principalement par trois résidences wikimédia au sein des URFIST qui sont elles-mêmes rattachées au sein des universités françaises.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet:Wikifier_la_science/WikiCaf%C3%A9s
00:00:40:01 - 00:01:04:14
L'an dernier, il y avait trois résidences à l'URFIST de Bordeaux, l'URFIST de Rennes et l'URFIST d’Occitanie. Deux des trois résidences ont pris fin, la mienne à Bordeaux et celle de Juliette Halimi à Rennes. Celle d’Hugo Lopez en Occitanie se poursuit jusqu'à cet été et il va y avoir trois nouvelles résidences à nouveau au sein des URFIST.
00:01:04:14 - 00:01:31:19
Les URFIST si vous ne connaissez pas, c’est un peu le centre de formation du personnel du supérieur en France. Donc les trois nouvelles résidences vont être à Lyon, Nice et Strasbourg, et en tout cas, si elles trouvent preneurs. Strasbourg vient déjà d'accueillir son nouveau résident, bonjour Michael Schaüli. Donc on a deux Mickaël, il ne va pas falloir se tromper aujourd'hui, bienvenue en résidence.
00:01:32:10 - 00:02:03:11
Les résidences, ce sont des contrats d'un an, un CDD d'un an principalement, qui a pour mission de former le personnel universitaire à Wikimédia avec comme objectif final de rapprocher un peu les deux mondes. Il y a aussi un versant Wikimédia, éventuellement former [les wikimédiens] à la science ouverte ou leur montrer au moins tous les outils.
00:02:04:21 - 00:02:41:02
Ils ont les bonnes bases. Beaucoup de wikipédiens savent déjà se servir d'HAL et compagnie. Mais voilà, ils ne sont pas forcément des spécialistes de tous les nouveaux outils et de toutes les nouvelles ressources en accès ouvert que les universités et les ENR, les organismes nationaux de recherche CNRS et compagnie, publient régulièrement. Donc je vais vous mettre dans le chat si vous voulez en savoir plus un peu sur les résidences et les wikicafé.
00:02:41:02 - 00:03:07:17
Il y a une sorte de portail d'information sur Wikipédia, et il y a notamment les WikiCafé qui sont des rencontres mensuelles (depuis quelques mois, on a un peu réduit la voilure). Donc, une fois par mois, on accueille une personne qui mène des actions au sein de l'enseignement supérieur et de la recherche vis-à-vis de Wikimédia.
00:03:08:12 - 00:03:32:04
Donc aujourd'hui, nous avons Michael David Miller qui est de passage en France pendant quelques mois, qui nous vient du Canada, plus exactement de l'Université de McGill. Donc bienvenue, Michael. Vous avez son CV, son long CV, dans le tchat. Je l'ai parcouru et je vais brièvement le résumer et tu pourras le compléter.
Le profil de Michael David Miller : https://www.mcgill.ca/library/librarians/michael-david-miller
00:03:32:06 - 00:04:11:01
Michael est bibliothécaire à l'Université McGill. Tu as aussi des responsabilités au sein du mouvement Wikimédia parce que tu es le vice-président de Wikimédia Canada. Et tu es membre du conseil d'administration, notamment j'ai noté, de l'ACFAS, association francophone presque centenaire, même plus que centenaire puisque vous avez 101 ans, qui a pour mission de promouvoir le développement de la recherche et la culture scientifique, en contribuant à la diffusion et la valorisation des connaissances et des méthodes scientifiques.
00:04:05:00 - 00:04:39:07
Nous dans nos contrées, en France métropolitaine, on les connaît notamment grâce au concours « La preuve par l'image » qui a été créée par l’ACFAS ; c'est le CNRS qui en est partenaire depuis quelques années. À signaler d'ailleurs pour cette édition, il y a une des photos lauréates qui est aussi lauréate du concours mis en place par les résidences wikimédia, le « wiki science competition ». Donc c'est marrant, on a eu la même participation et le même coup de cœur pour une photo de science.
00:04:39:07 - 00:05:04:01
En plus des wikicafés, il y a notamment une newsletter qui est en place, qui s'appelle l'Infolettre Wiki Lab. Donc vous, vous pouvez y avoir accès via Wikipédia, via le portail d'information, et vous y abonner. Soit, si vous êtes wikimédien, vous pouvez la recevoir dans votre espace utilisateur ou plus traditionnellement, par mail.
00:05:05:07 - 00:05:27:01
Ceci étant dit, comme on n'est pas très nombreux, on peut prendre des questions, des interventions. Est ce qu'il y a des demandes de précisions au sujet des résidences ou du projet wikifier la science ? [Silence pour laisser le temps de réponse]. A priori non, vu les personnes qui assistent à l'événement aujourd'hui, ça devrait être bon.
00:05:30:10 - 00:05:55:54
On peut du coup attaquer le wiki café. Une première question, comme, comme je l'ai abordé rapidement dans la présentation à Michael David Miller, est de passage en France. Peux-tu nous dire un peu plus sur ton passage ? Qu'est ce qui t'amène dans nos contrées ?
00:05:56:00 - 00:06:41:20
Bien. Je suis très content de pouvoir avoir cette occasion de passer quatre mois en France. C'est grâce au fait que je suis en demi-année sabbatique. Donc dans plusieurs bibliothèques universitaires en Amérique du Nord, notamment dans les universités anglophones du Canada, des universités étasuniennes, des bibliothèques, ont le droit ou on peut faire une demande d’une année sabbatique tous les six ans. Un peu de la même manière, en fait, un peu comme un chercheur peut faire aussi tous les six ans. Je me rends compte que c'est un concept qui n'est pas très commun en France et donc je me retrouve très, très chanceux de pouvoir faire ça.
00:06:42:05 - 00:07:07:19
Donc en fait, je suis à l'École nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques en tant que bibliothécaire invité. On va me permettre de piloter des activités Wikimédia avec des étudiants, avec des élèves… Et avec des collègues chercheurs qui sont intéressés on va peut-être intégrer des projets Wikimédia dans le cadre d'un travail.
00:07:08:13 - 00:07:35:13
Mais mon projet principal, en fait, puisqu'il s'agit d'un congé sabbatique de recherche, je travaille sur une synthèse des connaissances. Je vais le commencer : ça ne sera pas possible de le terminer en l'espace de quatre mois. Je n'ai pas encore complètement décidé si ça va être une revue, un examen de la portée ou une scoping revue ou un examen à cartographier comme une systematic mapping revue.
00:07:36:09 - 00:08:05:02
Je suis en train de travailler là-dessus et ils sont super similaires, mais avec de légères différences donc je suis en train de décider quelle sorte de méthodologie je vais suivre. Mais en gros, je veux pouvoir... En fait, le but, c'est de chercher et de synthétiser l'ensemble des écrits. L'ensemble, ça fait beaucoup, mais c’est des écrits professionnels et scientifiques qui portent sur Wikimédia, les bibliothèques, ça, c'est dans un but de pouvoir trouver les grandes tendances.
