Conférence
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Français
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/1jq9-5w67
Citer cette ressource :
Pour un partage des savoirs. (2017, 12 janvier). Forum Nîmois - Charles GIDE - AGLIETTA 12 JANVIER 2017. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/1jq9-5w67. (Consultée le 19 mars 2024)

Forum Nîmois - Charles GIDE - AGLIETTA 12 JANVIER 2017

Réalisation : 12 janvier 2017 - Mise en ligne : 21 janvier 2017
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Descriptif

L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'assosiation et professeur des universités recoit, le proféesseur Michel Aglietta, le 11 avril 2013, au lycée Alphonse Daudet de Nîmes.

Cette conférence a été retransmise en directe sur le web de l'Académie de Montpellier 

Biographie Michel Agliétta

Pourcommencer avec brillance l’année 2017, le Forum nîmois Charles Gide accueillele jeudi 12 janvier à 18h30 au lycée Alphonse Daudet, le célèbre économistefrançais Michel AGLIETTA.

Diplôméde l’École Polytechnique, Michel Aglietta a suivi les cours de l’ÉcoleNationale de la Statistique et des Études économiques (ENSAE). Intéressé parles phénomènes de société et considérant que l’économie ne peut être séparée dusocial et du politique, il a rénové la théorie de la croissance en l’étudiantdans un rapport économie et société sur le temps long et dans un autrecontexte, celui des États-Unis. Sa thèse a généré de nombreux débats entreéconomistes. Agrégé en Sciences économiques, professeur à l’université d’Amienspuis à Paris Ouest Nanterre mais également à HEC, il a mené des recherches dansdifférents organismes monétaires et financiers et fut conseiller auprès denombreuses grandes banques.

Il est unspécialiste d’économie monétaire internationale, membre du haut conseil des finances publiques et connu pour ses travaux sur le fonctionnement des marchés financiers,qui ont permis de mieux connaître l'histoire des bourses de valeurs. Il viendra nous présenter une conférence intitulée : « Comment financer la transitionclimatique ? Comment atteindre les objectifs de laccord deParis ? » 

Introduction Jean Matouk

Mon cher Michel,

C’est la troisième fois que le Forum Charles Gide te reçoit.C’est dire si nous apprécions ton savoir.

J’ai donc déjà fait deux fois ton panégyrique. Permets-moi dele faire plus bref. Ancien élève de Polytechnique, et de l’Ecole nationalesupérieure de la statistique et des études économiques, tu as été agrégé desUniversités en sciences économiques, professeur, notamment à Paris X. Tu as étéchoisi pour faire partie du Conseil  d’analyseéconomique près du Premier ministre, tu es aujourd’hui membre du Haut Conseildes finances publiques. Tu es l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages dont certainsfondamentaux.

Tu as fondé, à mon sens, au moins deux écoles en économie. D’abord,l’école de la régulation, avec Robert Boyer, à la suite de ta thèse. Puis tu as fondé – il faut  le répéter- une véritable nouvelle école surla monnaie, en enracinant celle-ci dans l’évolution de la  société, avec quatre  ouvrages majeurs que j’ose appeler d’anthropologiemonétaire.

D’abord, en 1984, la Violencede la monnaie, avec André Orléan que nous avons aussi reçu au Forum. Puis,en 1998, le cœur de tes recherches, LaMonnaie souveraine, et, en 2002, toujours avec Orléan, La Monnaie entre violence et confiance, enfin  en 2016, un pavé de science, ici proposé, La monnaie entre dettes et souveraineté. Toujourschez Odile Jacob !

Franchement, je le dis à tous, et sans flagornerie aucune, iln’est pas honnête aujourd’hui de faire dans nos universités un cours sur lamonnaie, sans partir de tes recherches, et je pense, très sincèrement, qu’ellesauraient pu te valoir le prix Nobel d’économie. Selon les nouvelles méthodespédagogiques, tes écrits devraient au moins  être le cours en ligne, le MOOC, de base, àpartir duquel nos chers collègues devraient bâtir leurs propres enseignementset répondre aux questions de leurs étudiants.

