Politiser les vagues. Les surfeurs, nouveaux gardiens des mers

Retranscription

Bienvenue à la Fondation Maisons des Sciences de l'Homme. Bienvenue à toutes et tous. Je voudrais dire deux mots de la FMSH. Vous savez que la Fondation a été créée en 1963 par Fernand Braudel. J'aime rappeler ce fait parce que Fernand Braudel est évidemment l'auteur d'un ouvrage majeur qui s'intitule La Méditerranée et que, pour nous, ça a été une source d'inspiration quand on a pris en charge le projet de cette fondation pour les cinq ans qui viennent. Nous avons créé un programme océan qui est entièrement dédié non pas à l'actualité de cette année 2025, j'y reviendrai, mais plus généralement aux océans pour les cinq ans qui viennent. Notre mission en tant que fondation est de financer et de diffuser la recherche en sciences humaines et sociales et toujours en dialogue avec les organisations de la société civile, les institutions publiques, privées, etc. Nous avons lancé ce programme dans l'idée que nous pourrions contribuer modestement à notre échelle à cette grande mission de préservation des océans à travers cette mission plus spécifique qui est la nôtre de diffuser des sciences humaines et sociales et d'aider à des projets de recherche innovants qui peuvent associer des organisations de la société civile à la dynamique scientifique et vice versa. Nous avons ouvert ce programme en 2025, nous avons lancé un premier appel à projets en ce début d'année, nous avons rédigé un position paper qui vise à répondre à l'appel de la communauté scientifique qui en SHS constate qu'il n'y a pas beaucoup de financement de recherche, en tout cas dans les papiers que j'ai pu lire au moment de la rédaction de ce position paper, et ça nous a permis de fil en aiguille depuis un an d'obtenir notre accréditation officielle des Nations Unies pour participer à la conférence de Nice en juin prochain, donc c'est ça l'actualité de l'année en France, c'est sûr, mais ce n'est pas la première conférence, ce ne sera pas la dernière, et la fondation restera engagée dans ce projet qu'elle espère faire grandir en France et peut-être en s'associant à l'international avec d'autres organisations. Et nous avons aussi initié un cycle de conférences océan, c'est la deuxième séance, donc c'est vrai que la première a été assez émouvante pour tout le monde, la deuxième l'est aussi, donc je voudrais simplement en guise d'introduction remercier l'ensemble des équipes discrètement parmi les spectateurs aujourd'hui, mais aussi évidemment remercier les trois intervenants aujourd'hui chaleureusement et vivement d'avoir accepté de participer à cette deuxième conférence du cycle. donc je vais simplement présenter Julien Weisbein, dont j'ai la chance d'avoir été le co-auteur dans le passé, mais qui n'est pas la raison pour laquelle nous l'avons invité, puisqu'il est un des rares à l'époque, j'avais trouvé que son projet était assez inhabituel dans notre discipline, donc l'un des rares à travailler sur la question qui va être abordée aujourd'hui, il est professeur de sciences politiques à l'université de Toulouse, enfin Sciences Po Toulouse pour être plus exact, Pauline Ado qui est une grande championne que je ne saurais trop présenter et donc une grande championne qui est aussi engagée dans l'action et c'est peut-être un des sujets qui sera abordé, et Vincent Glavieux qui est journaliste au magazine La Recherche à qui je vais céder la parole et qui pourra présenter plus avant les invités, mais je voudrais avant ça remercier notre partenaire fidèle qui est la fondation Calouste Gulbenkian avec qui nous organisons ce cycle avec qui nous menons beaucoup d'actions et je crois qu'il y a un message du directeur de la délégation en France de la fondation Calouste Gulbenkian qui a été enregistré, donc Miguel Magalhaes, je lui passe la parole.
Bonsoir Monsieur le Président de la FMSH, Antonin Cohen, chers participants, quelques mots très rapides pour vous accueillir dans cette rencontre, Politiser les vagues, les surfeurs, nouveaux gardiens des mers, je crois que c'est la deuxième rencontre du cycle Océan, héritage commun, défis partagés, et ce cycle compte avec le partenariat de la délégation en France de la fondation Calouste Gulbenkian. J'ai évoqué lors de la dernière rencontre le travail de la fondation dans le domaine des océans et des écosystèmes marins. C'est vrai que nous ne sommes pas impliqués dans le rapport entre le rôle du surf et le soin de nos océans. En revanche, c'est un sujet aujourd'hui très cher aux Portugais. 80 % de la population portugaise habite dans la côte, dans le littoral du pays et le surf est devenu un sport extrêmement populaire. La communauté surfeuse joue au moins depuis les années 80 un rôle fondamental dans la médiation entre la mer et la société portugaise. Malheureusement, je suis un surfeur raté, malgré 3-4 ans, à me promener avec une planche de surf quand j'étais adolescent. Mais ça m'a permis d'assister en première ligne à ce travail à la fois pédagogique et d'engagement actif de cette communauté dans la protection de nos océans et de nos écosystèmes marins. Comme vous le savez, la Commission européenne va annoncer dans les prochaines semaines le pacte européen pour les océans. Et je suis sûr que la communauté du surf, une vraie armée du bien, va continuer à jouer un rôle central dans ce contrat établi entre la nature et nos sociétés. Je veux remercier la Surfrider Foundation, aux chercheurs aujourd'hui présents, et souhaiter à vous tous une excellente rencontre. Bonne soirée.
Vous m'entendez ? Bonsoir à toutes et à tous. Bienvenue à cette 2e rencontre du cycle « Océans, héritage commun, défis partagés ». La discussion de ce soir a pour titre « Politiser les vagues, les surfeurs, nouveaux gardiens des mers ». En effet, les surfeurs ont acquis un rôle de plus en plus incontournable face au défi croissant de la préservation des océans. Une ONG en particulier a su s'imposer comme un acteur de premier plan, tant en France qu'en Europe, la Surfrider Foundation Europe. En politisant les vagues, elle a fait de ces phénomènes naturels des entités à défendre dans l'action publique. Cette approche l'a conduite à aborder la pollution des mers et des océans sous tous ses aspects, à toutes les échelles et auprès de tous les publics. Par son expertise sur la qualité de l'eau, les macrodéchets, sa large communauté militante et sa capacité à mobiliser les médias et les pouvoirs publics, elle a contribué à l'émergence d'un véritable gouvernement de la mer, c'est-à-dire un espace institutionnel de définition et de régulation des problèmes affectant les étendues maritimes. Pour discuter de ce sujet, de la politisation des vagues, j'ai avec moi deux invités qui ont déjà été un peu présentés. Julien Weisbein qui est professeur de sciences politiques à Sciences Po Toulouse et qui s'intéresse à Surfrider Foundation Europe depuis une vingtaine d'années. Merci d'avoir accepté l'invitation à cette rencontre. Et la deuxième invitée, Pauline Ado, surface professionnelle et ambassadrice de Surfrider Foundation Europe. Merci à vous également. Merci à toi, on va se tutoyer, ce sera plus simple, d'avoir accepté de participer à la discussion de ce soir. Pour commencer cette discussion, j'ai envie de donner la parole à Pauline et de te demander est-ce que tu pourrais nous raconter depuis quand tu pratiques le surf, ce qui t'a donné envie de pratiquer ce sport et puis aussi nous faire nous retracer dans les grandes lignes mais sans modestie les moments marquants de ta carrière également.
Merci beaucoup, bonsoir à tous. Moi j'ai commencé le surf à l'âge de huit ans, j'ai grandi sur la côte basque. C'est sûr que la proximité avec l'océan a facilité ma rencontre avec ce sport. Bien qu'il n'était pas extrêmement populaire au moment où j'ai commencé et encore moins chez les femmes. Mais j'ai rapidement été prise de passion pour ces sensations et notamment cette relation avec les vagues, avec l'océan. Et assez vite on m'a incitée à faire de la compétition parce que je ne me débrouillais pas trop mal. J'y allais un petit peu à reculons au début mais je me suis assez vite prise au jeu. Et très rapidement j'ai eu des petits résultats qui m'ont donné l'idée de devenir surfeuse professionnelle. Et c'est vrai que ça a été une idée fixe toute mon adolescence. Et donc pour retracer un petit peu mon palmarès qui a commencé à cette époque-là, j'ai eu deux titres de championne du monde junior, ISA et WSL donc amateur et professionnel si vous voulez. Et à ce moment-là c'était la première fois qu'un Français décrochait ces titres-là donc c'était un petit peu un événement. Et ensuite je me suis lancée à fond après mon bac dans cette carrière-là. Je me suis qualifiée plusieurs années sur le WCT, World Championship Tour, ce qui est un peu la première division mondiale au niveau surf. Un petit peu plus tard j'ai eu un titre de championne du monde ISA à Biarritz à domicile donc voilà un moment très spécial. Et j'ai aussi participé aux Jeux de Tokyo qui étaient les premiers Jeux Olympiques pour notre sport. Donc ça a été un moment particulier aussi puisque avant ça j'étais fan de sport tout court et donc représenter son pays aux Jeux c'est quand même quelque chose de très particulier. Et donc je crois que c'est tout pour les moments vraiment marquants. Ce qui est déjà très bien. Peut-être qu'on aura l'occasion d'évoquer d'autres événements mais en tout cas pour mon palmarès et mon parcours.
Julien je me tourne vers toi maintenant. Donc comme je l'ai dit ça fait une vingtaine d'années à peu près que tu t'intéresses à Surfrider Foundation Europe, au surf de manière générale ou est-ce que ça fait plus longtemps ? Et qu'est-ce qui t'a poussé en tant que chercheur à t'intéresser à ce sujet du surf, des surfeurs et de la mobilisation politique des surfeurs ?
