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Français
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Université Paris I Panthéon-Sorbonne (Production), Joël de Rosnay (Intervention)
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/hk59-d817
Citer cette ressource :
Joël de Rosnay. Université Paris 1. (2013, 18 avril). La biotique, un système innovant. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/hk59-d817. (Consultée le 19 mars 2024)

La biotique, un système innovant

Réalisation : 18 avril 2013 - Mise en ligne : 30 avril 2013
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Descriptif

Entre science et fiction, il n'y a parfois qu'un pas que lestechnologies semblent avoir franchi. Joël de Rosnay l'avait bien compris quand,dès 1981, il crée le terme "biotique" pour décrire l'hybridation etla coévolution des méthodologies et des techniques employées en informatique,biologie et chimie supramoléculaire.  Dans son intervention, Joël de Rosnay explique avec brio comment l'ordinateurn'est plus simplement un objet, ni même un simple outil, qui se trouve devantnous. Cet ordinateur a véritablement pris sa place dans l'environnement quinous entoure. Aujourd’hui la frontière entre la biologie et la technologies'estompe au point de devenir quasiment invisible. A tel point d'ailleurs quel'on peut parfois parler d’un véritable état symbiotique entre l'Homme et lamachine. Ces systèmes innovants, terme que Joël de Rosnay préfère au terme"innovation" qu'il considère comme maintenant dépassé, nousfacilitent déjà la vie au quotidien et sont en perpétuelle évolution. Le web2.0 lui-même est voué à disparaitre et c'est du web 5.0 qu'il est question ici,que Joël de Rosnay appelle le "symbionet", un web qui pousse encoreplus loin la communication du corps vers l'écosystème numérique dans lequelnous sommes rentrés. Ces évolutions technologiques nous promettent encore biendes surprises… pour le meilleur et pour le pire !

Joël de Rosnay est un scientifique et écrivain renommé. Il a notamment été enseignant–chercheur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Directeur des Applications de la Recherche à l'Institut Pasteur. Il est aujourd’hui conseiller de la Présidente d'Universcience (Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette et Palais de la Découverte) et Président exécutif de Biotics International.

Intervention
Thème
Documentation

Transcription automatique corrigée.

Le titre de cet exposé de 15 minutes, puisque c'est le temps dont nous disposons, est la biotique, mariage de la biologie et de l'informatique, pour de nouvelles interfaces du futur entre l'homme et les machines. Est-ce que la biotique est une innovation ? D'abord je veux revenir sur le principe même d'innovation. On confond souvent 3 éléments, la découverte, l'invention, et l'innovation. La découverte se fait dans des labos en général se traduit par des publications scientifiques. L'invention se fait peut être dans des ateliers ou dans des garages, comme on l'a vu pour l'informatique et autre chose, et ça se traduit par un brevet. Et l'innovation c'est la mise au point de quelque chose, d'un prototype, qui peut conduire éventuellement à une mise au point industrielle, et donc à un marché. Et ça se traduit finalement par la capacité du marché à accepter cette invention, cette innovation et la traduire par des produits et des services que les gens achètent ou qui se diffusent. Donc il faut bien voir que ce processus qu'on a dans la tête, c'est un processus très linéaire, disons pour simplifier de l'amont vers l'aval, de la recherche fondamentale, la recherche appliquée, la recherche-développement, la mise au point industrielle, et finalement le projet ou le produit. Moi je pense que c'est une vision totalement inadaptée. La vision linéaire et séquentielle de l'innovation est dépassée, totalement. Nous sommes dans une évolution matricielle, multidimensionnelle, multimodale. Et les effets d'innovation résultent de convergences entre des secteurs très différents qui tout d'un coup se marient. C'est pour ça que moi je ne parle plus d'innovation. J'ai banni le terme. Je parle de quoi ? de systèmes innovants. C'est à dire que j'applique l'approche systémique à l'innovation et l'environnement avec lequel elle est en co-évolution. Vous avez un écosystème, qui se modifie par les innovations, et qui remodifie en retour les innovations elles-mêmes. Donc je parle de systèmes innovants. Pourquoi, qu'est-ce que ça veut dire ? Je vais vous donner 3 ou 4 exemples. Est-ce qu'internet est une innovation ? On lit ça dans la presse, l'innovation internet. Pas du tout, l'internet n'est pas une innovation, c'est un système innovant, qui résulte des télécommunications, du protocole TCPIP, des browsers, des moteurs de recherche, des usagers. Autre exemple, est-ce que cet outil-là c'est une innovation ? D'ailleurs vous pouvez me twitter pendant que je parle. Je vais vous donner mon adresse, comme ça je vais voir ce que vous dites, je pourrai répondre à vos questions, par la suite, parce que je suis obligé de partir vers 7 heures moins 10. Donc c'est arobase derosnay joel, D E R O S N A Y joel tout attaché J O E L sans tréma. Je répète @derosnayjoel, je vous vois donc il y en a déjà, merci beaucoup. C'est sympa, on me fait de compliments, mais bon je ne vais pas vous les lire. Donc je le mets là, comme ça je vous vois. Donc je reviens. Est-ce que ça c'est une innovation? Pas du tout, c'est un système innovant. Il y a à la fois un écran tactile, un téléphone, la possibilité de voir le cinéma sur internet, la géolocalisation par gps.  Mais je vais descendre plus bas, vous connaissez tous le post-it. Est-ce que c'est une innovation ? Non c'est un système innovant, parce-qu'il faut une colle qui ne colle pas, un truc jaune qui se voit dans les bureaux qu'on met sur les murs, et un environnement de bureau.  Est-ce que le bip, pour terminer, qui permet d'allumer votre voiture dans un garage ou en stationnement, et qui n'allume que votre voiture et pas celle d'à côté. Et on dit c'est une innovation formidable, ça nous a changé la vie. Pas du tout, comme le gps, ce sont des systèmes innovants. Alors voilà, je voudrais qu'on abandonne cette notion linéaire séquentielle de l'innovation qui conduit à des tas d'absurdités, de financement de l'innovation, de catalyse de l'innovation, de lieux innovants, de Silicon Valley à la française pour promouvoir l'innovation. C'est pas comme ça que ça se fonde, l'innovation se catalyse de manière systémique par des gens en interaction les uns avec les autres, par la relation humaine, par les réseaux, par le financement en réseau, et pas seulement par un financement de spécialistes. C'est ce secteur qu'il faut financer pour promouvoir l'innovation. C'est dit.