00:08:05:10 - 00:08:30:21
Je veux pouvoir voir quels profils de bibliothécaires à tendance à travailler avec quelle sorte de projet. Est-ce que les bibliothèques qui ont des responsabilités disciplinaires comme moi ? Par exemple, je suis bibliothécaire en littérature française, sciences économiques, études de genre. Est ce qu'il y a certains projets qui reviennent plus souvent pour ces sortes de profils de bibliothécaires ? Ou des bibliothèques qui travaillent dans les collections des livres rares et des collections spécialisées, ou plus communément dit et en France, les collections patrimoniales. Est ce qu'ils ont davantage tendance à travailler dans les projets Wikimédia Commons ou Wikisource, par exemple ? Et j'ai déjà des idées, mais je veux pouvoir trouver des données qui soutiennent cette idée-là. Et je crois aussi que je vais trouver que les bibliothécaires travaillent davantage avec le traitement documentaire, le catalogage, ont tendance à travailler davantage avec des projets.
00:08:54:24 - 00:09:18:12
Le projet Wikidata par exemple. Donc tout ça, c'est dans cette idée que, après beaucoup de conversations avec mes collègues à McGill, ils m'ont demandé : qu'est-ce que nous pouvons faire concrètement avec les projets Wikimédia Michael ? Je me suis rendu compte qu'il y a quelque chose qui manque. Donc, en plus de pouvoir publier un article, j'espère au moins envoyer un manuscrit d'ici fin décembre début janvier.
00:09:20:00 - 00:09:43:22
Je vais aussi commencer à créer des sortes de fiches descriptives vivantes de 1 à 2 pages, pour des profils de bibliothécaires différents que j'arrive à identifier dans les écrits. Je sais que ce projet ne sera pas exhaustif et entièrement représentatif de l'ensemble des écrits parce qu'il y a beaucoup de bibliothèques et de bibliothécaires et d'archivistes et d'autres professionnels de l'information qui travaillent dans les projets Wikimédia, mais n'écrivent pas dessus.
00:09:44:10 - 00:10:07:06
Donc dans un deuxième temps, mais ce sera l'année prochaine, je vais commencer à plonger vraiment dans les pages de projet Wikimédia. Je vais essayer de remonter et de regarder les sites web de certaines bibliothèques. Ça, je ne vais pas pouvoir faire ça de manière exhaustive. Mais je sais qu'il y a beaucoup de projets pédagogiques où il y a des bibliothécaires qui en font partie.
00:10:08:16 - 00:10:30:17
Je veux pouvoir donner aux collègues des fiches de démarrage. Donc vous travaillez, vous avez tel profil de bibliothécaires, ça vous intéresse des projets Wikimédia ? Voici ce que vos collègues avec les profils similaires, voici les projets dans lesquels ils ont tendance à travailler. Donc à mon avis, c'est quelque chose qui manque dans la littérature professionnelle.
00:10:30:17 - 00:11:13:02
Et je souhaite pouvoir prendre, genre, l'univers de toutes les pages Wikimédia qui existent et les simplifier pour les rendre plus digeste pour les gens qui souhaitent intégrer, voir ou explorer des projets wikimédia.
[Pierre-Yves Beaudouin]
Très intéressant, dans le tchat que j'ai mis ce que Wikimédia UK et l'université d'Edimbourg, qui est un gros partenaire, de longue date, de Wikimédia UK (qui est l’équivalent de Wikimédia France et Wikimédia Canada pour la Grande-Bretagne), qui ont réalisé un petit un petit guide qui recense les différentes actions menées au sein de l'université.
00:11:13:14 - 00:11:38:13
C’est très orienté enseignement vis à vis des étudiants, il faudra qu'on en discute parce que, pour ne rien te cacher, j'ai essayé de le prolonger la résidence bordelaise, notamment pour rédiger un guide dans ce sens. Donc j'ai déjà pas mal réfléchi. J'ai déjà quelques dizaines de pages en particulier là-dessus et c'est vrai que c'est un gros manque.
00:11:39:03 - 00:12:03:07
Un gros manque du mouvement wikimedia qui l'a signalé dans le cadre de la refonte de sa stratégie, « Quoi faire d'ici 2030 ? ». La documentation interne du mouvement est très lacunaire et très mal faite. C'est chronophage, ça demande de l'expérience et donc c'est souvent ce qui passe à la trappe. Et c'est vrai que une fois, notamment à l'université maintenant de plus en plus d’acteurs de professionnels souhaitent faire des choses.
00:12:03:16 - 00:12:23:19
Mais ils sont un peu perdus par l'immensité. Ils ne savent pas trop, à part #1bib1ref. C'est vrai qu'on demande à un bibliothécaire universitaire qu'est-ce qu'ils pourraient faire, et bien souvent ils réinventent la roue. Quand ce sont des projets qui fonctionnent, ça va. Mais malheureusement, des fois on réinvente la roue sur des projets où on sait que ça ne marche pas.
00:12:25:00 - 00:12:48:12
Donc il n'y a pas d'amélioration et donc ça s'arrête là. Je pense que ça sera une des priorités des années à venir. Pour faciliter un peu l’onboarding, soit des nouveaux acteurs au sein de Wikipédia, nos collègues africains sont très demandeurs de participer à des actions qui existent déjà ailleurs. Ils se contentent juste de les répliquer, c’est déjà beaucoup répliquer des actions, surtout vu leur contexte très très compliqué.
00:12:48:12 - 00:13:09:11
Et pour les professionnels, c'est pareil, la marche est encore trop haute à mon avis. On ne peut pas leur demander non plus de lire des dizaines de pages. En plus c’est dispersé à droite à gauche, sur différents wikis. Et bien souvent, il n'y a pas de retour d’expérience, il n'y a pas de bilan, de retour d'expérience, des actions qu'on mène. Donc on ne sait pas si ça a fonctionné, si ça n'a pas fonctionné.
00:13:09:11 - 00:13:42:05
[Michael David Miller]
Tu as tout à fait raison. Puis une autre difficulté ou problématique que je remarque, il n'y a pas forcément de pérennité. Moi, je réfléchis beaucoup à des bibliothèques qui font venir des wikipédiens en résidence ou des bibliothécaires qui ont décidé : je vais travailler sur les projets Wikimédia, je vais les intégrer dans le cas de mon travail. J'ai notamment une collègue qui est bibliothécaire-archiviste, qui traite les fonds archivistiques chez nous parce qu'en plus d'avoir des livres et des collections types aux bibliothèques, on a aussi une énorme collection de fonds archivistique.
00:13:42:15 - 00:14:07:03
Et donc une chose qu'elle fait, c'est lorsqu'elle traite le fonds d'archives, elle va aller voir dans les pages Wikipédia qui y sont associées, soit la personne du fond, en tout cas le sujet du fond. Elle va ajouter dans les pages Wikipédia que les archives se retrouvent à notre bibliothèque. Et elle va aussi aller dans Wikidata.