Bonsoir à tout le monde. D'abord je dois préciser que je suis comme l'intervenant précédent un surfeur raté, particulièrement raté surtout quand je parle après Pauline. Donc mon palmarès se résume à tenir quelques secondes debout dans des petites vagues. Pourquoi est-ce que je m'intéresse au surf ? Des raisons biographiques et puis aussi des raisons un peu d'opportunité je dirais. Des raisons biographiques, je suis breton, je suis donc surfeur. J'ai toujours fait... voilà j'ai un attrait personnel à la mer et aux océans. Et puis aussi des raisons plutôt conjoncturelles, c'est que j'ai fait ma thèse sur carrément autre chose, sur la société civile européenne, ce qui m'a permis notamment d'être un des co-auteurs d'Antonin. C'est une ancienne vie scientifique et j'ai pris un poste à Toulouse donc assez loin de Bruxelles, à l'époque la connexion Toulouse-Bruxelles ne se faisait pas et j'étais un peu orphelin de sujet donc plutôt que de travailler sur les institutions européennes, le Parlement européen, je me suis tourné vers ce que j'avais sous la main et ce que j'avais sous la main, c'était une marée noire, la marée noire du Prestige. En plus je suis brestois donc les marées noires c'est un peu un ADN familial. J'ai vécu plusieurs marées noires dans ma famille et personnellement celle de l'Erika. Donc voilà dès qu'il y a eu la marée noire du Prestige, j'ai monté un programme de recherche, je suis allé l'étudier et là j'ai découvert Surfrider. Et je ne l'ai jamais quitté depuis. Pourquoi aussi ? Il y a aussi quand même une raison scientifique, c'est une énigme. Quand j'ai commencé à travailler sur Surfrider ce n'était pas vraiment un sujet de sciences politiques, c'était un exemple que je donnais dans un cours sur les mobilisations, on va dire. Et en fait cet exemple s'est avéré être heuristique, c'est-à-dire que Surfrider déployait des mobilisations de plus en plus réussies et les cadres d'analyse de ma discipline ne permettaient pas de comprendre pourquoi des surfeurs devenaient ce qu'ils étaient en train de devenir. Donc voilà, c'est pour ça que je n'ai pas lâché le sujet malgré on va dire un scepticisme de la part de ma communauté. J'allais te demander effectivement. Ça fait de moi quand même le spécialiste français des comportements politiques du surf mais bon je suis tout seul donc... Mais voilà donc du coup, je me suis un peu accroché à ce sujet, j'ai suivi Surfrider. Surfrider m'a fait voyager en fait dans beaucoup d'espaces de la science politique et en fait je pense que j'ai eu le nez creux parce que ce que Surfrider fait, c'est vraiment des mobilisations réussies mais bon, on aura le temps d'en parler.
Effectivement on aura le temps d'en parler ce soir, on va y consacrer une large partie mais avant ça, je voulais qu'on revienne un peu sur l'histoire du surf et de ses valeurs. Tu dis qu'au moins en tout cas à son origine, le surf c'était une activité dépolitisée, tu emploies même l'expression de contre-culture qui s'oppose aux affaires de la cité, est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu entends par là ?
Alors le surf, c'est quand même un sport mais ça peut être considéré aussi comme un art de vivre, ça peut être considéré comme une culture, une contre-culture donc c'est quand même un objet assez plastique, c'est assez difficile de le figer dans une définition définitive. Originellement c'est une pratique sociale dans les îles polynésiennes, une pratique sociale hyper répandue, tout le monde surfe, avec une connotation religieuse en fait. Et c'est ensuite un sport qui a été interdit par les colons américains puis repris par d'autres colons américains qui en ont fait l'objet de masse que c'est devenu, c'est-à-dire un objet hédoniste, une pratique touristique etc. Et donc le surf en s'occidentalisant, en s'américanisant, a perdu cette dimension mystique, religieuse qui est revenue par la suite. C'est-à-dire que dans les mondes du surf, c'est vraiment un univers très pluriel, il y a quand même une grande partie qui veut revenir vers cette origine un peu mystique, c'est un peu fort, mais cette idée que le surf connecte à la nature, connecte à la vague, connecte au moment, il y a vraiment une dimension qui est très proche de la religion, alors que le surf c'est aussi une pratique de masse, c'est une pratique commerciale, c'est un marché, c'est un espace de compétition, donc c'est vraiment plein de définitions différentes, mais assez rarement politiques. C'est-à-dire que dans toute l'histoire du surf, la dimension politique elle s'est perdue. À Hawaii, le surf c'est aussi une hiérarchie politique, selon son rang, on ne surfe pas les mêmes vagues, on ne surfe pas les mêmes planches, donc il y a vraiment une dimension très politique du surf à Hawaii au début, et en fait en se massifiant, en s'occidentalisant, le surf s'est totalement dépolitisé, il n'y avait plus cette idée d'une organisation sociale en lien avec la pratique du surf. Voilà, donc c'est pour ça que la connexion repolitiser le surf et travailler en tant que politiste sur le surf, c'est un travail parfois ardu.
Et justement, à partir de quand tu identifies une espèce de début de repolitisation des surfeurs et comment ça se manifeste ?
Alors la repolitisation des surfeurs, ce n'est pas l'idée que les surfeurs s'organisent en un groupe politique cohérent, un parti politique, avec un vote de surfeurs, etc. Ce n'est pas du tout cette définition de la politique qu'il faut retenir. La politisation des surfeurs, c'est vraiment Surfrider Amérique, Surfrider foundation USA, c'est dans les années 80, on est en 84 à Malibu, en Californie, et c'est une plage qui est interdite d'accès parce qu'il y a une pollution. Et donc des surfeurs se mobilisent pour accéder à l'eau, pour accéder à la vague. Et c'est comme ça que Surfrider est né aux États-Unis sur plutôt l'idée de protéger un espace de jeu. Et Surfrider aux États-Unis va faire des actions en contentieux, enfin on est vraiment aux États-Unis, c'est-à-dire qu'on attaque. Et Surfrider foundation Europe, là là c'est quelques années plus tard, c'est en 1990, et c'est un peu sur la même problématique, c'est-à-dire qu'on a une opération d'aménagement qui va détruire une vague et un surfeur particulier, c'est Tom Curren, à l'époque 3 fois champion du monde, qui habite à Biarritz parce qu'il a épousé une Française, organise une antenne européenne de Surfrider pour défendre, enfin pour empêcher ce projet d'extension de digues. Et c'est comme ça que les surfeurs se politisent, c'est-à-dire qu'ils s'organisent dans une finalité collective qui est d'empêcher qu'une vague soit détruite. Et par la suite, puisque Surfrider commence en 1990, et donc elle a désormais plus de 35 ans, la politisation des surfeurs c'est carrément de basculer du côté de l'action publique. Surfrider on aura aussi l'occasion de en reparler, mais Surfrider c'est un opérateur de politique publique, ce n'est plus un mouvement social de 40 surfeurs en colère, dont un triple champion du monde, qui vont manifester à Biarritz. C'est vraiment devenu une ONG importante et imposante.
Et comment est perçue, à l'époque de la création de Surfrider, que ce soit l'antenne européenne ou le berceau américain, comment elle est perçue, notamment dans le monde politique, cet engagement naissant des surfeurs ? Est-ce que, à cette époque-là, on les considère comme des interlocuteurs crédibles ? Ou est-ce qu'ils pâtissent d'un certain nombre de clichés ?
Déjà l'origine, il passe carrément sous le radar de la politique conventionnelle, et très vite il va y avoir un peu deux repoussoirs qui entourent la figure du surfeur, et c'est bien parce que c'est scénographié par des héros de cinéma. D'un côté on a Bodhi, donc Point Break, c'est-à-dire le surfeur rebelle, mystique, qui va braquer des banques pour financer son été éternel. Le surfeur qui tourne le dos aux affaires de la cité, parce que l'appel de la vague est plus fort. Et l'autre figure emblématique du surfeur, c'est Brice de Nice, c'est-à-dire le crétin, avec des cheveux blonds, longs, décolorés. Dans les deux cas, on n'a pas vraiment un être très citoyen et civique, donc pendant très longtemps, et encore aujourd'hui, Surfrider pâtit un peu de ce double stigmate de Bodhi et de Brice. Mais ça a changé depuis.
Tu disais, je vais passer un peu la parole à Pauline, tu disais qu'il y avait cet engagement pour lutter contre des aménagements, déjà une défense de l'environnement littoral, de protection de la vague. Est-ce que, toi Pauline, c'est des enjeux dont on t'a parlé dès que tu as commencé à pratiquer le surf, ou est-ce que c'est quelque chose qui est venu un peu plus tard ?
Moi en fait, j'ai plutôt été confrontée à des enjeux de pollution, finalement. On a parlé tout à l'heure du prestige, ça c'est quelque chose que j'ai vécu, avec des fermetures de plages, toutes ces boulettes de mazout qui atterrissaient et qui restaient des semaines et des mois sur nos plages. Ça, la pollution plastique également, les enjeux de pollution bactériologique, puisque sur le littoral, il y a des tests effectués et parfois des fermetures de plages, notamment lors d'événements de fortes pluies. Donc moi, c'est plus vers ces sujets-là qui m'ont parlé et qui m'ont interpellée sur lesquels j'ai voulu m'engager avec Surfrider. Ça fait quelques années maintenant que je fais des actions avec eux, donc j'ai aussi été sensibilisée sur d'autres sujets. Mais principalement, c'est sur ces sujets de pollution.
On détaillera un peu, justement, tout à l'heure ces actions. J'avais encore une question. Dans le cadre de ta pratique professionnelle du surf, avec les autres surfeurs, avec les organisateurs de compétitions, avec peut-être même les sponsors aussi, est-ce que ce sont des discussions que tu peux avoir ? Est-ce que c'est des discussions qui existent ou est-ce que c'est un peu des sujets qui restent à distance ?