Tu t’es ensuite intéressé à l’Europe, et l’euro, puis  à la Chine, deux thèmes pour lesquels noust’avons reçu ici. Tu as le talent d’exposer des choses difficiles,  avec assez de clarté pour retenir l’attentionde ceux dont l’économie n’est pas le passe-temps favori. Je suis certain qu’ilva en être de même ce soir, mais je dois prévenir le public qu’il doitintensifier son attention, surtout au début, car les données statistiques quetu fournis sont assez complexes, parce que réelles.

Tu viens, en effet, nous parler du financement de latransition climatique. Je crois savoir que tu commences par des données declimatologie qui montrent la sensibilité de l’économie aux extrêmes climatiques.Des extrêmes, dont nous avons, en Europe même, et aux Etats Unis,  subi quelques conséquences, mais dont bien d’autres,depuis les ours blancs de l’arctique, jusques aux populations du Sahel, ensubissent de bien plus grandes. Il est bon que des esprits rationnels etscientifiques comme le tien, valident, à l’encontre de tous lesclimato-sceptiques, ce qui a été le fondement de l’accord de Paris, à savoirque le sort de toute l’humanité aujourd’hui, est lié à une dérive climatique,dont l’homme est responsable. Certains ont d’ailleurs lancé le termed’anthropocène pour désigner l’ère géologique dans laquelle la terre seraitentrée entre le XVIII et XIXème siècle, ère dans laquelle l’homme par sonactivité transforme la terre.

Les décisions prises à Paris à l’automne 2015, à la suite, ilfaut lui reconnaitre ce mérite, des efforts de l’actuel gouvernement, dontnotamment Laurent Fabius et Laurence Tubiana, impliquent en effet des effortsfinanciers de toutes sortes dont il faut décrire les fondements. Tu vasnotamment, je le sais, nous parler du prix du carbone et de la taxe carbonesouvent évoqués comme outils de régulation des effluents anthropiques, mais dont le grand public ne comprend pastoutes les subtilités. Tu vas aussi mettre sur l’établi le principe de précaution,objet de violentes critiques aujourd’hui, tant son emploi poussé à l’extrêmenuit à la prospérité.

Je vais donc te laisser la parole, car le programme estchargé. L’homme, à travers les âges, a déjà subi de grandes variationsclimatiques, s’y est adapté, et a même provoqué déjà des modifications de lanature.

La dernière période glaciaire, purement liée à des mécanismesphysiques, qui s’est produite, entre -100.000 et -10.000, juste à l’aube de larévolution agricole du néolithique, a impacté profondément la faune et l’homme.Celui-ci dans un sens, en a profité. Elle a permis, notamment aux asiates, depasser à pieds de la Sibérie à l’Alaska, pour peupler les Amériques, et auxterres des actuels Australie, Tasmanie et Nouvelle Guinée, de ne former qu’uncontinent .L’homme alors n’y était pour rien, mais s’adaptait. Plus près denous  une petite période glaciaire, àpartir du XIème siècle, a provoqué, au début du XIVème, jusqu’au milieu duXVIIème, des fortes baisses de productions agricoles, donc l’affaiblissementdes organismes,  qui n’ont pas purésister à la peste importée d’Asie. Il en est résulté un effondrement de ladémographie européenne

Mais il y a eu aussi des exemples d’impact de l’homme sur sonenvironnement immédiat, décrits notamment par Jared Diamonds dans son livre« Effondrement », de 2005. Le Groenland, un « pays de verdure »selon l’étymologie, mais dont les habitants ont détruit la nature entrainant saglaciation, ou encore l’Ile de Pâques que les Maori venus de Polynésie ontpeuple, et détruite !

Mais, jamais encore l’homme n’a entraîné une modification desa biosphère de cette ampleur, à laquelle, si elle se poursuit, 7 milliardsd’humains ne pourront pas s’adapter sans tragédies. Le seul espoir est que leshommes de tous les continents, qui ont signé l’accord de Paris, dans une formeprimitive de noosphère, pour reprendre le thème de Teilhard de Chardin que nousavons visité fin décembre,  l’appliquentréellement.

C’est dire l’importance de ce que va dire Michel Aglietta. Ecoutons-lece soir avec plus d’attention que jamais.

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