Conférence
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Langue :
Français
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/bjje-3487
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2017, 17 novembre). La question nucléaire, à l'origine d'une nouvelle pensée : le catastrophisme. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/bjje-3487. (Consultée le 16 juin 2024)

La question nucléaire, à l'origine d'une nouvelle pensée : le catastrophisme

Réalisation : 17 novembre 2017 - Mise en ligne : 10 janvier 2018
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Descriptif

Cette communication a été prononcée dans le cadre du colloque international  "Agir en justice au nom des générations futures" qui s'est tenu à Caen les 17 et 18 novembre 2017. Le concept même de Justice se comprend désormais en considération de la protection juridique des générations futures : justice environnementale, justice climatique (inscrite dans l’Accord de Paris), protections des biens communs sont autant de nouvelles facettes du concept de justice, spécifiques à notre temps. Nous vivons incontestablement une époque de métamorphoses du droit et des droits. C’est dans ce contexte que s’inscrit le colloque international « Agir en justice au nom des générations futures ».

Frédérick Lemarchand est maitre de conférences en sociologie à l’Université de Caen, habilité à diriger des recherches et codirecteur du Pôle Risques de la Maison de la recherche en sciences humaines de Caen. Il a dirigé le Laboratoire d’Analyse sociologique et anthropologique des risques et membre du comité de rédaction des revues Vertigo et Ecologie et politique.  Attaché à la compréhension des mutations profondes de l’époque contemporaine, il a mené une réflexion depuis vingt ans conjointement sur le mouvement paysan écologiste en France et sur les dynamiques des vulnérabilités techniques et environnementales.

Résumé de la communication

L’avènement de la bombe atomique a poussé l’anthropologie (philosophique ou sociologique) à devoir penser à nouveaux frais la question de l’humanité, de sa finitude et peut-être même de sa fin prochaine. L’audacieux philosophe Gunther Anders, qui ouvra la voie aux théories catastrophistes ultérieures (Jonas, Dupuy), avait compris l’enjeu de la transformation de la condition humaine dès lors que celle-ci serait placée « à l’ombre de la menace » (permanente, de destruction). Ainsi, s’il l’on pouvait affirmer après la découverte des camps d’extermination que « l’humanité était devenue tuable » selon ses propres termes, elle était aussi devenue, et presque concomitamment « mortelle » à l’aube du 6 août 1945. Depuis lors, de nombreuses formes alors impensables et encore difficilement représentables (effondrement de la biodiversité et perspective d’une sixième grande extinction des espèces, changement climatique, posthumain…) viennent constituer l’éventail élargi des modalités de l’autodestruction de l’humanité. Face à cette nouvelle figure du destin, une pensée catastrophiste s’avère nécessaire pour penser ce que nous faisons, qui produirait de l’avenir une image suffisamment repoussante pour qu’elle nous pousse à agir, et surtout à sortir définitivement du modèle de gestion des risques et des logiques de précaution. La question nucléaire est plus problématique que jamais, alors que le caractère fictionnel de la notion « d’arme de paix » nous apparaît au grand jour. Comme tous les objets techniques, la bombe est faite pour servir. La mort récente du « héro » russe Stanislav Petrov qui, dans la nuit du 25 au 26 septembre 1983, évita dit-on la troisième guerre mondiale en refusant se croire le signal d'alarme des satellites de surveillance qui lui annoncent l'attaque de cinq ou six missiles américains contre l'URSS, doit nous rappeler que la menace est plus présente que jamais.