Ça va dépendre des milieux. Entre surfeurs, par défaut, on est quand même tous très sensibilisés à ce dont je parlais, à la pollution plastique. On est assez à cheval à éviter tout ce qui est à usage unique. C'est vrai que la plupart des athlètes ont d'emblée les bons réflexes. Sur les compétitions, il y a un programme que mène la WSL qui s'appelle WSL Pure, où ils mènent des actions. Je dirais que ce n'est pas encore très développé et qui peuvent s'améliorer, notamment sur leurs événements. Et après, avec les partenaires, c'est vrai qu'il y a certaines marques qui, en tout cas, ont des démarches plus vertes, qui ont envie d'aller vers des athlètes qui sont sensibilisés à ces sujets-là. Donc là, il y a des connexions intéressantes qui se font. Alors, ça peut être un équipementier qui va fabriquer ses produits avec du biosourcing, ou qui va réfléchir à la manière dont ils transportent leurs marchandises. Des réflexions sur le packaging aussi. Après, il peut y avoir des marques plus mainstream, on va dire, qui, eux, sont soucieux de réduire leur empreinte carbone. Là, il y a plus de choses qui se font, et notamment dernièrement, depuis que le sport est aussi passé de l'anonymat à la grande scène, on va dire, parce qu'il y a de plus en plus de pratiquants. Et aussi, j'en parlais tout à l'heure, l'effet jeu qui, quand même, nous ouvre beaucoup de portes.
On va rentrer un peu dans le vif du sujet, et parler plus spécifiquement de Surfrider Foundation Europe. Alors, tu as déjà commencé, Julien, à évoquer l'origine, la fondation de Surfrider, son positionnement, voilà, des surfeurs en colère au départ. Quelles sont les initiatives emblématiques dont l'association est à l'origine à l'époque ? Je crois qu'il y en a deux, notamment, les Pavillons noirs et les Initiatives océanes. Est-ce que tu peux nous expliquer ce dont il retourne ?
Oui, effectivement, il y a la carotte et le bâton, j'ai envie de dire. Donc, les Initiatives océanes, en fait, c'est un projet du ministère de l'Éducation nationale, donc un financement que Surfrider obtient en 1995 pour nettoyer des plages à Biarritz. Donc les militants vont sur les plages, récupèrent tous les déchets, il y en a beaucoup. Le partenariat avec le ministère de l'Éducation nationale ne dure pas un an, mais les Initiatives océanes continuent encore aujourd'hui. Et Surfrider, c'est quand même une capacité à mettre sur la plage des gens par milliers, sur des milliers de plages. Donc c'est vraiment en Europe. Donc c'est vraiment une opération d'envergure. Chaque année, il y a un peu plus de plages qui sont nettoyées, il y a un peu plus de militants. Au début, c'est vraiment le premier week-end du printemps. Aujourd'hui, c'est à peu près tout le temps. C'est vraiment quelque chose qui a survécu à la première phase de Surfrider. On se retrousse les manches, Pauline en fait beaucoup, on a des sacs. Maintenant, on fait de la science participative, mais là aussi, je crois qu'on va revenir. Donc ça, c'est vraiment quelque chose de très fort et de très structurant. Et il y a un autre programme qui n'est plus structurant pour Surfrider, ce qui renvoie à une autre époque, ce sont donc les Pavillons noirs. Alors, les Pavillons noirs, c'est un pastiche des Pavillons bleus. Les Pavillons bleus, c'est un label attribué par la Fondation européenne pour l'environnement qui récompense des plages, des communes pour leur politique en termes d'environnement. Donc c'est vraiment le bon point. Et Surfrider a voulu faire le mauvais point, le blâme, puisque le Pavillon noir, c'est en fait un label qui stigmatise des communes pour inaction en matière de protection de l'environnement et surtout de qualité de l'eau. Donc au début, Surfrider fait ses Pavillons noirs sur la base des remontées du terrain. C'est-à-dire que les militants de Surfrider remplissent un questionnaire et Surfrider établit la liste infamante des Pavillons noirs. Alors évidemment, les maires, ils n'aiment pas trop, parce qu'on aime bien afficher un Pavillon bleu et le Pavillon noir, on n'a pas trop envie de le mettre en avant. Donc ils commencent un peu à attaquer Surfrider sur le modèle Brice de Nice, depuis quand Brice de Nice peut faire attaquer une campagne, le tourisme de la commune. Donc Surfrider va commencer à muscler ces Pavillons noirs en leur donnant une expertise, c'est-à-dire qu'ils vont capter des données dans les DASS, au ministère de l'Environnement, ils vont essayer de justifier le Pavillon noir avec une expertise robuste. Voire même, ils vont produire leurs propres données, c'est-à-dire qu'ils vont faire des analyses bactériologiques de l'eau pour révéler qu'effectivement, sur telle plage, ce n'est pas très rose, etc. Donc Surfrider va pas mal montrer les dents, finalement, face aux élus. Il y a même un journal télévisé de TF1 qui s'ouvre sur la révélation des Pavillons noirs. Les gens de Surfrider me disaient en entretien que la première fois, ils ont un journaliste de Sud-ouest face à eux, la deuxième fois il y a France 3 Pays Basque, l'année d'après il y a France 2, après il y a TF1, et après il y a carrément, la salle de presse, elle est remplie. Donc c'est vraiment quelque chose qui prend, parce qu'il y a aussi cette figure médiatique du surfeur qui est assez efficace, et qui du coup oblige, enfin met Surfrider dans une posture de contestation un peu trop forte. Et Surfrider va même être attaqué en justice par des communes. Même Surfrider va devoir payer l'euro symbolique à la commune de Crozon, mon cœur de Breton saigne en disant ça. Et après il y a la marée noire du prestige qui fait que Surfrider abandonne ce registre contestataire, parce qu'entre-temps ça pèse beaucoup sur l'organisation, et Surfrider va faire de plus en plus de la participation à des politiques publiques, de la concertation, et donc là Surfrider va devenir l'ONG qu'elle est devenue aujourd'hui.
Oui, c'est ce que tu appelles le tournant, enfin c'est un moment charnière dans l'histoire de l'association, et une espèce de tournant expert qui s'amorce à partir de cette marée noire du prestige donc fin 2002, novembre 2003. Oui, le pétrolier coule en novembre 2002. Oui, c'est ça. Pauline, toi, à cette époque-là, tu avais 11 ans, c'est ça ? Pour le prestige, oui,
11-12 ans.
En habitant dans le Pays Basque, quel souvenir tu gardes de cette marée noire qui a touché, si je ne me trompe pas, c'était le nord des côtes espagnoles.
Oui, donc le sud-ouest de la France aussi. Je ne saurais pas dire jusqu'où, mais quel souvenir plutôt mauvais. Après moi, la contrainte, c'est que je ne pouvais pas aller dans l'eau et je ne pouvais pas pratiquer mon sport-passion. Et comme je disais, ça ne s'est pas arrêté à cette seule interdiction, puisqu'on a subi des conséquences bien après que les interdictions soient levées. Moi, j'ai des souvenirs très forts où tous les gens qui se rendaient à la plage pieds nus, ou même en chaussures, se retrouvaient avec des boulettes de mazout sous les pieds. Quand on surfe, une fois qu'on en a sous les pieds, on en met sur la planche en se mettant debout, puis sur la combi en se rallongeant sur la planche. C'était un peu la galère. Ça a duré assez longtemps. C'était très incrusté dans l'environnement. Un mauvais souvenir pour faire court.
Julien, revenons à cette marée noire. Tu m'expliquais quand on a préparé cette rencontre, que c'était un moment charnière, et qu'à partir de là, Surfrider Foundation Europe a amorcé un tournant expert et une espèce de désurfisation, entre guillemets, je te cite avec ce terme-là. Comment ça se traduit concrètement, cette transformation de Surfrider ?
Déjà, un changement dans le format organisationnel. C'est-à-dire que Surfrider avant, c'est vraiment une association de surfeurs en colère. C'est presque le label officiel de Surfrider avant 2003. En 2003, c'est quand même un moment assez critique pour la structure. Il y a des démissions. La ville de Biarritz, suite à un reportage de Thalassa, retire tous ses sous. Il y a plein de contestations. Des élus montent au créneau. C'est vraiment un sale moment pour l'organisation. Et arrive un nouveau directeur exécutif qui vient du monde des ONG et qui va transformer Surfrider en une ONG, organisation non gouvernementale, en jouant la concertation et surtout en produisant des données, en poursuivant ce travail sur les Pavillons noirs. C'est-à-dire que toutes les données qui étaient produites sur la qualité de l'eau sont détachées des Pavillons noirs et vont servir à alimenter des banques de données, notamment de l'Union Européenne. C'est-à-dire qu'au même moment, la Commission Européenne est en train de réécrire la directive cadre sur les eaux de baignade et elle a besoin de données pour paramétrer cette directive. Et Surfrider va à Bruxelles en leur proposant des données sur la qualité de l'eau qui sont des données longitudinales. L'eau est analysée toute l'année, contrairement aux DASS qui n'analysent l'eau que l'été. De même, l'eau est mesurée partout, alors que les DASS ne mesurent l'eau que sur les plages de baignade. Donc là, il y avait vraiment des données beaucoup plus étendues dans le temps et dans l'espace, beaucoup plus robustes, qui ont intéressé l'Europe, qui ont intéressé la Commission. Donc c'est là que Surfrider, en plus, en se désurfisant, en apparence, parce qu'évidemment ça reste quand même malgré tout une association qui joue avec l'étiquette du surf, Surfrider se européanise beaucoup. Donc il s'installe à Bruxelles, en plus ils ont embauché une chargée des affaires juridiques, qui vient du monde de Bruxelles. Donc voilà, il y a vraiment des connexions qui se tissent, et qui font que de plus en plus on est vraiment dans une ONG. En plus, Surfrider va déménager, va changer de local par la suite, et moi j'ai commencé mon enquête dans l'ancien local, c'est une maison basque qui est louée, quand on rentre dedans il y a des combinaisons qui sèchent, on est vraiment dans le surf, et aujourd'hui Surfrider a un immense hangar qui lui est donné par la mairie, c'est de l'open desk, les gens ont des ordinateurs, des laptops, ils font des calls à l'autre bout de l'Europe en anglais, et donc on n'est plus du tout dans l'imagerie surf, à part quelques planches qui traînent par-ci par-là. Surfrider c'est vraiment une petite grosse ONG environnementale, une des plus grosses en France, même si c'est la petite des grosses en France.
