Sociologie des inégalités
Description
On connaît le fameux aphorisme de Tocqueville selon lequel l’égalisation progressive des conditions contribue à la passion de l’égalité qui devient une valeur fondamentale des sociétés modernes. En phase avec cette évolution, l’égalité, ou plus exactement l’inégalité, est donc devenue un sujet central de la sociologie dès la naissance de la discipline. Les pères fondateurs n’employaient cependant pas ce terme, en jetant les bases d’une sociologie de la stratification sociale autour de la notion de classe sociale, que ce soit dans une perspective binaire et antagoniste dans la tradition marxiste, ou dans une perspective plus continue dans la tradition wébérienne. Plus tard la question de la mobilité sociale et du rôle de la famille et de l’école dans la transmission des positions viendra au premier plan.
Le GEMASS, à son niveau, a alimenté la réflexion sociologique sur ces questions centrales et au premier plan, son fondateur, Raymond Boudon, avec un de ses ouvrages majeurs sur l’inégalité des chances qui présente une théorie de la mobilité sociale dans les sociétés modernes, qui reste extraordinairement actuelle. Il s’agissait sans conteste d’un ouvrage visionnaire. Dans la foulée de ce livre, et sur un terrain assez différent, celui de la perception des inégalités et de la justice sociale (1974), le GEMASS a entrepris une recherche, pour le compte du Commissariat général du Plan. Trente-cinq ans plus tard, le GEMASS a repris ce chantier (en collaboration notamment avec l’équipe de Michel Forsé au CMH) en réalisant une enquête intitulée « Perception des inégalités et des sentiments de justice » (PISJ, 2009), puis en 2013 en étant sélectionné par l’ANR pour diriger une recherche d’approfondissement sur une problématique voisine (projet Dynegal). Ces deux projets ont permis de réaliser des enquêtes d’ampleur dont les données sont à la disposition des chercheurs et pourront donner lieu à de multiples analyses complémentaires.
Le GEMASS a ainsi acquis une expérience de premier plan sur la question de la formation des représentations en matière d’inégalités et de justice sociale qu’il entend continuer à faire fructifier. Par ailleurs, des travaux plus théoriques sont menés au sein du laboratoire sur la stratification sociale et la redéfinition du concept d’inégalité qui est alimentée par la montée du thème des discriminations et des revendications de reconnaissance.