Notice
MRSH Caen
Prévenir la violence politique, réguler le lien politique et social en Révolution : les succès des pouvoirs publics d’un département rural
- document 1 document 2 document 3
- niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif
Cette conférence a été enregistrée dans le cadre du séminaire annuel du pôle Sociétés et espaces ruraux de la MRSH.
Laurent Brassart, agrégé d’histoire, docteur en histoire moderne, maître de conférences, travaille sur les transformations politiques, sociales et économiques du monde rural entre Ancien Régime et Restauration.
Résumé de la communication
Bien que situé entre deux espaces de forte conflictualité politique – Paris au sud et les départements du Nord et du Pas de Calais –, le département picard de l’Aisne semble avoir connu « une révolution tranquille ». Même ce moment de violence paroxystique que fut la Terreur ne s’est accompagné d’aucun débordement sanguinaire. Longtemps l’invocation du conformisme, si ce n’est l’atonie de la vie politique locale de ce département rural, a tenu lieu d’explication à cette anomalie géopolitique. Sauf qu’à tout bien considérer, cette situation politique – celle d’une révolution peu violente et nullement spectaculaire – fut partagée par quasiment le tiers des départements français, et ne saurait par conséquent relever de l’exceptionnel. Le recours à une analyse par « jeux d’échelles » appliquée à tous les niveaux des pouvoirs locaux, infirme l’impression de « vide politique » de ces départements léguée par l’historiographie. Les conflits politiques y furent aussi multiples que variés, et la dynamique révolutionnaire transforma parfois durablement les sociétés rurales, sans pour autant que la violence se déchaîne. Saisir et comprendre les ressorts de la capacité des pouvoirs publics en Révolution à réguler les tensions politiques et sociales, et in fine à prévenir la violence politique, sont donc au cœur de notre démarche historienne. Toute une géopolitique nuancée de la France rurale en Révolution, que l’on ne saurait plus ramener exclusivement aux modèles canoniques des campagnes blanches ou bleues, en ressort, ouvrant la voie à une reconsidération du système politico-administratif de l’État révolutionnaire constamment confronté à des dynamiques politiques et sociales mouvantes.