Petite grosse, est-ce que tu as quelques chiffres que tu pourrais donner histoire de donner un ordre de grandeur ?
Oui, on a répété un peu, donc c'est un budget de 15 000 adhérents, c'est la présence sur 11 pays européens, avec une cinquantaine, 47 antennes locales, c'est un budget d'à peu près 5 millions d'euros, ce qui en fait une petite grosse parce que par exemple, par comparaison, Greenpeace c'est 37 millions d'euros, FNE c'est 6 millions d'euros, donc c'est juste en dessous de France Nature Environnement, mais c'est quand même un budget. On est très loin de l'association de 1990, qui tournait sur 5 000 francs français, pour les plus nostalgiques.
Oui, tu disais aussi dans un de tes articles qu'il y avait un recours croissant au fundraising
ou
au mécénat d'entreprise, au financement sur projet, par exemple effectivement qui permettait de diversifier les sources de revenus. Sur la question de l'expertise, de l'expertise scientifique, parce que tu m'expliquais que c'était en fait une des spécificités de Surfrider, qui l'a différenciée peut-être d'un certain nombre d'autres ONG. Tu parlais des analyses de mesure de l'eau, comment ça se manifeste, cette expertise scientifique, aujourd'hui, par quel autre type d'action ou de projet ?
Les Initiatives océane notamment, parce que Surfrider a créé un poste et un service de sciences participatives. La force de Surfrider, c'est quand même son vivier militant. C'est vraiment une communauté très active, très engagée. Et donc, à chaque opération de nettoyage des plages, les militants ne vont pas seulement collecter les déchets, ils vont surtout les qualifier. C'est-à-dire qu'ils vont les trier, les mesurer, les séparer. Et c'est comme ça qu'on commence à avoir des données sur la pollution plastique des océans. Parce que là, on a des premières données sur les volumes, sur la nature du plastique. Et là, c'est des données inédites. Et notamment, il y a un dispositif qui s'appelle le dispositif OSPAR qui sert à qualifier le plastique. Donc, Surfrider fait de de plus en plus ce que les sociologues appellent de la science réglementaire, c'est-à-dire de la production scientifique, avec toute l'exigence attachée à la production scientifique, mais dans une visée de politique publique. Et Surfrider a pu permettre de repérer des pollutions invisibles, et surtout de les mesurer, comme par exemple les cotons-tiges, les mégots de cigarette. Les choses les plus horribles pour les écosystèmes marins, c'est les cotons-tiges, les mégots de cigarette, les microbilles de plastique, les larmes de sirène, les médias filtrants, tout un ensemble d'entités qui n'avaient pas été repérées avant que Surfrider les repère, les qualifie, et les mesure. C'est vraiment une association qui produit une expertise reconnue par la Commission européenne, c'est une experte reconnue de la Commission européenne, du gouvernement français, on est loin de Brice de Nice.
Il y a un certain nombre de collaborations directement avec des laboratoires de recherche, c'est ça ?
Oui, tout à fait, actuellement, la nouvelle frontière, c'est évidemment le plastique, la pollution plastique des océans, la plastification des océans, et là Surfrider commence à obtenir quelques données, notamment avec un programme qui s'appelle CURL, mais je pense que Pauline peut en dire davantage que moi.
Passons la parole à Pauline, et effectivement, est-ce que tu peux nous expliquer, déjà, avant de parler du projet CURL, peut-être revenir sur le moment où Surfrider t'a contactée pour devenir ambassadrice, c'était quand, et pourquoi est-ce que tu as accepté ?
Je ne sais plus dans quel sens c'était, c'était une mise en relation, ça c'est sûr, ça va faire huit ans je crois maintenant, et avant ça c'est vrai que je ne ratais jamais une occasion de soutenir des actions environnementales, alors avec Surfrider ou d'autres, parce qu'il y a d'autres associations aussi, notamment dans le sud-ouest, et ailleurs. Et en fait, donc moi j'avais cette sensibilité-là, et je trouvais cohérent de m'engager plus fortement avec une asso pour relayer leurs messages, mais moi aussi en savoir plus, parce qu'en fait il y a beaucoup de sujets et beaucoup d'expertise chez Surfrider, donc c'est toujours hyper intéressant pour moi d'échanger avec eux. Et c'est vrai que je fais pas mal d'Initiatives océanes. Pour rebondir un petit peu sur ce que tu disais Julien, c'est vrai que ce côté participatif, sciences participatives est hyper important, et au-delà de ça, moi voilà pour en avoir fait quelques-unes, l'impact sur les personnes présentes il est assez fort, parce que le côté nettoyage il est un peu anecdotique, parce qu'on ramasse peu sur le volume qu'il y a dans l'océan, et chaque tempête en ramène toujours plus. Par contre, la réflexion que ça entraîne derrière, elle est toujours hyper percutante, sur ce qu'on trouve, on est toujours souvent choqués, souvent surpris, et ça entraîne une réflexion personnelle sur... Maintenant, moi j'utilise ça au quotidien, est-ce que je ne pourrais pas faire autrement ? Tu paries de fermer le robinet en fait. Et ça c'est la première réflexion personnelle, alors après, les étapes d'après c'est aussi d'avoir une influence sur peut-être les entreprises qui fabriquent ces objets-là, et encore plus haut sur la réglementation. Mais en tout cas moi, en fait ma première réflexion elle est hyper simple, c'est de me dire, je suis choquée moi-même quand je fais ces opérations, et je me dis mais il faut que tout le monde s'en rende compte aussi, donc c'est de là que part ma démarche en fait.
Tu me disais que quand on a préparé la rencontre aussi, que tu avais fait une formation pour justement animer ces initiatives.
Toujours dans la démarche de mieux m'y connaître en fait, j'ai fait avec Surfrider une petite demi-journée où on apprend à animer les Initiatives océanes. Donc je n'en ai pas animé encore, mais en tout cas j'ai fait cette démarche, et je trouve ça assez intéressant. Et c'est toujours intéressant aussi de voir la réaction des gens en fonction du lieu où ils vivent, en fonction de leur style de vie. Moi notamment j'ai une vision très biaisée finalement, puisque je suis à l'eau tous les jours, et des gens qui habitent loin de l'océan, dans les grandes villes comme Paris, ils n'ont pas cet accès quotidien, il n'y a pas la même perception. Comme moi je n'ai sûrement pas la même perception de ce qui se passe sur la Seine, mais en tout cas c'est hyper intéressant aussi de confronter les points de vue.
Parmi les autres actions de Surfrider auxquelles tu participes, il y a ce projet CURL dont parlait Julien. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu en quoi ça consiste, et comment tu y participes ?
Toujours dans cette démarche de qualité de l'eau, les tests qui sont effectués toute l'année sur la qualité de l'eau, on cherche seulement la pollution bactériologique, donc c'est en fonction de cette pollution qu'on a parfois des plages polluées fermées pour un ou deux jours, ou alors une baignade safe, mais en fait la pollution chimique par exemple n'est pas recherchée, n'est pas détectée. Donc ça c'est une démarche de Surfrider d'aller collecter de la donnée là-dessus, toujours dans ce même procédé pour aller derrière, les montrer à la Commission européenne, et que des dispositions soient prises pour quantifier ça, et potentiellement interdire certains produits. Donc là l'idée, c'était de voir comment les utilisateurs de la mer sont impactés, sont exposés à ces polluants chimiques, et donc ils ont créé un protocole avec des capteurs de polluants chimiques qu'on met sur la jambe pour quantifier tout ça. Donc c'est un projet qui continue, mais qui a un petit peu évolué comme je t'expliquais, parce que ça coûte assez cher de développer ça à grande échelle. Donc c'est toujours en cours, notamment dans le sud-ouest sur la côte basque, et à côté de ça ils continuent de faire des prélèvements un peu partout sur les polluants chimiques pour récupérer de la donnée et avoir matière à interpeller les pouvoirs publics.
Oui c'est ça, à nourrir le plaidoyer auprès des institutions européennes.
Exactement.
Il y avait une méthodologie dont je voulais qu'on parle, dont tu m'as parlé Julien quand on préparait la rencontre, c'est la méthodologie Surfonomics, qui contribue aussi si j'ai bien compris à cette métrologisation de la vague, c'est un terme que j'invente mais ce n'est pas grave, est-ce que tu peux nous expliquer ce que ça recouvre ?