Alors après avoir dit ça, pourquoi la biotique ? La biotique c'est un terme que j'ai créé en 1982, aucun d'entre vous n'était né. C'est un terme que j'ai créé parce que je viens moi du monde de la chimie, de la biologie, et l'informatique par le MIT, où j'ai fait de la recherche et enseigné, et j'ai pensé qu'une des révolutions des 50 prochaines années allait naître du mariage de la biologie et de l'informatique. Et donc j'ai cherché un terme et j'ai appelé ça la biotique B I O T I Q U E. La biotique c'est assez large, c'est aussi bien ce qu'on appelle l'électronique moléculaire, c'est à dire une électronique qui va remplacer progressivement le silicium, germanium, arséniure de gallium, c'est-à-dire toutes les puces électroniques qu'on a dans tous ces outils-là. Parce que de plus en plus on peut copier certains des systèmes de stockage de l'information et de diffusion de l'information dans des films moléculaires qui sont des films biologiques ou biochimiques, qui sont capables de transmettre des solitons, de transmettre de l'information, de garder de l'information dans des registres, de pouvoir avoir en quelque sorte un "mother board", un tableau mère, une carte mère fait d'éléments, de polymères et même de molécules biologiques. Donc je ne veux pas entrer là-dedans, vous lirez ça dans mes bouquins. Si vous avez l'intention de le faire, vous trouverez tout mes livres sur mon site web derosnay.com. Et là vous trouverez toute la liste des bouquins, donc celui dont je parle s'appelle "L'homme symbiotique" que j'ai écrit en 1995. Et un des tout derniers s'appelle "Et l'homme créa la vie" à partir de ces idées là. Donc je résume, et je ne vous fait pas la pub de mes livres, c'est pour vous aider dans vos travaux à aller un peu plus loin si vous voulez citer des références. Donc la biotique, c'est non seulement du micro vers le macro, lélectronique moléculaire, mais la biotique c'est aussi et c'est ça l'objet de ma petite introduction, c'est au fond de mon débat en 15 minutes, c'est les interfaces homme-machine, biologie, électronique. Bio- numérique, biologie-électronique. Alors, comment, pourquoi, comment ça marche et pourquoi c'est tellement important ? Aujourd'hui nous sommes passés du clavier à l'écran tactile, même à la voix. Moi je dicte, mon dernier livre je l'ai entièrement écrit avec Dragon Dictée 12, donc on peut communiquer et traduire la voix en texte écrit, ça marche, et de plus en plus il y aura des traductions automatiques, où je parle à quelqu'un qui porte un appareil, je parle à un japonais en français, et il traduit en japonais, il me reparle en japonais et je l'entends en français, ça y est. Donc cette capacité de transférer du son directement en texte et de le retraduire et de le renvoyer, ça y est déjà, c'est pas de la science-fiction. Donc cette capacité de bio-électronique, d'interface, elle s'est largement développée, et de telle sorte maintenant la gestuelle, même le visage, au-delà de la parole et de l'écran tactile permet de communiquer de son environnement. La biotique de plus en plus va jouer un rôle, et je vais vous en donner des exemples. De telle sorte que que vous pouvez imaginer que l'ordinateur n'est plus seulement quelque chose qui est devant nous, ou dans notre poche, il est maintenant dans l'environnement. L'environnement devient un ordinateur. Pourquoi ? Parce que l'environnement se dote de sens. Moi j'ai cinq sens, en fait maintenant on en a une douzaine. Parce que le fait que nous sommes devenus des MHBG, MHBG ça veut dire des Mutants Hybrides Bionumériques Géolocalisés. C'est nous, surtout nos enfants, encore plus. Mais du fait que nous sommes des MHBG, nous avons plus que 5 sens, nous avons une douzaine de sens. Je peux par exemple dire qui sont mes copains qui sont autour de moi, c'est une ?, et je les retrouve avec une app, je peux aussi me dire par la géolocalisation, je vais pas me perdre, je vais retrouver mon chemin. Donc on a des sens en plus. Mais l'environnement aussi se dote de sens. Comment ?  Avec des puces RFID dans les murs, des QR codes dans les affiches, si ça vous amuse, et ceux qui le veulent, mais j'en n'ai pas beaucoup, je fais un petit cadeau. Je peux vous donnez une carte qui est la couverture de mon livre "Surfer la vie" qui n'est pas un livre sur le surf même si je suis un fana. C'est un livre sur la société fluide en train de naître, le changement des rapports pyramidaux en rapports transversaux, mais derrière y'a un QR code, et vous flasher ça avec votre i-phone, et vous allez sur des extraits gratuits du livre, et vous allez sur la revue de presse en temps réel. Donc il y a une fusion du matériel et du virtuel. La preuve, grâce à un environnement qui se dote de sens. Il est capable donc de détecter ce que ça, ma télécommande, l'extension de mon oeil, l'extension de mon doigt va dire à l'environnement, parce qu'avec des puces rfid, des QR code, des systèmes de reconnaissance de la présence, motion capture technology, c'est à dire des systèmes qui sont capables de reconnaître le mouvement, de la gestuelle, etc. Ce sont de nouvelles interfaces.

