Conférence
Notice
Langue :
Français
Crédits
Canal U/3S - CERIMES (Production), Pierre-Henri Tavoillot (Intervention)
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/w21b-pk19
Citer cette ressource :
Pierre-Henri Tavoillot. Canal-U-Médecine. (2012, 28 mars). Croix Rouge Paris 2012 – Comment les philosophes conçoivent-ils le lien familial? , in Croix-Rouge 2012 Paris : Le lien familial à l’aube du XXIème siècle. Ombres et lumière approche pluridisciplinaire.. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/w21b-pk19. (Consultée le 18 mai 2024)

Croix Rouge Paris 2012 – Comment les philosophes conçoivent-ils le lien familial?

Réalisation : 28 mars 2012 - Mise en ligne : 21 mai 2012
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Descriptif

Titre : Croix Rouge Paris 2012 – Comment les philosophes conçoivent-ils le lien familial?Intervenant : Pierre-Henri TAVOILLOT (Professeur de philosophie à l’Université Paris-Sorbonne).Résumé : L’avènement de la société des individus n’a pas produit l’atomisation annoncée du social. Alors que les grandes interprétations de la modernité du XIXe siècle prophétisaient le déclin de la famille, la fragmentation de la société, la dissolution du politique, rien de tout cela n’est arrivé. La politique fonctionne encore malgré quelques ratés et désillusions ; la société tient toujours la route en dépit des communautarismes et des incivilités ; et le lien familial - ce n’est pas la moindre des surprises -, loin de se distendre, s’est renforcé au fur et à mesure que s’épuisait le modèle autoritaire et holiste d’un foyer soumis au pater familias. L’avènement de la femme-adulte-à-part-entière et celui de l’enfant-individu ont certes métamorphosé ce lien, mais ils ne l’ont pas affaibli. Même éclatée,  même individualisée, même libérée, la famille demeure solide hors du carcan des solidarités contraintes et obligées. Elle est d’ailleurs toujours la référence principale dans toutes les enquêtes mondiales sur les valeurs parce qu’elle a su s’associer au principe de l’autonomie.Elle a pourtant changé. Si la cohabitation des générations se raréfie (notamment en France et en Europe du Nord), la coexistence, rendue possible par l’allongement de la vie, se fait de manière non seulement pacifique, mais « amicale ». Le lien réel est loin de se distendre : 40% des plus de 50 ans rencontrent leurs parents au moins une fois par semaine ; 60% des personnes âgées ont un contact direct avec un membre de leur famille dans la même période ; 43% des grands-parents français vivent à moins de 9 km de leurs enfants et petits enfants. Le vieil adage selon lequel on choisit ses amis, mais pas sa famille, se révèle donc faux : à l’âge de l’individu, c’est dans sa famille qu’on choisit ses plus solides amis, ceux qui constituent les piliers de l’identité personnelle. Voilà sans doute ce qui explique le spectaculaire changement de discours depuis les années 60 : on est passé du « familles, je vous hais » au « familles, je vous aime » et « je vous aide ».La lutte des âges, qui peut régner dans le monde marchand, s’arrête dès qu’on atteint les frontières du privé. Ici règnent solidarité et entraide. Le grand souci des parents, c’est la jeunesse de leurs enfants ; le grand souci des enfants, c’est la vieillesse de leurs parents. Un « double circuit de transmission » (Claudine Attias-Donfut) se met ainsi en place qui anime des relations mutuelles approfondies : l’aide domestique pour les tâches de la vie quotidienne ; l’aide financière, qui, selon l’INSEE, ne cesse d’augmenter en valeur absolue  (près de 20 milliards d’euros par an en France) ; l’aide « réticulaire », qui permet d’utiliser le réseau familial pour donner le coup pouce nécessaire quand il faut. Bien entendu, tout n’est pas devenu idyllique. L’univers familial reste aussi celui des rancœurs, des jalousies et des querelles. Avec l’individualisation, ce sont aussi les procès qui augmentent, le reniement et l’abandon qui persistent. Et c’est d’ailleurs là que passe sans doute la vraie « fracture sociale » : elle discrimine ceux qui bénéficient de l’assistance familiale et ceux qui en sont dépourvus. Les couples qui ne peuvent pas compter sur un grand-parent pour garder les enfants lors des vacances scolaires ou en cas de maladie ; les ménages qui n’ont pas un allié leur permettant de passer une fin de mois difficile ; les jeunes qui ne disposent pas du réseau d’un parent pour décrocher le premier job : tels sont les vrais «précaires ».La puissance de cette solidarité, dans un contexte d’hyper individualisme et d’hyperconsommation, invite à la réflexion. Elle apparaît comme un havre de gratuité dans l’univers omni-marchandisé. Quand il s’agit de ses propres enfants, l’individu est prêt à tout : l’homme de gauche est capable de contourner la carte scolaire et son idéal de mixité sociale pour mettre - horresco referens - sa progéniture dans le privé ! De son côté, l’homme de droite ne va pas hésiter à dénoncer les méthodes pédagogiques « aberrantes » de ceux à qui il reproche, par ailleurs, de ne plus savoir faire respecter leur autorité. « Mon fils, ma bataille », chantait Daniel Balavoine : la famille est, en effet, une des rares causes pour lesquelles on continue de partir en guerre sans hésiter.L’auteur n’a pas transmis de conflit d’intérêt concernant les données diffusées dans cette vidéo ou publiées dans la référence citée.Conférence enregistrée lors du Colloque : Le lien familial à l’aube du XXIème siècle. Ombres et lumière approche pluridisciplinaire à l’Auditorium Paris Centre MarceauLe mercredi 28 mars 2012.Session : La famille : définition, évolution du concept de lien familial. Présidente Edith ARCHAMBAULT (Professeur émérite de sciences économiques à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne. Membre du Conseil Scientifique de la Fondation pour le lien social. Modérateur Alice CASAGRANDE, Philosophe, Responsable qualité, gestion des risques et promotion de la bientraitance à la Croix-Rouge française.Réalisation, production : Canal U/3S - CERIMESMots clés : Croix Rouge, Paris, 2012, lien familial

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