Alors Surfonomics c'est la contraction de surf et de economics. C'est en fait une méthode qui vise à monétariser les vagues, c'est-à-dire à établir combien d'argent une vague rapporte par le simple fait de déferler. Donc en fait c'est dans l'économie, il y a une économie écologique qui s'est créée depuis pas mal d'années, et qui crée des méthodes de monétarisation de la nature, les fameux services écosystémiques, c'est de dire combien on gagne d'argent grâce aux abeilles, grâce à la nature. Donc des surfeurs, donc c'est Surfrider Foundation États-Unis, qui ont mis cette méthode au point pour faire des enquêtes sur tous les revenus générés par une vague. Les revenus liés au tourisme, les revenus liés au déplacement des surfeurs pour aller surfer cette vague, les revenus liés à l'économie du surf, etc. Et ça permet d'obtenir des chiffres assez conséquents, puisque, alors ça c'est une enquête, une étude qui a été faite par des chercheurs à Cambridge je crois, un bien immobilier à côté d'une bonne vague qui déferle, à une surcote de je ne sais plus combien de %, je n'ai plus les détails en tête, il y a vraiment cette idée qu'on peut défendre une vague, tout simplement, la formule est de celui qui a promu la méthode, parce que les responsables parlent en dollars, donc on va parler en dollars pour défendre telle vague. Donc ça c'est quelque chose qui est mis en place notamment par une association internationale qui s'appelle Save the Waves, qui est une espèce de regroupement de toutes les associations de surfeurs à l'échelle internationale, et qui va notamment établir des surfonomies, c'est-à-dire des études qui monétarisent telle ou telle vague. Donc en France ça a été tenté, en Bretagne, ça n'a pas abouti par manque de données, mais c'est quelque chose qui est assez fréquent, mais qui pose quand même des questions dans les mondes du surf, c'est-à-dire que la vague n'est plus cette espèce de hasard miraculeux de la nature, c'est quelque chose qu'on monétarise, qu'on va ramener dans un langage humain, et ça c'est assez décalé par rapport à l'origine un peu religieuse du surf. Il y a plein de débats parmi les surfeurs sur aussi des questions de stratégie, c'est-à-dire que quand on monétarise une vague, on se rend compte que le projet de marina, ou de détournement d'une autoroute, rapporte plus d'argent, donc c'est un peu se tirer une balle dans le pied en faisant ça. C'est quelque chose qui est très répandu dans les pays anglo-saxons, en Australie, aux États-Unis. En France, les données ne sont pas disponibles, il y a aussi des données sur les pratiques de consommation des surfeurs, il y a des départements d'économie qui font des partenariats avec Surfrider ou Save the Wave pour rétablir ces enquêtes, ces enquêtes sont publiées dans des revues de sciences économiques, donc on est vraiment dans de la donnée une fois de plus très robuste, alors qu'en France on n'a pas toute cette infrastructure derrière.
Outre cette expertise scientifique, par quels aspects Surfrider se distingue peut-être d'autres ONG de défense de l'environnement ? Qu'est-ce qui fait la spécificité de Surfrider, outre cette expertise scientifique ?
Sans doute l'étiquette surf, qui reste quand même une étiquette médiatiquement percutante, il y a aussi le fait que Surfrider donne une voix à l'océan, Surfrider communique beaucoup sur une communauté océan, sur le fait de faire signer des pétitions, de mobiliser, de faire des manifestations, donc il y a vraiment des humains qui se mobilisent pour défendre l'océan, donc il y a aussi cette espèce de porte-voix de l'association pour l'océan. Je pense que c'est quand même son expertise très spécialisée qui la distingue fortement, notamment à l'échelle européenne où c'est très concurrentiel entre les ONG.
La façon de communiquer aussi
peut-être, tu parlais de bâton et carotte tout à l'heure, Surfrider, ils sont plus dans l'aspect, qu'est-ce qu'il faudrait faire, qu'est-ce qu'on peut faire, plutôt que d'avoir une communication coup de poing, très alarmiste, plutôt dans la pédagogie et le dialogue, je pense que c'est une spécificité de Surfrider, en comparaison avec d'autres, qu'on ne citera pas.
On n'est pas là pour faire du shaming. Oui, j'avais envie de te redemander, est-ce que tu fais des interventions auprès des jeunes publics, ou auprès des entreprises ?
Avec Surfrider, auprès de jeunes publics, c'est souvent sous couvert des Initiatives océanes, parce que parfois c'est plutôt en partenariat avec des écoles, ou alors c'est vrai que ça attire pas mal de jeunes publics finalement, toutes les générations, mais pas mal d'enfants ou de jeunes. Et avec les entreprises, pas trop, pas encore du moins, alors après ça m'est arrivé de témoigner dans d'autres contextes, parce que c'est un sujet qui intéresse, et notamment sur des entreprises qui ont déjà des démarches, ils aiment bien avoir des témoignages, donc ça se limite pour l'instant à ce cadre-là.
Très bien, on vient de détailler un certain nombre d'actions de Surfrider qui ont transformé cette association de surfeurs en colère en ONG d'envergure européenne. Comment l'association a-t-elle réussi à concilier cette évolution avec le maintien des valeurs du surf ou de l'idéal du surfeur ? Est-ce qu'il n'y a pas eu quand même des compromis qui ont été faits, et sur quel plan ? Est-ce qu'il existe des points dissension ou de tension entre Surfrider et la communauté des surfeurs aujourd'hui ? Lequel des deux veut commencez à répondre ?
Oui, il y a un sujet assez actuel qui est celui des piscines à vagues, par exemple.
Est-ce que tu peux expliquer ce que c'est qu'une piscine à vagues ?
Une piscine à vagues, comment je vais le différencier ? Parce qu'il y a parfois des techniques qu'on appelle flowrider, c'est un peu différent. En fait, c'est tout simplement une piscine où on va reproduire une vague comme dans l'océan. Donc vous imaginez bien que ça demande quand même une grosse piscine et une certaine quantité d'énergie déployée pour que les vagues aient assez de force pour être surfées. Et en fait, il y a conflit parce que c'est des projets qui bétonisent beaucoup, qui demandent de l'énergie, d'un accès à la ressource d'eau. Pour l'instant, les projets, c'est des projets d'eau douce, donc c'est un petit peu particulier. Mais à côté de ça, le surf, ça se pratique dans l'élément naturel qui est très imprévisible. Donc on a très peu de répétitions. Pour ceux qui pratiquent ce sport-là ou qui e
sont essayés à l'exercice, c'est deux heures d'effort pour une minute trente sur la vague. Donc le ratio n'est pas terrible. Et c'est vrai que ça a suscité beaucoup d'intérêt quand les technologies sont sorties. Si je parle moi d'un point de vue purement sportif de haut niveau, l'accès à ces technologies, en fait, c'est un atout indéniable dans la préparation. Moi, je ne suis pas forcément une génération très concernée parce que le plus gros de ma carrière est derrière moi, on va dire, même si elle n'est pas terminée. Mais en tout cas, les futures générations qui auront accès à de l'entraînement dans ces piscines auront un avantage. Mais à côté de ça, ça dénature complètement l'esprit du surf, ce qui nous attire au tout début en fait. Parce qu'on est attiré par le surf par ce côté éphémère, ce côté intangible. Quand on arrive à avoir une super vague, on n'est jamais sûr d'avoir mieux dans sa vie ou d'avoir la même chose. Donc ça a un côté, comme je disais, intangible. Et aussi non routinier en fait. Puisque chaque journée est différente, chaque vague est différente. Moi personnellement, j'ai mon côté pro où je me dis que c'est un outil intéressant pour progresser. Et de l'autre, au final, moi j'ai eu l'occasion de tester concrètement. Et comme je disais, au bout d'une heure ou deux, c'est lassant, c'est très répétitif. Il y a ce sujet qui est assez brûlant dans la communauté surf. Je réfléchis s'il y en a d'autres. Il y a toujours... Pour reparler du surf business en fait, il y a aussi l'opposition puriste des surfeurs qui ne conçoivent pas du tout que le surf puisse être un sport de compétition, qu'il puisse être un sport qui est représenté aux Jeux Olympiques. Ils prennent ça sous le prisme de l'art de vivre, vraiment la surf culture. Ça, ça peut être opposé. Je vais encore parler de mon avis, mais pour moi ce n'est pas du tout incompatible. Mais oui, c'est des tensions qui peuvent exister.
Julien, sur la question des piscines à vagues, je crois que tu t'es pas mal documenté dernièrement sur le sujet.
Je suis le seul politiste en France qui peut parler pendant des heures des différentes technologies de génération d'une vague dans un lagon. Peut-être juste avant. Je reprends pour le coup ma casquette de sociologue. Ce qui m'intéresse dans Surfrider, outre l'évidente sympathie que j'ai pour l'organisation, c'est toutes les tensions, toutes les incohérences, les paradoxes, les luttes, les conflits que parfois il peut exister dans ces organisations. Et du coup, là je suis plutôt bien servi, parce que comme je l'avais dit, le surf c'est vraiment un univers pluriel. Il y a plein de façons de définir ce qu'est le surf, son esprit, son authenticité. Et du coup, il y a plein de... Surfrider est dans une espèce de ligne de crête assez fragile entre l'esprit du surf et les usages qui en sont faits. Surfrider fait transporter le surf dans le monde de la politique. Ça lui est reproché par des surfeurs. Par exemple, je travaille sur beaucoup... J'ai eu la chance d'avoir accès à toutes les archives de Surfrider, donc j'ai épluché chaque réponse de surfeur au Pavillon noir. Et sur certains questionnaires, il y a... Surfrider, vous êtes pas rock'n'roll, vous foutez rien, il ne faut pas aller vers la politique, tous pourris, etc. Donc il y a des contestations comme ça, de la part des surfeurs vis-à-vis de Surfrider. Donc ça, c'est quelque chose qui parcourt. Plus l'association s'institutionnalise, devient reconnue par les pouvoirs publics, plus elle est contestée par certains surfeurs au nom de la pureté du surf, etc. C'est ce que disait Pauline. Et c'est vrai que les piscines à vagues, c'est quand même un sujet qui clive et qui fractionne les mondes du surf. Pour moi, ça touche à l'os symbolique du surf, c'est-à-dire le fait que, c'est ça, le hasard, la magie de la vague, le fait de lire une vague. Surfer, ce n'est pas se mettre debout et faire des manœuvres, c'est savoir lire la vague, savoir où elle va commencer, la prendre dans le bon sens. C'est vraiment du déchiffrement. Ce n'est pas quelque chose de reproductible comme une piscine à vagues. Du coup, ça crée vraiment beaucoup de débats dans les mondes du surf sur est-ce que c'est encore du surf ? Certains parlent de surf en batterie, que les compétitions de surf en vague artificielle, c'est juste soporifique, que ça devient comme du patinage artistique. Bref, donc il y a ça. Et puis il y a aussi évidemment la dimension écologique des piscines à vagues. C'est vraiment des très grosses piscines, pour le coup. C'est énergétivore. Et surtout, c'est implanté dans des endroits qui souffrent de sécheresse. C'est les Landes, c'est le Pays Basque. Souvent, la piscine à vagues est prévue à 10 km de la mer. Et ce qui fait qu'en France, c'est le seul pays où il n'y a aucune piscine à vagues qui a été construite. Alors qu'en Espagne, il y en a 2, plus une qui va être construite. En Royaume-Uni, il y en a 3 ou 4. En Allemagne, il y en a 2. En Suisse, il y en a 2. Il y en a un peu partout dans le monde, sauf en France. Parce qu'il y a des résistances de la part de beaucoup de surfeurs, dont Surfrider, qui a pris position un peu tardivement, qui a beaucoup hésité, mais qui était scindé entre la Fédération française de surf, qui promeut la technologie, versus Surfrider et d'autres acteurs du surf, d'autres compétiteurs également qui les contestent.
