Nancy Calomarde

La transavant-garde déterritorialisée de l’Amérique latine dans la seconde moitié du XXe siècle

Plusieurs études récentes ont montré l’intérêt de repenser l’avant-garde. En particulier, son potentiel de réflexion sur la fin de la littérature et son pouvoir post-utopique. Cette revisite montre deux questions fondamentales: 1. le pouvoir de la notion d'avant-garde pour remettre en question des aspects de la politique et de l'esthétique contemporaines et 2. la nécessité de réévaluer les fondements de la critique littéraire latino-américaine - créateur d'un alambic continental actuel -pour postuler d'autres modes d'approche qui rendent visibles les vicissitudes ou les mouvements d'avant-garde de la seconde moitié du XXe siècle comme signes d'une culture à venir: déterritorialisée, migrante et post-utopique.  Dans la continuité de travaux récents (Piglia, Premat, Rojas), je propose d'étudier les écrits des migrants latino-américains - comme ceux du Cubain Virgilio Piñera, de la Mexicaine Elena Garro et de l'Uruguayenne Cristina Peri Rossi. Ce corpus hétérogène non seulement (autant que j'ai pu l'investiguer) n'a pas été étudié comme «avant-gardiste» ni mis en dialogue, mais, dans sa forme de corpus, il échappe au critère générationnel et nécessite, pour sa compréhension, notions transhistoriques et dynamiques, comme celle qui articule et donne titre à cette étude (transvanguardia). Deux aspects, à mes yeux fondamentaux, donnent encore plus d'importance et d'actualité à cette recherche: le pouvoir de ces avatars d'avant-garde pour défier les futurs de la littérature et  les modulations esthétiques de genre que proposent ces écrits (notamment dans le œuvre de Garro et Peri Rossi) où le corps du texte remet en question les matrices homogènes de la modernité latino-américaine.