Normes et sociologie économique
Description
L’axe « Normes et sociologie économique » du GEMASS entend approfondir l’analyse du fonctionnement économique contemporain dans trois principales directions : le rôle des normes dans le fonctionnement de la vie économique, le fonctionnement des marchés et des échanges non-marchands.
La sociologie économique comme l’économie institutionnaliste ont en effet insisté sur l’importance des règles d’organisation de la vie économique. La question de la justification de ces règles reste dans une large mesure peu étudiée. Celle-ci est explorée de deux points de vue. L’un, à partir de la littérature économique, consiste à étudier les prises de position normative des économistes vis-à-vis des règles régissant la vie économique, au-delà de la notion d’optimum de Pareto (et ses variantes). Est également abordé le problème des externalités négatives afin de montrer qu’il déborde les considérations strictement économiques. L’autre s’intéresse aux jugements plus « ordinaires » sur les normes à adopter au regard de la vie économique (notamment à partir des enquêtes sur la question).
Le fonctionnement des marchés est un point important de la sociologie économique actuelle. Un ouvrage consacré à la sociologie des réputations est en cours, cherchant à identifier les formes prises par les réputations dans les marchés contemporains, ainsi que leurs causes et leurs effets. L’objectif est de confronter la littérature économique sur la réputation à d’autres domaines pour lesquels les enjeux de réputation sont pertinents (notamment les univers artistiques, politiques, scolaires, etc.). La réputation d’une banque, celle d’une marque ou d’un individu obéissent-elles aux mêmes logiques de formation, de préservation et éventuellement de « crise » ? La question de « l’e-réputation » est-elle en train de renouveler les enjeux traditionnels de la réputation « hors ligne » ? La sociologie des marchés se déploie également sur les supports numériques à travers les enjeux de manipulation des données (personnelles) et des conditions de leur valorisation économique.
Le fonctionnement des marchés est enfin examiné à partir des modalités d’appariement entre les demandeurs et les ressources. La réflexion s’organise autour d’un groupe de recherche « sociologie du matching » destiné à mettre en commun des expertises sur une vaste gamme de modalités d’appariement (centralisé ou décentralisé, algorithmique ou par décision humaine) sur divers marchés (marché du travail notamment) et diverses arènes non-marchandes (transplantation, prisons, soins médicaux, école, sites de rencontre, etc.). Le projet est prévu sur une durée de trois ans et doit déboucher sur un ouvrage collectif. Par ailleurs, des premiers contacts ont été pris avec des collègues brésiliens de l’Université de São Paulo pour donner lieu à un projet international de recherches sur les pratiques d’appariement qui dépassent la distinction entre le marchand et le non-marchand.