Est-ce qu'il existe des projets peut-être moins énergivores ?
Oui, il en existe, mais ils se font retoquer en France. C'est une entreprise bordelaise, Okinawa, qui fait une piscine à vagues. C'est une structure qui est posée sur un plan d'eau. Ça peut être un plan d'eau salée, un plan d'eau douce. Il n'y a pas de bétonisation. C'est circulaire. C'est comme une sorbetière, donc il y a des pales qui vont faire le cercle, qui vont générer une vague. Pour générer une vague, il y a plusieurs technologies. Il y a les technologies de charrues, c'est-à-dire qu'on traîne une charrue dans l'eau et ça va créer une onde, une vague. Il y a les technologies dites de jets d'eau. C'est comme quand vous prenez une pierre et que vous la faites tomber dans l'eau, ça crée une onde, une vague. Il y a aussi les technologies dites à air, c'est les plus utilisées, c'est-à-dire qu'on fait souffler de l'air à la surface de l'eau avec des caissons. On propulse beaucoup d'air et ça crée une vague. C'est ce qui permet d'avoir les vagues les plus conformes aux vagues naturelles. Il y a donc cette technologie où on pose une structure sur un plan d'eau, on fait tourner une hélice et ça crée une vague qui n'est pas non plus la vague du siècle mais c'est une vague visiblement surfable d'après les expérimentations. Elle n'a jamais été mise en grandeur nature. C'est une vague écolo parce que non seulement elle ne bétonise pas, elle ne prend pas d'eau, on ne va pas capter de l'eau à l'usage de la piscine à vagues. Elle remplit des fonctions, par exemple, de servir de nourrice pour les poissons, elle oxygène les plans d'eau. Sur le papier, c'est une très bonne solution qui est inspirée des atolls. Du coup, malgré tout ça, les tentatives de monter des piscines à vagues, en plus à Poitiers, on ne peut pas dire que ce soit un grand endroit du surf, il y avait peut-être beaucoup de surfeurs, il y avait quelques projets qui sont tombés en raison de contestations.
On arrive quasiment à la fin des questions que j'avais à vous poser. Une question que je voulais vous poser encore, au-delà des enjeux écologiques et environnementaux, est-ce qu'il y a d'autres sujets politiques et sociétaux qui traversent le milieu du surf actuellement ?
De mon point de vue, le plus gros, c'est le sujet de la parité. Le surf, c'est un sport qui se féminise de plus en plus. Si on regarde la Fédération française de surf, il y a un peu plus de 30 % des licenciés qui sont féminines, donc ça ne paraît pas énorme, mais il y a beaucoup d'autres sports où c'est bien moins. Je crois que le foot, c'est 5 % seulement. C'est quand même un sport qui attire un public féminin. C'est un sport aussi qui a eu beaucoup d'efforts de faits sur l'égalité des chances, dans le monde de la compétition. Il y a encore quelques années, les (inaudible) féminins étaient divisés par trois par rapport aux (inaudible) masculins. Les compétitions masculines étaient sur des vagues magnifiques et féminines sur des petites vagues pourries, excusez-moi du terme. Pire que ça, quand on avait les mêmes lieux de compétition, les hommes étaient envoyés le matin quand les vagues étaient bonnes, et les femmes l'après-midi quand le vent avait tourné. Ce n'était pas très inspirant, ça ne renvoyait pas une super image, et ça a beaucoup changé, c'est pour ça que je parle au passé, depuis l'arrivée d'une nouvelle entité à la tête des compétitions et des championnats, où ils ont mis les mêmes vagues pour tout le monde, maintenant pour les bons moments de vagues, un jour c'est les hommes qui en profitent, et le lendemain c'est les femmes, donc plus de parité là-dessus. Et surtout des (inaudible) égaux sur tout leur circuit de compétition, donc ça a été une vraie révolution, et une première dans le monde du sport, parce qu'on parle beaucoup du tennis, je ne sais pas trop aujourd'hui, mais en tout cas à ce moment-là, le tennis avait des (inaudible) égaux sur certaines compétitions, mais pas tous les circuits. Donc là c'est un sujet où on est assez précurseurs, et plutôt fiers de l'être. Je réfléchis en même temps à d'autres sujets, je ne sais pas si tu en as d'autres, tu peux en parler pendant des heures aussi. Je te laisse la parole.
La question du genre, et évidemment la question de la race, parce qu'on peut vraiment avoir une approche très intersectionnelle du surf. Le surf c'est vraiment l'exemple le plus réussi d'appropriation culturelle. C'est un sport de non blancs, récupéré par des blancs, massifié par des blancs, et pratiqué par des blancs. Et du coup, là aussi, il y a un peu de littérature critique sur les origines très coloniales, impérialistes du surf, et puis il n'y a pas encore dans les mondes du surf une réflexion sur le caractère très blanc, finalement, de ce sport, qui est pratiqué essentiellement par... Il y a quelques associations comme Surf Insertion, qui essaient d'amener les jeunes des cités vers le surf, mais il n'y a pas vraiment encore de prise en charge de cette question de manière très organisée, très visible, dans la littérature sur le surf, dans la presse sur le surf. Pour moi, ça reste encore un tabou et un impensé qui sort de manière parfois un peu... S'il y a politisation du surf à l'avenir, elle pourra peut-être aussi passer par la question raciale.
Je crois qu'il y avait aussi... Tu me dis si tu peux développer un peu là-dessus, la question du handicap aussi.
Alors là, par contre, il y a eu des efforts qui sont faits en termes de... Je crois qu'il y a une prise en charge des surfeurs handicapés professionnels, il me semble, mais j'ai peur de dire une bêtise. Pendant très longtemps, le surf, ça reste quand même un sport de valides en très bonne santé. Il y a aussi une grande révolution du surf sur le registre sanitaire, c'est-à-dire qu'on présente ce sport de plus en plus comme un bienfait pour la santé. Il y a même un élu Biarrot, qui développe ce qu'il appelle la surf-thérapie, c'est-à-dire le fait de... Pas que le surf, mais toutes les pratiques nautiques d'immersion sont très bonnes pour la santé en termes cardio, de bien-être, de vitalité, etc. Donc il y a quand même cette idée que le surf fait du bien à la santé. Mais par contre, on commence un petit peu vers la question du surf qui fait bien aux situations de handicap. Mais ça reste encore assez timide, il y a cette association Surf Insertion qui le fait. Mais voilà, ça reste... C'est moins avéré dans le monde du surf.
On arrive à ma toute dernière question, en guise de conclusion. Est-ce que vous avez le sentiment aujourd'hui que les surfeurs sont devenus des interlocuteurs crédibles pour les milieux politiques, économiques ? Est-ce qu'on a laissé de côté Brice de Nice ? J'espère quand même.
Pour moi, oui. Je pense qu'on a évoqué pas mal de raisons dans la discussion. Mais c'est vrai que l'évolution de certaines ONG, la pratique de plus en plus populaire, les surfeurs c'est aussi plus de voix, c'est le plus on est nombreux. La reconnaissance du sport parmi les grands sports. Comme je disais, il y a eu cette entrée aux JO, des acteurs économiques qui s'intéressent de plus en plus aux valeurs qui sont véhiculées. Voilà, tous ces éléments font que la vie des surfeurs est prise en compte. Pour moi, il y a quand même une belle évolution.
Pas mieux. Je suis d'accord. Il y a cet effet de respectabilité avec les JO, il y a cet effet aussi de nombre, avec de plus en plus de pratiquants, de plus en plus d'industries derrière, et pas que pour vendre des t-shirts. Il y a aussi ce travail de crédibilité qu'a pu construire Surfrider. Mais je pense qu'il y a quand même quelque chose d'assez important qui continue à être attaché au surf, c'est l'authenticité. C'est juste une anecdote de terrain, j'ai fait un bouquin sur la marée noire du Prestige, c'est ce qui m'a amené à Surfrider. J'avais fait un entretien avec le responsable littoral de la DIREN Aquitaine. On est à Bordeaux, on est assez loin de la mer, on est dans un bureau administratif, il y a des dossiers un peu partout, il y a des cartes, on est vraiment dans le monde de l'action publique et on entretient. Je ne pose même pas la question, il me dit ah non mais les surfeurs sont des interlocuteurs crédibles parce qu'ils savent des choses que moi je ne sais pas. Je peux parler du recul du trait de côte, de la bactério de l'eau, mais le surfeur, il prend sa voiture le matin, il traverse la forêt, il va passer la dune, il va être dans l'eau. Il va être totalement dans le milieu, il sait des choses que moi je ne sais pas. Je pense que Surfrider a aussi capitalisé sur cette idée que le surfeur est tellement passionné par la mer qu'on ne pourra pas le suspecter d'arrière-pensée. Il n'y a pas d'agenda secret dans Surfrider. Ce n'est pas un satellite des Verts ou un satellite de je ne sais quel parti politique. Il y a vraiment cette idée que ce sont des acteurs authentiques. Or l'authenticité, on le sait en sciences politiques, c'est une denrée de plus en plus rare. On est plutôt dans une phase de défiance vis-à-vis des institutions. Et que les quelques acteurs qui peuvent manifester comme ça l'authenticité, qui peuvent être crédités d'authenticité, ils ont pour moi du pouvoir en politique. Et je pense que Surfrider a eu ça.