Alors 3 exemples sur la biotique et pourquoi ça va devenir, dans les années à venir tellement important. Le premier exemple que je voudrais vous donner, c'est ce qu'on appelle les tatouages électronique, en anglais electronic tattoos. NetExplo, qui remet tous les ans le prix des 10 plus grandes innovations mondiales d'internet, a remis le premier prix, c'est moi qui l'ai remis, donc j'ai fait un petit speech pour Nanshu Lu, une jeune chinoise qui a mis au point un tatouage, en fait c'est pas un tatouage permanent, c'est simplement un patch transparent qu'on colle sur la peau, ça colle assez bien mais ça se décolle heureusement, et ce patch est fait de microprocesseurs, souples, mous, des microprocesseurs faits notamment en électronique moléculaire, pas seulement en électronique classique. Et donc qu'est ce que fait ce microprocesseur mou ? 2 choses : 1 il peut recevoir des informations venant du corps et l'envoyer à un smartphone, donc une sorte de tableau de bord en temps réel de ce qui se passe dans le corps. Par exemple pour suivre des problèmes de santé, ou savoir si on est en forme après un jogging ou selon ce qu'on mange. Mais aussi de l'extérieur avec des champs magnétiques ou certaines lumières à une certaine fréquence, ces puces électroniques peuvent capter des informations qu'elles transfèrent à l'intérieur de la peau, à l'intérieur du corps, pour susciter la production d'hormones, ou la production de peptides ou de produits qui vont modifier la peau. Ça intéresse beaucoup l'industrie cosmétique et l'industrie pharmaceutique. Pourquoi je dis ça ? Parce que le corps devient un écran tactile. Parlons d'interfaces homme-machine du futur, si le corps devient lui-même un écran tactile, il n'est pas simplement doté d'outils que l'on rapproche de son oreille, mais si le corps lui-même devient l'outil de communication d'interface avec le monde qui l'entoure, qui lui devient intelligent parce qu'il est bourré de sens, on entre en symbiose, d'où le titre de mon livre "L'homme symbiotique", avec ce type d'environnement. Donc voilà un exemple qui est tout à fait direct et tout à fait parlant.