00:14:07:03 - 00:14:24:12
Et si ces notices Wikidata existent déjà, elle va ajouter que les fonds d'archives se retrouvent à l'université McGill [avec la propriété P485]. Ou elle va carrément créer la notice Wikidata. Mais une chose dont on s'est rendu compte c’est que lorsqu'elle était en congé maternité, ce travail s'est arrêté et la personne qui l'avait remplacée ne faisait pas ça. Donc elle a dû faire du travail en amont parce qu'elle veut que ça continue.
00:14:24:12 - 00:14:56:04
Dans on s'est rendu compte d'un défi par rapport à la continuité de ce projet, de l'intégration de ces tâches de Wikimédia dans le cadre du travail. Donc quand ça fait partie vraiment des processus de travail. Une chose que j'ai trouvé fort intéressante, qui est pour moi, qu’il faut que les institutions commencent à faire réfléchir là-dessus et trouvent des manières de pérenniser ces projets.
00:14:56:04 - 00:15:24:20
C'est quand même 50 % du trafic qu'on reçoit dans notre catalogue archivistique provient soit de Wikipédia, soit de Wikidata. Donc on trouve nos fonds archivistique la moitié du temps avec notre catalogue, mais l'autre moitié du temps, grâce à ses actions qu'elle a menées dans les projets Wikimédia. Donc, c'est juste pour le fait qu'il y a beaucoup de trafic qui provient de ces projets-là, il faut qu'on trouve une manière de pérenniser ça.
00:15:24:21 - 00:15:45:14
C'est notre projet dans l'avenir sur lequel je vais travailler, c'est comment est-ce que les institutions arrivent à pérenniser ça ? Est-ce qu’elles modifient des descriptions de poste ? Est-ce que ça fait partie de leur mission ? Parce que, par exemple, quand moi je pars en congé sabbatique, les services de référence dans mes disciplines, la gestion des collections que j'ai, ça continue. Donc c'est quelqu'un d'autre qui le fait.
00:15:45:24 - 00:16:12:12
Mais tous les autres projets que je faisais par rapport à Wikimédia, j'avoue que je n'ai pas fait de formation Wikipédia depuis un bout de temps. Donc ça s'arrête. Et y'a un exemple que je connais assez au Musée national des beaux-arts du Québec à Québec. Vous connaissez son nom ? C'est Nathalie Thibault. Elle son poste, sa description a été modifiée pour inclure des projets Wikimédia.
00:16:12:24 - 00:16:42:19
Donc elle fait quelque chose de similaire, comme ma collègue quand elle traite des fonds archivistiques en les ajoutant sur Wikipédia et Wikidata. Mais une autre question que je me pose si jamais Nathalie change de poste : est-ce que sa fiche de poste ne sera pas modifiée ? Mais pour moi déjà, ça c'est un début, de l’inscrire dans une description de poste, de s'assurer qu'on continue à diffuser sur ces plateformes-là.
00:16:43:12 - 00:17:04:20
[Pierre-Yves Beaudouin]
Très intéressant, il y a beaucoup de parallèles avec la France. En même temps, c’est rassurant, comme tu le rappelais, je redonnerai le lien vers une vieille interview de l’ENSSIB en 2018, tu soulignais que les bibliothèques nord-américaines avaient plus de moyens que les bibliothèques françaises. Mais là-dessus il y a des similitudes.
00:17:04:20 - 00:17:28:02
On a les mêmes arguments. Les personnes qui mènent des actions sur les projets Wikimédia le font souvent parce qu'elles sont passionnées, voire sur leur temps libre. Voilà, dès qu’ils partent tout s'arrête. On l'observe notamment au niveau de 1bib1ref en France, c'est mis en place parce qu'il y a des wikipédiens au sein des universités. Et dès qu’il n'y en a pas…
00:17:28:17 - 00:17:55:11
Ça arrive souvent, que ça ne voit pas le jour. Pour le trafic, ça corrobore aussi l'analyse qu'en font les quelques bibliothécaires anglophones qui mettent les thèses sur Wikidata, les références bibliographiques des thèses, notamment la LES (London School of Economics). Je crois qu'il doit y avoir aussi Oxford et quelqu'un l'a fait pour toute la Nouvelle-Zélande. Et elles en sont très satisfaites.
00:17:55:16 - 00:18:23:20
Ça apporte beaucoup de trafic vers leur catalogue de thèses de l'université. Donc c'est le même constat que vous faites. C'est intéressant, on a rarement de données. Les données de trafic ne sont pas forcément publiques et pas forcément simples à comprendre. Mais voilà, globalement, on observe soit dans le secteur culturel ou universitaire, que les projets Wikimédia apportent beaucoup de trafic.
00:18:25:15 - 00:18:52:14
Bien évidement derrière les moteurs de recherche comme Google. Mais voilà, c'est souvent loin devant les autres sites web. Pour revenir, comme tu parlais beaucoup de professionnalisation tout ça. Est-ce que dans les universités canadiennes et les bibliothèques, il y a des résidences Wikimédia ? Est-ce que vous en faites ? Est ce qu'il y a une envie d'en faire ? Et quelles seraient les limites s'il n'y en a pas ?
00:18:53:19 - 00:19:12:23
[Michael David Miller]
Je dirais qu’on a deux modèles qui sont arrivés dans le contexte de beaucoup de bibliothèques universitaires canadiennes et je vais même ajouter d'autres bibliothèques qui sont adjacentes de l'enseignement supérieur, notamment la Cinémathèque québécoise qui reçoit beaucoup de chercheurs par exemple.
00:19:14:23 - 00:19:36:18
J'avais noté, et cette liste n'est pas exhaustive, mais depuis 2019, on a eu et peut être même un petit peu avant, un, deux, trois, quatre, cinq wikipédiens en résidence à travers le pays. Pour un pays de 35 millions, je ne peux pas dire si c'est beaucoup ou pas. Il y en avait plusieurs au Québec, on a une wikipédienne en résidence à la Cinémathèque québécoise.
00:19:37:05 - 00:20:00:23
La première au Québec, c'était Amber Berson, à l'Université Concordia. En fait, c'était assez intéressant parce qu'il y a eu beaucoup de couverture médiatique pour ce poste-là. Moi, je ne m'attendais pas à ça, mais c'était il y avait le CBC qui est le Radio-Canada anglophone. Il y avait Radio-Canada qui s'intéressait à ça. Et vraiment ce diffuseur là…
00:20:00:23 - 00:20:22:16
C'est le seul diffuseur national au Canada, dans les deux langues officielles. Et donc il y avait quand même beaucoup d'intérêt à ça. Il y avait aussi à l'université l’Alberta. Il y avait une wikipédienne en résidence en 2020. Donc je ne constate pas énormément, mais il y un intérêt. Et ce qui est intéressant, c'est à Concordia.
