Notice
Transformation de la « personnalité » et changements de la société
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Descriptif
Cette conférence a pour titre : « Transformation de la « personnalité » et changements de la société ». Elle a été filmée le 2 mars 2010 dans le cadre du séminaire annuel « Risques et vulnérabilités sociales », au programme du Master recherche de Sociologie de l'Université de Caen. Initié dans les années 1990, ce séminaire est actuellement dirigé par Salvador Juan, professeur de sociologie à l'Université de Caen.
Alain Ehrenberg est directeur de recherches au CNRS. Il fut fondateur du Groupement de recherche Psychotropes, Politique, Société et est actuellement directeur du centre Psychotropes, Santé Mentale, Société (CESAMES, CNRS - INSERM - U. Paris-Descartes). A travers les souffrances psychiques, les « nouvelles » pathologies comme objet sociologique, à travers la valeur sociale et médicale du cerveau (travaillant sur les rapports corps, esprit et société), il étudie les transformations de l’individualisme contemporain.
Alain Ehrenberg considère que la souffrance et les affects sont mis au centre du questionnement social, qu'ils ne sont plus aujourd'hui du seul domaine des pathologies psychologiques. Toutefois, il précise que ce discours du malaise, cette généralisation abusive du concept de précarité, sont en réalité très « français » - quoique généralement fondus dans une critique des sociétés modernes. Cette particularité s'explique par la tradition française d'égalité et de solidarité dans la protection. Celle-ci suppose que la tension démocratique entre égalité et liberté est insoluble. De fait donc, l'autonomisation, l'individualisation, apparaît dans l'Hexagone comme un phénomène critique et dangereux, comme un facteur de désinstitutionnalisation, de désocialisation, ce qui n'est pas le cas aux USA. Or, l'opposition entre individu et société peut être dépassée pour permettre de comprendre que la souffrance, les affects, le malaise des individus, sont bien socialement déterminés, et même pérennisés. L'individualisme est un fait collectif et institutionnalisé ; aussi peut-on penser que l'alternative est dans l'individualisme lui-même. L'intégration sociale et la solidarité pourraient être développées par un renforcement de la personnalité, des capacités individuelles, à travers les institutions. La crise de « l'état social » a accrédité la thèse de la désinstitutionnalisation contemporaine. Mais la responsabilité de répartir les conditions d'agir est bien collective et existante. Aussi, l'empowerment de la personne à la française pourrait être une hypothèse dans le débat sur l'actualité de l'Etat-providence.
Marine Ange