Merci beaucoup. Je crois qu'il y avait une vidéo. Et après on passera aux questions du public.
C'était en 1990, on tombait malades après nos sessions et on ne savait pas pourquoi. On surfait au milieu des déchets, on était dégoûtés. Nous on voulait faire du bruit, médiatiser ces problèmes. Au début on était 5, 6, mais par nos actions, on a commencé par ameuter beaucoup de monde. Puis il y a eu les premières antennes locales qui se montaient pour lutter contre des projets de dragage, d'essais nucléaires, de pollution. On était en train de construire un vrai contre-pouvoir, le réseau des gardiens de la côte. Mais la vraie révolution, ça a été les Pavillons noirs. Quand on a publié cette première carte des plages polluées en 1997, un vrai coup de massue. Pour la première fois, les institutions nous écoutent. Et puis ce premier laboratoire d'analyse de l'eau entre quatre murs. Enfin un semblant de labo, mais peu importe, 10 ans après nos premières actions, on commence à collecter des données scientifiques sur le sujet. Dans les années 2000, quand les Initiatives océanes se développent, avec ces outils pédagogiques, ces données sur les déchets, je me dis qu'on a franchi un cap. On est en train de sensibiliser les nouvelles générations. Et surtout ces portes qu'on était obligés de forcer, eh bien maintenant, c'est les institutions elles-mêmes qui nous les ouvrent. 2000, 2010, 2020, les décennies avancent, et nous avec. On devient une référence en matière de protection de l'océan. Quand l'Union européenne décide d'interdire certains plastiques à usage unique, moi je pense aux staffs, aux bénévoles qui ont fait un travail monstre pour ça, à ces actions de terrain et de plaidoyer qui ont porté leurs fruits. Trente ans plus tard, Surfrider a bien changé. Qui nous aurait prédit être à l'origine d'une communauté aussi large autour de l'océan, présente à travers l'Europe, sur les littoraux et à l'intérieur des terres ? C'est bien la preuve que Surfrider Europe, ce n'est pas qu'une histoire de surf. C'est l'histoire de personnes qui partagent, transmettent, s'émerveillent, qui se battent et protègent. C'est l'histoire de personnes qui respirent l'océan.
On va passer aux questions du public. Merci beaucoup pour cet exposé qui est passionnant. Moi-même, je suis sociologue de l'environnement, dans un labo d'école et représentant d'une petite association qui s'appelle (inaudible) océan pour des espaces maritimes équitables. Je ne suis pas surfeur, mais j'ai déjà mis très puriste surfeur. Et mes questions, parce que je vais tâcher d'être court, portent effectivement sur les valeurs. Parce que je suis d'une génération soixante-huitarde et j'ai le souvenir d'un ouvrage qui m'avait marqué énormément à l'époque, qui s'appelait « Le surfeur et les militants ». Et le militant, valeurs et sensibilités politiques des jeunes français, des jeunes en France et en Allemagne, 1960-1990, d'un journaliste de... C'était la revue « Autrement ». La revue « Autrement », peu importe. Et donc effectivement, la thématique, c'était véritablement une forme d'alliance entre le militantisme pacifique, antinucléaire, l'immobilisation de tout ce qui pouvait se passer à l'époque, et l'esprit... Comment définir l'esprit ? L'esprit, disons, alternatif, centré sur le corps, sur une nouvelle représentation de la liberté, etc. Enfin toute thématique contre-autoritaire. Donc ma question... C'est merveilleux ce que vous avez montré, parce que j'ai peut-être une représentation déformée aujourd'hui de la communauté des surfeurs, je ne vais pas dire des militants, puisqu'il s'agit quand même là de militants, par l'intermédiaire d'un ami aussi de ma génération qui est un puriste, qui collectionne les premières planches, enfin bref, je ne vais pas revenir là-dessus, et qui voudrait d'ailleurs les donner dans un musée, il ne trouve pas un musée approprié, qui serait intéressé, il a des centaines de planches, etc. Et donc lui, pas du tout chercheur, mais il est extrêmement critique contre ce qu'il appelle effectivement la marchandisation et la capitalisation, la financiarisation, finalement de ce sport, qui est effectivement devenu à mort un sport de masse. Et par ailleurs, on n'en a pas beaucoup parlé, mais il achète la presse spécialisée concernant le surf, Surfeur journal, etc. Et évidemment, dans cette presse, c'est le sensationnel, c'est les vagues, c'est la compétition, c'est les photographies, c'est les interviews de championnes, etc., ou de champions, mais j'allais dire, voilà, quid des valeurs que vous avez bien montrées, qu'il y avait encore des valeurs très singulières. C'est vrai, qu'est-ce que représente en termes de masse, enfin de potentiel, cette communauté militante dont vous parlez ? Ça, c'est ma première question. Et d'autre part, effectivement, on a un peu le sentiment, quand on parcourt ces revues dans les kiosques, évidemment, il est sans arrêt question d'écologie, il n'est question que de ça, mais en même temps, il est question aussi que de photographie, que de mise en scène, que de marketing, enfin que de produits hypertechs, etc. Et puis, c'est vrai que j'ai été marqué, moi, par un fait divers, mais les faits divers, ce n'est peut-être pas intéressant, mais il y a eu un surfeur américain, qui était un champion, je ne sais pas, peut-être du monde, qui était présenté comme écologiste, et quand il y a eu cette affaire à La Réunion, il a dit, il faut tuer tous les requins, en quelque sorte, pour continuer à protéger les vagues. Donc voilà, je ne sais pas si c'est une question, mais c'est une question autour des valeurs, leur permanence, et finalement, comment se défendre quand on voit la marchandisation outrancière, effectivement, aujourd'hui, de ce sport, et sa publicisation.
Du coup, ce n'est pas vraiment une question, c'est un programme de recherche,
merci,
et ça tombe bien, parce que c'est le mien. Effectivement, moi, c'est vraiment les questions qui m'intéressent, on ne peut pas parler du surf comme un monde homogène, intégré, c'est des mondes, très pluriels, des valeurs, des références, je ne vais pas rentrer dans le détail de la technicité sociologique, mais moi, je parle avec le modèle des économies de la grandeur de Boltanski et Thevenot, donc c'est ce qu'on appelle le monde inspiré, la grandeur inspirée, et donc il y a énormément de contestations, d'oppositions, de luttes symboliques, et ce que vous décrivez, c'est vraiment un moment du surf, c'est-à-dire comment ce sport s'est défini à partir des années 70, autour de la contre-culture, c'est-à-dire la liberté, l'hédonisme, le retour vers le corps, le fait de tourner le dos aux institutions, etc. On a vu dans le film, à la fin, Gibus de Soultrait, qui est le rédacteur en chef de Surfeur Journal, le journal qui essaye de maintenir cet esprit du surf. Et c'est vrai que dans les années 80-90, le sport s'est énormément massifié, développé, marchandisé, technologisé, etc. Et que du coup, il y a énormément de tensions, il y a plein de paradoxes dans le surf, c'est-à-dire qu'on promeut l'écologie sur un produit du pétrole, la planche, avec une combinaison en néoprène, qui est aussi un produit du pétrole. Il y a des tentatives d'avoir des planches en bois, etc. Il y a des combinaisons qui sont faites avec des résines d'arbres. Dans les mondes du surf, il y a aussi une tentative d'innovation technologique, dans un sens beaucoup plus éco-responsable. Il y a un label qui s'appelle EcoRide, pour attester de la plus-value. C'est vraiment un sport qui a pris la question environnementale à bras-le-corps, même s'il y a du greenwashing, des paradoxes, des tensions, etc. Pour moi, les piscines à vagues, c'est ce qui cristallise le plus ces conflits de valeurs, parce que là, on peut vraiment parler de conflits de valeurs.
Moi, j'ai une question un peu triviale. Qui finance Surfrider ? Est-ce que c'est des mécènes ? Est-ce que c'est les pouvoirs publics ? D'où viennent les financements pour faire fonctionner ? Je ne sais pas si tu as des données ?
Je n'ai pas des données chiffrées, mais il y a des entreprises, il y a des fondations de certaines entreprises aussi. Il y a des particuliers. Il y a 15 000 adhérents. Certains financements, on a parlé tout à l'heure d'appel à projets sur des dossiers à monter donc c'est un petit peu tout ça finalement alors honnêtement je n'ai pas d'ordre d'idée de la proportion sur le budget de 5,2 millions.
Oui je crois que c'est... alors c'est des dons, enfin c'est des particuliers, des adhérents, il y a quelques dons privés avec des mécénats d'entreprises, c'est quelque chose que Surfrider essaye de développer il y a un poste dédié, etc., mais je ne sais pas si ça rapporte beaucoup d'argent à l'organisation et il y a surtout tous les appels à projets sur des lifes, des programmes de la commission européenne Lifeplus qui servent à financer l'intégralité donc c'est vraiment, le fonctionnement pérenne il est des dons, du fundraising, des vêtements parce que Surfrider a aussi une ligne de vêtements qu'ils vendent alors je ne sais pas si ça rapporte beaucoup mais il y a aussi du merchandising et beaucoup d'appels à... enfin de financements sur projets et Lifeplus c'est... et comme Surfrider a vraiment huit orteils dans la Commission européenne, j'exagère peut-être en disant huit, sept, voilà ça leur permet d'avoir quand même un accès à des financements communautaires même s'il faut à chaque fois se battre pour...