00:20:22:16 - 00:20:48:15
Je connais des bibliothèques qui ont embauché, qui ont un intérêt pour Wikimédia car ça prend des gens de l'interne avec un intérêt pour aller chercher des wikipédiens en résidence. À l'université d'Alberta c'est une collègue du C.A. de Wikimédia Canada, en fait qui a été derrière ce projet-là de l'Université d'Alberta. La Cinémathèque québécoise, c’est une des institutions leaders, je dirais en matière de projet Wikimédia à l'échelle canadienne.
00:20:48:18 - 00:21:24:17
Je vois aussi des wikipédiens en résidence de manière officieuse. On peut penser aux bibliothécaires dans certaines institutions qui ont beaucoup intégré Wikimédia dans le cadre d'un travail avec Pascal Martineau, bibliothèque de l'Université de Montréal. Il avait fait beaucoup de projets avec Wikidata. Il avait commencé à créer des profils pour les chercheurs dans Wikidata et dans Scholia. Il a commencé à ajouter des données bibliographiques des publications d'une certaine faculté à l'UdeM [Université McGill] dans Wikidata.
00:21:24:24 - 00:21:50:07
Il y a essayé de trouver des manières de valoriser la production scientifique qui se fait à l'université de Montréal. Il y a aussi Jean-Michel Lapointe, ex-bibliothèques de l'UQAM et maintenant au Centre techno-pédagogique. Je crois que c'est la première personne dans un contexte québécois. Je ne peux pas dire pour le reste du Canada, mais il a commencé à offrir des formations aux chercheurs et aux enseignants et aux chargés de cours qui souhaitaient intégrer les projets Wikimédia dans le cadre de leur travail.
00:21:52:22 - 00:22:27:01
Je pense aussi à ma collègue Catherine Bernier, qui est à la Bibliothèque nationale du Québec. Elle, elle fait venir les wikipédiens et vient d'avoir une grosse activité pour les arts littéraires québécois et de la francophonie canadienne le week-end passé. Donc il y a beaucoup d'événements et je trouve que c'est un peu moitié moitié. Mais je ne peux pas dire que c'est une particularité canadienne ou québécoise, mais j'ai l'impression que la plupart des initiatives Wikimédia, ou plutôt organisées dans nos universités, ça provient de nos bibliothèques.
00:22:27:01 - 00:22:53:13
On peut aussi penser à Stacy Allison-Cassin qui était aux bibliothèques de l'Université York, qui a fait un énorme projet sur la musique canadienne dans Wikidata, puis ensuite elle se retrouve maintenant dans les cas de bibliothéconomie des sciences de l’information où elle enseigne avec Wikipédia. Ou même à Marie Martel à l'Université de Montréal, qui est professeure en bibliothèque économique.
00:22:53:13 - 00:23:16:17
Wikipédia, c'est un outil pédagogique dans la plupart des cours où elle enseigne. Donc je crois que c'est de plus en plus présent. Mais je crois que c'est des facultés des sciences de l'information et des bibliothèques qui sont les moteurs organisés. Organisés, dans le contexte où je sais qu'il y a des professeurs qui le font parce que ça les intéresse.
00:23:16:18 - 00:23:36:07
Je ne peux pas vous dire le nombre de prof dans mon université qui font des activités wiki dans le cadre pro parce que ça, c'est assez éphémère. J'aimerais bien savoir, mais ça c'est une chose où je crois que peut être notre rôle à la bibliothèque pourrait être de fédérer tout ce monde-là qui enseigne avec Wikipédia dans le cadre des cours.
00:23:36:22 - 00:23:58:10
En tout cas, j'ai beaucoup de choses que je souhaite pouvoir faire lorsque je retourne à l'Université McGill en septembre. Et une des choses, c'est d'essayer de trouver les gens de campus qui travaillent sur les projets. Wikimédia. Et là, il y en a certains profs à l'université McGill, qui travaillent avec WikiEdu. Mais ce n'est pas tous les profs qui travaillent avec wiki ADU.
00:23:58:10 - 00:24:36:06
Au moins avec WikiEdu on pourrait avoir un petit début d'idée des gens qui travaillent avec des projets Wikimédia. Mais j'ai l'impression que c'est de plus en plus courant, surtout parce qu'il y a l'Acfas qui promeut beaucoup Wikipédia comme un outil de vulgarisation des sciences. En fait, je crois que l’Acfas a partie des originaux qui ont ouvert la porte des projets Wikimédia dans le contexte de l'enseignement supérieur, avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec et la Fondation Lionel-Groulx, une fondation de l'histoire de l'Amérique francophone.
00:24:36:20 - 00:25:09:15
Et ces trois-là, avec Wikimédia Canada, donc les quatre, se sont mis ensemble pour faire les projets initiaux de « mardi, c’est wiki » à la Grande Bibliothèque de Montréal. Donc après ça, c'est là où, en fait, au moins Wikimédia est venu sur mon radar et je veux dire que c'est en 2017 qu’on a reçu Wikimania à Montréal. Donc 2014-2015 lorsqu'ils ont commencé ce projet avec de faire des ateliers Wikipédia dans le contexte à la Grande Bibliothèque les mardis, une fois par mois.
00:25:09:15 - 00:25:47:05
Mais je crois que c'étaient les bibliothèques qui ont vraiment ouvert la porte. Je suis un peu nombriliste mais je crois l’on a ouvert la porte à faire entrer les projets Wikimédia dans le contexte des universités, parce qu'une fois que les bibliothèques ont arrêté de dire que Wikipédia c'est mauvais, je crois que ça a donné un peu plus de crédibilité à son potentiel pédagogique.
00:25:47:09 - 00:26:06:03
[Pierre-Yves Beaudouin]
C'est très intéressant, pour la petite histoire, si les résidences Wikimédia dans les universités françaises ont vu le jour, c'est notamment grâce à vous, grâce à ce qui se fait au Canada. On s'en est beaucoup inspiré. Le Canada était en avance sur la France, il n'y avait plus eu de résidence depuis la toute première au château de Versailles.
00:26:06:03 - 00:26:29:09
Et on s’est dit si le Canada y arrive, pour ne pas le cacher Wikimédia Canada était beaucoup plus petit à cette époque-là. Vous êtes en grosse croissance, on y reviendra. La nature, on se bat, le personnel, votre actualité. Et donc ça a un peu servi d'exemple et ça a permis à la France de se bouger les femmes pour voir émerger ce projet avec le Ministère de l'enseignement supérieur français.
00:26:29:23 - 00:27:02:21
Dans le cas de chat, j’ai mis le lien de mon essai de recensement des résidences dans le monde francophone. Alors la liste est certainement non exhaustive, notamment, on le voit avec tes propos : la frontière entre personne en résidence et personnes salariée en place dans l'institution qui mène des actions, c’est de plus en plus flou et tant mieux. Les résidences c'est juste un premier pas vers la professionnalisation et vers injecter un peu une petite dose de goutte dans les fiches de postes.
