Excursions daguerriennes (1839-1860)
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Descriptif
par Serge Plantureux, expert en photographies anciennes.
(transcription par A. Moatti ci-dessous d'une partie de la vidéo de S. Plantureux)
C’est en janvier 1839 que l’on apprend qu’Arago prépare à l’Académie des sciences le porter à connaissance du daguerréotype, inventé par Nicéphore Niepce (1765-1833), représenté par son fils Isidore, et Louis Daguerre (1787-1851) ; l’annonce officielle se fait en juillet (Chambre des Députés), et des démonstrations publiques ont lieu dès septembre 1839.
Le daguerréotype est un miroir d’argent plaqué sur du cuivre – ce sont les orfèvres qui faisaient les plaques (c’est le métier de planeur, qui signe la plaque par un poinçon, comme une pièce d’orfèvrerie). Le format le plus courant est le 1/6e de plaque, la plaque entière faisant 16*22 (ancêtre du format photographique 18*24). Le temps de pose étant très long, on ne photographiait au départ que des paysages, des statues, des ruines. La fixation du cliché se faisait à l’iode et au mercure, dont les vapeurs étaient très toxiques – ce qui entraînera la fin du procédé fin 1860.
Entretemps les Américains améliorèrent le procédé, réduisant le temps de pose, ce qui permit des portraits d’individus (le temps de pose immobile restant long, plusieurs minutes !). Le daguerréotype va accompagner le développement du pays : par exemple existent des clichés de la Ruée vers l’or, dont il est concomitant… C’est Samuel Morse (1791-1877) qui avait importé le procédé aux États-Unis, ayant rencontré Daguerre en mars 1839. Un envoyé du tsar avait aussi rencontré le fils Niepce à la même époque – et l’on a retrouvé récemment des daguerréotypes du Louvre au musée de Saint-Pétersbourg.
Le procédé avait été voulu par Arago libre dans le monde entier – ce fut le cas sauf en Angleterre où William Talbott (1800-1877) avait breveté un procédé très analogue. Le daguerréotype va participer d’une diffusion de l’information dans le monde, permettant de connaître des lieux, des monuments à une époque où le tourisme n’existait pas.
Les premiers salons de photographies apparaissent en 1842. Signalons à Paris celui des frères Bisson (qui font le portrait de Balzac en mai 1842), et à Philadelphie celui de Robert Cornelius (1804-1893), qui fait le premier autoportrait photographique réussi…
D’autres acteurs de cette épopée méritent d’être mentionnés. Le baron Gros (1793-1870), attaché d’ambassade français en Colombie, fils du peintre Gros, va lui aussi réinventer le procédé, à partir de sa lecture des journaux. Moins connu qu’Arago est un autre académicien, le biologiste Pierre Flourens (1794-1867) : Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences comme Arago, il seconde celui-ci dans la diffusion du daguerréotype, et est en première ligne après la mort d’Arago en 1853. Il fait faire le daguerréotype de ses 3 fils enfants, dont celui qui deviendra l’anthropologue puis général communard Gustave Flourens (1838-1871).
En bonus : Itinéraire d’un normalien (l’intervenant Serge Plantureux) (37’32)
Pour aller plus loin :
Anne McCauley, « Arago, l’invention de la photographie et le politique », Études photographiques, 2 | Mai 1997, accès libre OpenEdition.
Charlotte Denoël, « Le Daguerréotyp »e, 2005, site MCC L’Histoire par l’image (lien)
Vidéo INA, 1977, relative à la confection du daguerréotype (nous n’avons trouvé que le lien Facebook..)
Trois articles Wikipédia : Daguerréotype, Histoire de la photographie, Balzac et le daguerréotype.
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