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Mrsh-Caen

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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/2e2n-0q84
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2024, 20 septembre). La face cachée de l’Empire : espionnage, défis archivistiques et politique bourguignonne dans l’état composite de Charles Quint (1525-1550). [Podcast]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/2e2n-0q84. (Consultée le 11 octobre 2024)

La face cachée de l’Empire : espionnage, défis archivistiques et politique bourguignonne dans l’état composite de Charles Quint (1525-1550)

Réalisation : 20 septembre 2024 - Mise en ligne : 23 septembre 2024
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Descriptif

Résumé de la communication

Dans l'historiographie récente, un regain d’attention s’est manifesté pour l'espionnage et les aspects secrets de la prise de décision politique à l'époque moderne.[1] Des cas bien documentés et systématiquement archivés, tels que ceux de Venise, ont été minutieusement étudiés, de même que les situations en Angleterre et en Espagne à partir de la seconde moitié du XVIe siècle.[2] Les travaux plus anciens de Lucien Bély sur l'entrelacement de l'espionnage et de la diplomatie sous le règne de Louis XIV, ainsi que ceux d’Alain Hugon sur le service secret dans les relations hispano-françaises au début du XVIIe siècle, se sont également révélés être fondamentaux.[3] Cependant, il s'est avéré particulièrement difficile de fournir une vue d'ensemble cohérente de la prise de décision secrète et de l'organisation de l'espionnage pour l'empire composite de Charles Quint, en partie parce que les archives d'État de l'empereur sont dispersées dans une dizaine d'archives en Europe.[4]

Sur la base des perspectives récentes en historiographie, qui posent que les origines et le développement des archives ont un impact profond sur l'écriture de l'histoire – un impact qui n'est pas toujours pleinement reconnu – j’avance l’idée que la situation heuristique actuelle pour la période de Charles Quint a eu une influence considérable.[5] Cela a parfois conduit à une vision déformée et ‘hispanisée’. Il s'est avéré particulièrement difficile de décrire le gouvernement central du cabinet de l'empereur durant la seconde moitié de son règne, dirigé par le premier conseiller Nicolas Perrenot de Granvelle. Je tenterai de décrire le fonctionnement de ce cabinet, avec une attention particulière à l'espionnage, et d'expliquer la relation entre le premier ministre et les secrétaires d'État. Les degrés variables de conservation des archives pour les différents secrétariats d'État, déterminés par les pratiques archivistiques du XVIe siècle ou simplement la coïncidence, signifient que les archives peuvent fonctionner comme des filtres et des prismes déformants, surtout pendant une période de croissance énorme des documents d'État. Alors que de nombreux documents des secrétaires espagnols ont été conservés à Simancas, la situation des archives des secrétaires français (à Bruxelles et à Vienne) et des archives du premier conseiller (à Besançon et à Madrid) est beaucoup moins favorable. Cette situation peut nous rendre conscients de la nature biaisée des archives en tant que fondement de l'historiographie sur Charles Quint. À travers plusieurs études de cas, le rôle central du réseau bourguignon de Granvelle dans la prise de décision secrète sera illustré.

 

 

[1] Tobias P. Graf & Charlotte Backerra, “Case studies in early modern European intelligence,” Journal of Intelligence History 21, nr. 3 (2022), 237-250; Dannielle Shaw & Matthew Woodcock, “New explorations in early modern intelligence-gathering: introduction,” History 108, nr. 381 (2023), 190-201.

[2] Ioanna Iordanou, Venice’s secret service: organising intelligence in the renaissance (Oxford, 2019); Filippo de Vivo, Information and communication in Venice: rethinking early modern politics (Oxford, 2007); Alan Marshall, Intelligence and espionage in the English Republic, c. 1600-60 (Manchester, 2023); Nadine Akkerman & Pete Langman, Spycraft: tricks and tools of the dangerous trade from Elizabeth I to the restoration (London, 2024).

[3] Lucien Bély, Espions et ambassadeurs au temps de Louis XIV (Paris, 1990); Alain Hugon, Au service du roi catholique : honorables ambassadeurs et divins espions (Madrid, 2004).

[4] Le dernier aperçu des différentes archives pour l’empire de Charles Quint dans Geoffrey Parker, Emperor : a new life of Charles V (London, 2019), 569-95.

[5] Markus Friedrich, The birth of the archive : a history of knowledge (Ann Arbor, 2018), Randolph C. Head, Making archives in early modern Europe : proof, information, and political record-keeping, 1400-1700 (Cambridge, 2019); Liesbeth Corens, Kate Peters & Alexandra Walsham, The social history of the archive : record keeping in Early Modern Europe (Oxford, 2016).

Biographie de l'auteur : Maxim Hoffman est un historien à l’université de Gand.