Le second exemple c'est ce qu'on appelle en anglais BAT, qui veut dire Brain Activated Technology, c'est à dire la technologie d'activation du cerveau pour communiquer directement avec des machines, des ordinateurs ou des robots. Par exemple ce qu'a fait mon ami Miguel Nicolelis, qui est professeurs à Durham University en Caroline du Nord. Il a un singe, un jeune singe, un ? monkey, avec des gros yeux, comme ça. Il lui attache le bras, et il met dans le cerveau, j'aime pas trop ça, met des électrodes qui détectent les zones du cerveau qui communiquent avec les mouvements du bras et les mouvements de la main. Ces informations sont transmises à un boîtier ici qui communique avec internet. Le singe est à Durham University, Caroline du nord, il a devant lui un écran couleurs de télé, où il voit des tablettes mars - il aime beaucoup ça, et des bananes - ils aiment beaucoup ça aussi. Et le tout, les tablettes et les les bananes sont à MIT, à 1000 kilomètres à Durham University à Boston. Et la caméra regarde les bananes et les tablettes mars, il y a un bras robotique, qu'on appelle le "boston arm", qui lui est posé à côté, je l'ai vu faire, je peux vous dire que ça marche. Alors le singe, il veut les bananes, il veut les tablettes mars, donc il envoie l'impulsion de son cerveau vers le boîtier, le boîtier l'envoie à internet, l'internet l'envoie au boston arm, le boston arm bouge, il prend les bananes, et il les amène malheureusement pour le singe devant l'objectif de la caméra. Donc là on a décentralisé un corps en permettant d'avoir un corps étendu en quelque sorte où le cerveau communique avec des robots, et il y a beaucoup d'autres exemples sur lesquels je passe, mais vous trouverez ça dans certains de mes articles sur derosnay.com ? bouquins, qui montre que, la communication directe du cerveau vers la machine peut se faire. Vous avez récemment lu dans la presse que le brain activated technology était utilisé pour une femme totalement paralysée, qu'on appelle l'enfermement complètement à la suite d'un accident dramatique, et bien, par le cerveau c'est maintenant avant on mettait des espèces un casque avec des capteurs sur l'ensemble du cerveau pour capter l'electroencéphalogramme, maintenant c'est fini, on a simplement un serre-tête, qui ne capte pas seulement les céphalogrammes mais certaines zones du cerveau amplifiées par mathématiquement ce qu'on appelle la théorie du chaos, et qui permet de réorganiser le chaos de la formation des neurones, en une information qui peut donner une instruction à un robot, à un bras articulé ou quelque chose. Et cette femme était capable de penser à prendre une bouteille avec un chalumeau dedans et le bras artificiel l'amène à sa bouche et elle peut boire. Donc ça, c'est ce qu'on appelle brain activated technology, et il y a de plus en plus d'exemples, ça a commencé avec les militaires, il faut bien s'en douter, et maintenant ça s'est développé pour les personnes handicapées, et de plus en plus il y a des jeux électroniques qui prennent directement par un serre-tête l'information du cerveau, et sans joystick, sans clavier, sans souris, on commande un jeu vidéo par la tête. Ça dépasse carrément Kinect je peux vous dire.