00:27:02:21 - 00:27:24:16
Ce genre de listes sont forcément très compliquées, notamment pour le Canada et l'Afrique francophone. Il n'y a pas forcément d'information. Et qu'est-ce qu'on appelle une résidence ? C’est de plus en plus flou, mais tant mieux qu'on ait sur ce genre de question, ce genre de problème : c'est à dire que les choses bougent pas mal. J’ai pas mal monopolisé la parole.
00:27:24:16 - 00:27:54:01
Est-ce qu'il y a une demande d'intervention ou une question de la salle ?
[Michael David Miller]
Je peux ajouter, juste une information rapide : je veux souligner le travail d'un collègue à Montréal, Jean-Michel Lapointe. Dans le service techno-pédagogique à l'UQAM, je ne sais pas s'il avait commencé ce balado ou pas, mais il y a un podcast qu'il avait fait avec le recteur de son université.
00:27:54:01 - 00:28:20:11
Wikipedia faisait partie des discussions et, à ma connaissance, dans un contexte canadien. Je crois que c'est le premier acteur à vraiment parler de Wikipédia avec un Wikipedien dans un contexte de balado. Je pense que cela va ouvrir de plus en plus de portes, sachant qu'il y a que les plus hautes personnes de cette université-là s'intéressent à Wikipédia comme outil de vulgarisation.
00:28:20:24 - 00:28:27:11
Et je vais avouer que je n'ai pas encore écouté le balado, mais je sais qu'ils ont parlé de Wikipédia là-dedans.
00:28:29:04 - 00:28:51:05
[Natacha Rault]
Bonjour moi c’est Natacha, Bonjour Mickael, ravie de te voir, ravie de savoir que tu es à Lyon. Du coup je ne suis qu'à 2h de train, donc je t'invite à venir voir les sans pagEs à Genève et à l'événement à Lyon aussi qui aura lieu bientôt. Moi je me demande pourquoi ça ne s'est pas développé en Suisse.
00:28:51:05 - 00:29:00:03
On en a pas du tout. Je ne sais pas du tout du côté de la Suisse alémanique si ça s'est développé ou pas et si l’un d'entre vous sait.
00:29:05:24 - 00:29:23:20
[Pierre-Yves Beaudouin]
Il faudrait revérifier, il y a une deuxième liste. Là, je maintiens la liste de la francophonie. Il y a une liste de 300 résidents, Michael Schaüli sera le 299ᵉ résident une fois qu'il sera inscrit dans la liste. En ce moment il y en a 298. Et c'est vrai qu'à ma connaissance, il n’y en a pas. Il doit y en avoir.
00:29:23:20 - 00:29:46:08
Je crois que les Archives nationales du monde entier, sauf les Archives nationales françaises, donc les archives des pays riches en tout cas, ont eu une résidence Wikimédia. Je crois qu'il y a les Suisses, mais ça reste globalement, il n'y a pas eu beaucoup de résidences en Suisse. C'est encore très hétérogène. Il y a des pays qui en font régulièrement beaucoup et d'autres non, notamment dans le monde anglophone.
00:29:46:08 - 00:30:04:07
Mais il y a aussi l'Europe de l'Est où ça marche bien. Donc ce n'est pas qu'un modèle anglo saxon. Pendant longtemps, on se demandait si en France c'était possible avec le fonctionnement de ces institutions et le manque de moyens, avec des lourdeurs pour créer des postes. Tout est centralisé, pour la plupart de l'administration, au niveau national.
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On se demandait si on pouvait répliquer le modèle de résidence wikimédia. Ça ne colle pas forcément à tous les pays et tout le monde n'a pas forcément envie de le faire. Il y a aussi le financement au Canada : une bonne partie des résidents, je crois, a été financée par la Fondation Wikimédia. Ce n'est pas forcément possible d'obtenir les sous, notamment en France.
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On ne pourrait pas, parce que la France obtient déjà beaucoup. Et en Suisse, c'est peut-être aussi le cas aussi, car je ne suis pas sûr que la fondation financerait des résidences. Elle estime que ce n'est pas prioritaire.
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[Natacha Rault]
Je pense qu'en Suisse, ça vaudrait le coup de prospecter auprès du Fonds national suisse. Alors moi, je n'ai pas été wikipédienne en résidence, mais les sans pagEs on a eu un projet de cinq ans financé par le Fonds national suisse qui s'appelle RESET et qui se termine, là c’est la dernière année. Ils ont tourné un film aussi qu'on va découvrir.
00:30:59:21 - 00:31:36:01
On ne sait pas du tout ce qu'ils ont fait [rires]. Et c'était avec les études genre. Donc je me demande si il ne faudrait pas aussi renseigner des modèles alternatifs qui ne sont pas tout à fait des trucs de Wikipédia en résidence. Il y a eu la collaboration des sans pagEs avec La Casemate et Marion Sabourdy pour faire un guide où elle m’avait demandé de rédiger une introduction.
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Mais du coup, il y a plein d'autres modèles alternatifs qui pourraient être mis en avant. Et puis peut être, ça voudrait le coup d'aller prospecter en Suisse parce que là, il y a de l'argent, il y a plus d'argent que du côté des universités françaises. Du moins, c'est l'impression que j'ai puisque les institutions en Suisse facturent nos interventions là-bas.
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Et ça marche très bien.
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[Michael David Miller]
Moi je suis d'avis que le modèle de Wikipédien en résidence n’est pas forcément soutenable à long terme. C'est ce que j'aimerais voir, c'est que ça fasse vraiment partie de la philosophie professionnelle des personnes qui travaillent dans le milieu documentaire. Et je crois qu'on a des exemples de ça dans beaucoup de choses, dans beaucoup de bibliothèques, dans un contexte québécois. Ils n’ont pas des wikipédiens en résidence, mais les bibliothécaires se sont formés dessus et quand ils commencent à faire du plaidoyer du rayonnement de cette plateforme comme outil de vulgarisation des sciences… Bon idéalement on aurait des fonds nécessaires pour avoir des wikipédiens en résidence,
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pour les épauler, pour aller un peu plus profondément. Parce que j'ai pas vu un bibliothécaire dont la seule tâche c'est Wikimédia. Mais t'as raison Natacha, il faut qu'on trouve des alternatives, d'autres sources de financement. Je crois qu'un bon exemple, qui vient d'avoir lieu ces dernières années au Québec, c'est le Ministère de la Culture au Québec a financé l'embauche des agents de découvrabilité numérique. Une bonne partie de leur travail, c'était d'utiliser les projets Wikimédia comme une manière de faire découvrir les contenus culturels.
00:33:26:01 - 00:33:53:14
Je vois aussi qu'il y a la France et le Québec qui commencent à faire un grand projet ensemble, de la découvrabilité des contenus scientifiques. J'y ai pas vu une mention des projets Wikimédia dedans, mais je crois que c'est ce projet entre la France et le Québec qui s'inspire notamment d'une de ces actions qui ont été pré prises au niveau du Ministère de la Culture.
