Or et ordure : un musée pour les déchets

Cette communication a été filmée lors de la série d'événements organisé par la MRSH autour de la question des déchets, abordant les enjeux écologiques qui se posent à nos sociétés. N’est-il pas temps de réformer notre système de valeurs ? Cette série de conférences était présentée conjointement à une exposition, préalablement proposée par le MUCEM (Marseille) entre 2014 et 2016.

Brigitte Poitrenaud-Lamesi est enseignante à l'université de Caen-Normandie, membre de l'équipe de recherche LASLAR.

En présentant le Musée Guatelli (Ozzano di Taro, Italie), rebaptisé le « Louvre paysan », Brigitte Poitrenaud-Lamesi envisagera le musée comme une destination possible, mais improbable, du déchet.

« Une vie d’ordures » le terme correspond en tous points au projet d’Ettore Guatelli ; celui qui a fait des ordures une science archéologique, celui qui fouillait pour récupérer dans les décharges des objets abandonnés et autres détritus, une démarche qui dans les années soixante-dix était loin d’être courante et suscitait surtout le mépris. À l’origine Guatelli est un paysan, son travail d’artiste collectionneur le fit surnommer « maître » chiffonnier par les habitants de la région dans une intention ironique. Aujourd’hui, la radicalité de son « écriture pariétale » surprend le visiteur autant qu’elle inspire nombre d’artistes ou d’intellectuels (Bernardo Bertolucci, Umberto Eco, Christian Boltanski entre autres). La démarche d’E. Guatelli est à la fois d’ordre esthétique et de type éthique ; elle interroge notre hiérarchie des valeurs et notre quotidien. Ce lieu, à la fois pauvre et baroque, est admiré pour sa splendeur paradoxale.