Autre exemple, 3ème et dernier exemple de ces nouvelles interfaces, c'est Leap Motion. Est-ce que quelques uns d'entre vous connaissent Leap Motion, l'aurait essayé ? Oui, deux trois quatre cinq six, c'est pas mal. Leap Motion c'est un logiciel tout à fait nouveau, très récent, il n'est pas encore tout à fait commercialisé, mais il va l'être bientôt le 15 mai je crois, qui vous permet de diriger par les gestes et par les doigts à un 10ème de millimétre près sur l'écran un objet, vous pouvez dessiner graphiquement simplement en faisant des gestes comme ça. Hier nous avons remis un prix à la Cité des sciences, la présidente Claudie Haigneré, ma présidente, a remis un prix à l'Ircam, pour un magnifique projet qui permet d'utiliser la gestuelle plus des instruments de musique qui sont simplement des capteurs conçus par les chercheurs de l'ircam, qui bougés d'une certaine manière font une certaine note, bougés doucement font une autre note, et donc deux personnes qui tiennent ces objets dans la main peuvent jouer un concert ensemble, ou accompagner un concert de Tchaïkovski avec des sons superbes, en faisant de la musique dans l'espace. Et en plus de ça, il y a une partition sur un écran qui joue en temps réel, donc on voit les notes qu'on fait, et on a le feedback en temps réel. ça c'est des interfaces homme-machine, vraiment passionnantes. Donc je termine sur ces 3 exemples que je voulais vous donner, pour vous dire que nous sommes entrés maintenant dans une ère où la biotique, la bioélectronique, le brain activated technology va dans les 50 prochaines années totalement changer les interfaces homme-machine. Ce ne sont pas des innovations, ce sont des systèmes innovants parce que nous en faisons partie, et pour moi la clé de ce qui va se passer dans les 50 ans qui viennent, c'est ce que j'appelle le web 5.0, vous connaissez le 2.0 le 3 le 4. Enfin je vous rappelle quand même, le 2.0 c'est le web participatif, user generated content, le web 3.0 c'est le web de Tim Berners Lee le web contextuel et sémantique, qui au lieu d'aller chercher des informations au page rank par Google va chercher des informations en fonction de ce que vous avez fait déjà et du track record de vos propres recherches. Le web 4.0 c'est ce que j'avais appelé l'environnement cliquable il y a une dizaine d'années, mais maintenant c'est beaucoup plus chic, ça s'appelle la réalité augmentée, c'est le fait que en relation avec l'environnement et grâce à un outil comme ça qui devient l'extension de mon oeil je peux donner des informations ou capter plus que ce que mon oeil ne voit. - J'en profite pour regarder un peu les twit. Bon, François Veyron, il est là, je ne sais pas, peut-être. -
Donc l'ultimate for me, c'est le web 5.0. Le web 5.0 je l'appelle le symbionet, et le symbionet c'est la communication du corps vers l'écosystème numérique dans lequel nous sommes rentrés, et nous allons de plus en plus être entrés. Difficulté la capacité ça va être la nécessité de se débrancher, d'être capable de ne pas être connecté, de ne pas être tracé, de ne pas avoir atteinte à notre vie privée. Donc le symbionet c'est le corps, à la fois par les outils intégrés, tout ce que je vous ai dit sur le corps écran tactile, le corps communicant, les vêtements communicants, et ça va venir de plus en plus, vont nous permettre des interfaces de plus en plus directes avec l'écosystème numérique. C'est ce que j'appelle le symbionet, pour le meilleur ou pour le pire. Merci de votre attention.

Bonsoir, vous parlez des systèmes innovants, et donc qu'est ce qu'l'innovation alors ? C'est un ensemble de systèmes innovants ?

