Conférence
Chapitres
Notice
Lieu de réalisation
Chapelle de l'Humanité, Paris 3e arrondissement.
Langue :
Français
Crédits
Alexandre MOATTI (Publication), FMSH Production (Production), Quentin CENSIER (Réalisation), David Labreure (Intervention)
Conditions d'utilisation
cc-by-sa 4.0 avec mention de l'intervenant, du réalisateur, de l'éditeur et de FMSH Production.
DOI : 10.60527/19gq-3h39
Citer cette ressource :
David Labreure. cultureGnum. (2021, 13 octobre). Avec Auguste Comte, à la chapelle de l'Humanité. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/19gq-3h39. (Consultée le 21 mai 2024)

Avec Auguste Comte, à la chapelle de l'Humanité

Réalisation : 13 octobre 2021 - Mise en ligne : 28 octobre 2021
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Descriptif

avec David Labreure, directeur du musée et du centre de documentation Maison Auguste Comte.

Le tournage a lieu en la chapelle de l'Humanité, 5 rue Payenne à Paris IIIe. Nous remercions l'Eglise positiviste du Brésil (propriétaire de cet édifice) pour l'accès au lieu.

Cette vidéo vient en complément de notre vidéo 'Avec Auguste Comte, chez lui', à la Maison Auguste Comte (Paris VIe), avec Michel Bourdeau, portant sur la philosophie et la politique positives.

 

(transcription non exhaustive par A. Moatti de l'intervention de D. Labreure, novembre 2021)

 

Ce dernier temple positiviste subsistant en Europe a été érigé enjuillet 1905 par l’Église positiviste du Brésil, (qui en reste propriétaire), àla place de l’immeuble voisin de celui où habitait Clotilde de Vaux(1815-1846), égérie de Comte de 1844 à 1846 ; Clotilde, de dix-sept ans sacadette, était la sœur d’un des élèves de Comte à Polytechnique, Maximilien Marie(1819-1891).

Comte avait l’ambition dès 1822 de réorganiser le pouvoirspirituel, en même temps que le pouvoir politique et temporel. Mais c’est àpartir de 1849 que la philosophie positive devient le positivisme,incluant la religion de l’humanité. Après le Cours de philosophie positive(1831-1842), cette religion donne lieu au Système de politique positive (1851-1854)et au Catéchisme positiviste (1852). À l’état positif, nous pouvons garder l’idée de religion,mais sans Dieu. C’est la religion de l’Humanité – celle du Grand Être,constitué de tous les hommes et femmes ayant vécu et vivants, et notamment lesplus illustres.

Le calendrier positiviste aux murs de la chapelle illustre ces grands hommes, avec13 mois de 28 jours. Moïse est le nom donné au premier mois ; Homère,Aristote, Archimède et Jules César figurent les 4 mois suivants – soit le mondeantique gréco-latin ; saint Paul et Charlemagne représentent le Moyen-Âge,l’un le pouvoir spirituel et l’autre le pouvoir temporel – enfin séparés ;le monde moderne est figuré par les mois de Dante, Gutenberg (l’industriemoderne), Shakespeare, Descartes, Frédéric II (monarque éclairé, ami desarts) ; le 13e mois marque l’entrée dans l’âge positif, avec lascience moderne, figurée par le physiologiste Bichat. La journée bissextile tousles 4 ans est consacrée à la femme, avec Héloïse, et la « supérioritémorale de la femme ». Manque aussi un 365e jour (puisque 13mois de 28 jours = 364 jours) : c’est la Fête universelle des morts,représentant la partie privée du culte de l’Humanité. Au sein de chaque mois, on trouve aussi des« saints » plus mineurs qui symbolisent les semaines (il y a 4semaines – 28 jours – dans le mois comtien) : ainsi, dans le mois Descartes: saint Thomas d’Aquin, Bacon,Leibniz et Hume ; puis les saints qui symbolisent les jours.

 

Fête des morts (365e jour), 1924 (Maison Auguste Comte)

 

Sur le mur gauche, apparaît la base dogmatique de la religion – sathéologie : il correspond à la classification comtienne des sciences. Surle mur droit, la base cultuelle, celle de la pratique : elle correspond à l’éducationaux arts, architecture, peinture, etc. L'aspect éducation était très important chez Comte, notamment l'éducation du prolétariat — Comte était actif dans les "cours aux ouvriers" à Paris (notre vidéo cultureGnum avec Carole Christen).

Paris est le centre de la religion positiviste : àl’image d’autres religions, tous les temples positivistes devaient être tournésvers Paris. Dans le même esprit, Comte voulait remplacer « Aux grandshommes la partie reconnaissante » sur le Panthéon par : « Auxgrands hommes l’Humanité reconnaissante »; et il envisageait de prêcher depuis la chaire sacerdotale de Notre-Dame.

Dans le tabernacle, se trouve le Catéchisme positiviste (1852).Au-dessus de l’autel, parmi d’autres inscriptions, figure cette ode : « VirgineMadre, figlia del tuo figlio, amen te plus quam me, nec me nisi propter te(Vierge-Mère, fille de ton fils, que je t’aime plus que moi et que je ne m’aimeque pour toi). »

Les premiers temples positivistes sontconstruits en Angleterre à partir de 1870 ; à Chapel Street, à Londres ;à Newton Hall, à Londres ; puis dans les villes industrielles, Liverpool,Newcastle, Leicester, Birmingham, Manchester. L’autre pays dans lequel la philosophieet la religion positivistes ont essaimé est le Brésil : les futursofficiers et ingénieurs y ont importé les idées de Comte (philosophie etreligion) à partir des années 1870 ; le temple de Rio est érigé en 1891,puis Sao Paulo, Porto Alegre – c’est dans cette dernière ville que se dérouletoujours, de nos jours, un culte positiviste. À Paris, il y eut quelques officesjusque dans l’entre-deux-guerres. Les temples britanniques ont disparu :le dernier temple, celui de Liverpool, a été converti au culte évangélique dansles années 1960.

 

Pilier de la chapelle, détail

 

Bibliographie complémentaire (indicative):

  • Un « reportage » dépoque (d'avant la construction de la chapelle, 1894), in Léon Chailley, Les petites religions de Paris (Wikisource)
  • Un article d'Annie Petit, « Les disciples de la religion positiviste », Revue des sciences philosophiques et théologiques, vol. 87, no. 1, 2003, pp. 75-100 (en ligne Cairn).
Intervention

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