00:33:53:16 - 00:34:16:23
Je ne sais pas si vous voulez rester de votre côté aussi, mais des agences de découvrabilité numérique ont prouvé l'utilité de faire apparaître des contenus culturels dans l'espace Wikimédia. Donc on voit qui a du financement et je dirais que ce sont des mini-Wikipédiens en résidence qui ne sont pas du tout rattachés à l'enseignement supérieur.
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Donc je commence à les voir de plus en plus à l'extérieur du milieu d'enseignement supérieur. Et tout ça est intéressant de voir que nos ministères commencent à soutenir ces activités-là.
[Pierre-Yves Beaudouin]
On a mis Delphine et moi quelques liens [dans le chat]. J'ai mis le lien vers le premier rapport France-Québec sur la découvrabilité des contenus culturels francophones.
00:34:41:24 - 00:35:12:16
Et puis, plus récemment, il y a quelques mois, il vient d'y avoir un MOOC sur le sujet. En France, il y a quelque financement. Globalement, c'est un peu passé inaperçu. La notion de découvrabilité n'est pas encore très connue. Les financements ne sont pas aussi très, très connus. Il n'y a pas de poste pérenne ailleurs, il n’y pas grand-chose de pérenne au sein des institutions françaises là-dessus.
00:35:13:13 - 00:35:35:12
Mais oui, mais c'est à suivre. Ça a l'air très intéressant. Même s'ils ne sont pas mentionnés, les projets Wikimédia ont forcément un sujet. Tout le monde a en tête quand même les projets Wikimédia. Est ce qu'il y a une autre demande d'intervention ? Une remarque ?
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[Delphine Montagne]
Moi, j'avais une question Mickael : quelles difficultés vous avez rencontré sur Wikipédia au Canada, en lien avec l'enseignement supérieur et la recherche ? Est-ce que vous avez eu des moments où c'était un peu plus compliqué, où il y a eu des blocages ? Ou au contraire, qu'est ce qui a facilité votre travail de médiation avec le Wikipédia, wikidata, wikisource…
00:36:01:11 - 00:36:35:02
[Michael David Miller]
Je peux peut-être parler davantage de Wikipédia. Ça, c'est un défi. Chaque fois qu'on veut écrire sur un sujet dans un contexte canadien ou québécois, c'est : est-ce la notoriété ou la notabilité du sujet ne va pas être remise en question par des gens d'outre-Atlantique. Et donc on apprend très vite à naviguer dans les règles d'admissibilité dans la Wikipédia francophone, qui sont des règles qui fonctionnent très bien pour les contenus qui passent dans un contexte parisien.
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De plus en plus, ça s'élargit, donc je suis assez content. De moins en moins de choses qui portent sur le Québec sont remises en question. Mais j'avais travaillé avec une professeure en poésie québécoise en 2021, je crois. Elle voulait ajouter un devoir Wikipédia dans sa classe sur des poétesses québécoises.
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C’était à la suite d'un voyage dans le métro ensemble, je lui disais « souvent on demande aux étudiants de faire des devoirs ‘jetables’, mais tu sais, tu pourrais accepter d’intégrer Wikipédia en cours et je ne m'attendais pas à ce qu'elle y revienne. Puis, six mois plus tard :
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J’aimerai créer un devoir Wikipédia dans mon cours. Donc j'ai soutenu, je trouvais que c'était assez facile, pas trop difficile. Mais la partie difficile, parce qu'il y avait 18 étudiantes, c'était de trouver 18 poétesses qui allaient respecter les critères d'admissibilité. Qu’il y ai assez de contenu écrit sur elles.
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Et ça, ce n’est pas forcément les règles qui nous posent problème. L'autre défi maintenant, je ne sais pas si vous êtes en train de vivre ça en France, mais nos médias souffrent énormément au Québec. On voit des médias qui ferment, on perd des journaux. Des sections qui portent sur la culture sont de plus en plus petites, donc ça devient de plus en plus difficile d'écrire sur la culture, la culture locale.
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Et ça, c'est probablement le défi que je remarque le plus parce qu'on a réussi à élargir ou à prendre en compte les considérations régionales dans les règles qui portent sur l'admissibilité dans la Wikipédia francophone. Nos médias ne sont plus remis en question. Ce n’était pas forcément le cas il y a dix ans avec des grands journaux montréalais qui n'étaient pas considérés comme des journaux nationaux parce que ça n'allait pas de Halifax à Vancouver.
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Donc ça a pris un petit peu de sensibilisation. Puis ensuite, la communauté francophone a accepté les sources. Le problème, c'est que les sources n'existent plus. Il n'y a plus de section unique de livres. Dans Le Devoir, ils les ont mis avec la section culture, ce qui n'est pas grave en soi, mais le nombre de pages dédiées aux livres a beaucoup diminué en général.
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Donc, en fait, je crois que notre défi principal, c'est le défi des sources secondaires, surtout si l’on veut travailler sur les femmes et les personnes minoritaires. Je trouve que ça, c'est probablement le plus grand défi. Donc chaque fois que j'ai l'occasion d'en discuter avec un journaliste, j'en parle. Je vais y revenir car les agents de découvrabilité numérique, qui avaient plusieurs journalistes pigistes qui faisaient partie de l'un de ces ADN au Québec.
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Donc là, ils commencent à en parler dans le réseau du défi des sources et de la visibilité de certains sujets sur Wikipédia. L'autre défi, c'est de trouver la bonne formule, de partager cette idée que les profs peuvent travailler avec Wikipedia dans un contexte d’un cours. Parce que de l'externe, pour eux, cela peut être un gros projet.
00:40:06:08 - 00:40:29:17
C'est quand même un gros projet, mais c'est le web et ils vont quand même terminer par lire et évaluer l'article que l’étudiant a écrit. Donc ils font déjà ça avec des travaux qu’ils demandent aux étudiants lorsqu'il y a un partenariat avec un bibliothécaire. Moi, mon rôle dans ce cours en poésie québécoise, je ne lisais pas le contenu mais j’ajoutais les références nécessaires.
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« Cette phrase convient aux universitaires ». « Cette phrase contient des mots non nécessaires ». Donc je regardais vraiment la forme. Moi, je faisais la moitié de la rétroaction donnée aux étudiants. Mais je crois qu'en général, c'est lorsqu'on commence à parler [aux professeurs] des projets de Wikipédia dans le contexte d’un cours eux ils voient « ça va prendre combien de temps ? ».
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« Je connais pas trop bien la plateforme ». C'est de trouver des manières de les convaincre qu’il y a un petit défi. Mais ce n'est pas un aussi grand coût d’apprentissage que ça. Est-ce que je réponds à ta question Delphine ?
00:41:16:24 - 00:41:39:09
[Delphine Montagne]
Tout à fait. Pour rebondir sur ce que tu as dit, c'est amusant d'entendre ça. Parce que moi, de mon côté, pour qui moi qui travaille sur des femmes scientifiques, j'ai parfois l'impression que justement, on est tirées par les normes anglaises de la notoriété, au sens anglais notoriety. Et donc c'est vrai que je trouve au contraire moi, que l'admissibilité est faite avec le versant anglais.
