Cours/Séminaire
Notice
Date de réalisation
Lieu de réalisation

MRSH Caen

Langue :
Français
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2017, 23 mars). L’histoire empêchée dans la "Mythistoire barragouyne" de Des Autels. [Podcast]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/131846. (Consultée le 28 avril 2025)

L’histoire empêchée dans la "Mythistoire barragouyne" de Des Autels

Réalisation : 23 mars 2017 - Mise en ligne : 17 juillet 2022
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Descriptif

Cette communication a été enregistrée dans le cadre de la cinquième journée d’études des Jeunes Chercheurs du LASLAR (Lettres, Arts du Spectacle, Langues Romanes), consacrée à la réflexion sur ces chemins de traverse empruntés par les créateurs (auteur, metteur en scène, réalisateur), en insistant sur leur figuration au sein des oeuvres elles-mêmes. Penser le récit – littéraire, dramatique ou cinématographique – paraît fécond pour mettre au jour les aléas de la création, et leur inscription dans les oeuvres littéraires, les pièces de théâtre et les films. Ces dynamiques narratives semblent relever de la gageure, dans la mesure où elles consistent à inscrire un élan dans des formes figées et linéaires au moment de leur réception. Les interventions parfois facétieuses des instances narratives, la déstabilisation des canons génériques, ou encore la perturbation de l’ordre (chrono)logique du récit sont pourtant la preuve que les œuvres artistiques sont elles-mêmes en mouvement. Comment le récit peut-il garder la trace de ses propres devenirs, qu’ils soient actualisés dans son déroulement ou simplement évoqués ? Peut-on parler d’un développement immanent au récit lui-même, ou bien le créateur reste-t-il in fine maître de sa trajectoire ?

Pascale Mounier est maître de conférences à l’université de Caen. Elle travaille sur le roman à la Renaissance.

Résumé de la communication

Publiée anonymement, peut-être vers 1550, la Mythistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon a été attribuée à Guillaume des Autels à partir de la fin du XVIe siècle. On pourrait ne voir dans ce court récit qu’une imitation des romans rabelaisiens, si le narrateur-auteur ne proposait à la différence de son modèle de conter l’histoire de Dame Fanfreluche et son ami Gaudichon. Songe-creux prétexte la nécessité de deux récits rétrospectifs à dimension biographique pour ne pas livrer les circonstances de la rencontre et du mariage de ses deux maîtres successifs. Dans l’« Epilogue » il n’hésite pas à congédier avec vigueur le lecteur déçu de n’avoir presque rien eu de l’histoire de Fanfreluche et Gaudichon.

Le refus de dire les amours de personnages sans noblesse et licencieux est l’occasion de porter l’attention du lecteur, sans cesse interpelé, sur l’acte de construire une narration. L’histoire empêchée dans cette anticipation de Jacques le Fataliste paraît le mode trouvé par Des Autels pour explorer non une nouvelle matière mais différentes possibilités de configuration générique et d’organisation narrative. La parole qui s’épanche sur les ficelles d’écriture de plusieurs œuvres anciennes et contemporaines qui attirent l’attention sur les événements fait ainsi de l’avancée de la trame un événement en soi. La Mythistoire barragouyne prend à ce titre bien avant certains antiromans et autres Nouveaux Romans le risque de l’aventure du récit.

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