Conférence
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Langue :
Français
Crédits
Jacques Bittoun (Intervention)
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/92k5-sb33
Citer cette ressource :
Jacques Bittoun. Pour un partage des savoirs. (2016, 17 février). Forum Nîmois - Charles GIDE - BITTOUN -17 fevrier 2016. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/92k5-sb33. (Consultée le 16 mai 2024)

Forum Nîmois - Charles GIDE - BITTOUN -17 fevrier 2016

Réalisation : 17 février 2016 - Mise en ligne : 27 février 2016
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Descriptif

L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'assosiation et professeur des universités recoit, le 1 février 2016, à la maison du protestantisme à Nîmes JacquesBittoun.

Nous accueillons ce soir un savant multiple. Jacques Bittounest en effet Docteur en médecine de l’Université Paris Descartes,  et Docteur en sciences physiques, del’Université Paris Sud, où il est devenu Professeur de biophysique et de médecine nucléaire. Il a dirigésuccessivement deux centres d’imagerie par résonance magnétique nucléaire à l’hôpitalBicêtre et à Jolliot Curie.

Il est donc – il était plutôt- de ces hommes qui, après vousavoir soumis à de mini-Tchernobyl, vous annoncent quelquefois des petitesnoirceurs ou blancheurs suspectes qui peuvent vous conduire au tombeau, aprèsune sévère calvitie. Mais qui peuvent aussi en détruisant ces sales petitesbêtes vous permettre de survivre plus ou moins longtemps.

Il est aussi, précise la bio rédigée façon anglo-saxonne,l’auteur de 114 articles dans les revues à comité de lecture, dont 76 enanglais, et de 20 chapitres dans divers livres.

Si j’ai cru bon de l’inviter, après une conversation dans unlong courrier présidentiel– de temps en temps on peut faire un peu people !-c’est parce qu’il était en train de finaliser, ou avait même finalisé,   une réunion – on ne doit pas dire une« fusion »- de 18 établissements, dont deux  universités,  Paris sud, et Paris-Versailles-St Quentin, avecdiverses « grandes écoles »- j’espère ne pas en oublier, Agro Paristech, Centrale Supelec, CEA, Ecoles (au pluriel) normales supérieures, Ecole Polytechnique,Ecole nationale de la statistique et des études économiques, HEC Paris,Institut d’optique, Institut des hautes études scientifiques, Telecom, INRA,INSERM, IRIA (institut de recherche dédié au numérique), ONERA ( aérospatiale),Université d’Evry, reconnue parait-il, pour la génomique. Encore y-a-t-il aussides membres associés importants dont je vous épargne la liste.

Cette fusion très importante, et qui a dû êtreparticulièrement difficile puisqu’elle regroupait les « grandes écoles lesplus prestigieuses » et les plus jalouses de leurs renommée, n’ pas été laseule en France. Ainsi, dans Paris Ville, s’est formée une autre fusion entreParis –Sorbonne, et Pierre et Marie Curie. Dans notre région, vous le savez,Montpellier 1 (Droit Sciences eco, Médecine, Dentaire..) et Montpellier 2 (Sciences)ont fusionné, ainsi que les universités de Nîmes, dont je salue la présenced’un Vide Président et l’Université de Béziers, avec diverses antennes à Sète,Perpignan…. Montpellier III Paul Valery (lettres et sciences humaines) n’a passouhaité s’y joindre. J’avais invité sa présidente pour qu’elle vienne nousexposer ses raisons, mais elle est en déplacement.

Pourquoi ces fusions ? C’est ce que va nous expliquerJacques Bittoun. Mais j’ai quelques questions à poser

Est-ce un problème de lisibilité à l’étranger ? Tout lemonde connait- et reconnait- Oxford et Cambridge, MIT, Stanford, Harvard, UCLA… Mais ce sont les plus grandes.Comme en Allemagne, Iéna ou enseigna Hegel qui regarda admiratif défiler lestroupes de Napoléon, ou Francfort  à causede son école philosophique avec Adorno, Walter Benjamin, exilé aux Etats-Unis,puis Marcuse,  Habermas, Axel Noneth. Dela France, à part la Sorbonne, contemporaine d’Oxford, les étrangers, sauf ceuxqui y ont fait leurs études, ne connaissent pas nos  universités de province. Même pas la facultéde médecine de Montpellier pourtant créée au XIIIème siècle, comme laSorbonne !

