Conférence
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Français
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/rdxn-a510
Citer cette ressource :
Pour un partage des savoirs. (2017, 22 septembre). Forum Nîmois - Charles GIDE - DUHAMEL - 22 septembre 2017. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/rdxn-a510. (Consultée le 19 mars 2024)

Forum Nîmois - Charles GIDE - DUHAMEL - 22 septembre 2017

Réalisation : 22 septembre 2017 - Mise en ligne : 28 avril 2018
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Descriptif

L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'assosiation et professeur des universités recoit, le 11 avril 2013, à la maison du protestantisme à Nîmes Alain DUHAMEL.

Cher Alain,

Nous t’avons accueilli une première fois le 6 mars 2015. J’avais fait alors, évidemment ton panégyrique, travail facile compte tenu de ta carrière médiatique et écrivaine de 60 ans, et tes multiples chroniques, , analyses , émissions télé et radios. Je ne vais donc pas le refaire ici, où tous les participants apprécient depuis longtemps ta maitrise de l’analyse politique, et envient tes étudiants de Sciences Po !

Après ton « Histoire personnelle de la Vème république », chez Plon en 2015, tu as publié, chez le même éditeur, « Les pathologies politiques françaises », dans lesquelles tu décrivais les travers du fonctionnement de notre système politique. Enfin tu publies aujourd’hui même, je crois, « La cinquième république, grandeur, déclin, destin » chez , une série de dialogues avec Edouard Balladur, lequel d’ailleurs te fait une bien petite concurrence en s’étant lancé dans la chronique radio. Certais d’entre nous t’ont sûrement vu à « C a vous » avec Edouard Balladur vendredi dernier, en promoteurs de la Vème République, à laquelle d’aucuns, cédant à une maladie française voudrait aujourd’hui en faire succéder une VIème dont la valeur centrale serait le « dégagisme ».

Ma première question sera, comment analyses-tu le surgissement d’Emmanuel Macron, dans cette Vème république. Un surgissement qui a comme équivalent, dans sa forme seulement, celui de Donald Trump aux Etats-Unis. On compare quelquefois Emmanuel Macron à Justin Trudeau, car ils ont des âges proches, mais le canadien était déjà dans le sérail par son père et y a fait ses écoles.

Par quel miracle , notre jeune homme a-t-il pu surgir , sans passer par le polissage du « cursus honorum » des partis ? Evidemment, il y eut, Georges Pompidou, sorti de la clandestinité par de Gaulle , en 1962, comme Raymond Barre , nommé premier ministre de Giscard en 1976, mais l’un et l’autre ne se sont présentés au scrutin présidentiel qu’après de longues années comme premiers ministres.

Emmanuel Macron lui n’a eu que deux années de ministère, après un stage d’observation à l’Elysée, pour « prendre son élan ». Et il y a surtout l’âge ! Georges Pompidou avait 51 ans en 1962 et Raymond Barre 52 ans en 1976. Lui 40 ans ! En arrondissant !

Peut-on arguer de son relatif faible score au premier tour : 24% contre 21,3% à Marine Le Pen 49 ans, 20% à François Fillon 63 ans, et 19,58% à Jean Luc Mélenchon 66 ans ? Est-ce seulement un coup de chance électoral. Les 4% de plus que Marine Le Pen , en ce premier tour, sont-ils sans signification, purement aléatoire ? Ou ont-ils déjà une véritable assise politique dans une France déboussolée après deux quinquennats opposés, mais considérés comme inutiles. Est-ce l’effet d ‘une lassitude ? Un peu parallèle à ce qu’on disait de Marine Le Pen. On a essayé la gauche, on a essayé la droite, essayons l’autre !

Je pense que tu vas me dire qu’il y a de tout un peu, ou peut être quatre tiers comme dans le pastis de Marius, car j’ai sans doute oublié des motifs et ils se chevauchent. Nous avons hâte de t’entendre sur cet évènement politique. Est-il lié à une de tes pathologies ? Signe-t-il une guérison ? Une mutation de nos gênes politique a-t-elle pu se produire et pourquoi ?

Mais permets-moi une autre question. Notre système politique de multipartite, sous la quatrième République, du fait du scrutin proportionnel, était devenu tripartite sous la IVème république avec un PC en baisse constante, l’UDR, devenu RPR, et ses alliés centristes, et un PS en progressive reconstitution, avec ses allés radicaux de gauche, puis écologistes.

Malgré la quasi-disparition du PC il est ensuite resté tripartite, avec l’émergence du Front national à droite de la droite RPR puis UMP. A l’élection présidentielle de 2007, le quadripartisme a fait une apparition temporaire avec les 18% de François Bayrou, mais le tripartisme est revenu sous Sarkozy. Et nous voilà, de nouveau, entre un quadri et un « quinqua-partisme » : autour ou légèrement au- dessus de 20%, dans l’ordre croissant , disons la gauche canal préhistorique, ou « chaviste » pour faire tropical, l’UMP hyper-divisée, un FN blessé, et la République en marche, sans oublier , quand même comme cinquième partenaire à l’Assemblée, le PS, la gauche canal historique.

Vers quoi, à ton sens, allons nous ? Le parti d’Emmanuel Macron va-t-il grignoter encore un peu la gauche de la droite, voir la droite de la gauche, et jouer le rôle d’une gauche libérale en économie, un grand parti-social démocrate, faisant face à une droite conservatrice en matière de mœurs- Wauquiez-Ciotti-Jacob, à laquelle Marion Maréchal Le Pen apporterait son concours, avec des Insoumis restant cantonné au rôle d’extrême- gauche

Ou va-t-il au contraire se défaire renvoyant le système politique français au bipartisme, avec la même droite conservatrice précitée, et la vieille gauche keynésiano-marxiste autour de Jean Luc Mélenchon. Dans ce dernier cas, cela signifierait implicitement l’échec d’Emmanuel Macron, que d’aucuns verront annoncer avec sa popularité à 40% qu’on compare à ses 64% du second tour! Oubliant peut-être un peu vite ses 24% du premier tour ce qui signifierait exactement l’inverse. Il aurait regagné des « parts du marché » politique !

Te poser cette question, c’est poser aussi celle du sous-bassement idéologique : les français , dans leur majorité ont-ils « accepté » ce principe que le système de marché avec des entreprises privées faisant du profit, est « le pire de systèmes économiques à l’exception de tous les autres » pour parodier la célèbre phrase de Churchill pour la démocratie, où l’entreprise privée n’y a-t-elle toujours qu’un droit de cité limité.

Telles sont, cher Alain mes deux questions. Tu as une cinquantaine de minutes pour y répondre, mais si tu débordes, je crois que personne ne s’en plaindra.

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