00:41:39:09 - 00:42:01:04
Et pareil, on a du mal à apporter des sources secondaires ou bien des prix parce que ce n’est pas le même fonctionnement, c'est pas la même mise en valeur des scientifiques dans le monde anglophone et plutôt américain que dans le monde français. Donc ça c'était sur le rebondissement. Donc en fait vous avez encore le même problème, vous de votre côté, mais à une autre échelle.
00:42:01:04 - 00:42:20:19
Et ça c'est intéressant. Et la deuxième partie de ma question était est ce qu'il y a des moments où, au contraire, ça se passait bien ? S'il y a eu des facteurs, des leviers de réussite qui ont permis que ça se passe mieux l'acculturation, la médiation avec Wikipédia ?
00:42:20:19 - 00:42:48:00
[Michael David Miller]
Je peux revenir à l'exemple des poétesses québécoises. À la fin de cette activité, on a eu 18 ou 17 nouveaux articles portant sur les poétesses et les 17 existent encore. Une étudiante a continué à travailler sur un autre article, puis elle s’est arrêtée après ça.
00:42:48:00 - 00:43:08:05
Mais le fait qu'il y avait une personne qui a continué à travailler davantage, au-delà de ce cours là, ça pour moi, c'était une assez bonne réussite. Et le fait que c'étaient toutes des poétesses qui vivent, qui sont encore en vie, eh bien des étudiants ont développé une petite relation avec des poétesses parce qu’ils écrivaient sur des personnes vivantes.
00:43:08:16 - 00:43:39:01
Et ça, j'ai trouvé ça intéressant. Ils ont négocié avec la poétesse d'avoir une photo libre de droits d'auteur, ce n'était pas toujours le cas. Ils n'ont pas toujours du succès, mais c'était ce lien avec l'objet de leur étude parce qu'ils avaient étudié ces poétesses en même temps. Et de pouvoir ensuite montrer à ces acteurs culturels qu’ils sont très importants pour ses étudiants, étudiantes qui sont dans ce cours de poésie parce qu'ils aiment la poésie québécoise, d'avoir ce côté humain avec eux.
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J'aimais ça parce que je trouve que souvent, Wikipédia est très individuel. Il n'y a pas beaucoup de contacts avec les autres. Mais dans cette activité-là, ces étudiants avaient quelque chose à montrer à ces poétesses. Et ça, c'est une chose en moins d'un point de vue personnel que j'aime beaucoup parce que j'écris de temps en temps sur les personnes vivantes et notamment les drag queen québécoises.
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« Et voici votre article Wikipédia ». Puis c'est quand même assez… Parce que pour eux, ils disent je suis important je suis dans Wikipédia. Puis là tu dis, je contribue à la culture locale. En tout cas, j'aime ce côté humain, surtout lorsque l’on écrit sur des sujets, des personnes qui sont encore vivantes. Mais par contre, là il y a un défi qui vient de me revenir en tête, c'est le défi….
00:44:32:19 - 00:45:05:00
On vient de le voir dans le débat de la Wikipédia francophone sur les morinoms, les deadnames. Là, le défi, c’est que l’on a un cas, une poétesse trans qui ne veut plus que son nom soit utilisé, que son nom de naissance soit utilisé. Puis moi j'avoue que ça c'est un défi ou je ne sais pas comment naviguer parce que la communauté… Bon…
00:45:05:03 - 00:45:33:15
Une partie de la communauté s'est présentée et donc le fait de ne plus utiliser les morinoms, c'était pas accepté. Donc ça, c'est l'autre défi. Lorsqu'on a une proximité avec nos artistes, je me sens plus mal parce que j’essaye de changer les choses ça va être annulé. Donc elle ne veut plus que l’on utilise son ancien nom, il n'y a rien que je peux faire là-dedans.
00:45:33:15 - 00:46:01:19
[Natacha Rault]
Je dirais que, Michael, le problème là, c'est que ce sondage déchire la communauté, qu’il y a des admins qui ont rendu leur tablier, Lena, Anja.. Des contributeurs bloqués indéfiniment, Rama. Jules* qui ne veut plus faire les RA. Donc en fait ce n’est pas seulement la bagarre autour du morinom, mais à l'intérieur de la communauté. Ça a créé des grosses divisions.
00:46:02:20 - 00:46:28:14
Et moi, je pense aussi à toute la querelle qui a eu autour d’Amérindiens versus autochtones. J'avais rencontré en 2016 des Québécois qui s'étaient plaints du fait que ce soient des règles franco centrées établies beaucoup à Paris. Est-ce que toi, ça, tu le ressens quand tu fais des animations ou quand tu contribue, ou quand tu apprends aux gens à contribuer ?
00:46:30:13 - 00:46:50:20
[Michael David Miller]
Oui, oui, c'est certain. Je me souviens de ce débat avec Amérindien. Je ne comprenais pas. On utilise aborigène pour les Australiens. On utilise « autochtone », pour les Canadiens, c'est notre manière de nommer, la communauté se nomme comme ça. Donc je ne vois pas le gros débat autour de ça, mais je comprends les arguments des autres.
00:46:51:09 - 00:47:13:00
Mais en même temps, c'est que je ne suis pas d'accord avec les arguments, mais je peux les comprendre. On a vécu aussi avec un maire d’une ville Québécoise qui s'appelle Chibougamau. Ce n'est pas le nom du maire, c'est le nom de la ville. Il était maire pendant 25 ou 30 ans, il était là pendant un grand bout temps et a marqué l'histoire, la région.
00:47:13:13 - 00:47:35:14
Mais le problème, c'était que des agents de développement numérique (ADN) ont écrit sur lui, puis l'admissibilité de l'article a été remise en question parce que c'est quoi la règle ? Mais il faut que ça soit un certain nombre de population. Je crois que c'est 500 000 personnes et plus pour pouvoir, j’oublie le nombre exactement, pour pouvoir écrire sur un maire. Mais le problème c'est qu'on a deux villes au Québec qui sont 500 000 personnes et plus.
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La plupart de nos villes sont… Chibougamau c'est une ville très importante. Tous les Québécois la connaissent. C'est dans le nord. Heureusement, on a réussi à garder l'article parce que l'exception a été faite. Mais ça complique des choses ces règles qui ont été conçues... Mais moi je critique pas du tout les gens qui ont rédigé ces règles, ils les ont rédigées avec ce qu'ils connaissaient.
00:48:08:16 - 00:48:37:02
Et je comprends ces règles. Et en même temps c'est pas la faute… Bon, les gens pourraient être un peu plus souples, mais lorsqu'on a 80 % des contributeurs qui proviennent de la France, ça fait en sorte que lorsqu'on réfléchit aux règles, elles vont très bien fonctionner pour ce 80 % là. La difficulté c'est lorsqu'on oublie de prendre en compte que la France n'est que 68 millions des francophones dans le monde.
