LA QUESTION DE L'EXOTISME DANS LE CINEMA JAPONAIS par Frédéric MONVOISIN

Quelle est l’influence de l’exotisme dans le cinéma japonais sur notre relation au cinéma japonais ?

L’exotisme peut se définir comme un rapport à l’altérité à partir de critères que l’on choisit : est donc « exotique » ce qui est extérieur à notre quotidien.

Dans les années 1950, malgré le relâchement de la censure américaine, la société japonaise va s’autocensurer et continuer à réaliser des films historiques autorisés en présentant un Japon « exotique », tout en abordant certains sujets tabous.

Rashomon est le premier film japonais que l’on découvre en Occident en 1950. Il sera d’ailleurs primé et apprécié du public occidental. Le Japon y est présenté de façon traditionnelle, « exotique » et ne représentant aucun danger ; tout en étant une allégorie du procès de Tokyo lors duquel l’Empereur ne fut pas jugé.

A partir de 1953, c’est-à-dire, à la fin de la guerre de Corée et une fois que le Japon a retrouvé son indépendance, le cinéma japonais s’internationalise.

Son objectif est désormais de changer l’image du Japon ternie par la guerre et allié des Allemands. Pour ce faire, le gouvernement japonais va financer des films mêlant « tradition » afin de ne pas effrayer le public, et « modernité » pour se faire accepter par l’Occident.

En identifiant la manière dont l’Occident aime percevoir le Japon, l’archipel va produire une image qui va correspondre spécifiquement à ses attentes et maintenir le plaisir des occidentaux dans leur vision de ce Japon fantasmé. Ces films, qui ne représentent qu’un pan du cinéma japonais, auront une incidence positive sur l’image du Japon en Europe.

Cette conférence a eu lieu le 5 avril 2022 à l'espace Landowski à Boulogne-Billancourt.