Bonjour à tous, je m'appelle Lucille, je suis bénévole au groupe local de Paris de Surfrider donc je peux vous répondre, on a financé un tiers, un tiers, un tiers, un tiers de financement public donc Commission européenne mais aussi du coup certains ministères, un tiers de dons de particuliers donc privés et un tiers de dons d'entreprises donc toujours dans le privé mais du coup, ça, on le développe notamment avec une prestation de sensibilisation d'entreprises donc des team building mais aussi des entreprises qui donnent à Surfrider donc voilà un tiers, un tiers
un tiers pour résumer. Merci, vous avez un petit peu parlé en introduction de Surfrider USA, une petite interrogation par rapport aux relations entre aujourd'hui Surfrider USA et Surfrider Europe, on voit que le film que vous avez projeté et j'ai envie de dire signé Surfrider Europe et non pas Surfrider world wide quelque part, quand on regarde certaines ONG dans d'autres secteurs notamment l'énergie, on voit que selon les pays les lignes éditoriales ne sont pas du tout les mêmes donc qu'en est-il aujourd'hui des relations entre différentes franchises de Surfrider ?
Non en effet, alors moi j'ai peu d'interactions avec Surfrider US mais les lignes éditoriales ne sont pas du tout les mêmes. Je pense qu'il y a une question culturelle aussi. Je pense qu'en Europe on est quand même précurseurs sur pas mal de sujets. Aux États-Unis bon là, la société de consommation est quand même très ancrée, ils sont plus sur la défense du littoral, de leurs vagues là où Surfrider Europe va énormément s'activer sur les polluants plastiques par exemple. Donc oui il y a quand même au niveau de la ligne éditoriale, ça n'a vraiment rien à voir je pense et c'est adapté à nos publics aussi. En fait franchise ce n'est pas le terme exact,
originellement Surfrider foundation Europe et l'antenne européenne de Surfrider USA mais c'est très formel et ça n'a jamais été, on va dire, durci donc c'est vraiment des entités qui vivent leur vie. Il y a Surfrider États-Unis, Europe, Japon, Maroc, Australie, je crois que c'est tout. Et c'est vraiment, il n'y a pas un consortium mondial de Surfrider où les responsables se planifient les... non non c'est vraiment des entités très déconnectées les unes des autres. Je ne connais pas du tout les autres Surfrider mais c'est vrai que ce que dit Pauline, c'est vrai Surfrider États-Unis, c'est finalement beaucoup moins la thématique de la qualité de l'eau plus la problématique de l'accès à l'eau. Et Surfrider Foundation europe, ce n'est pas que le littoral c'est aussi le domaine hauturier, c'est l'océan donc la qualité de l'eau même au-delà de la zone économique exclusive alors que Surfrider Ffoundation États-Unis à ma connaissance mais j'ai peur de dire des bêtises, ils ne vont pas être des défenseurs de l'océan. Voilà donc ils ne vont pas aussi loin et Surfrider Foundation Europe, c'est à la fois une extension hauturière au-delà du littoral mais c'est aussi une extension dans les terres, c'est-à-dire que toutes les pollutions qui affectent la mer, elles trouvent leur origine dans les rivières, dans les grandes métropoles, dans les grandes villes d'où une antenne à Paris. Voilà donc Surfrider ce n'est pas uniquement une affaire de gens, une affaire balnéaire de gens qui habitent sur le littoral, c'est aussi les terres charrient toutes les pollutions des mers en fait. Donc il n'y a pas que des surfeurs à Surfrider il y a aussi des surfeurs de bitume.
Merci pour votre intervention et je voulais savoir, vous avez un peu commencé à répondre sur est-ce que Surfrider est présent en Afrique donc vous avez dit qu'il était présent au Maroc et je voulais savoir quelle était la position de Surfrider sur le développement du surf au Maroc qui a un développement qui est assez agressif, qui modifie beaucoup certains
sites urbains notamment. J'avoue que je n'ai pas beaucoup d'infos. La position, comment ? On leur posera la question parce que c'est une bonne question. Surfrider Maroc ils font des opérations, enfin des Initiatives océanes. Après, leur vision du développement du surf tourisme, ça j'avoue que je n'ai pas trop d'éléments là-dessus. Tu peux poser ta deuxième question je pense.
Juste peut-être un ajout bien qu'ayant un frère qui a vécu au Maroc et qui a pour belle-fille la championne de surf du Maroc, je
n'ai pas de données précises sur le Maroc mais il ne faut pas oublier d'interroger le régime politique. Ce n'est pas la même chose de développer une association dans un régime... Après je ne suis pas un spécialiste des régimes arabes donc j'aurais tendance à penser que ce n'est pas les mêmes entités mais il faudrait faire une enquête. Il y a un papier de Christophe (Gibbert) là-dessus mais je ne l'ai pas lu, j'avoue, donc la deuxième question.
Qui est peut-être aussi relou je ne
sais pas mais c'est par rapport aux piscines à vagues, on entend parfois que les piscines à vagues permettraient d'avoir plus de champions en France, est-ce que vous êtes de cet avis-là ou pas ? En tant que championne vous n'en êtes pas trop mais et par extension, pourquoi est-ce que les vagues que vous avez décrites comme écologiques ne se développent pas en France si elles sont écologiques ? Je suis prof d'histoire géo mais c'est tout. J'en
ai peut-être parlé un petit peu tout à l'heure mais c'est vrai que par rapport à la position de la Fédération française de surf qui eux ont envie d'avoir accès à ces piscines, en fait il y a déjà de jeunes athlètes et des nationalités qui s'y entraînent souvent et en termes de performance, c'est vrai qu'on voit une différence, cet accès à la répétition à avoir un feedback instantané de ce qu'on a fait sur la vague, ce qu'on n'a pas du tout dans l'océan, si vous voulez un entraînement dans l'océan pour les athlètes, c'est on a des consignes d'un coach, on va à l'eau 30 minutes, on fait quelques vagues et on n'a pas d'interaction avec le coach pendant ce laps de temps. Donc l'interaction immédiate, elle a quand même un effet hyper bénéfique pour la progression et donc l'avenir le dira parce que vraiment là, les jeunes, c'est les premiers, cette première génération à avoir accès à ces technologies mais en tout cas comme je disais, on voit une différence dans la maîtrise technique en fait de ces jeunes athlètes. Moi c'est trop tard, c'est presque trop tard, non pas tout à fait mais en tout cas comme je disais, l'avenir le dira.
Oui pour rajouter mais là je ne parle pas du tout en connaissance de cause. Non il y a une évolution du répertoire aussi en compétition, c'est de plus en plus des figures en l'air, les (aérioles) et là, la piscine à vagues c'est un vrai plus pour maîtriser la conquête de l'espace par un surfeur et je crois que c'est ce qui fait de plus en plus la différence en compétition mais là je parle vraiment sous ton contrôle. Et le jour où des jeunes Anglais maîtriseront à la perfection des (aérioles) là où nos Français peineront à le faire, là peut-être que ce sera une révolution symbolique. Je ne sais pas mais en tout cas voilà, l'évolution de la compétition va vers un surf qui s'apparente de plus en plus vers le skate avec des dérapages contrôlés, des figures aériennes, etc., et on n'est plus du tout dans le surf originel où on se surfe la vague, on suit la vague, là on va plutôt sauter par-dessus la vague, transpercer la vague, je trouve que c'est une évolution qui favorise la piscine à vagues parce que la piscine à vagues autorise ce genre de pratique. La technologie que je vous ai présentée, elle ne permet pas à ma connaissance cette pratique
assez radicale, il faut quand même des vagues bien creuses. Ok alors merci pour votre
présentation. On a parlé de ligne
éditoriale tout à l'heure notamment vis-à-vis de la structure européenne et moi je me demandais au-delà du surf et au-delà des polluants locaux et de la pollution sur les plages, comment Surfrider se positionnait sur d'autres thématiques qui touchent à la protection de l'océan? notamment la protection de la biodiversité et plus largement des écosystèmes marins, notamment les herbiers marins, les différents écosystèmes qui captent du carbone et qui sont des déterminants importants pour le changement climatique. On a la conférence des Nations Unies à Nice qui aura lieu en juin et qui va traiter de ces questions-là qui envisage, qui va tenter de faire ratifier un traité le (PBNJ) qui vise à légiférer dans les zones internationales vis-à-vis de la protection de la biodiversité donc voilà, comment quels sont les rapports de Surfrider vis-à-vis de la pêche, vis-à-vis de la destruction des écosystèmes marins et est-ce qu'elle se mobilise est-ce qu'elle
forme un plaidoyer sur ces questions ? Merci. Alors c'est des actions pour lesquelles Surfrider est moins connu mais en tout cas, alors ils n'interviennent peut-être pas de façon dans le terrain sur ces actions-là mais en tout cas sur l'aspect pédagogique, il y a pas de choses qui sont faites avec des sortes de (fraises) de l'océan, des outils pour une pêche plus responsable, essayer d'éduquer aussi les consommateurs tout simplement vers quel poisson s'orienter pour notre consommation, en regardant les techniques de pêche, l'aspect saisonnalité aussi donc ça, je pense que c'est plus sur l'aspect pédagogique, là, qu'ils sont actifs.
Deux petits ajouts, en fait Surfrider fait un travail de coalition en fait. Quand elle sort de son domaine de compétence qui est la qualité de l'eau et la pollution, les macrodéchets, elle s'allie avec d'autres ONG sur des coalitions donc c'est aussi la façon d'accompagner, la façon d'exister des ONG à Bruxelles, ça passe beaucoup par un travail de coalition parce qu'une ONG ne peut pas faire toute seule donc il y a ça qui se joue. Et Surfrider prend aussi un peu la question de la biodiversité via l'alimentation puisqu'elle a créé un réseau pour labelliser des restaurants. Donc il y a des restaurants qui sont certifiés Surfrider pour la qualité écologique de l'assiette.
Eh bien encore merci à vous deux d'avoir participé à cette annonce.