Vous savez ce que c'est une mutation en biologie ? Vous savez ce que c'est ? Oui. Voilà, une mutation, vous avez un réservoir d'informations qui s'appelle l'adn, et ce réservoir d'informations tout à coup il y a une mutation qui se produit, il y a une discontinuité, une rupture, disruption. Et cet adn va être différent, il va être soit positif et conduire à la survie de l'animal, de la plante ou de la personne qui le porte, soit négatif et dans ce cas là la personne, l'animal ou la plante meurt avec son adn qui ne se reproduit plus. Donc cette mutation, si c'est positif peut conduire un effet d'amplification, puisque comme il se reproduit cette mutation bénéfique, entre guillemets, va continuer à d'autres. Ça ce que je viens de vous dire en biologie, c'est ce qu'on peut dire pour les innovations, dans le domaine technologique. Parce que comprenez bien et rappelez-vous qu'il y a 3 grandes innovations dont nous sortons et que nous continuons à modifier, c'est l'évolution biologique, l'évolution technologique et l'évolution numérique. L'évolution biologique c'est des millions d'années, c'est très lent, ça conduit à la diversité de toutes les espèces, ok. Donc la mutation, sélection naturelle, c'est un générateur aléatoire de diversité, de la girafe au crocodile en passant par la mouche. Ensuite il y a l'évolution, qui est parallèle à ça, plus récente, l'évolution technologique, elle a quelques siècles, 2-3 siècles pas beaucoup plus : machine à vapeur, téléphone, télévision, ordinateur. Et là les mutations sont remplacées par les inventions et les innovations. Et ces inventions et ces innovations sont acceptées ou non par le marché, de même que les gènes modifiés par la sélection naturelle sont acceptés ou non par l'environnement. Vous me suivez toujours ? Et on est rentré dans l'évolution numérique et elle c'est plus des siècles, c'est des décennies. Internet c'est 74 et le web 92. Donc là ça va encore plus vite. Il y a un phénomène d'accélération dans lequel se situe l'innovation. Et enfin on peut dire que internet voit naître des innovations, dans un délai... une année internet c'est 10 ans et même 20 ans d'années industrielles classiques, à cause de la densité des innovations.

Merci. Autre question ?

Vous avez très bien expliqué à quel point l'innovation avait évolué, était devenue multimodale, mais est ce qu'à terme cette évolution de l'innovation va s'accompagner d'une évolution de l'éducation, puisque l'éducation, le système éducatif qui est plus ou moins un héritage de la révolution industrielle, a une vision très utilitariste et qui forme avant tout des spécialistes plutôt que de former des gens qui sont ouverts à différentes disciplines.

Alors une double réponse à votre très intéressante question. Je commence par la seconde et la première vous ne l'avez pas posée mais je la pose. La formation va devenir essentielle mais pas une formation qui resemble à ce que j'ai dit au début, linéaire, analytique et séquentielle. Notre formation universitaire est fondée sur les disciplines, sur le programme, sur l'examen, qui est binaire, on passe ou on passe pas. C'est complètement taylorien, c'est complètement dépassé. L'éducation doit être systémique, mais on est obligé de continuer par le programme avec les disciplines qui sont les building block de la connaissance. Encore faut-il faire les relations entre la connaissance, et faire en sorte que la systémique soit une culture générale qui permet de rassembler les éléments épars de tout ce qu'on apprend par petits bouts. Donc oui, la formation pour l'innovation notamment doit changer, et nous à Universcience on a des tas de formations pour les jeunes, qu'on met en coéducation où les uns co-éduquent les autres d'autres disciplines. On fait également de la coéducation intergénérationnelle, c'est-à-dire que les seniors vont expliquer à la génération Y un certain nombre de choses contextuelles par rapport à la masse d'informations qu'ils reçoivent. Et la génération Y ou les MHBG vont expliquer aux seniors comment utiliser tous ces outils transversaux, qu'on utilise en ?. Donc oui, cette formation doit changer, mais pour le moment elle est complémentaire de l'éducation analytique, linéaire et séquentielle et de l'examen. Nous on appelle ça à Universcience l'éducation informelle, c'est une éducation par réseau. Et d'ailleurs maintenant avec les MOOC, est-ce que les gens savent ce que c'est que les MOOC ici ? Oui MOOC ça dire Massive On Line Open Course. C'est des cours que Stanford, MIT, Harvard distribuent dans le monde entier, 16,7 millions de personnes abonnées, et donc cette coéducation par ces nouvelles technologies et la France va commencer à s'y mettre font que les gens ne font pas que recevoir de l'information top-down, mais grâce à twitter, à skype, aux réseaux sociaux, ils se mettent entre eux, et créent des groupes d'apprenants. Et question que vous n'avez pas posée, c'est que l'innovation est inhibée volontairement par beaucoup de lobbys, beaucoup de grandes entreprises qui ne veulent pas que sorte trop vite un produit qui met en péril le produit qu'ils sont déjà en train de vendre. Donc il y a des innovations qui sont cachées qui sont occultées dans le cadre de la concurrence que se livrent ces entreprises et même les pays où l'un veut être plus innovant que l'autre, et donc l'innovation de quelqu'un d'autre elle est désinformée pour éviter de montrer, de mettre ? un inventeur génial de tel pays ou de tel autre. Donc il y a une guerre des innovations, et il faut bien être conscient que c'est un métier, une jungle extrêmement dure.

Merci

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