Changements technologiques et décroissance ?

Cette conférence a pour titre : « Changements technologiques et décroissance ». Elle a été filmée le 6 avril 2010 dans le cadre du séminaire annuel  « Risques et vulnérabilités sociales », au programme du Master recherche de Sociologie de l'Université de Caen. Initié dans les années 1990, ce séminaire est actuellement dirigé par Salvador Juan, professeur de sociologie à l'Université de Caen.

Ernest Garcia est professeur de sociologie à  l'Universitat de Valencia (Espagne). Il s'est intéressé à la méthodologie des sciences sociales, au changement social et à la sociologie de l'éducation. Auteur de nombreux livres et articles sur l'environnement, il étudie aujourd'hui, dans le champ de la sociologie de l'écologie, les questions relatives à la politique « médio-ambientale », aux ressources naturelles, au rapport production/consommation, au développement durable, à la soutenabilité et à la décroissance.

Depuis la remise en cause du dogme de la croissance par le club de Rome en 1972, les questionnements sur l'environnement et l'avenir de nos sociétés n'ont cessé de s'inviter dans le débat public. L'évolution démographique, l'épuisement des ressources, la hausse constante de la consommation et la dégradation de l'environnement qui en découle constituent aujourd'hui des dangers à l'échelle planétaire. S'il est maintenant reconnu que l'espèce humaine a un impact néfaste et irréversible sur la terre, s'il est acquis que la vie se trouve mise en péril par les changements environnementaux ainsi provoqués, il n'existe pas encore de politique mondiale pour répondre à ce problème pourtant urgent et complexe. Lorsque la question de l'épuisement des ressources énergétiques fut abordée, deux solutions semblaient possibles : le développement durable ou la décroissance. Cependant, le développement durable suppose un développement économique qui serait problématique  socialement et écologiquement ; il n'est plus à considérer comme une solution plausible. Le progrès technologique ou scientifique n'est pas non plus une solution dans la mesure ou il ne fait que repousser le problème et qu'il faudrait aujourd'hui un miracle, une révolution scientifique, pour sortir de cette crise. De plus, trouver des solutions très complexes scientifiquement revient à créer des menaces extrêmement importantes - à l'instar du nucléaire qui produit beaucoup d'énergie mais constitue un risque colossal. La décroissance s'offre donc comme l'unique possibilité d'avenir humain, que l'on s'y oriente raisonnablement ou que les faits nous y contraignent. Celle-ci peut être vue comme une opportunité désirable de repenser notre rapport à la nature, les besoins réels des hommes, de vivre dans un monde plus égalitaire et solidaire en faisant primer le local et la mesure. Reste à savoir si la décroissance peut conduire à une situation socialement stable et/ou satisfaisante pour l'homme.

Marine Ange