00:48:37:17 - 00:49:02:02
Et il faut que nos règles fonctionnent pour le monde francophone de manière très générale et je crois qu'il y a encore des règles qui ont été écrites à l’époque où on voyait la Wikipédia francophone comme la Wikipédia française et non pas la Wikipédia francophone. Mais moi il faut que je reste optimiste, ça va changer avec le temps.
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Ça s'améliore avec le temps parce qu'on voit les avancées qu'on a eues de notre côté. Cet article sur le maire de Chibougamau a été sauvé. Mais ça ajoute du travail supplémentaire pour les gens qui n'écrivent pas sur des sujets très très connus ou des sujets qui fonctionnent à 100 % avec des règles.
00:49:21:20 - 00:49:39:19
Donc je sais que quand j'écris, je n’ai pas contribué beaucoup ces derniers mois, mais quand j'ai contribué à quelque chose dans ces cas-là, je sais qu’il a une chance pour qu’on me demande de le défendre. Tandis que si on écrit sur le maire de Paris on est jamais obligé de défendre l’admissibilité de cet article-là.
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Mais bon, et c'est un peu le jeu je suppose.
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Est-ce que ça t'arrive aussi en Suisse, Natacha, d'avoir des sujets qui sont remis en question ?
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[Natacha Rault]
Il y avait eu tout un débat sur le Carnotzet qui est une espèce de bistrot suisse sur Wikipédia et autour de la question de l'admissibilité. Parce qu'ici il n'y a pas de journal véritablement national. Donc une audience nationale, c'est difficile à trouver. On a beaucoup de cantons qui ont des journaux et en plus, la particularité par rapport à la France, c'est que ces journaux sont bien dotés.
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Donc les journaux régionaux comme La Liberté et la Tribune de Genève, ils sont de meilleure qualité que Midi-Pyrénées ou les journaux régionaux en France, sauf peut-être Le Parisien. Et du coup il y avait des contributeurs et des contributrices de bonne volonté, sous l'égide de Wikimédia Suisse d'ailleurs, qui avaient réfléchi à une réforme des critères mais ils les ont durcis. Et nous, ça a fait que pas mal de femmes qu'on avait faites en 2015 sont devenues non admissibles.
00:50:53:22 - 00:51:24:10
Et là, ça a été réformé après une discussion, c'est à dire qu’ils considèrent que deux articles régionaux, mais d'un canton différent, ça vaut pour un article national. Donc il y a des difficultés comme ça. Mais je dirais qu’il y a eu un gros investissement du côté suisse pour s'intégrer dans la communauté, avec des efforts divers et variés, venant pas toujours d'ailleurs de gens qui ont les mêmes conceptions.
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Donc les sans pagEs par exemple, qui est né en Suisse, on est plutôt orientées sur diminuer le biais de genre. Donc on va se faire taxer de militantisme et tout. Et de l'autre côté il y a des gens qui veulent légiférer, mettre des règles, que ce soit pour que ce soit plus clair et compréhensible avec le danger que ça devient comme une jurisprudence très complexe et touffue qui est très difficile à maîtriser pour les novices.
00:51:54:15 - 00:52:30:03
[Michael David Miller]
Moi, j'avoue que cela a conduit à des choses assez similaires. J'imagine que les Belges, c'est assez similaire à toute la communauté francophone et même des gens qui vivent dans les régions en France en fait. Je sais, c'est dommage mais bon… Je ne connais pas les journaux régionaux. En fait, c'est ça ma manière d'approcher des choses, je n'ai pas le savoir nécessaire pour juger si un journal de région est de qualité. Pour moi, c'est les gens de la région qui devrait décider s'il y en a un journal de qualité ou pas.
00:52:30:17 - 00:52:52:00
Je suis content qu'on en est rendu là avec nos journaux au Québec parce que lorsque j'avais pris connaissance de ce débat qui est, je crois, de 2016-2017 avec Le Devoir et la presse, je me suis dit « Mais comment est-ce que quelqu'un qui vit à l'étranger peut dire si ces journaux sont de qualité ou pas ? ».
00:52:53:02 - 00:53:17:24
Et c'est vrai, il y a parfois des gens qui ont des vues, des idées sur les sources et peut être qu’il ne les connaît pas. Il y a une autre qui est un peu dommage que j'aimerais voir changer un jour c'est la règle de la moindre confusion.
00:53:18:00 - 00:53:36:04
On ne peut pas utiliser le français canadien ou le français suisse ou le français belge dans les articles Wikipédia. Il faut utiliser le français international. En fait, je veux arrêter de dire la France internationale parce que ce n’est pas une chose, le français international, c'est le français standardisé par Paris, par exemple.
00:53:36:18 - 00:53:39:14
[Natacha Rault]
Par la diplomatie.
00:53:39:14 - 00:54:07:08
[Michael David Miller]
Par contre avec la Wikipédia anglophone, si un article porte sur une région, par exemple, si ça porte sur la Nouvelle Zélande, il faut utiliser des conventions linguistiques de la Nouvelle-Zélande pour écrire. Ou si ça porte sur une personnalité. Par exemple, Justin Trudeau. Il faut utiliser la manière canadienne d'écrire les orthographes canadiennes. Il y a de légères différences, en particulier l'orthographe.
00:54:07:12 - 00:54:34:07
Dans la francophonie, c'est pareil, c'est juste des mots qui diffèrent. Donc, si c'est un sujet qui porte sur les Québécois, on essaie d’utiliser balado à la place de podcast dans un article. Moi je crois que ça, ça devrait être admissible. De toute manière, ça contribue à l'apprentissage d'autres terminologies, mais en fait, ça, c'est moi qui le vois…
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[Natacha Rault]
Tu prêches une convaincue. Je trouve qu'il y a une richesse à utiliser d'autres termes utilisés dans d'autres zones géographiques plutôt que d'aller vers une uniformisation. Donc je salue au passage le travail de Lingua libre.
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[Michael David Miller]
Ah, c'est un beau projet.
00:54:51:03 - 00:55:15:16
[Natacha Rault]
Mais là aussi c'est pareil en Suisse. Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas utiliser dans les articles nonante cinq ou septante-six ? Et comme ça on verrait toute la diversité avec laquelle on peut parler. Et je pense que ça aura un effet sur la contribution. Quand j'étais à la wiki-convention francophone à Abidjan. Et souvent, les contributeurs et les contributrices qui viennent d'Afrique sont un peu retoqués pour leur façon de s'exprimer sur Wikipédia qui n'est pas la même.
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Je me suis aperçu qu'en fait la plupart d'entre elles et eux sont bilingues et donc en fait, ils ont des compétences linguistiques qui sont plus élevées que les nôtres parce qu'ils parlent plusieurs langues, des fois des langues rares. Et donc j'imagine que pour moi ce serait l'équivalent d'aller écrire sur la [Wikipédia] germanophones ou d'aller écrire sur l'anglophone.
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Donc c'est dommage parce que ça montrerait la diversité linguistique purement francophone. Moi je n’aime pas parler de Wikipédia en français. J'aime mieux parler de la Wikipédia francophone.