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FILMS DOCUMENTAIRES

Ce dossier vous propose au travers d'étonnants et rares documentaires, de partir à la découverte de langues en danger, étudiées par les chercheurs du LACITO.

JACQUELINE M.C.THOMAS, UNE VIE CONSACRÉE À LA RECHERCHE AU LACITO | CNRS 2016

Le LACITO ne pouvait fêter ses quarante ans sans témoigner de l’importance considérable de Jacqueline M.C.Thomas, ethnolinguiste et fondatrice du laboratoire.
Isabelle Leblic et Lameen Souag, membres du LACITO, accompagnés de l'équipe du service audiovisuel de l'UPS 2259, sont allés à sa rencontre.

« L'étude linguistique n'a de sens que fondée sur une connaissance très poussée de la culture où elle se situe" de même que "l'étude d'une société exige une parfaite maîtrise de la langue qu'elle pratique. »
Jacqueline M.C. Thomas

Production : Culture, Langues, Textes / LACITO
Réalisation : Franck Guillemain, en collaboration avec Isabelle Leblic

A L'ÉCOUTE DES NA DE YONGNING | Un film de Franck Guillemain en collaboration avec Alexis Michaud

Sur les contreforts de l’Himalaya se trouve la plaine de Yongning, dont le nom local est « plaine Centrale » : lieu de la culture Na.

Alexis Michaud, linguiste au CNRS, étudie la langue Na depuis plus de 10 ans. Il a été accueilli année après année par nombre des membres de la famille de Tashi, anthropologue et linguiste spécialiste de la culture Na.
En 2018, il revient au village poursuivre son travail dans la maison de Kizo, belle-fille d'Ama, mère de Tashi.

Film de Véronique de Colombel | Afaneciya - Cycle agraire et musical en pays ouldémé

Film en super 8mm, coul., sonore, 1h 45mn, 1986, coproduction CNRS-Audiovisuel, LACITO et V. de Colombel.

Les conditions du tournage

Les images présentées ici n'ont bénéficié d'aucune technique moderne ou professionnelle de prises de vue. Merci d'en excuser les imperfections, ainsi que les souffrances des bandes dues à la chaleur.
   Le film a été tourné, en très peu de bobines, sur le vif, de mai 1977 à mai 1978, par moi-même, avec une petite caméra Super 8 muette, au poing, achetée avant le départ, un mini-magnétophone Sony à l'aisselle et une méthode de prise de vues à lire pour les moments de repos. La séquence n°9 date de 1982 avec la reconstitution de l'écriture, en langue ouldémé, d'une lettre qui m'avait été envoyée en France en 1981.
   Partie de juin 1975 à juin 1979, dans ces montagnes "perdues", je n'ai pas eu, techniquement, la possibilité de regarder, sur le terrain, le résultat des prises d'images, expédiées en France au gré des bonnes volontés, afin de les protéger de la chaleur locale. Il m'a donc fallu travailler à l'aveuglette et compter ainsi sur mon imagination, ma mémoire et mes notes.
   Les conditions de tournage ont bénéficié de deux ans de familiarisation avec les montagnards et plus particulièrement avec une famille, de deux ans d'observations, de pratique de la langue, de formation d'une équipe de travail, d'informations ou d'acquisition de connaissances linguistiques et anthropologiques. En effet, les difficultés techniques ont exigé une organisation mentale préalable de la prise de vue. C'était le seul moyen de prendre, sur le vif, l'essentiel, qui n'est jamais à première vue évident et cela sans gêner quiconque : « La photo peut manger ton âme », expression étrange qui s'éclaire si l'on sait que la photo peut être utilisée pour la moquerie ou le mépris, cf. séquence n°9 ; d'un autre point de vue, penser que les autres sont superstitieux est bien souvent une réaction face à une expression non comprise. Lors des prises de vue, des réflexions amusées et fines sur mon travail n'ont pas été traduites et c'était un choix de ma part.
   Ce défrichage de "terrain" a servi par la suite à d'autres : à l'analyse scientifique de la technique d'expression musicale par Nathalie Fernando (thèse en 1999) et à la réalisation récente (2011) d'un film professionnel hollandais par Miranda Van der Spek.

 

La musique des Ouldémés

Chez les Ouldémés, il existe un calendrier musical strict, marquant les saisons et les travaux des champs, qui repose sur une conception fondamentale : l'association des âges de la vie humaine et amoureuse au rythme de la croissance des végétaux ; et parallèlement le lien de la fertilité des sols et de l'abondance des récoltes avec la fécondité de la femme et l'importance de la descendance.
   La musique, premier langage de l'homme, affirme cette harmonie avec la nature, l'encourage en accroissant les forces vitales et leurs effets fécondants.
   De ce fait, elle a un rôle prépondérant sur le renouvellement de la vie qui met en jeu l'intervention des quatre éléments : eau, feu, terre, air. L'expression de l'enchaînement de ces notions est plus subtile qu'il n'y paraît. Elle ne se limite pas à un symbolisme grossier. Elle relève d'une réflexion tirée d'une fine observation du fonctionnement de notre organisme dans sa totalité, corps et "âme", au sein de leur environnement naturel ; cette observation est faite de l'intérieur, sans découpages artificiels (cf. Colombel 1997, 4.1). L'harmonie entre l'homme et l'univers y est considérée comme essentielle et indispensable. Sa visée donne sens à la vie (cf. Colombel 1990:206-207 et séquence n°9).

Séquences extraites du film

1. Semailles

Flûte ázīwīlī, semailles et conception d'un enfant

2. Cultures

Flûte ázèlèŋ, binage des champs et croissance du mil, appel des fiancés par les jeunes filles

3. Récoltes

Flûte tālákwày, binage des champs et fête des récoltes, conclusion des fiançailles

4. Vannage

La flûte de saison sèche dènènà, battage et vannage, célébration de la fertilité et de la fécondité

5. Fête du temps nouveau

Tambours de la fête du temps nouveau, conclusion des mariages, offrandes de remerciement

6. Flûte et poterie

Flûte āmbə́ləŋ gwàrà, famine de saison sèche, préludes à la vie végétale et amoureuse

7. Divination

Harpe de saison sèche kwərndə̀, joie et naissance de bon augure, divination

8. Funérailles

Musique gwàlàgwàlà, funérailles de vainqueur, anniversaires des décès de l'année

9. La lettre

Lettre d'un enfant, vie nouvelle et tradition, perte d'identité et statut social

Références bibliographiques

  • 1986, Scenario du film Afaneciya, document de 58 p. (en pdf ici)
  • 1986, Musique ouldémé, Paris, Lacito-Peeters, cassette, 90 mn, dépliant 8 p.
  • 1990, Instruments de musique et relations interethniques dans les monts du Mandara, in D. Barreteau et H. Tourneux (eds), Relations interethniques et culture matérielle dans le bassin du lac Tchad, Paris, ORSTOM (Colloques et séminaires), p. 183-211. (pdf)
  • 1997, L'eau dans les monts du Mandara, in H. Jungraithmayr, D. Barreteau & U. Seibert (eds.), L'homme et l'eau dans le bassin du lac Tchad, Paris, ORSTOM (Colloques et Séminaires), p. 315-336. (pdf)
  • 2008 (avec M. Lebarbier), Un refus de perte d’identité : le témoignage d’un enfant ouldémé, in V. de Colombel & M. Lebarbier (sous la dir.), Étapes de la vie et tradition orale. Conceptions universelles et expressions particulières, Paris, Peeters (Selaf 450 – Numéros spéciaux 34), p. 311-313.