Documentaire
Notice

Tissage identitaire

Réalisation : 30 mai 2025 - Mise en ligne : 12 août 2025
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Descriptif

Le film m’est donc apparu comme un outil essentiel,
à la fois pour saisir et transmettre la richesse symbolique de ces pratiques. Ce choix est
également lié à mes centres d’intérêts personnels. En tant que femme afrodescendante, j’ai moimême
grandi avec une certaine familiarité vis-à-vis des pratiques de tressage, sans toujours en
comprendre les implications sociales, politiques ou culturelles. Ce projet de recherche a été
pour moi l’occasion de questionner ces pratiques, tout en mobilisant une sensibilité personnelle.
Enfin, certaines questions fondamentales ont motivé l’usage du film comme instrument de
connaissance : rendre compte de la complexité du cheveu afro et de ses significations multiples.
Le film est apparu comme une occasion de porter cette pluralité de sens, ne pas seulement
relater les dire de mes enquêtés mais les laisser s’exprimer.
J’ai rencontré Issa Dark dans le cadre de ma première phase d’enquête sociologique, lors d’un
entretien. Cet échange a immédiatement suscité un lien fort, son discours sur ses cheveux m’a
profondément marquée. Il ne s’agissait pas simplement d’apparence ou d’esthétique, mais d’un
rapport intime, spirituel à ses cheveux. Cette rencontre a constitué un tournant : quelques mois
plus tard, je lui ai proposé de participer à mon film. L’enquête filmique a donc pris naissance à
partir de l’enquête initiale, mais sous une autre forme. Issa n’avait pas prévu de se faire tresser
au moment du tournage, ce qui a orienté le film vers une discussion plus introspective sur
le cheveu afro, son appropriation, sa socialisation, et son rôle symbolique dans la construction
identitaire. La relation de confiance établie en amont a facilité ce prolongement filmique. Il n’a
pas été nécessaire de formaliser un "contrat" mais un accord verbal. Ce respect mutuel a guidé
l’ensemble du tournage. Il avait l’habitude de tourner et en expliquant l’intérêt de mon objet de
recherche, il a été emballé pour.
Du point de vue du film, mon intention n’était pas de simplement illustrer un discours
sociologique, mais de laisser émerger des significations à travers les images, les gestes, les
silences, les regards. Je suis donc partie avec plusieurs hypothèses visuelles : que le cheveu
afro, même sans être tressé en direct, pouvait par le récit, raconter son histoire et sa charge
symbolique. Le choix de filmer Issa s’est donc imposé naturellement. Son témoignage
synthétisait plusieurs dimensions essentielles à mon objet de recherche : l’appropriation
personnelle et l’héritage culturel et la dimension spirituelle. Il portait ce sujet avec une
profondeur. Surtout qu’il m’a parlé de sa danse « le hourana » qui faisait partie intégrante de
cette appropriation culturelle et de l’émancipation avec sa famille. Les thématiques que je
souhaitais aborder étaient :
• Le cheveu comme vecteur de socialisation et de transmission culturelle
• L’appropriation du cheveu qui était sujet à plusieurs discriminations
• La représentation symbolique du cheveu
• La danse comme une appropriation d’une histoire Noire et construction de soi
Bien que je souhaitais initialement filmer une séance de tressage, cela n’a pas été possible.
J’avais envisagé des scènes comme : le choix du style de tresses, l’installation chez le coiffeur,
les gestes de tressage, les conversations pendant la coiffure. En l’absence de cela, nous avons
centré le tournage sur la parole et les expressions corporelles d’Issa à travers sa danse, en
cherchant à filmer son récit dans un cadre intime