Excellence partout, justice quelque part ?

évènement
Réalisation : 16 juin 2023
Mise en ligne : 21 mars 2024
DOI : 10.60527/2zf8-wx74
URL pérenne : https://doi.org/10.60527/2zf8-wx74
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Excellence partout, justice quelque part ?

Descriptif

Excellence partout, justice quelque part ? Diffusion des logiques de classement, inégalités sociales et
production des élites
Journée d’études organisée par Caroline Bertron et Charles Bosvieux-Onyekwelu, avec le soutien du RT 42
(« sociologie des élites ») de l’Association française de sociologie, du CRESPPA-CSU (UMR 7217) et du Centre
Norbert Elias (UMR 8562)

Argumentaire (introduction)
Terme aujourd’hui consacré des politiques et des jugements scolaires (Bongrand, 2011 ; Boulin, 2013 ;
Cornand et al., 2021), « l’excellence » est également de plus en plus présente dans une multitude de secteurs et de
domaines de la vie sociale. La notion évoque en effet d’abord l’évaluation, les procédures et les normes par
lesquelles l’école érige des hiérarchies et confèrent des qualités aux individus. Mais si l’idée d’excellence doit être
rapportée aux modes de classement de l’institution scolaire, ce que réaffirment les travaux récents sur la fabrique
de l’excellence, y compris aux marges de l’école (Bertrand et al., 2016), il importe également d’analyser l’implicite
qui accompagne cette idéologie, à commencer par la croyance selon laquelle le but de l’éducation serait de faire
ressortir des meilleur·es et de distinguer celles et ceux qui réussissent mieux. Cette croyance n’est pas sans effets
sur le monde social au sens où, en produisant de « l’excellence » et des « excellents », l’institution scolaire
« fabrique alors une réalité nouvelle » et « produit sur les élèves une série de jugements qui donnent aux inégalités
réelles une signification, une importance et des conséquences qu’elles n’auraient pas en l’absence d’évaluation »
(Perrenoud, 2010, p. 15).
Dans des secteurs comme la recherche, l’avocature, la haute fonction publique, dans la gestion des
politiques publiques, mais aussi dans certains secteurs industriels et commerciaux (l’industrie dite « de pointe »,
celle du luxe, la « haute gastronomie »), « l’excellence » est visée et promue ; elle est parfois même partie prenante
d’un discours d’exaltation nationale. Il convient alors de saisir ce que ces productions de l’excellence en divers
lieux révèlent de commun et de variable dans les modes de classement, les définitions et les effets sur les secteurs
et les individus qu’elles classent. L’efficacité du recours à l’excellence ne tient pas aux solutions politiques que
celle-ci est censée apporter mais bien d’abord aux mécaniques sociales à l’œuvre, aux idéologies et aux
représentations que celles-ci façonnent, à l’évidence des classements qu’elles produisent et à leurs effets sociaux.
Invoquée par femmes et hommes politiques, représentant·es du (grand et du petit) patronat, athlètes, artistes,
célébrités, ou encore élites de l’artisanat et des métiers de bouche pour marquer la valeur sociale individuelle,
« l’excellence » – sous toutes ses formes – renvoie ainsi à des questions fondatrices de la sociologie et de la
sociologie des élites. On ne saurait pour autant voir dans « l’excellence des classements » une logique implacable.
Les jugements par l’excellence, comme ceux sur le mérite (Allouch, 2021), ne s’imposent ni sans résistances ou
alternatives, ni uniformément et universellement dans l’espace scolaire et social. Ce sont ces différents
questionnements que la journée d’études permettra d’explorer.

Vidéos

Intervenants et intervenantes