Mais aux Etats-Unis comme en Allemagne, et en Espagne, il ya, comme chez nous,  des centainesd’autres universités tout aussi peu connues que les nôtres

Ce qui, je crois, rend quand même nos universités moins« people » si j’ose dire dans la mondialisation, c’est qu’elles ontété jusqu’à présent médiatiquement concurrencées, en quelque sorte,  par nos fameuses grandes écoles, dont troistrès importantes l’X, centrale et HEC viennent de fusionner avec Paris Sud dansParis Saclay. La « réunion » de ces grandes écoles et de nosuniversités doit donc aider à la lisibilité de notre enseignement supérieur.

Les fusions visent-elles le nombre ? Harvard a un peuplus de 6.000 étudiants, le MIT 10.000, Stanford 15.000, Oxford 22.000, 17.000à Cambridge. Or, si nous prenons Montpellier 3, pas encore fusionnée, ellecompte déjà 19.000 étudiants, et Montpellier tout court, fusionnée en compte 40.000.Paris Descartes avait déjà 38.000 étudiants.

Ce n’est donc pas directement le nombre qui est  motif de fusion. Ce n’est pas lui qui fait quel’on progressera dans le fameux classement de Shanghai, dont j’aimerais bienque vous disiez un mot.

En tous cas, à mon avis, Il me reste deux raisons qui peuventvraiment justifier ces fusions. Mais c’est une question que je pose ?

D’abord, l’importance des frais de scolarité fait qu’avec10/20.000 étudiants, une grande université américaine ou anglaise s’en tireaisément, d’autant qu’elle jouit, comme nos grandes écoles, d’un attachement dela part de leurs anciens élèves qui versent d’importantes contributions. Je necrois pas qu’aucun ancien étudiant de Montpellier 1 ait versé quoique ce soit àcette brave université, et les dons d’anciens polytechniciens ou centraliens àleur Ecole ne me paraissent pas non plus massifs

En tous cas, multiplier les étudiants, à des dizaines demilliers,  avec des frais de quelquescentaines d’euro, c’est une façon, pour nos universités, de réduire leurmendicité auprès des administrations diverses. Mais ce n’est pas une bonneméthode et, à mon sens, ne pourra pas durer. Pour autant, dans l’autre sens, leniveau atteint aux Etats-Unis est insupportable : les étudiants s’endettentquelquefois pour vingt ans. Ca ne durera pas non plus longtemps. Il fauttrouver le juste prix.

Et puis- et c’est toujours une question- est-ce que lafusion, notamment avec les grandes écoles, ne multiplie pas les opportunités decroisement des savoirs, ce qui est aujourd’hui, pour toutes les sciences, unfacteur de développement. Est-ce que ces fusions ne vont pas permettre, enadditionnant les prix Nobel, d’exposer comme les grandes universitésaméricaines, 75 ou 80 prix Nobel ?

Voilà toutes mes questions quantitatives.

Mais j’en ai une autre, plus qualitative. Un point sur lequelnous avons déjà du retard, mais très rattrapable. Je veux parler des cours etdes modalités d’enseignement et de contrôle.

Plus précisément, je veux parler des « FLOT » (formationen ligne ouverte à tous) ou encore « CLOM » (cours en ligne ouvertset massifs)  ou encore « ouverts auxmasses », ce qui donne « MOOC » en anglais : massive openon line course.

Très sincèrement, l’ayant pratiqué 30 ans, je crois à ladisparition définitive des cours magistraux en amphi,  souvent bondés, du moins en début d’année…..Je pense que faire enregistrer des cours par les meilleurs d’entre nous  (pour l’économie par exemple, Aglietta sur laChine, ou la Monnaie), Daniel Cohen et/ou Jérémie Rifkin, pour le développementdu capitalisme, Stiglitz pour les inégalités) , proposer aux étudiants devisualiser ces cours, soit en collectif, soit en individuel, puis les réunirensuite par groupe de 20/30 pour répondre à leurs questions, serait un moded’enseignement bien plus efficace. Je crois d’ailleurs savoir que vous vous enêtes rapprochés en médecine.

Je crois aussi qu’enregistrer ces cours et les diffuserensuite dans le monde entier, comme font déjà les américains, en les faisantpayer, à petit prix, multiplié par des milliers de télé-étudiants, ou enfaisant  payer le diplôme, que l’on peuttrès bien obtenir ensuite par voie numérique, ce système peut permettre à nosuniversités

-        Decesser de perdre du temps en cours magistraux désuets

-        Depermettre aux étudiants de revenir et revenir à telle ou telle notion qu’ilsn’ont pas comprise

-        Demultiplier les recettes

-        Decontribuer bien plus efficacement à la diffusion du savoir

Par parenthèse, je vous signale que notre cher vidéaste, mon collègueJean louis Monino, a créé un système numérique permettant ces contrôles etnotations, agréé par le Rectorat.

Que pensez-vous de tout cela, Jacques Bittoun ?

Intervention